de François le Lun Avr 16, 2007 1:39 pm
Pour Frankie_boy :
Ouais on pourrait effectivement partir une autre discussion différente sur le texte d'Engels. Personnellement je suis tout a fait d'accord avec lui (et par conséquent en désaccord avec tes contre-arguments).
Pour Alain :
J'avoue que de la façon que j'avais écrit ça, sur c'est quoi "la bonne définition" (à mon avis, il y en a une), ça pouvait paraître un peu vide en étant restreint à la sphère économique. Toutefois en bon marxiste, quand je parle de mode de production, je sous-entendais que de ça découle toutes les autres sphères de la société. J'avoue que cette partie de mon post aurait du être plus précise, mais je rejette quand même l'option "political compass". Dernier truc: je pense qu'on peut faire un semblant d'échelle absolue avec des termes plus fixes comme féodalisme, semi-féodalisme, capitalisme d'État, capitalisme social-démocrate, capitalisme néo-libéral etc. et en rajoutant des noms d'économistes ou de politiciens pour préciser.
En guise de réponse pour Ge :
L'idéologie des anarchistes modernes (surtout leur tendance la plus cohérente, l'anarcho-communisme), c'est pas grand chose de plus qu'une révolution lexicologique. De la façon que je vois ça aujourd'hui, la tendance anarchiste et encore plus la tendance du soi-disant communisme libertaire, n'existe qu'en tant qu'opposition au communisme.
Ce que j'ai pu comprendre des camarades anarchistes au Québec, c'est que la plupart d'entre eux et elles approuvent la majorité de l'idéologie communiste, mais qu'ils et elles ne veulent pas assumer et se donner la peine d'analyser (sérieusement, on s'entend) les échecs du mouvement communiste, alors ils et elles choisissent une voie facile et très contre-productive: on reprend l'essentiel de l'analyse théorique marxiste tout on refusant d'endosser ses conclusions pratiques, mais --et c'est là que ça devient encore plus étrange (pour ne pas dire ridicule)-- on ne propose pas de stratégie révolutionnaire comme alternative aux fameux échecs du mouvement communiste qu'on se plaît tant à publiciser (p.s. je ne considère pas les 2-3 paragraphes du programme de la NEFAC qui parlent de révolution comme une stratégie). À la place de ça, on se contente de proclamer aux masses: "en gros on a les mêmes idéaux et les mêmes analyses que les communistes, mais nous on est ben mieux parce qu'eux ils étaient autoritaires et nous on est libertaires" etc. Bref, au lieu de développer une stratégie révolutionnaire et de l'appliquer, on tente une révolution lexicologique en remplissant notre propagande de concepts et de "théories" creuses (du style "autorité vs. liberté", "État vs. fédération", "démocratie vs. totalitarisme", "parti vs. organisation", "organisation vs. mouvement", "discipline de parti vs. responsabilité collective", "avant-garde vs, minorité agissante", "soviet vs. comité populaire", "déléguéEs vs. dirigeantEs", "démocratie directe vs. pouvoir populaire" ou bien l'inusité "on est ni de gauche ni de droite!"... et on pourrait continuer) ; manipulations vocabulaires qui sont bien loin d'être suffisantes pour gagner le soutien des masses qui se calissent pas mal de ces subtilités. Pas étonnant après tout ça (incapacité de développer une stratégie distincte de leurs "ennemis" maoïstes) de voir que le mouvement anarchiste est complètement incapable d'émerger comme mouvement révolutionnaire digne de ce nom dans les pays opprimés (ce qui s'en rapprocherait le plus serait l'EZLN et ils ne sont pas révolutionnaires) et qu'il a tendance à se replier vers la droite dans les pays impérialistes, ce qui est sans aucun doute le cas au Québec (morcellement en luttes spécifiques, syndicalisme non-révolutionnaire, tolérance envers le réformisme, et même le "syndrome ML" des années 70-80 i.e. tenter de gagner la direction organisationnelle avant la direction idéologique).
En passant Ge, t'as mes félicitations pour ta réussite à utiliser un dictionnaire ! Effectivement, les mots totalitarisme et autoritarisme sont dans le Larousse, mais cela ne m'empêche quand même pas de me "rebeller contre le dictionnaire" en continuant à prétendre que ces deux concepts ne veulent rien dire. À mon humble avis, l'Académie française n'a pas toujours raison. On pourra en débattre si tu veux, je travaille justement sur un texte sur l'anarchisme qui aborde la question (ça va prendre un bout pour le finir toutefois). En gros mon point c'est que tous les systèmes politiques depuis la fin du communisme primitif sont totalitaires et autoritaires, et que n'importe quel système futur le sera aussi, jusqu'à la disparition des classes, donc de l'État. Par exemple, la "démocratie capitaliste" n'est pas plus ou moins totalitaire que la "dictature socialiste", ce qui rend le qualificatif sans substance.
Bien sûr, il n'y a aucun doute que les mots autorité et totalitaire veulent dire quelque chose ; le problème est avec autoritarisme et totalitarisme, bref de penser que "l'autoritarisme" et le "totalitarisme" sont des aspects caractéristiques de systèmes politiques spécifiques. Il est d'ailleurs bon de se rappeler que le concept de totalitarisme a été inventé et popularisé par l'ONU afin de faciliter sa propagande fascisme = communisme. Il est aussi bon de se rappeler que le concept d'autoritarisme a été inventé et popularisé par les anarchistes afin de s'auto-justifier.
Anyways, contrairement à ce que sous-entend ton sec "c'est tout ce que j'ai à dire", je suis confiant qu'on aura éventuellement l'occasion de discuter calmement de tout ça (dans un esprit constructif de renforcement de la stratégie révolutionnaire anti-capitaliste, bien évidemment).