Manif contre la brutalité policière

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Manif contre la brutalité policière

Messagede Étienne-ASSÉ le Lun Mar 16, 2009 12:31 am

Un article plutôt juste et honnête au sujet de la manif, c'est rare:

Près de 200 arrestations
Publié le 15 mars 2009 à 10h38 | Mis à jour le 15 mars 2009 à 23h43

Martin Croteau
La Presse

La manifestation contre la brutalité policière qui a eu lieu dimanche à Montréal a été l'une des plus mouvementées des dernières années. Des centaines de contestataires ont passé cinq heures à jouer au chat et à la souris avec les policiers dans les rues du centre-ville, et quelque 200 personnes ont été arrêtées.

Au plus fort des troubles, en fin d'après-midi, des manifestants ont arraché les planches et les structures de métal d'un échafaudage au Complexe Desjardins pour les traîner au milieu de la rue Sainte-Catherine. Ils ont lancé des briques, des pierres, des morceaux de métal et des légumes en direction des policiers.

> La manifestation en photos

L'escouade antiémeute a ensuite provoqué un mouvement de panique lorsqu'elle a chargé une foule composée de manifestants et de simples passants. Un cordon policier a finalement encerclé et arrêté une centaine de personnes à l'angle des rues Sainte-Catherine et de Bleury.

Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), plus de 25 commerces et voitures ont été endommagés. Les autorités s'attendent à ce que le total augmente dans les prochaines heures, à mesure que des citoyens porteront plainte. Des manifestants ont aussi vandalisé plusieurs voitures de patrouille. Deux policiers ont été légèrement blessés.

Au total, 198 personnes ont été arrêtées. Du nombre, 48 feront face à des accusations criminelles pour voies de fait, possession d'arme ou méfait. Les autres ont reçu une contravention pour avoir participé à un rassemblement illégal. La vaste majorité d'entre elles ont été libérées dimanche soir.

C'est quatre fois plus d'arrestations que l'année dernière, alors qu'on en avait compté 47. Le record avait été établi en 2002: 371 personnes avaient été arrêtées.

«On est somme toute assez heureux du résultat parce qu'il n'y a pas beaucoup de blessés et ce ne sont pas des blessés graves, a indiqué le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière. Mais c'est triste qu'encore une fois ça se termine comme ça.»

Le rassemblement débutait officiellement à 14 h, mais tant les manifestants que les policiers avaient pris de l'avance. Dès 13h30, une foule compacte s'était massée devant le métro Mont-Royal, tandis qu'une fanfare enchaînait des mélodies. Des policiers à cheval et plusieurs patrouilleurs à vélo circulaient dans le secteur.

Les organisateurs ont appelé la foule à défiler dans le calme.

«Comme dans toute manifestation, c'est très difficile d'avoir le contrôle sur les manifestants, a affirmé Pierre Francoeur, du Collectif opposé à la brutalité policière. Il pourrait y avoir du grabuge, mais nous, on ne l'encourage pas.»

Plusieurs affichaient ouvertement leur intention de s'attaquer aux policiers. «Si on ne fait pas de casse, personne ne va en parler», a affirmé Frank, dont le visage était partiellement couvert par une cagoule. Le jeune homme, qui se décrit comme un «voyageur», affirme avoir fréquemment été pris à partie par les policiers.

Dès 13h45, les policiers ont arrêté cinq personnes masquées qui transportaient des pierres dans leur sac à dos. Ils ont bloqué l'accès au métro, s'attirant les injures de la foule.

Des contestataires ont d'abord affronté un rang d'une trentaine de policiers à l'angle de l'avenue du Mont-Royal et de la rue Berri. Ils ont lancé les légumes et les fruits que plusieurs avaient apportés à cette fin. Des agents ont riposté avec du gaz-poivre. La foule s'est dirigée vers la rue Saint-Denis.

Sous le regard médusé des promeneurs qui profitaient d'un dimanche ensoleillé sur les terrasses, les manifestants ont poursuivi leur marche vers le sud jusqu'à la rue Sherbrooke. Là, ils étaient attendus par un imposant dispositif policier.

Explosions et projectiles

Deux explosions ont retenti lorsque les groupes sont arrivés face à face. Un projectile tiré par les policiers a fracassé la vitrine du Café Vienne. Un autre a terminé sa course dans la jambe de Jacqueline Perez.

Une infirmière bandait la plaie de Mme Perez lorsque La Presse l'a rencontrée. Elle fait partie du Comité des mères et grands-mères pour la justice et la vie et prenait part à sa première manifestation contre la brutalité policière.

«On est ici parce qu'on trouve qu'on n'a pas fait justice à Fredy Villanueva, a-t-elle indiqué. Je suis là pour appuyer les jeunes qui font cette manifestation depuis des années.»

Elle estime que ce sont les policiers qui ont provoqué les manifestants.

Après cet affrontement, peu après 15h30, un groupe s'est engagé vers l'ouest, rue Sherbrooke. Des casseurs ont mis le feu dans une poubelle et l'ont placée en plein milieu de la rue. D'autres ont fracassé une vitre du pavillon des sciences de l'UQAM et l'entrée d'un hôtel.

