Indépendance du Tibet

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Indépendance du Tibet

Messagede BouBou le Ven Aoû 10, 2007 2:11 am

Ahahaha, que j'aurait aimer etre la pour voir la face des gardes rouge et des policiers qui les on arreter! hehehe! Serieux, j'aproove la cause, particulierement depuis que je suis en chine, mais depuis environs 1 mois, si on a un Visa Chinois, on peut se rendre au Tibet sans probleme! La Chine a changer certains reglement...! (by the by, Dire qu'on est pour la liberation du Tibet en Chine amene une arrestation automatique, accrocher un bandrole sur la grande murailles??? Encore etonnants qu'ils non pas ete emprisonner...)

http://lcn.canoe.com/lcn/infos/lemonde/ ... 31928.html

Huit personnes militant en faveur de l'indépendance du Tibet, dont trois citoyens canadiens, ont été arrêtés en Chine.
Certains d'entre eux avaient déployé une banderole de 42 mètres carrés sur la grande muraille de Chine, réclamant l'indépendance du Tibet.

Les Canadiens détenus sont Sam Price et Mélanie Raoul de Vancouver, ainsi que Ladon Tethong, une Canadienne d'origine tibétaine habitant Victoria, en Colombie-Britannique.

Les trois militants font partie de l'organisation Students For Free Tibet.

Il est très difficile d'obtenir des informations sur leur situation: la Chine refuse de fournir des précisions aux services diplomatiques canadiens.

La Chine a annexé le Tibet après l'avoir envahi en 1951.
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La vie a fait de moi une anglophone, j'excuse donc mes fautes d'ortographe tous aussi banale qu'elle puisse sembler....
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Messagede Antoine le Ven Aoû 10, 2007 11:00 am

Fait attention a ce que tu écris sur internet Marie. Ca me semble un sujet très sensible en Chine et les communications sont surveilllez comme tout le reste.
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Messagede BouBou le Ven Aoû 10, 2007 2:39 pm

Ils surveille principalement les discutions Anglaise et Russe. Le francais est dans les moins prioritaire... Pour etre honette, ca m'inquette pas trop :-P
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Re: Indépendance du Tibet

Messagede Kapitaine_Kolon le Ven Aoû 10, 2007 10:55 pm

BouBou a écrit:Serieux, j'aproove la cause, particulierement depuis que je suis en chine, mais depuis environs 1 mois, si on a un Visa Chinois, on peut se rendre au Tibet sans probleme! La Chine a changer certains reglement...!


Bien sûr : plus il y a de Chinois au Tibet, moins il y a de Tibétains... La Chine a le capital humain pour tenter de telles manoeuvres d'assimiliation.
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Re: Indépendance du Tibet

Messagede BouBou le Sam Aoû 11, 2007 12:31 am

Kapitaine_Kolon a écrit:
BouBou a écrit:Serieux, j'aproove la cause, particulierement depuis que je suis en chine, mais depuis environs 1 mois, si on a un Visa Chinois, on peut se rendre au Tibet sans probleme! La Chine a changer certains reglement...!


Bien sûr : plus il y a de Chinois au Tibet, moins il y a de Tibétains... La Chine a le capital humain pour tenter de telles manoeuvres d'assimiliation.


Nononon, les chinois on toujours eu le droit de ce rendre au Tibet librement. Je parle uniquement pour le tourisme. Avant pour quelqun en dehors de la Chine ce rendre au Tibet, ca prenais absolument un visa speciale procurer par une agence de voyages dans un groupe touristique. Aucun touristes avait le droit de ce rendre la pour fair du backpack ou visiter par eux meme parceque la Chine ce "devait de proteger l'integraliter du Tibet" . Depuis un ou 2 mois, ce reglement a changer, donc pour les hippies qui lisent ce message, pus besoins de rentrer clandestinement au Tibet :P
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Re: Indépendance du Tibet

Messagede Kapitaine_Kolon le Sam Aoû 11, 2007 1:08 am

BouBou a écrit:
Kapitaine_Kolon a écrit:
BouBou a écrit:Serieux, j'aproove la cause, particulierement depuis que je suis en chine, mais depuis environs 1 mois, si on a un Visa Chinois, on peut se rendre au Tibet sans probleme! La Chine a changer certains reglement...!


Bien sûr : plus il y a de Chinois au Tibet, moins il y a de Tibétains... La Chine a le capital humain pour tenter de telles manoeuvres d'assimiliation.


Nononon, les chinois on toujours eu le droit de ce rendre au Tibet librement. Je parle uniquement pour le tourisme. Avant pour quelqun en dehors de la Chine ce rendre au Tibet, ca prenais absolument un visa speciale procurer par une agence de voyages dans un groupe touristique. Aucun touristes avait le droit de ce rendre la pour fair du backpack ou visiter par eux meme parceque la Chine ce "devait de proteger l'integraliter du Tibet" . Depuis un ou 2 mois, ce reglement a changer, donc pour les hippies qui lisent ce message, pus besoins de rentrer clandestinement au Tibet :P


Merci de la précision. Ça doit être en prévision des Olympiques de 2008, histoire de montrer à la communauté internationale comment le Tibet est bien traité. Cependant, j'ai lu que le territoire s'était énormément sinisé, au point où les Tibétains sont presque une minorité chez eux. Tu as des infos là-dessus ?
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Messagede Tovarichtch le Sam Aoû 11, 2007 1:32 am

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Re: Indépendance du Tibet

Messagede BouBou le Sam Aoû 11, 2007 2:31 am

Kapitaine_Kolon a écrit:Merci de la précision. Ça doit être en prévision des Olympiques de 2008, histoire de montrer à la communauté internationale comment le Tibet est bien traité. Cependant, j'ai lu que le territoire s'était énormément sinisé, au point où les Tibétains sont presque une minorité chez eux. Tu as des infos là-dessus ?


