Salut à toi le Matanois!
Tout d'abord, je dois avouer que je n'ai pas voté, même si j'ai été tenté par les rabais chez Simons.
Sa Noble Grâce a écrit:On chiale contre la politique mais qu'est-ce que le monde est vraiment pret à faire pour que ça fonctionne mieux.
La démocratique représentative au Québec c'est de la frime. On élit des gens mais qu'est-ce que l'on fait entre les élections... on chiale et on rumine ces frustrations.
En fait je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Je crois qu'il y a énormément de gens qui posent des gestes pour améliorer les choses, même si ces actions sont souvent maladroites et produisent souvent l'effet inverse. Aussi, il est important de souligner que même dans une démocratie représentative, la participation fait partie intégrante du paysage entre deux élections, par la contestation et le lobbying (voir Jacques T. Godbout ). Qu'on soit en accord ou non avec l'un ou l'autre de ces modes de participation, ils existent bel et bien et sont omniprésent. Le conflit consistue-t-il en soit la situation idéale parce qu'extrêment créatif ? Godbout pense que non, moi je ne le sais pas.
Sa Noble Grâce a écrit:Les politicienNEs qui se disent impuissantEs sont des irresponsables dont on ne devrait pas réveiller les cadavres. (note perso: hum belle phrase)
Nous que l'on se dise impuissantE c'est de la lâcheté!
De la lâcheté, peut-être, du désintérêt, certainement. Mais de l'impuissance, aussi. On se trouve depuis une vingtaine d'années dans une situation où la gauche a perdu toute référence idéologique. Très ancrés dans un contexte de modernité, la plupart des principes théoriques de base de la gauche ne tiennent plus dans un contexte de transition.
La vision mécaniciste des structures sociales incarnées par l'État ne tient plus la route. L'économie est aujourd'hui mondialisée et diffuse, et les gouvernements ont aujourd'hui très peu de levier sur elle. Cette transformation de l'économie (une des institutions fondamentales de la société, eh oui, j'ai mes tendances structuralistes) a complètement déstructuré l'organisation sociale. Cette dernière se réajuste peu à peu, mais aucun retour en arrière n'est possible.
L'État en pleine crise de légitimité n'est donc aujourd'hui plus le seul acteur à gouverner la société. Il y a aussi le marché et la société civile, cette dernière s'incorporant de plus en plus en ONG sur le modèle d'organisation des entreprises et participant par le fait même à l'instauration d'un nouvel ordre politique peu révolutionaire et très corporatiste.
C'est l'erreur que font des partis comme Québec solidaire, qui ont comme programme politique une liste d'épicerie presqu'identique aux programmes sociaux-démocrates des années 1960-1970, qui intègrent une conception de l'État qui s'est révélé incapable de répondre à l'ensemble des demandes sociales, ces dernières étant plurielles et fragmentées. C'est d'ailleurs une des causes principales qui a mené à la crise de légitimité de l'État.
Il faut aujourd'hui repenser la gauche, sur des bases nouvelles. Personnellement, je crois qu'aujourd'hui le rôle de l'État n'est pas de tout encadrer et de tout contrôler, mais de créer des conditions (un cadre légal, le soutien de recherches créatives et poussées) favorisant la reprise en main par la population elle-même des leviers économiques restant et des levier politiques.
Sa Noble Grâce a écrit:Enfin, si les gens s'intéressaient plus aux affaires politiques (locales, comme nationales) on serait mieux gouverné.
C'est le basic. Après un gouvernement par la base en Assemblée générale locale ou se traiteraient toutes les affaires politiques-administratives et législatives- avec ptete de la représentation après, ce serait déjà un progrès.
Dans tout les cas, le ou la représentante ne serait qu'un ou qu'une représentante. Son rôle serait uniquement de faire connaitre aux autres régions ou autres localités ce qui aurait été suggéré.
C'est ici qu'on se rejoint (ouf...haha). En effet, et si on donnait réellement le pouvoir à la population ? Il existe à l'heure actuelle un peu partout dans le monde de nombreuses expérimentations de démocratie participative à l'échelle locale. Malheureusement, outre le fait que ça permette une meilleure circulation d'information entre gouvernant-e-s et gouverné-e-s, on en est pas à une démocratie directe où la population a un réel pouvoir décisionnel. On ne fait que permette une participation à la décision, ce qui pour l'instant ne se révèle pas être un réel succès. Puisqu'il sa'git souvent de questions techniques dont les citoyen-ne-s ne disposent pas de toutes les compétences et connaissances requises pour bien saisir l'enjeux, les élus et technocrates se retrouvent toujours avec la réelle décision entre les mains, qui est par contre perçu plus légitime par les citoyen-ne-s ont eu la chance de s'exprimer. Démocratisation ou consolidation d'une hiérarchie sociale?
Un autre hic: on a beau démocratiser radicalement toutes les structures gouvernementales, les citoyen-ne-s n'auront pas en main l'ensemble des leviers économiques (même s'ils/elles seraient plutôt bien parti), qui sont déterritorialisés (les cadres institutionnels étant eux définis sur une base territoriale) .
Pour alimenter le débat, je pose la question suivante:
Pourquoi ne laisse-t-on pas les citoyen-ne-s décider, c'est-à-dire pourquoi écarte-t-on toujours la démocratie directe ? Les dirigeant-e-s et les intellectuel-le-s n'entretiendraient-ils/elles pas aujourd'hui une certaine condescendance à l'égard de la population en générale? Ont-ils/elles tendance à faire le parallèle populaire=médiocrité?.
Deux suggestions de lectures:
BACQUÉ, Marie-Hélène, Henri REY et Yves SINTOMER (dir.) (2005), Gestion de proximité et démocratie participative : une perspective comparative, Paris : La Découverte. ***lire surtout le texte de Loïc Blondiaux, pp. 119-138***
HABERMAS, Jürgen (1993, réédition), L'espace public, Paris: Payot.