La foule a ensuite pris d'assaut la rue Sainte-Catherine, où des milliers de personnes faisaient leurs emplettes. Le passage du cortège n'a pas laissé de graves dommages près des centres commerciaux. Quelques vitrines ont été enduites de peinture blanche, mais sans plus.

La situation a dégénéré en face de la Place des Arts, lorsque les manifestants ont utilisé des matériaux de construction pour ériger des barricades et lancer des briques vers les policiers.

Après cet affrontement, des policiers armés de matraques et de boucliers ont encerclé une centaine de personnes près de la rue de Bleury. Pendant ce temps, les autres émeutiers se sont peu à peu dispersés.

En soirée, un groupuscule continuait de tenir les policiers en haleine, mais il n'y a pas eu plus de casse.

- Avec la collaboration de Violaine Ballivy
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Re: Manif contre la brutalité policière

Messagede Étienne-ASSÉ le Lun Mar 16, 2009 1:27 am

Moins bon article dans Rue Frontenac, mais les photos sont quand même pas pires.

Manifestation contre la brutalité policière: plus de 200 arrestations

Ça ajoute cette info aussi au moins:

Les policiers à pied et à cheval ont formé des cordons pour bloquer les rues et les ruelles adjacentes à Mont-Royal dès 13h30. Des policiers habillés comme des manifestants se sont aussi mêlés à la foule. Les stations Mont-Royal et Laurier ont été fermées temporairement.
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Re: Manif contre la brutalité policière

Messagede Étienne-ASSÉ le Lun Mar 16, 2009 12:52 pm

Montréal n'est pas Beyrouth

Michèle Ouimet
La Presse
16 mars 2009


Quand je suis descendue du taxi hier, vers 17h, au coin des rues Bleury et Sainte-Catherine, j'ai vu des manifestants courir vers l'ouest. Ils fuyaient la police, qui fonçait sur eux.

Un policier s'est rué sur moi et m'a brutalement jetée par terre en hurlant. Il avait un casque, un bouclier, une matraque et une veste pare-balles. Moi, j'avais mon calepin de notes.


Tout s'est passé très vite. Je me suis relevée et j'ai regardé le policier droit dans les yeux en criant: «Hé! Mon tabarnak!»


Je le sais, j'aurais dû me taire. On n'insulte pas un policier survolté qui vient de vous jeter par terre et qui a une matraque longue comme ça dans la main, mais ça a été plus fort que moi. L'adrénaline.

On était environ 100, des manifestants, des badauds et deux journalistes. Les policiers nous ont pris en souricière. Ils tapaient sur leurs boucliers avec leurs matraques en criant: «Bouge! BOUGE!»

Mais nous ne pouvions pas bouger. Nous étions entassés les uns sur les autres. Peu importe, les policiers continuaient à taper sur leur bouclier en criant et en s'avançant vers nous.

Il faisait un temps magnifique, le ciel était bleu, d'un bleu qui annonce le printemps. Au-dessus des gratte-ciel, les hélicoptères bourdonnaient. Un peu plus loin, des autos bloquaient la rue. Un policier était posté sur le toit d'une camionnette, un fusil pointé sur nous. Un fusil qui peut lancer des balles de caoutchouc ou des gaz irritants.

Nous avions peur que les policiers nous frappent avec leurs matraques. L'atmosphère était à couper au couteau. Une jeune fille, cheveux verts en bataille, a insulté les «coches» en hurlant: «On n'a pas à se soumettre! On essaie de défendre notre honneur, ostie!»

Un foulard cachait le bas de son visage. Dix-neuf ans, réceptionniste de métier. Survoltée.

À côté, son amie, blouson de cuir, capuchon sur la tête, a crié: «Ils veulent nous tabasser!»

Un autre, un énorme anneau dans le nez, a beuglé: «On peut pas bouger, on est pognés, câlice!»

Les policiers se sont brusquement tus. Ils devaient être une quarantaine. Ils ont cessé de bouger, sourds aux insultes de la foule. Au bout d'une vingtaine de minutes, ils nous ont annoncé que nous étions en état d'arrestation.

Je suis restée coincée 45 minutes. Parmi la foule prise en souricière, il y avait plusieurs manifestants. La majorité, en fait. «Le noyau dur», m'a dit Ian Lafrenière, porte-parole de la police de Montréal.

Certains cachaient leur visage avec un foulard. Des jeunes: entre 15 et 25 ans. Élèves du secondaire ou du cégep. Ils dénonçaient la brutalité policière, mais ils ne disaient pas un mot sur les briques qu'ils avaient lancées sur les autos. Pas un mot, non plus, sur les pierres qu'ils avaient larguées sur les policiers ou balancées dans les vitrines des commerces. Ni sur le feu qu'ils avaient mis dans les poubelles.

Ils étaient jeunes. Tellement jeunes. Et idéalistes.

«Les policiers abusent de leur autorité ou plutôt de leur brutalité», a dénoncé l'un d'eux, 15 ans, élève du secondaire, cheveux blonds qui tombaient mollement sur les épaules, le contour des yeux orné de noir.