Oui et non. Le tibetains on garder leurs langue, mais sur les frontiere du tibet ya une grande influence du Mandarin. Un ami me disait que plus il etait proche de la frontiere, plus il etait capable de communiquer en Chinois, mais que plus il s'ecartais, plus les gens ne le comprenait pas- ou voulait pas le comprendre. Les tibetains garde leurs fierter et leurs digniter, ils on une culture et un language propre a eux et tempte de le garder. Un peut comme les Quebecois, il se battre pour leurs histoire et leurs culture, mais plus ca va plus l'assimilation du mandarin s'impose. Dans les annee "glorieuse" de Mao, des milliers de Chinois etait payer pour allez coloniser le Tibet, il y a eux par contres de forte resitence culturelle., et encore aujourdhui la resistance culturelle continue.

Tovarichtch, j'ai lus le poste, et ca me semble tres tres tres semblable a l'invasion Canadienne en Afganistan ou l'invasion etat-usinienne en Irak, "on le fait pour leurs propre bien". Calisser moi patience avec le bien des autre pays, laissez les se gouverner seule merde. Je suis pas particulierement daccord avec la monarchie ou la maniere que les musulman traite leurs femmes, mais qui somme nous pour juger? Particulierement etant donner le capitalisme pourris de nos pays? Vraiment, vivre et laisser vivre, le Tibet devrait avoir la chance de ce gouverner seule, ils on leurs culture, leurs histoire, et leurs maniere de vivre. Franchement la....
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Messagede gui le Sam Aoû 11, 2007 10:09 am

J'aime le Dalaî-lama, aussi progressiste que le pape, divin de naissance avec des servantes et des esclaves...vive les castes!

C'est seulement pour signifier que souvent le Tibet=dalaï-lama=pacifisme=full cool yé bouddhiste ce bonhomme...faut aller voir l'essence des choses, au lieu de l'apparence, dans le cas du Tibet par exemple...
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Messagede BouBou le Sam Aoû 11, 2007 2:04 pm

gui a écrit:J'aime le Dalaî-lama, aussi progressiste que le pape, divin de naissance avec des servantes et des esclaves...vive les castes!

C'est seulement pour signifier que souvent le Tibet=dalaï-lama=pacifisme=full cool yé bouddhiste ce bonhomme...faut aller voir l'essence des choses, au lieu de l'apparence, dans le cas du Tibet par exemple...


J'ai pas dit le contraire. Les caste son degradante, mais esque la Chine a fait dekoi contres les caste depuis son implantation au Tibet?? Esque les etat-unis on vaiment ameliorer les conditions de vie des irakiens? Esque le canada a vraiment aider a faire avancer l'afganistant?
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Messagede Rose le Sam Aoû 11, 2007 4:37 pm

Esque le canada a vraiment aider a faire avancer l'afganistant?


Ouais, dans le fond, y aurait mieux valu laisser les talibans s'en occuper. Eux, il faisait vraiment avancer les choses :twisted:

En fait, on pourrait peut etre fonder un parti Taliban au Québec ! Ca nous sortirais de notre torpeur :lol:
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Messagede redvladimir le Sam Aoû 11, 2007 5:54 pm

Il faut faire attention quand qu’on parle de taliban. En TK moi j’encourage la résistance face à l’envahisseur canadien et USA.
Les masses sont les véritables héros.
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Messagede MoiJ'aimeMao le Sam Aoû 11, 2007 7:00 pm

Wow y'a rien de plus croustillant que des gens qui se disent progressistes et qui défendent une cause aussi noble que celle qu'est la libération du Tibet (lire ici remettre le Tibet entre les mains d'un régime féodal). Ça me donne presque envie de regarder un film de Richard Gere.

LA VÉRITABLE HISTOIRE DU TIBET
La face cachée du dalaï-lama

[Régulièrement, les médias bourgeois se penchent sur le cas du Tibet, afin de bien nous « informer » du génocide qui y aurait été commis par les communistes chinoisES et le « très sanguinaire Mao ». Il semble y avoir unanimité derrière les propos du dalaï-lama et de ses porte-parole. Tout le monde souhaite le retrait des troupes chinoises et le retour du dalaï-lama à la tête de ce pays de paix et de prières. Pourtant, une telle unanimité devrait nous laisser perplexes, au moment même où les luttes initiées par des forces maoïstes s'intensifient sur la planète et que de plus en plus d'organisations se basant sur les avancées de la révolution chinoise voient le jour afin de lutter contre le capitalisme. Comme d'habitude, les grands médias nous cachent une très grande partie des faits afin de mieux faire pénétrer leur propagande anti-communiste et ainsi, de tranquilliser les masses. La majorité des informations recueillies dans cet article proviennent du journal Revolutionary Worker, publié aux États-Unis par les camarades du Revolutionary Communist Party (le RCP), en particulier d'une série d'articles parus entre 1994 et 1998 (« The True Story of Maoist Revolution in Tibet »), et disponibles sur http://www.revcom.us.]

