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Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Jeu Avr 10, 2008 3:44 pm
de Mir
Soupir...

Le groupe de travail sur la tarification, mis sur pied par le gouvernement de Jean Charest et dirigé par l'économiste Claude Montmarquette, a remis son rapport jeudi matin.

Selon ce rapport, les Québécois doivent comprendre qu'il est urgent d'augmenter l'ensemble des tarifs qu'on leur impose afin de refléter davantage les coûts réels des services.

Si les Québécois s'alignaient sur la moyenne canadienne, estime Claude Montmarquette, chaque citoyen devrait débourser en moyenne 650 $ de plus par année, ce qui injecterait 5 milliards de dollars de plus dans les coffres de l'État.

Prenant comme exemple les coûts de l'électricité, l'économiste évalue que la moyenne canadienne de la valeur d'un kilowattheure est estimée à 10,10 ¢, alors qu'au Québec, il ne vaut que 6,68 ¢. Si on « normalisait » la situation, M. Marquette croit qu'au seul chapitre de l'électricité, le gouvernement pourrait récupérer deux milliards de dollars.

Le groupe recommande au gouvernement de se doter d'une loi-cadre qui fixerait les paramètres en vertu desquels des augmentations de tarifs seraient imposées.

Une application du principe utilisateur-payeur aurait pour effet de réduire la surconsommation, fait valoir le groupe, en prenant l'exemple de l'installation obligatoire de compteurs d'eau pour l'ensemble des résidences, des industries et des commerces.


Avec le principe de l'utilisateur-payeur, le président du Groupe de travail sur la tarification des services publics croit qu'en haussant les tarifs et en augmentant donc les revenus de l'État, cela réduirait la pression fiscale.

« Rappelons que la tarification n'est pas un impôt déguisé. Elle représente un instrument irremplaçable. Par exemple, lorsqu'elle s'applique à nos ressources, elle évite la surconsommation et le gaspillage et permet une gestion responsable de notre patrimoine. Globalement, elle permet de mieux financer les services publics tout en permettant une réduction à terme de la gestion fiscal », affirme Claude Montmarquette.


Monique Jérome-Forget

Mais la résistance est forte du côté gouvernemental, du moins si l'on se fie à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

« Je n'ai jamais dit que j'allais augmenter les tarifs, au contraire. J'ai toujours dit que je ne voulais pas augmenter les tarifs. Il n'y a rien sur l'écran radar pour augmenter les tarifs. M. le président, c'est clair, je l'ai dit hier, je l'ai répété plusieurs fois », a déclaré la ministre à l'Assemblée législative.

Le rapport Montmarquette vient à peine d'être dévoilé que déjà il suscite des réactions.

À l'union des consommateurs, on se dit très préoccupé à propos de la recommandation qui consiste à réviser la Loi sur la Régie de l'énergie, qui encadre les coûts de l'électricité, pour ainsi ultimement revoir à la hausse les tarifs.

On dit que ce sont les pauvres et la classe moyenne qui vont écoper et que ces hausses tarifaires constituent une façon de compenser les baisses d'impôt.

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), qui représente 120 000 membres, est déçue de cette recommandation d'augmenter les droits de scolarités universitaires afin de se rapprocher progressivement de la moyenne canadienne.

Pour son président, Jean-Patrick Brady, l'application d'une telle recommandation nuirait à l'accessibilité aux études universitaires.




http://www.radio-canada.ca/regions/Mont ... rt_n.shtml

La doxa néo-libérale frappe encore!!!

MessagePosté: Jeu Avr 10, 2008 4:03 pm
de Carbo
C'est un mouvement soi-disant pour la "vérité des prix". Mais le but est sans doute davantage "éducatif", comme de faire gober aux Québécois et Québécoises que rien n'est gratuit dans ce bas monde.

Ce qui m'énerve principalement là-dedans, c'est que au Québec, les impôts sont plus élevés qu'ailleurs en Amérique du Nord. L'augmentation de la tarification des services publics viserait donc à comprimer les impôts par la suite... C'est louche, ce rapport là. Ça fait fortement penser au rapport Castonguay en santé...

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Ven Avr 11, 2008 6:35 pm
de Mir
Ce qui est drôle, c'est qu'on ne nous a présenter qu'une partie du rapport. La partie cachée se retrouve dans les propos du président de l'iedm, du conseil du patronat et du président du groupe de travail M. Montmarquette.

C'est la partie amusante de la ''neutralité fiscale'' soi-disant impliquée par la tarification, à laquelle veulent tendre implicitement nos dirigeants et explicitement les tink tanks financés par le millieu des affaires.

Ce n'était pas dans le mandat du groupe de travail d'inclure dans leur étude les montants que les quebecois paient en taxes et impots.

Mais, d'après les multiples entrevues que j'ai lues/vues sur la question(avec montmarquette, des gens de l'iedm, du conseil du patronat, etc.), les ténors de la droite quebecoise semblent entonner en coeur le même mantra que nos politiciens appliquent déjà: pour que l'application des politiques de tarification soit fiscalement viable, il faut réduire les impôts dans la même mesure qu'on augmente les tarifs.

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Lun Avr 14, 2008 6:51 pm
de Rose
Le probleme, c'est que les pauvres, qui ne paient pas d'impots, devront faire face a une hausse de tarif sans profiter de la baisse d'impots.