Mais il n'y avait pas que des anarchistes. Des badauds qui profitaient de ce petit dimanche de printemps se sont fait prendre dans la souricière. Un homme de 30 ans, cheveux courts, visage poupin, l'air égaré, n'en revenait pas de se retrouver coincé entre deux rangées de policiers armés de matraques.

- Ça me stresse, a-t-il dit. C'est pas mon milieu, ici.

- Et vous faites quoi, dans la vie?

- Comptable.

Plus loin, un homme et une femme, petit couple tranquille, qui magasinaient au centre-ville. L'air égaré, eux aussi. Ils n'avaient pas la dégaine anarchiste. Pourtant, ils ont été arrêtés. Un dimanche qui a mal tourné.

*****************************

Le plus impressionnant, dans toute cette histoire, c'est l'extrême nervosité des policiers qui chargent une foule et qui essaient ensuite de la contenir. J'ai passé 45 minutes à deux pieds d'eux. Je voyais l'adrénaline dans leurs yeux. Je ne leur faisais pas confiance. J'avais peur qu'ils se mettent à jouer de la matraque.

Le porte-parole de la police, Ian Lafrenière, m'a expliqué dans le menu détail la montée de la tension, le dérapage des manifestants, qui ont mis la main sur des briques, la stratégie de la police, qui a réussi à encercler le noyau dur au coin des rues Bleury et Sainte-Catherine.

Ça fait 13 ans que le Collectif opposé à la brutalité policière organise une manifestation, 13 ans que cela tourne au vinaigre et que les arrestations se multiplient.

Au moins 500 policiers ont été mobilisés pour essayer d'encadrer les manifestants. Dure tâche. Je comprends. Mais la police devrait calmer ses troupes quand elle sonne la charge, parce qu'il peut y avoir des comptables et des jeunes couples égarés au milieu de la foule.

Le droit de manifester fait partie de l'attirail de toute démocratie qui se respecte. Ces jeunes anarchistes ne veulent pas faire sauter la ville. Ils dénoncent la brutalité policière en foutant le bordel. Oui, il y a des dérapages, mais Montréal n'est pas Beyrouth. Alors on se calme.
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Re: Manif contre la brutalité policière

Messagede Étienne-ASSÉ le Lun Mar 16, 2009 1:00 pm

Gérald Tremblay veut encadrer la manif du Coll contre la brutalité policière

Selon le dernier bilan dressé lundi matin par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), 32 manifestants ont été interpellées en vertu du Code criminel tandis que 189 ont été arrêtées pour avoir violé certains règlements municipaux.


Donc 221 arrestations.
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Re: Manif contre la brutalité policière

Messagede Étienne-ASSÉ le Lun Mar 16, 2009 1:09 pm

La manif à Trois-Rivières:

«Il faut arrêter le nettoyage au centre-ville»
Éric Lallier
Le Nouvelliste


(Trois-Rivières) La brutalité policière n'a peut-être pas le même visage en Mauricie que dans les grands centres, mais elle existe. C'est du moins ce qu'ont martelé une quinzaine de manifestants, samedi, devant le quartier général de la Sécurité publique de Trois-Rivières.

Cette poignée de contestataires y était conviée, à l'invitation du Collectif opposé à la brutalité policière de Trois-Rivières, nouvelle branche du mouvement montréalais mieux connu et qui a fait considérablement plus de bruit hier.



De fait, du point de vue local, plusieurs récriminations étaient aussi à l'ordre du jour. La situation actuellement vécue au centre-ville de Trois-Rivières a notamment retenu l'attention. Harcèlement et intimidation de la part des policiers seraient monnaie courante.


Benoit Ouellette «se lève tous les matins pour travailler». Son job? Laver les pare-brises au coin des rues les plus achalandées. Il dit vivre d'intenses frustrations dans ses relations avec les agents de la paix. «Ce n'est pas acceptable que parce que ce n'est pas bien vu, on nous tasse de là. Il faut arrêter de nous juger», soutient le jeune homme, qui arbore le style punk.

Membre du Collectif et organisateur de cette manifestation organisée dans le cadre de la Journée internationale contre la brutalité policière, Jean-Sébastien Ménard est persuadé que le traitement policier est guidé par certains préjugés. Ce dernier parle de profilage social pour illustrer ses propos.

«Ce n'est pas normal de recevoir des tickets pour avoir traversé la rue au mauvais endroit, juste parce qu'on a une barbe ou qu'on est habillé de telle manière. Une personne qui est dans le système ne serait jamais arrêtée. C'est une justice à deux vitesses», argue celui qui croit davantage en une approche préventive plutôt que répressive.

Par ailleurs, les forces policières ont observé en retrait le déroulement de cette courte manifestation. Quelques patrouilles étaient postées aux abords du quartier général mais n'ont procédé à aucune intervention.

Notons que le Collectif trifluvien a été fondé il y a quelques mois à peine. Son mandat, dit-on, est de soutenir les plaignants dans leurs démarches face aux forces de l'ordre.
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