Le 26 septembre dernier, Kalsang Dolma était de passage à l'émission de Radio-Canada, Tout le monde en parle, afin de présenter le documentaire tourné en secret par son conjoint François Prévost, en collaboration avec Hugo Latulippe, sur le territoire tibétain entre 1996 et 2004. Elle y rapporte la douleur des TibétainEs sous l'emprise de la Chine et leur espoir de voir, un jour, le dalaï-lama revenir à la tête du pays. L'humoriste (du défunt groupe Rock et Belles Oreilles) et maintenant cinéaste, Yves Pelletier, eût même de la difficulté à retenir ses larmes devant la souffrance du peuple du Tibet. Kalsang Dolma, une Tibétaine réfugiée au Québec dans les années 80, parle de son peuple, écrasé par l'envahisseur chinois, mais résistant dans la non-violence la plus totale. Selon elle, touTEs les TibétainEs ont un tel respect pour la vie qu'ils ne se permettraient même pas de tuer une mouche.

La sortie de ce documentaire, en mai 2004, suivait de près la visite du chef spirituel du Tibet, présenté comme la 14e réincarnation du dalaï-lama, au Canada, en avril. Le « saint homme » avait alors attiré les foules : 13 000 personnes s'étant massées à Vancouver pour entendre son discours portant sur les valeurs de base du bouddhisme, comme la non-violence, la compassion et la nature temporaire des désirs humains.

Le but de la visite du chef spirituel à Ottawa était de recueillir un vaste soutien à la campagne « Négociation Tibet-Chine » lancée par le Comité Canada Tibet à l'automne 2000. Cette campagne vise à promouvoir l'ouverture de négociations entre des représentants du dalaï-lama et de la République populaire de Chine, en demandant au Premier ministre du Canada d'agir en tant qu'intermédiaire de bonne foi entre les deux parties.

Âgé de 68 ans, le chef spirituel des TibétainEs vit en exil en Inde depuis 1959, après s'être enfui de son pays, occupé par la Chine depuis 1951. Son objectif : reprendre le pouvoir afin de redonner à son peuple paix et liberté.

Que voilà donc une magnifique histoire, comme la bourgeoisie sait si bien en créer! La technique est simple : il suffit de ne ressortir qu'une partie des faits et d'en inventer d'autres. On obtient alors un joli combat entre les forces du Bien (le dalaï-lama et l'ensemble du peuple du Tibet) et celles du Mal (les méchantEs communistes avec Mao en tête).

Mais pour véritablement comprendre cette situation, il faut prendre davantage de recul.

Histoire du bouddhisme et du lamaïsme au Tibet
Les défenseurs du lamaïsme tibétain décrivent cette religion comme étant au cœur même de la culture du pays. En fait, le bouddhisme a été introduit au Tibet en même temps que le féodalisme. En effet, autour de l'an 650, le premier roi tibétain, Srong-btsan-sgam-po, était marié à des princesses du Tibet, mais aussi de la Chine. Celles-ci y ont introduit les croyances bouddhistes qui se sont mêlées aux vieilles croyances animistes afin de créer une nouvelle religion : le lamaïsme.

Durant le siècle qui a suivi, cette religion a été imposée au peuple par la force. Pour y parvenir, le roi Trisong Detsen avait décrété que :

* celui ou celle qui pointait un moine du doigt devait avoir le doigt coupé,
* celui ou celle qui parlait en mal des moines ou du lamaïsme devait avoir les lèvres coupées,
* celui ou celle qui regardait un moine de travers devait avoir les yeux enlevés.

Bonjour la non-violence!

Puis, de 1400 à 1600, les monastères sont construits sur le territoire tibétain et consolident leur pouvoir. Le professeur Michael Parenti rappelle : « C'est d'ailleurs au début des années 1400 que l'empereur de Chine envoie son armée au Tibet afin de supporter le Grand Lama, un homme ambitieux de 25 ans, qui se donne lui-même le titre de dalaï (Océan) lama, maître de tout le Tibet. Il est donc assez ironique de constater que le premier dalaï-lama a été installé par l'armée chinoise. » [1]

Puis, parce que ce système ne pouvait suivre une lignée héréditaire, les moines n'ayant pas le droit d'avoir de relations sexuelles avec une femme, les lamas créèrent une nouvelle doctrine pour leur religion : lorsqu'un dalaï-lama mourait, il était possible de détecter sa réincarnation chez un nouveau-né. À l'âge adulte, celui-ci pourrait à nouveau gouverner le Tibet. Toutefois, dans les faits, seulement 3 des 14 dalaï-lamas ont réellement pu gouverner. En effet, les enfants se rendaient rarement à l'âge adulte, leur entourage préférant les assassiner afin de conserver le pouvoir réel.

Richesse des monastères et servage
Des moines, modestement habillés, se regroupant afin de prier pour atteindre le nirvana, voilà l'image que l'on nous présente souvent du Tibet avant la prise du pouvoir par la Chine. Cette image est toutefois très incomplète. Dans les faits, les monastères étaient des lieux de pouvoir et de richesses, reposant sur l'exploitation des masses. Il faut bien, en effet, que quelqu'un travaille afin de subvenir aux besoins des moines. Ce quelqu'un, c'était le serf.

