de PVJ le Lun Oct 29, 2007 6:07 am
Je me doutais un peu que citer Onfray, ne serait-ce que superficiellement, possédait un certain potentiel polémique. Je ne connais pas dans le détail ses positions politiques, mais sachant qu'il a voté pour la Ligue communiste révolutionnaire au premier tour des dernières élections présidentielles, je serais porté à nuancer son adhésion au capitalisme...
Ceci dit, je m'oppose à l'interprétation que NutZ fait du message véhiculé par Onfray. Le postmodernisme n'a particulièrement rien à y voir (pour une fois). En fait, ce qui me chatouille davantage est que la formulation utilisée a une saveur résolument idéaliste, ce qu'il récuse généralement. L'injonction est fondamentalement déontologique, on y parle de "défendre ses idées". Que l'on gagne ou non, le combat doit être mené, sans égard aux conséquences, c'est la justesse de l'idée défendue qui légitime l'action politique. Trouver dans une raison transcendante un impératif éthique, n'est-ce pas là le dessein de la modernité ? Affirmer que le combat est désespéré tient davantage de l'appréciation d'une situation que de la prescription morale, pourquoi Onfray agirait-il sinon ? L'espoir que nous entretenons face à un enjeu précis ne doit pas être un critère de décision.
La question de la mort dans la dignité n'est qu'un corollaire. Sachant que des idées doivent être défendues, ne pas se soumettre à sa propre autorité morale revient à se travestir. À mon sens, la dignité dont parle Onfray n'est rien de plus que l'adéquation de ses principes et de son action politique. Il ne veut pas se retrouver sur son lit de mort rongé par les fruits de son incohérence et de son inaction, ce qui me semble fort légitime. En lisant le reste de l'entretien, on voit qu'il "trouve injuste que des gens triment pour 6000 francs par mois, soient maltraités, ignorés, méprisés, insultés, trahis par la classe politique et qu’ils ne puissent pas s’acheter la moindre chose", ce qui à mon sens ne représente pas très bien l'idée type d'un "acte individuel qui se limite au présent de l'individu"...
Je plains par ailleurs le ou la militantE qui agit en fonction d'un idéal qui n'est pas le sien. Pourquoi est-ce que je lutte ? quelles sont mes motivations profondes ? sont des questions qui gagneraient à être répondues par chacun d'entre nous. Peut-être suis-je sot, mais je ne vois aucune contradiction dans le fait d'avoir des motifs bien à soi pour lutter collectivement et ancrer son projet dans une transformation radicale de l'espace sociopolitique. Notre conception du bien, qu'on la considère universelle ou non, est un motif proprement subjectif et c'est tout aussi subjectivement que nous agissons en fonction de celle-ci, que l'on veuille s'enjoindre des camarades de lutte ou non.