Québec Solidaire et Socialist Project
Posté: Mer Juin 24, 2009 11:13 am
Québec Solidaire et Socialist Project
À la rescousse du capitalisme!
Le Fonds Monétaire International prévoit une chute de l’économie mondiale de 1,3% en 2009 et décrit la crise actuelle de «récession mondiale la plus profonde depuis la Grande Dépression». C’est la même institution qui au mois d’octobre prévoyait plutôt une hausse de l’économie de l’ordre de 3%. Elle s’est manifestement trompée sur les chiffres, mais nous ne croyons pas qu’elle se trompe beaucoup sur l’importance de la crise actuelle. Selon Martin Wolf, un chroniqueur au Financial Times : «Aux États-Unis, le déclin de la production manufacturière se compare à celui de la Grande Dépression. La production manufacturière du Japon a déjà chuté presque autant que les États-Unis durant les années 30. La désintégration du système financier est possiblement pire qu’elle ne l’était à cette époque».
Mais ce constat de l’état de l’économie mondiale n’est pas partagé par tout le monde. Il se trouve même des économistes «marxistes» pour affirmer que la crise n’est que financière et que les chiffres de l’économie réelle soient encore fondamentalement solides. C’est le cas de Sam Gindin, un membre de Socialist Project, professeur d’économie politique à l’Université York de Toronto et autrefois conseiller au président des Travailleurs canadiens de l’automobile. Monsieur Gindin a été invité à prendre la parole deux fois à Montréal au mois de février – devant un auditoire anglophone à l’Université Concordia et devant un auditoire francophone à l’UQAM. Les deux conférences intitulées, La crise financière – Quelles revendications pour la gauche, ont été organisées à l’initiative de Masse critique et de Gauche Socialiste, deux collectifs membres de Québec Solidaire. Plus d’une centaine de personnes ont assisté aux deux activités combinées.
Le contenu de la conférence de Gindin portait essentiellement sur trois considérations : 1) Outre les excès de la spéculation financière, les données économiques fondamentales du capitalisme sont encore solides et la baisse tendancielle du taux de profit prévue par Marx ne s’est pas vérifiée durant les trente dernières années. 2) La preuve que la crise n’est pas très grave est qu’il n’y a pas de course effrénée pour vendre le dollar. 3) La solution toute prête pour nous sortir de la crise dans une direction «socialiste» est de créer des sociétés de la couronne (Crown corporations) pour diriger des pans entiers de notre économie.
Marx, baisses de profit et contre tendances
Il est remarquable que Gindin en arrive à la conclusion que les données essentielles de l’économie soient bonnes et que les prévisions de Marx sur les taux de profits soient erronées, car il a passé une bonne partie de son exposé à parler des contre tendances (il n’a pas employé ce terme) que le capitalisme a largement utilisé dans le but de contrebalancer la baisse tendancielle très réelle de ses profits. Ces contre tendances ont notamment été les lois imposant le gel des salaires comme celle mise de l’avant par Trudeau au Canada en 1975, les privatisations, la déréglementation, les relocalisations massives et historiquement sans précédent des capacités industrielles et les subventions étatiques substantielles en vue de soutenir l’économie nationale. Malgré tout cela, à partir de 1999, il y a eu un développement exponentiel de la spéculation financière. Or, comme Marx l’avait déjà noté et comme notre professeur d’économie politique «marxiste» semble l’avoir oublié, lorsque les capitalistes ne trouvent plus que ça vaille la peine d’investir dans de nouvelles capacités productives, ceux-ci se tournent de plus en plus vers la spéculation. La réalité objective démontre que c’est ce qui est effectivement arrivé. La première thèse du professeur ne tient donc pas la route et c’est ce que les travailleurs et les travailleuses constatent tous les jours.
Sur la question de la stabilité du dollar américain, sa position sur le sujet est encore plus étonnante. La raison essentielle pour laquelle il n’y a pas de vente massive du dollar américain est que les dollars appartiennent dans une large proportion à des pays – la Chine, le Japon et les pays producteurs de pétrole — qui perdraient énormément s’il y avait une liquidation majeure de cette monnaie. Le premier économiste bourgeois venu en conviendrait aisément. Une course sur le dollar américain créerait des difficultés énormes à ses principaux rivaux et, vu le niveau d’intégration du système capitaliste mondial, mènerait à des difficultés encore plus importantes pour le premier intéressé comme pour ses compétiteurs.
Ayant fait la démonstration qu’il ne comprenait strictement rien à la crise actuelle du capitalisme, notre éminent professeur a terminé sa conférence en faisant la preuve qu’il ne saisissait absolument rien au socialisme non plus. Sa société nouvelle de «communautés» contrôlant l’économie par le biais de sociétés de la couronne démontre qu’il n’a rien appris du bilan de l’échec du socialisme au XXe siècle. Cet échec a été celui du capitalisme d’État (stalinisme, maoïsme, castrisme et social-démocratie). Il n’a pas compris que s’en tenir à la nationalisation dans le cadre politique actuel ne changerait fondamentalement rien aux rapports d’exploitation. Depuis la Commune de Paris, les révolutionnaires savent que leur tâche est de fracasser tout l’appareil étatique de la classe dominante afin d’abolir les rapports de production, les rapports de propriété et les formes politiques qu’il protège : l’exploitation, l’argent, les frontières, les armées, les diverses formes d’oppressions spécifiques, afin de les remplacer par une société de producteurs et de productrices librement associés; pas par une société de la couronne!