Ainsi, « le monastère de Drepung était l'un des plus importants propriétaires terriens de la planète avec 185 manoirs, 25 000 serfs, 300 lieux de pâturage et 16 000 gardiens de troupeaux ». [2]

La majorité de la population subissait l'exploitation de l'aristocratie religieuse. En 1953, six ans seulement avant l'exil de l'actuel dalaï-lama, « les serfs (environ 700 000 personnes sur une population totale estimée à 1 250 000) forment la majeure partie de la population ». [3] Ceux-ci (56% de la population) étaient considérés comme des êtres inférieurs. Le simple fait de toucher à un maître pouvait signifier le fouet pour le serf fautif. Les maîtres étaient si distants des serfs que, sur la majeure partie du territoire tibétain, ces deux classes sociales parlaient une langue différente!

Certaines personnes appartenaient même à une classe sociale inférieure aux serfs. Les esclaves représentaient 5% de la population. De plus, un grand nombre de moines étaient, en fait, des esclaves en robe (10% de la population).

Et tout ceci n'était rien en comparaison avec le sort réservé aux femmes. Le mot femme, en tibétain (kiemen) signifie littéralement naissance inférieure. Il était interdit aux femmes de lever le regard plus haut que la hauteur des genoux d'un homme lui faisant face, en signe de soumission!

Avant l'exil du dalaï-lama, 626 personnes possédaient 93% des terres et des richesses et 70% des yaks (les bœufs du Tibet). De ces 626 personnes, 333 étaient à la tête de monastères. Pour parvenir à enrichir ce petit pourcentage de la population, les serfs devaient travailler de 16 à 18 heures par jour!

Le dalaï-lama actuel, pour sa part, est présenté comme un saint homme pour qui les richesses matérielles ne sont pas importantes. Pourtant, légalement, c'est lui qui possédait le pays entier, incluant sa population. Avant son exil, sa famille contrôlait directement 27 manoirs, 36 pâturages, 6 170 serfs et 102 esclaves. Il se déplaçait sur un trône tiré par des douzaines d'esclaves, pendant que ses gardes du corps frappaient les gens à coups de bâtons afin de lui faire un passage!

Quel était le sujet de son discours à Vancouver déjà? Ah oui! La nature temporaire des désirs humains!

Impact des croyances religieuses
Les superstitions transmises au peuple par le lamaïsme étaient nombreuses. Ainsi, lorsqu'une personne tombait malade, elle était tenue responsable de son état, puisqu'elle n'avait probablement pas été assez pieuse. Plus tard, les moines ont même dénoncé l'utilisation des antibiotiques ainsi que les campagnes de santé publiques organisées par les maoïstes. Pour eux, la seule façon de guérir, c'était de prier davantage et de donner de l'argent ou des offrandes aux monastères.

Alors que la famine régnait constamment sur tout le territoire (75% des familles devaient, à l'occasion, se contenter de manger l'herbe des pâturages afin de survivre), un tiers de la production de beurre, la principale source de protéines pour cette population, était brûlée quotidiennement en offrandes aux dieux.

De plus, la notion de karma avait un impact considérable sur le maintien de ce système d'oppression. En effet, selon cette croyance, quand quelqu'un meurt, son âme se voit accorder un nouveau corps. Cette nouvelle vie dépend de la qualité de l'ancienne vie. Ainsi, si une personne a été très pieuse durant son ancienne vie, elle pourra peut-être se réincarner en riche propriétaire d'esclaves. Par contre, quelqu'un qui n'a pas suivi les règles de vie exigée par le lamaïsme risque de renaître dans le corps d'un insecte ou d'une femme!

On le comprend assez vite, l'idée du karma et de la réincarnation encourage l'oppression et l'exploitation, au lieu de dénoncer les injustices. Après tout, si quelqu'un exploite un grand nombre de serfs et d'esclaves, c'est parce qu'il l'a mérité!

En fait, les connaissances étaient jalousement conservées dans les monastères. Pour la population, les moines préféraient inventer une multitude de légendes et de superstitions afin que les gens acceptent leur exploitation.

L'intervention des maoïstes au Tibet de 1950 à 1959
C'est donc dans ce contexte où une vaste majorité de la population du Tibet était soumise à une exploitation honteuse, que la Chine décida d'agir. En 1949, les communistes prenaient le pouvoir en Chine. En 1950, l'Armée populaire de libération (APL) avance dans les terrains montagneux du sud-ouest de la Chine. À Chamdo, l'APL défait très facilement les forces armées envoyées par les classes dirigeantes du Tibet.

Puis, l'APL s'arrête et envoie un message à Lhassa, la capitale tibétaine. La proposition peut se résumer ainsi : le Tibet serait rattaché à la république chinoise et les classes dominantes tibétaines pourraient continuer de gouverner, sous la direction du gouvernement central chinois. Les maoïstes n'aboliraient pas le régime féodal d'exploitation, à moins que le peuple soutienne de tels changements.

Ce traité fut signé et, le 26 octobre 1951, l'APL marchait pacifiquement dans les rues de Lhassa.