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Lun Avr 14, 2008 8:10 pm
de mister_x
On pourrait améliorer les fonds donnés aux pauvres en augmentant le montant des B.S., en augmentant le salaire minimum et en donnant plus d'argent aux associations qui aident les personnes dans le besoin.

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Lun Avr 14, 2008 10:16 pm
de Panurge
comme de faire gober aux Québécois et Québécoises que rien n'est gratuit dans ce bas monde.


Parce que c'est faux?

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Lun Avr 14, 2008 10:51 pm
de Carbo
Ce serait vraiment futile d'augmenter les programmes sociaux pour faire face à de telles augmentations de tarifs. À mon sens, ce serait là un jeu à sommes nulles. Ce projet là est comparable à celui de la gang à Lucien, des Lucides... Montmarquette s'en réclamait d'ailleurs samedi dernier dans une entrevue à la Première chaîne.

Les libéraux et les libertariens commencent vraiment à être déconnectés du vécu quotidien de la population. À force de vouloir instaurer la vérité des prix, ils vont finir par créer de toute pièce les nouveaux problèmes sociaux du Québec...

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Mar Avr 15, 2008 4:26 am
de Michael Di Fiore
Fondamentalement, ce rapport est faussé par son manque d'objectivité scientifique. L'économiste en charge du rapport est animé par une logique téléologique qui met l'équilibre des prix comme finalité à tout phénomène économique. Rappellons-nous que la téléologie met la finalité au début de l'analyse:

Équilibre (normalité) --> déséquilibre (anormalité) --> mécanismes de marché fondé sur et cherchant l'équilibre (processus abstrait incontrôlable par l'humain) --> équilibre (normalité)

Selon ce rapport, les Québécois doivent comprendre qu'il est urgent d'augmenter l'ensemble des tarifs qu'on leur impose afin de refléter davantage les coûts réels des services.

Si les Québécois s'alignaient sur la moyenne canadienne, estime Claude Montmarquette, chaque citoyen devrait débourser en moyenne 650 $ de plus par année, ce qui injecterait 5 milliards de dollars de plus dans les coffres de l'État.


Traduction: au problème d'équilibre du financement, augmentons les prix pour réfléter les coûts. La moyenne (l'équilibre) canadienne est plus élevée que notre situation, augmentons les tarifs.

(Sautez à la fin si vous ne voulez pas lire le raisonnement complet.)
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Ceci n'est qu'une logique d'équilibre économique partiel ne prenant pas en compte la RÉALITÉ économique dans son ensemble. L'objectif a priori est l'équilibre de l'offre et de la demande d'une quantité réduite de variables, pas l'augmentation du bien-être économique et général de la population (supposément le résultat de l'équilibre). Les moyens utilisés, construits à partir d'hypothèses et d'outils abstraits, ne prennent en compte que ce point de vue abstrait et partiel.

Rappelons que la tarification n'est pas un impôt déguisé. Par exemple, lorsqu'elle s'applique à nos ressources, elle évite la surconsommation et le gaspillage et permet une gestion responsable de notre patrimoine. Globalement, elle permet de mieux financer les services publics tout en permettant une réduction à terme de la gestion fiscal


Est-ce que l'augmentation des coûts augmente notre bien-être ? Qu'est-ce qui cause réellement la surconsommation et le gaspillage ? Est-ce vraiment une augmentation de la proportion du coût d'un bien ou d'un service par rapport à un budget individuel limité et imposé par une source extérieure hors du contrôle individuel qui réduira le gaspillage et la surconsommation, objectifs non souhaitables d'après cette citation ? Ce salaire est-il une norme sociale maximisant le bien-être et la gestion des ressources ? D'ailleurs, qui a décidé que le "bien-être économique" était l'objectif d'un individu et que, par extension, c'est celui de la société étant donné le conscensus, créant ainsi un équilibre optimal entre les bien-être ? L'augmentation de la richesse et du revenu dans le temps n'augmenteront-ils pas la surconsommation et le gaspillage relatif car la part du revenu pouvant leur être attribués va grandir ? A-t-il une fin à la croissance ? Si oui, où se trouve la fin de la croissance ? Notre bien-être lors de l'atteinte de la fin de la croissance sera-t-il plus ou moins grand par rapport à avant ?

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Enfin, pourquoi est-ce que l'équilibre, situation rigide, statique, normative, hypothétique et abstraite, est-elle le départ de l'analyse, le moyen d'analyse et la fin de l'analyse économique ? L'analyse économique ne devrait-elle pas commencer par ce à quoi nous avons démocratiquement décidé, un projet concret avec des actions concrètes pouvant être transformées dans l'espace et le temps ?

Les misères de la "science" économique...

// Édition pour fautes. C'est ce qui arrive quand on fait une rédaction à 3h26 du matin.

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Mar Avr 15, 2008 12:43 pm
de eponyme
répondre aux crises du libéralisme par plus de libéralisme.... oui à la fuite en avant ! :?

et aussi : j'aime michael

Re: Le groupe de travail sur la tarification des services public

MessagePosté: Mar Avr 15, 2008 1:07 pm
de Panurge
L'analyse économique ne devrait-elle pas commencer par ce à quoi nous avons démocratiquement décidé, un projet concret avec des actions concrètes pouvant être transformées dans l'espace et le temps ?


Surtout pas. D'ailleurs, je n'ai rien décidé.