Forums de l'ASSÉ

Voici le texte de mon article qui est dans la pAGE, le bulletin de notre asso, lundi le 11 septembre.

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Par Andrew "Andrew Koster" Koster, conseiller de l'AGECRLi

Tragédie(s) du 11 septembre

Le 11 septembre. Cette date conjure, pour la plupart d'entre nous, des images de violence et de destruction. En Amérique du Nord, l’image qui nous vient tout de suite est une de deux tours en train de s’effondrer. C’est l’image avec laquelle on nous bombarde depuis cinq ans, en nous rappelant de toujours s’en souvenir et de ne jamais l'oublier. C’est l’image qui a été utilisée pour justifier deux guerres, l’élection d’au moins un politicien meurtrier, la destruction graduelle des libertés par des lois dignes d’un roman d’Orwell, ainsi que des cas innombrables d’arrestations secrètes et de détentions sans preuves.

Mais laissons tout ça de côté pour l’instant, et retournons en arrière quelques années pour parler d’un autre 11 septembre, celui de 1973. Au Chili, le président Salvador Allende est en train de donner son discours d’adieu au peuple; on entend des coups de feu et des explosions en arrière-plan. Il parle déjà de lui-même au passé; il sait que la mort est proche. Effectivement, il meurt la même journée, apparemment suicidé afin d’éviter la capture.

Un autre retour en arrière, maintenant, afin de se donner un contexte historique à tout ça. C’est le dernier, promis. Allende s’est présenté à la présidence du Chile trois fois, la première fois étant en 1952. Le gouvernement des États-Unis le voyait comme une menace pour certaines compagnies minières états-uniennes opérant au Chili. La CIA a donc dépensé trois millions de dollars en propagande afin d’empêcher son élection en 1964, la démocratie étant bien sûr moins importante que la protection des intérêts capitalistes.

En 1970, Allende est finalement élu malgré les efforts maintenant avoués du gouvernement états-unien d’empêcher son arrivée au pouvoir par tous les moyens, y compris le coup d’état. Douze jours avant l’élection d’Allende, le commandant en chef de l’armée du Chili, le Général René Schneider, est tué dans un kidnapping raté. Le groupe derrière cet acte était payé par la CIA, et leur opposition au général était née du fait qu’il était fortement opposé à tout coup d’état contre Allende.

Salvador Allende hérite d’un pays en crise économique. N’ayant pu empêcher son élection, le gouvernement états-unien fait donc ce qu’il peut pour déstabiliser son gouvernement, notamment en coupant les contributions d’assistance économique de près d’un milliard US qui étaient données avant son élection. Avec la baisse substantielle du prix du cuivre, dont l’économie du Chili dépendait, la situation économique allait de mal en pis, ce qui a certainement nuit au support populaire et militaire d’Allende. La dernière année de sa présidence a été marquée par une série de grèves dont certaines étaient aidées financièrement par la CIA.

En Juin de 1973, on assiste à la première tentative de coup d’état quand un régiment de chars d’assaut encercle le palais présidentiel. Le Général de l’Armée, Carlos Prats, réussit à prévenir la prise du pouvoir, et est nommé ministre de la défense. Cette nomination est très mal reçue par l’Armée, et il sera bientôt forcé de démissionner. Il sera remplacé par Augusto Pinochet, mettant en place la dernière pièce nécessaire au coup d’état, à la mort d’Allende, à l’établissement de la dictature et du capitalisme sauvage au Chile.

Le régime de Pinochet mettra en place des politiques néolibérales, abolira les partis politiques de gauche, emprisonnera et tuera des milliers de ses adversaires, utilisera de la torture, et formera des organisations militaires avec des noms sympathiques tel que « Caravane de la mort ». Malgré tout ça, le gouvernement états-unien, et particulièrement la CIA, aura des relations beaucoup plus amicales avec Pinochet, puisqu’au moins lui ne nuit pas aux profits des compagnies américaines.

Malgré le rôle ambigu de la CIA dans le coup d’état final, beaucoup de documents pertinents étant encore cachés au public, il est clair que pendant au moins 10 ans le gouvernement états-unien a dépensé des millions de dollars et des efforts considérables pour remplacer un président pacifiste élu démocratiquement avec un dictateur meurtrier pour servir les intérêts des riches. S’il ne l’a pas ordonné directement, le chef de la sécurité états-unienne a certainement avoué avoir mis en place les circonstances nécessaires à cette tragédie.

Et en 2001, lorsqu’on ose attaquer un symbole de la bourgeoisie états-unienne, on se demande « pourquoi est-ce qu’ils nous haïssent? ». Évidemment, le cas du Chili est seulement l’exemple le plus poétique; on pourrait en citer bien d’autres. Du Nicaragua au Népal, de la Palestine au Vietnam, du Canada aux États-Unis, partout dans le monde des peuples sont subjugués par le gouvernement états-unien et ses alliés. La seule chose étonnante dans tout ça, alors, c'est le fait qu’on s’étonne quand les peuples soumis réagissent.

Alors si vous voulez vous rappeler de la tragédie du 11 septembre comme étant seulement l’effondrement de ces deux tours, libre à vous. Moi, je vais plutôt dédier cette journée à la mémoire de victimes innocentes et de personnes mortes en combattant l’impérialisme.

Voila, c'est publié!

Des commentaires?

oui j'ai une question: c'est quoi un conseiller de l'agecrli?

C'est moi! Mon pseudonyme n'était pas assez clair à cet effet?

C'est comme... un attaché à l'exécutif, ou je-sais-pas-trop quel équivalent vous avez dans les autres cégeps. Vous voyez, étant donné qu'il n'y a pas eu d'élections depuis que je suis arrivé, je n'ai pas de poste défini.