En fait, Mao était décidé à mener la révolution au Tibet afin de protéger les frontières de la Chine de l'invasion ainsi que pour libérer les serfs tibétains de l'oppression. Toutefois, la population disséminée sur le territoire avait été isolée de toute information provenant de l'extérieur et n'avait donc jamais entendu parler de la possibilité pour les masses de prendre le pouvoir par une révolution de type maoïste. Pour Mao, une véritable révolution était impossible sans le soutien des masses : c'est en se basant sur les besoins et sur les actions des masses opprimées qu'on peut obtenir de véritables changements. Voilà la raison pour laquelle l'APL, pourtant beaucoup plus puissante que les forces armées du Tibet, a adopté une stratégie de patience. Mao disait : « Ce délai ne nous fera pas grand tort et peut, au contraire, nous être avantageux. Qu'ils poursuivent leurs agissements cruels contre le peuple, tandis que nous nous consacrerons à des tâches bénéfiques telles que la production, le commerce, la construction des routes, le service sanitaire et le front uni (unir à nous la majorité, procéder à une éducation patiente), cela afin de gagner les masses. » [4]

C'est durant cette période que la classe dominante a commencé à planifier une révolte armée afin de chasser les communistes du territoire. Le frère du dalaï-lama a facilement réussi à tisser des liens avec la CIA afin que les États-Unis puissent fournir les armes nécessaires ainsi que la reconnaissance politique du régime corrompu des lamas.

Pendant ce temps, l'APL construisait les premières routes reliant le Tibet à la Chine. Au milieu des années 50, les premiers téléphones, télégraphes, stations de radio et imprimeries modernes étaient installés. À partir de 1955, les premières véritables écoles (ouvertes au peuple et pas seulement aux moines) étaient fondées. Dès 1957, 79 écoles primaires accueillaient déjà plus de 6 000 élèves. Les communistes « ont construit les seuls hôpitaux qui existent dans ce pays. [...] Ils ont également installé l'eau courante et l'électricité à Lhassa. » [5]

Mais, plus que tout, les maoïstes tissaient des liens avec les masses opprimées. Ils et elles travaillaient côte à côte avec les serfs et les esclaves. Pour la première fois de leur vie, ces gens étaient traités comme des humains à part entière. Il était même défendu à l'APL d'utiliser la nourriture de la population afin d'éviter des famines.

Ainsi, malgré les rumeurs que les classes dominantes faisaient circuler parmi les masses (les camions de l'armée étaient censés fonctionner grâce au sang des enfants tués au Tibet...), les camps de l'APL devinrent rapidement de véritables aimants pour les esclaves, les serfs et les moines pauvres en fuite.

La propagande révolutionnaire faisait son chemin parmi les masses et l'affrontement devenait inévitable.

Mao disait : « Dans l'histoire de l'humanité, toute force réactionnaire au seuil de sa perte se lance nécessairement, dans un ultime sursaut, contre les forces de la révolution. » [6] Au mois de mars 1959, des moines armés, accompagnés de soldats tibétains, attaquent les forces armées révolutionnaires installées à Lhassa. Au même moment, les classes dominantes déclenchent un mouvement de révolte le long de la frontière avec l'Inde. Cependant, grâce à un appui important parmi les masses, les communistes sont parvenuEs à freiner cette révolte en quelques jours seulement.

C'est à ce moment que le dalaï-lama s'est exilé en Inde. Les lamaïstes décrivent cette fuite comme un événement héroïque, presque mythique. On sait maintenant que cet exil avait été organisé par la CIA, qui souhaitait faire du dalaï-lama un symbole contre la révolution maoïste.

Le dalaï-lama a maintenant admis que son organisation recevait 1,7 millions de dollars par année afin d'armer et d'entraîner les forces armées contre-révolutionnaires. Le dalaï-lama lui-même recevait 186 000 $ par an de la CIA!

De 1959 à 1976 : construction du socialisme au Tibet, conservation du féodalisme pour les exiléEs
Au total, environ 13 000 TibétainEs se sont exilés. De ce fait, une partie très importante des classes dominantes disparaissait du paysage! De nouveaux organes de pouvoirs furent mis en place. On y retrouvait les nouveaux cadres tibétainEs travaillant conjointement avec les cadres chinoisES.

L'une des premières actions du nouveau gouvernement fut de soulager le lourd fardeau des serfs. Sous le dalaï-lama, ceux-ci devaient remettre 75% de leurs récoltes à leurs maîtres. Cette « taxe foncière » fut immédiatement réduite à 20%. De plus, toutes les dettes qu'avaient contractées les serfs furent effacées. Le travail forcé fut aboli et les esclaves libérés.

Privés des lourdes taxes foncières qu'ils prélevaient auparavant, les monastères commencèrent à dépérir. Environ la moitié des moines quittèrent alors pour aller travailler.

Les révolutionnaires travaillèrent aussi à changer le statut réservé aux femmes. Le slogan qui fut utilisé (« Hommes et femmes, nous sommes tous égales et égaux ») en dit long sur l'importance des changements en cours. La redistribution des terres favorisa d'ailleurs grandement la disparition de la polyandrie, puisque les femmes ne subissaient plus les mêmes pressions pour marier tous les frères d'une même famille.

« En 1961, des centaines de milliers d'acres appartenant légalement aux seigneurs et aux lamas ont été redistribués [...]. Les pâturages, jusqu'alors propriété des nobles, ont été transformés en propriétés collectives pour les bergers pauvres. De nouvelles techniques en élevage et en agriculture furent introduites, ce qui augmenta grandement les rendements. » [7]

On a souvent accusé les maoïstes d'avoir interdit la pratique religieuse au Tibet. Dans les faits, c'est l'exploitation des serfs et des esclaves par les autorités religieuses qui a été interdite. Pour la première fois depuis des siècles, les gens étaient libres de pratiquer ou de ne pas pratiquer le lamaïsme. C'est par milliers que les moines, forcés de vivre dans les monastères alors qu'ils n'étaient encore que des enfants, décidèrent librement de quitter cette vie pour retrouver leurs familles.