Réformer le capitalisme ou en sortir
Cependant la «gauche» réformiste se veut pragmatique. Sam Gindin n’est pas le seul à prendre sa vessie pour une lanterne. Pour Claudette Carbonneau, la présidente de la CSN, il faut «repenser le capitalisme», l’améliorer, changer ses paradigmes. Québec Solidaire (QS), ce parti qui veux changer le monde, ou à tout le moins le Québec (comme si le Québec était situé sur une autre planète), sans mettre en cause les rapports de production capitalistes, a son plan pour «sortir le Québec de la crise». Tout un plan! Selon QS, il faut prendre pour modèle les plans d’investissements adoptés aux États-Unis, soutenir les petites et moyennes entreprises et élever le salaire minimum à peine un peu plus que le gouvernement du Parti libéral l’a déjà fait. Qu’en pensent les nombreux collectifs anticapitalistes qui en sont membres? Et bien, ils semblent rester plutôt discrets lorsqu’il s’agit de faire la preuve du contenu réel, concret de leur «anticapitalisme». Sauf peut-être cette militante de Socialisme International, qui lors de la conférence de Gindin à Concordia, a été la seule à avoir exprimé son dépit d’être membre d’un parti qui veut «sortir le Québec de la crise» alors qu’elle voudrait se servir de l’opportunité de la crise pour sortir du capitalisme. Cette camarade a sans doute le cœur à la bonne place, mais elle se trompe sérieusement sur son affiliation politique.
La solution aux crises récurrentes, inévitables et de plus en plus rapprochées et étendues du capitalisme requiert une alternative révolutionnaire et internationaliste. Il n’y a pas de solution capitaliste durable à la crise du capitalisme. Penser le contraire, c’est penser qu’on peut vivre avec le cancer sans ses conséquences. La tâche des travailleurs et des travailleuses n’est pas de chercher des issues à la crise, mais de reprendre le chemin des luttes. La tâche des prolétaires n’est pas de construire des partis réformistes et nationalistes, mais bien de construire leurs propres organisations de lutte autonomes et d’édifier le parti prolétarien internationaliste et international qui leur font si cruellement défaut.
Le capitalisme est malade? Qu’il crève! Le socialisme, c’est le temps!
Le Groupe Internationaliste Ouvrier
À la rescousse du capitalisme!
Le Fonds Monétaire International prévoit une chute de l’économie mondiale de 1,3% en 2009 et décrit la crise actuelle de «récession mondiale la plus profonde depuis la Grande Dépression». C’est la même institution qui au mois d’octobre prévoyait plutôt une hausse de l’économie de l’ordre de 3%. Elle s’est manifestement trompée sur les chiffres, mais nous ne croyons pas qu’elle se trompe beaucoup sur l’importance de la crise actuelle. Selon Martin Wolf, un chroniqueur au Financial Times : «Aux États-Unis, le déclin de la production manufacturière se compare à celui de la Grande Dépression. La production manufacturière du Japon a déjà chuté presque autant que les États-Unis durant les années 30. La désintégration du système financier est possiblement pire qu’elle ne l’était à cette époque».
Mais ce constat de l’état de l’économie mondiale n’est pas partagé par tout le monde. Il se trouve même des économistes «marxistes» pour affirmer que la crise n’est que financière et que les chiffres de l’économie réelle soient encore fondamentalement solides. C’est le cas de Sam Gindin, un membre de Socialist Project, professeur d’économie politique à l’Université York de Toronto et autrefois conseiller au président des Travailleurs canadiens de l’automobile. Monsieur Gindin a été invité à prendre la parole deux fois à Montréal au mois de février – devant un auditoire anglophone à l’Université Concordia et devant un auditoire francophone à l’UQAM. Les deux conférences intitulées, La crise financière – Quelles revendications pour la gauche, ont été organisées à l’initiative de Masse critique et de Gauche Socialiste, deux collectifs membres de Québec Solidaire. Plus d’une centaine de personnes ont assisté aux deux activités combinées.
Le contenu de la conférence de Gindin portait essentiellement sur trois considérations : 1) Outre les excès de la spéculation financière, les données économiques fondamentales du capitalisme sont encore solides et la baisse tendancielle du taux de profit prévue par Marx ne s’est pas vérifiée durant les trente dernières années. 2) La preuve que la crise n’est pas très grave est qu’il n’y a pas de course effrénée pour vendre le dollar. 3) La solution toute prête pour nous sortir de la crise dans une direction «socialiste» est de créer des sociétés de la couronne (Crown corporations) pour diriger des pans entiers de notre économie.
