PacoTibo,
Olymel a engagé Lucien Bouchard pour mener sur plusieurs fronts diverses fermetures d'usines. Je dis bien "mener des fermetures d'usines".
Je suis de Saint-Hyacinthe et plusieurs usines Olymel existaient dans la région. Tu auras noté l'imparfait. La hache de guerre a été déterrée il y a de cela deux ans. L'employeur demandait que les syndiquéEs acceptent des baisses de salaire allant, pour certainEs, jusqu'au tiers de leur salaire.
33% de baisses alors que les cadres de l'entreprise avaient été récemment augmentéEs. 33% de baisses alors que la compagnie continuait d'avoir des clients réguliers et que son chiffre d'affaires demeurait POSITIF. 33% de baisses alors qu'Olymel venait de faire l'acquisition de la plus grosse compagnie de traitement de la viande porcine du Manitoba pour quelques modestes milliards.
La logique ici n'était pas celle d'une entreprise incapable de faire face à la compétition mais celle d'une entreprise qui, par ses choix volontaires, a décidé de diminuer sa marge de profits et d'ensuite demander aux salariéEs des concessions afin que celle-ci redevienne ce qu'elle était avant.
Qu'en somme, les patrons s'en mettent autant dans les poches (d'ailleurs, outrageusement, que cela soit dit) qu'avant leur achat et leurs mauvais investissements.
La logique, aussi, c'est celle d'une compagnie qui savait très bien qu'aucunE travailleur/euse n'aurait accepté de telles baisses de salaire (et de conditions autres, aussi, notamment une réduction des pauses par endroits) devant ces faits. C'est une compagnie qui, par ses liens étroits avec les médias complices, a tenté de faire passer les syndicats locaux pour des groupes intransigeants, immobilistes et déconnectés de la réalité. Et, finalement, c'est une compagnie qui avait déjà prévu, d'avance, de déménager le gros de ses opérations ailleurs, où le travailleur et la travailleuse accepteraient de se "vendre" pour moins cher.
À l'unique usine où les offres patronales furent acceptées, la compagnie est revenue un peu moins de deux ans plus tard en demandant davantage de concessions. Ne me demande donc pas de respecter une telle compagnie ni même l'écrasante majorité des autres qui sont toutes pareilles. Le travailleur et la travailleuse écopent pour les mauvaises décisions de cadres qui sont, eux, augmentéEs alors que l'entreprise continue pourtant de prospérer. On est loin de la misère dont parle l'autre charogne à Bouchard.
J'ai trois oncles qui avaient prévu terminer leur carrière chez Olymel et qui ont été "coupés" avant que l'usine ne ferme, après respectivement 23, 18 et 16 années de service. De bons travailleurs qui doivent se trouver un boulot à quelque part d'autre alors que leur unique expérience véritable est dans l'industrie porcine, une industrie pas très appréciée ces temps-ci. De bons travailleurs, aussi, qui ne pourront pas bénéficier de leurs avantages de retraite après 25-30 ou 35 ans de service là-bas.
Tout ça pour que les patrons ne voient surtout pas leur marge de profit diminuer, question de pouvoir continuer de s'offrir une nouvelle Porsche par mois, minimalement...