Évidemment, tous ces changements ne se sont pas faits sans violence. La lutte de classes était présente sur tout le territoire. Pour les masses, c'était toutefois la seule façon de conquérir le pouvoir et d'empêcher le retour de l'exploitation sauvage.

Pendant ce temps, les exiléEs vivaient une toute autre situation. 80% d'entre eux et elles se sont retrouvéEs en Inde. Le gouvernement indien ne souhaitait pas retrouver tous ces exiléEs tibétainEs concentréEs dans une même région. C'est pourquoi ils et elles furent disséminéEs dans une vingtaine de camps différents. Le dalaï-lama et son entourage ont alors trouvé une façon simple de déterminer dans quel camp chaque personne devait être envoyée. Les exiléEs les plus pauvres (serfs et esclaves) furent envoyéEs dans les camps du sud de l'Inde, où le taux de mortalité était très élevé à cause de la chaleur et de l'humidité auxquelles les TibétainEs n'étaient pas habituéEs. Les gens des classes dominantes ainsi que le dalaï-lama et son entourage demeurèrent dans les camps du nord, beaucoup plus confortables.

De plus, à cette époque, l'Inde était elle aussi un pays semi-féodal et craignait la révolution maoïste qui se rapprochait de ses frontières. Le dalaï-lama prépara une entente avec le gouvernement Nehru : en échange de la possibilité pour les TibétainEs de s'installer dans les camps, plusieurs milliers d'exiléEs pauvres furent donnéEs au gouvernement indien afin de faire des travaux forcés. Ceux-ci et celles-ci ont été envoyéEs dans les montagnes afin de construire des routes en vue d'une intervention militaire contre la Chine.

En 1995, on évaluait que le nombre de TibétainEs travaillant encore dans ces camps militaires se situait entre 18 000 et 21 000. Leur salaire - 30 sous par jour - ne suffit même pas à acheter une quantité suffisante de nourriture. Quand ils et elles ne meurent pas de faim, ils et elles meurent épuiséEs par le travail!

L'oppression que vivaient les femmes au Tibet a été rigoureusement maintenue dans les camps indiens. Ainsi, elles doivent obtenir la permission d'un homme pour sortir du camp, elles n'ont pas le droit de vote et elles passent en dernier quand vient le temps d'allouer des places dans les écoles.

La Grande révolution culturelle prolétarienne (1966-1976)
Pendant que le féodalisme reculait au Tibet, un nouveau combat s'amorçait, au cœur même de la Chine. Une partie importante des dirigeantEs chinoisES commençait à croire que la révolution était allée assez loin. Ces personnes, se drapant du communisme, souhaitaient en réalité un retour au capitalisme. Cette voie (le révisionnisme) mettait en grand danger les acquis de la révolution et la poursuite des changements nécessaires afin de parvenir à construire une société communiste, sans classes sociales et sans exploitation.

C'est en 1966 que Mao, en appelant les masses à faire feu sur le quartier général, déclenchait cette véritable révolution à l'intérieur de la révolution : la Grande révolution culturelle prolétarienne (GRCP).

Sur tout le territoire chinois, des gardes rouges furent formés afin de lutter contre les forces révisionnistes. Le choc entre communistes et révisionnistes a été brutal, violent! Et le Tibet n'a pas été épargné par ce mouvement révolutionnaire. Toutefois, contrairement à ce qui a souvent été dit, la GRCP n'a pas été imposée au Tibet de l'extérieur, par l'utilisation de gardes rouges chinoisES. Les TibétainEs étaient impliquéEs directement dans cette lutte. La majorité des gardes rouges combattant au Tibet étaient d'anciens serfs ou d'anciens esclaves tibétains. Les forces révisionnistes provenaient, pour leur part, des classes espérant reprendre le pouvoir et l'exploitation des serfs après la défaite de la GRCP.

Il est difficile de savoir ce qui s'est véritablement passé au Tibet lors de la GRCP. Les révisionnistes décrivent cette période comme un cauchemar insensé de fanatisme et de destruction. Les révolutionnaires tibétainEs, quant à eux et elles, n'ont jamais été en mesure de raconter leur version de cette histoire puisqu'ils et elles sont, pour la plupart, mortEs ou en prison.

Une chose est certaine : les chiffres officiels décrivant la GRCP, et plus généralement l'intervention de l'Armée populaire de libération au Tibet, comme un terrible génocide ne tiennent pas debout. « Selon le dalaï-lama, les forces révolutionnaires chinoises seraient responsables de la mort de 1,2 millions de TibétainEs innocentEs au début des années 60. Pourtant, le dernier recensement fait au Tibet en 1953 évaluait à 1 274 000 la population totale de cette région. » [8] Un tel massacre aurait transformé le Tibet en un immense cimetière, privé de toute vie. Aucune observation ne vient appuyer cette version des choses. Et de toutes façons, tout le monde s'entend pour dire que les forces chinoises présentes au Tibet à cette époque étaient nettement insuffisantes, même en y travaillant à temps plein, pour parvenir à commettre de telles horreurs.

Ce qui s'est véritablement passé lors de la GRCP au Tibet, ou du moins ce qu'on en sait, est bien différent de ces visions cauchemardesques.