Marx, baisses de profit et contre tendances
Il est remarquable que Gindin en arrive à la conclusion que les données essentielles de l’économie soient bonnes et que les prévisions de Marx sur les taux de profits soient erronées, car il a passé une bonne partie de son exposé à parler des contre tendances (il n’a pas employé ce terme) que le capitalisme a largement utilisé dans le but de contrebalancer la baisse tendancielle très réelle de ses profits. Ces contre tendances ont notamment été les lois imposant le gel des salaires comme celle mise de l’avant par Trudeau au Canada en 1975, les privatisations, la déréglementation, les relocalisations massives et historiquement sans précédent des capacités industrielles et les subventions étatiques substantielles en vue de soutenir l’économie nationale. Malgré tout cela, à partir de 1999, il y a eu un développement exponentiel de la spéculation financière. Or, comme Marx l’avait déjà noté et comme notre professeur d’économie politique «marxiste» semble l’avoir oublié, lorsque les capitalistes ne trouvent plus que ça vaille la peine d’investir dans de nouvelles capacités productives, ceux-ci se tournent de plus en plus vers la spéculation. La réalité objective démontre que c’est ce qui est effectivement arrivé. La première thèse du professeur ne tient donc pas la route et c’est ce que les travailleurs et les travailleuses constatent tous les jours.
Sur la question de la stabilité du dollar américain, sa position sur le sujet est encore plus étonnante. La raison essentielle pour laquelle il n’y a pas de vente massive du dollar américain est que les dollars appartiennent dans une large proportion à des pays – la Chine, le Japon et les pays producteurs de pétrole — qui perdraient énormément s’il y avait une liquidation majeure de cette monnaie. Le premier économiste bourgeois venu en conviendrait aisément. Une course sur le dollar américain créerait des difficultés énormes à ses principaux rivaux et, vu le niveau d’intégration du système capitaliste mondial, mènerait à des difficultés encore plus importantes pour le premier intéressé comme pour ses compétiteurs.
Ayant fait la démonstration qu’il ne comprenait strictement rien à la crise actuelle du capitalisme, notre éminent professeur a terminé sa conférence en faisant la preuve qu’il ne saisissait absolument rien au socialisme non plus. Sa société nouvelle de «communautés» contrôlant l’économie par le biais de sociétés de la couronne démontre qu’il n’a rien appris du bilan de l’échec du socialisme au XXe siècle. Cet échec a été celui du capitalisme d’État (stalinisme, maoïsme, castrisme et social-démocratie). Il n’a pas compris que s’en tenir à la nationalisation dans le cadre politique actuel ne changerait fondamentalement rien aux rapports d’exploitation. Depuis la Commune de Paris, les révolutionnaires savent que leur tâche est de fracasser tout l’appareil étatique de la classe dominante afin d’abolir les rapports de production, les rapports de propriété et les formes politiques qu’il protège : l’exploitation, l’argent, les frontières, les armées, les diverses formes d’oppressions spécifiques, afin de les remplacer par une société de producteurs et de productrices librement associés; pas par une société de la couronne!
Réformer le capitalisme ou en sortir
Cependant la «gauche» réformiste se veut pragmatique. Sam Gindin n’est pas le seul à prendre sa vessie pour une lanterne. Pour Claudette Carbonneau, la présidente de la CSN, il faut «repenser le capitalisme», l’améliorer, changer ses paradigmes. Québec Solidaire (QS), ce parti qui veux changer le monde, ou à tout le moins le Québec (comme si le Québec était situé sur une autre planète), sans mettre en cause les rapports de production capitalistes, a son plan pour «sortir le Québec de la crise». Tout un plan! Selon QS, il faut prendre pour modèle les plans d’investissements adoptés aux États-Unis, soutenir les petites et moyennes entreprises et élever le salaire minimum à peine un peu plus que le gouvernement du Parti libéral l’a déjà fait. Qu’en pensent les nombreux collectifs anticapitalistes qui en sont membres? Et bien, ils semblent rester plutôt discrets lorsqu’il s’agit de faire la preuve du contenu réel, concret de leur «anticapitalisme». Sauf peut-être cette militante de Socialisme International, qui lors de la conférence de Gindin à Concordia, a été la seule à avoir exprimé son dépit d’être membre d’un parti qui veut «sortir le Québec de la crise» alors qu’elle voudrait se servir de l’opportunité de la crise pour sortir du capitalisme. Cette camarade a sans doute le cœur à la bonne place, mais elle se trompe sérieusement sur son affiliation politique.
La solution aux crises récurrentes, inévitables et de plus en plus rapprochées et étendues du capitalisme requiert une alternative révolutionnaire et internationaliste. Il n’y a pas de solution capitaliste durable à la crise du capitalisme. Penser le contraire, c’est penser qu’on peut vivre avec le cancer sans ses conséquences. La tâche des travailleurs et des travailleuses n’est pas de chercher des issues à la crise, mais de reprendre le chemin des luttes. La tâche des prolétaires n’est pas de construire des partis réformistes et nationalistes, mais bien de construire leurs propres organisations de lutte autonomes et d’édifier le parti prolétarien internationaliste et international qui leur font si cruellement défaut.
Le capitalisme est malade? Qu’il crève! Le socialisme, c’est le temps!
Le Groupe Internationaliste Ouvrier