À partir de 1969, de grands changements furent tentés afin de faire de nouveaux pas dans la construction du socialisme. Ainsi, après que les terres eurent été redistribuées aux paysans au début des années 60, les inégalités sociales ont commencé à réapparaître. Les paysans plus riches prenaient le dessus sur les plus pauvres et pouvaient ensuite racheter leurs terres. En 1969, pour contrer ce phénomène, les révolutionnaires créèrent des communes populaires. Les méthodes collectives utilisées pour construire des routes servaient maintenant en agriculture. Les terres étaient alors possédées par plusieurs paysanNEs, de façon collective. Puisque chacun pouvait s'appuyer sur le travail du groupe, plusieurs nouvelles cultures furent tentées. Ceci permit de doubler la production de nourriture au Tibet.

De nombreuses écoles furent construites en milieu rural. On commença aussi à former des médecins aux pieds nus au Tibet afin de répondre aux besoins des populations rurales. Plus de la moitié de ces nouveaux médecins étaient des femmes. Celles-ci prenaient d'ailleurs de plus en plus de place aux différents postes de direction.

La production industrielle a aussi connu un bond important lors de cette période. En 1964, le Tibet comptait 67 entreprises manufacturières; en 1975, ce nombre était passé à 250. La presque totalité de la production servait à combler les besoins des populations locales.

Mais le plus important, c'est que la GRCP œuvrait à détruire les vieilles superstitions religieuses dont se servaient les lamas pour maintenir leur pouvoir sur les masses.

Plusieurs supporters du féodalisme tibétain ont accusé les communistes d'avoir commis un véritable génocide culturel en détruisant les monastères. Dans les faits, la presque totalité de ces monastères ont été détruits par les TibétainEs eux-mêmes. On peut d'ailleurs comprendre la colère qui pouvait animer ces anciens serfs et esclaves quand ils pouvaient, pour la première fois de leur vie, contempler les richesses amassées par les moines grâce à l'exploitation des masses. Malgré cela, plusieurs objets ont été conservés pour que les générations futures puissent connaître cette période de l'histoire du Tibet.

Ainsi, la GRCP est parvenue à repousser les attaques des révisionnistes et à empêcher le retour de l'exploitation des masses, durant toute cette période.

Décès de Mao et victoire des révisionnistes
Après plusieurs tentatives infructueuses, les révisionnistes chinois, appuyés par les Tibétains ayant appartenu aux anciennes classes dirigeantes, sont finalement parvenus à leurs fins. En octobre 1976, peu après la mort de Mao, ils prirent le pouvoir grâce à un coup d'État organisé à Beijing. Ils commencèrent dès ce moment à se débarrasser de leurs ennemis par l'emprisonnement et l'assassinat d'un grand nombre de révolutionnaires. Ainsi, alors qu'en 1973, la presse chinoise rapportait le recrutement de 11 000 nouveaux membres tibétainEs par le Parti communiste chinois et par la Ligue des jeunes communistes, en 1976, le Parti ne comptait plus que 4 000 membres tibétainEs au total.

C'est d'ailleurs à partir de ce moment que la colonisation massive des villes du Tibet par les Chinois a commencé à s'organiser. À l'époque de Mao, l'implication des TibétainEs dans la révolution était vue comme essentielle. En 1975, la moitié des hautEs dirigeantEs travaillant au Tibet y étaient néEs. Les révisionnistes allaient rapidement changer cette façon de faire, grâce à la colonisation du territoire.

L'objectif des révisionnistes chinois n'était pas de retourner au vieux féodalisme tibétain. Ils souhaitaient plutôt transformer cette région afin qu'elle devienne un grenier à céréales pour la Chine. Des travailleurs et des techniciens chinois y ont aussi été envoyés pour exploiter certaines mines. En fait, la Chine voulait augmenter la productivité du Tibet afin de favoriser la modernisation chinoise. Pour y parvenir, elle comptait s'appuyer sur les anciennes classes dirigeantes tibétaines remises au pouvoir. Le rêve révolutionnaire se transforma donc en cauchemar capitaliste.

À partir de ce moment, tout ce qui avait été fait pour construire le communisme a été défait. Ainsi, les communes populaires et leurs équipes de production ont été abolies. Les pâturages et les terres sont redevenus des propriétés privées.

Une loi a même été votée en 1979 afin d'interdire la contestation des anciennes pratiques religieuses. Dès le début des années 80, on comptait de nouveau plus de 200 monastères, regroupant 45 000 moines. Et, avec les monastères, on a pu voir réapparaître la vieille notion de karma expliquant aux gens que, s'ils étaient dans la misère, c'était parce qu'ils l'avaient mérité dans une vie antérieure.

Le nombre d'écoles a diminué de façon très importante. En 1988, 40% du budget réservé à l'éducation était en fait utilisé afin de former la nouvelle élite tibétaine. Celle-ci doit d'ailleurs aller étudier dans l'est de la Chine afin de former de véritables spécialistes.

La conséquence de tout ceci, c'est que l'écart entre les riches et les pauvres a recommencé à augmenter. Ainsi, en 1988, 16% des Tibétains (les plus riches) possédaient 33% des animaux d'élevage, alors que les 33% les plus pauvres ne possédaient que 17% de ces animaux.

Et grâce au magnifique travail des révisionnistes, les vieilles traditions lamaïstes sont de retour. Les paysans ruinés ont recommencé à vendre leurs enfants à Lhassa afin de tenter de sauver le reste de la famille de la famine. Les mendiantEs ont recommencé à peupler les rues des villes. Et pendant que les pauvres recommencent à mourir de faim, 55 000 tonnes de yak sont exportées du Tibet vers Hong Kong chaque année afin d'y nourrir les capitalistes.

Et le dalaï-lama dans tout ça?
Durant toutes ces années, le dalaï-lama n'a jamais cessé de rêver de reprendre le pouvoir, mais cet objectif ne faisait pas réellement partie des plans de ses alliés américains. La raison qui faisait du Tibet un enjeu important pour la CIA, c'était la possibilité d'utiliser le dalaï-lama et les exiléEs tibétainEs afin de mettre de la pression sur la Chine pour contenir la révolution maoïste avec l'espoir que la Chine, un jour, réouvre ses frontières à l'exploitation américaine. Au début des années 70, lorsque la CIA a compris que le gouvernement chinois finirait par réouvrir ses frontières par lui-même grâce aux révisionnistes, l'appui qu'elle donnait aux Tibétains a disparu.

Dès 1977, les négociations ont débuté entre le dalaï-lama et Deng Xiaoping, le nouveau maître de la Chine. Toutefois, quand la Chine s'est rendu compte, après 1983, qu'elle parvenait à consolider son pouvoir sur le territoire tibétain sans l'aide du dalaï-lama, les négociations ont été rompues.

Depuis ce temps, les revendications du dalaï-lama se sont diluées. En 1988, il accepte que le Tibet demeure relié à la Chine et que les troupes chinoises restent en place, en espérant que de nouvelles négociations auraient lieu en 1989. Mais au printemps 1989, Lhassa, tout comme la Place Tienanmen, sont le théâtre de puissantes protestations réprimées dans le sang. Les négociations qui devaient avoir lieu à Genève sont annulées.

Ces massacres n'ont pas empêché le dalaï-lama de complimenter Deng l'année suivante : « En tant que chef d'une faction modérée, sa façon de diriger me donne espoir pour le futur. J'ai toujours pensé que Deng pourrait faire de grandes choses, un jour, pour son pays. [...] La dernière fois que je l'ai vu... sa puissance m'a frappé. Maintenant, il semble qu'en plus de ces qualités, il soit un homme très brillant. » Il est donc prêt à dire absolument n'importe quoi si ça peut le rapprocher du pouvoir!

C'est à ce moment, d'ailleurs, que les États-Unis ont effectué un nouveau rapprochement avec le dalaï-lama. Les objectifs, cependant, avaient changé. Ce qui était souhaité, ce n'était plus d'armer le Tibet contre les forces maoïstes, mais simplement d'utiliser le dalaï-lama comme interlocuteur crédible auprès de la Chine afin que celle-ci abandonne sa politique de centralisation économique. Pour augmenter la crédibilité internationale du dalaï-lama, les puissances occidentales lui ont même alloué le prix Nobel de la paix en 1989. Le mouvement de libération du Tibet soutient donc, présentement, l'ouverture des marchés et du « cheap labour » chinois.

Puis, quand des mouvements importants ont exigé de Washington qu'il diminue les échanges économiques avec la Chine afin que celle-ci respecte davantage les droits de la personne, le dalaï-lama a accepté de travailler avec le président Clinton afin que la pression sur la Chine soit diminuée.

Le dalaï-lama est un véritable caméléon, prêt à dire n'importe quoi et son contraire afin d'atteindre son but : regagner le droit de diriger un pays exploitant les serfs et les esclaves. Ses nombreuses sorties l'ont d'ailleurs rendu très populaire en Occident.

Durant l'été 2003, les négociations ont repris entre l'entourage du dalaï-lama et le nouveau président de la Chine, Hu Jintao. Le dalaï-lama, comme d'habitude, est prêt à négocier avec n'importe qui si le pouvoir est en vue. En effet, rappelons que Hu Jintao, en 1989, était le secrétaire du Parti au Tibet et qu'il fut responsable de l'assassinat par l'armée chinoise de 70 TibétainEs à Lhassa lors des soulèvements populaires.

Cependant, les bases du dalaï-lama sont presque inexistantes chez les masses tibétaines. Si certainEs souhaitent son retour au Tibet, bien rares sont ceux ou celles qui souhaitent son retour au pouvoir. Comment, en effet, quelqu'un peut-il souhaiter redevenir serf ou esclave?

En fait, depuis la victoire des révisionnistes, la lutte de classes n'a jamais cessé au Tibet. Les masses sont tout à fait conscientes que l'exploitation est de retour, mais maintenant, elles savent qu'elles ont la capacité et la puissance nécessaires pour reprendre le pouvoir un jour. Les exploiteurs tibétains, comme ceux du reste de la planète, sont assis sur une bombe. Leur victoire pourrait être de bien courte durée.

Émile Parent


1) Michael PARENTI, « Friendly Feudalism: The Tibet Myth », dans Swans, 07/07/2003 [notre traduction].

2) PARENTI, op. cit., note 1.

3) Liam O RUAIRC, « Free Tibet? », dans The Blanket, 12/05/2004, http://lark.phoblacht.net [notre traduction].

4) Mao ZEDONG, « Principes politiques pour notre travail au Tibet - Directives du Comité central du Parti communiste chinois » (6 avril 1952), dans Œuvres choisies, t. 5, Beijing, Éditions en langues étrangères, 1977, pp. 77-78.

5) O RUAIRC, op. cit., note 3.

6) Mao ZEDONG, « Le tournant de la Seconde guerre mondiale » (12 octobre 1942), dans Œuvres choisies, t. 3, Beijing, Éditions en langues étrangères, 1968, p. 105.

7) PARENTI, op. cit., note 1.

8 ) PARENTI, op. cit., note 1.

(paru dans la revue Arsenal n° 4)
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