Mouvement étudiant ... en France.

Discussions portant sur l'ASSÉ et le mouvement étudiant en général.

Messagede Moïse le Mer Nov 28, 2007 12:57 am

Compte-rendu de la journée:

http://atouteslesvictimes.samizdat.net/?p=399
Le chef de l’Etat, qui rentre ce soir de Chine, tient demain à l’Elysée une réunion sur la sécurité, après les deux nuits d’affrontements dans le Val-d’Oise.

20 heures. Le tribunal correctionnel de Pontoise a condamné quatre jeunes hommes, accusés d’avoir participé aux violences qui ont éclaté à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), à des peines allant de trois à dix mois de prison ferme.
Le tribunal a par ailleurs ordonné le placement sous mandat de dépôt de quatre autres jeunes, dans l’attente de leur jugement sur le fond.

Abdelkarim El Moukkadam, 26 ans, accusé d’avoir jeté des pierres sur les policiers, a été condamné à une peine de dix mois de prison ferme. La représentante du ministère public Nathalie Courteille avait requis deux ans, soulignant que le prévenu avait été «attrapé par le col en train de lancer des pierres».

Driss Okebi, 20 ans, s’est vu infliger la même peine, pour avoir participé à l’incendie et au saccage du commissariat d’Arnouville-les-Gonesse.

Sayat Kir, 19 ans, et Aydin Diril, 23 ans, ont été condamnés à trois mois, pour avoir ramassé «sous les yeux des policiers», des bijoux répandus à terre après le saccage d’une joaillerie. Le procès des quatre autres prévenus, âgés de 19 à 24 ans, a été renvoyé au 28 décembre ou au 4 janvier, à leur demande ou parce qu’il manquait des pièces dans le dossier.

18 heures. La thèse de l’accident se confirme selon la procureur de la République de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry. «L’examen technique des véhicules et les constatations médico-légales corroborent les premiers éléments de l’enquête sur le déroulement du tragique accident qui a causé la mort de deux jeunes (…). La retranscription des messages radio police et l’analyse comparative des horaires d’intervention “police” et “sapeurs pompiers” établissent que les services de secours appelés à 17 heures arrivent à 17h10. L’équipage de police était présent à l’arrivée des secours.» La procureur ajoute qu’elle conduit cette enquête «avec transparence et objectivité» et qu’elle ne prendra «une décision sur l’issue de cette procédure qu’au vu de tous les rapports écrits et de toutes les auditions que j’attends à bref délai».

17 heures. Ségolène Royal appelle à «une mobilisation nationale, toutes tendances politiques confondues, pour que la question de nos quartiers, de l’avenir des jeunes dans nos quartiers pour qu’ils aient l’espoir de trouver du travail, devienne une grande cause nationale».

16 heures. A l’Assemblée, l’opposition accuse la ministre de l’Interieur Michèle Alliot-Marie de ne pas avoir tiré les leçons de 2005, et plaide pour un retour de la police de proximité dans les quartiers. Réponse de la ministre: «La police dans les quartiers existe, elle fait son vrai métier et non pas ce que vous vouliez lui faire faire, c’est-à-dire de faire du sport auprès des jeunes.»

15h40. Jacques Myard, député UMP des Yvelines, dénonce l’existence d’une «anti-France des banlieues». «Ouvrons les yeux: le problème n’est pas économique. Il s’agit en réalité d’un communautarisme ethno-culturel anti-France d’une société étrangère qui s’est constituée sur notre sol, qui se nourrit d’un racisme ordinaire anti-français alors même que ces émeutiers ont la nationalité française». Cet ancien membre du RPF de Charles Pasqua estime qu’on ne règlera pas la crise «à coup de centaines de millions d’euros et d’assistance sociale». «La seule solution consiste à insérér ces délinquants dans de véritables bataillons militaires pour casser ce communautarisme générateur de guerre civile, s’il n’est pas déjà trop tard.»

14h30. Le premier secrétaire du PS François Hollande lance un appel à la «responsabilité» des jeunes des quartiers populaires du Val d’Oise. «Le retour immédiat à l’apaisement est une condition indispensable à la découverte de la vérité sur le décès des deux jeunes garçons» à l’origine des affrontements, et «un signe de respect pour la douleur des familles», ajoute-t-il.

14 heures. A Villiers-le-Bel, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie salue le «remarquable sang-froid» des policiers durant les incidents de la nuit et a confirme le renforcement du dispositif de sécurité. Elle appelle la population et les jeunes à «ne pas se laisser instrumentaliser par certains, dont nous voyons très bien qu’ils essayent d’utiliser les événements pour, en bandes organisées, venir détruire des équipements collectifs et des commerces».

13h30. Le maire socialiste de Sarcelles (Val-d’Oise), François Pupponi, estime sur France 2 que «depuis deux ans, les choses ne se sont pas améliorées, bien au contraire. Les choses se sont aggravées socialement dans ces quartiers». «Le sentiment de rejet de ces quartiers est encore plus fort qu’il y a deux ans, donc le moindre événement, le moindre drame comme on a connu dimanche soir peut faire basculer ces quartiers, quel que soit l’endroit, dans l’horreur, et c’est ce qui se passe en ce moment.»

12H45. Le Parti socialiste «condamne les violences qui se sont à nouveau produites cette nuit dans plusieurs communes» de la région parisienne. Les socialistes «adressent un message de soutien à la population qui a subi d’importants dégâts ainsi qu’aux pompiers et aux policiers» et «témoignent de leur solidarité aux fonctionnaires de police blessés». Et demandent «que l’enquête ouverte sur les circonstances du drame qui a coûté la vie aux deux adolescents soit menée rapidement et clairement».

12H40. Jean-Marie Le Pen dénonce une «terrible escalade de la violence» dans le Val-d’Oise, qui est le «résultat d’une invasion migratoire anarchique». Avant de se lâcher contre les «émeutiers»: «Assez de sensiblerie! Nous sommes face à une véritable guérilla urbaine. Tout ce qui peut être perçu comme une faiblesse face aux émeutiers renforcera l’émeute.»

12h30. L’Eysée annonce que Nicolas Sarkozy réunira demain matin le Premier ministre François Fillon, Michèle Alliot-Marie (Intérieur), Rachida Dati (Justice) et Fadela Amara (Ville). Auparavant, le président de la République se rendra à 7h30 à l’hôpital d’Eaubonne (Val-d’Oise), où il rencontrera le commissaire divisionnaire grièvement blessé lors de la première nuit de violences à Villiers-le-Bel, ainsi que des policiers et des sapeurs pompiers blessés lors des violences urbaines de ces derniers jours, selon le porte-parole de l’Elysée. Il recevra à 9 heures à l’Elysée le maire de Villiers-le-Bel Didier Vaillant (PS).
La présidence n’a pas encore confirmé la réception à l’Elysée des familles des deux adolescents décédés dimanche à Villiers-le-Bel, annoncée mardi par Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville.

12 heures. François Fillon, de Villiers-le-Bel, communique plus longuement sur les affrontements des deux dernières nuits. Selon le Premier ministre, accompagné par Michèle Alliot-Marie, «rien ne justifie les violences qui ont eu cours hier soir. Elles sont inacceptables, elles sont intolérables», a-t-il assuré. Ajoutant que «ceux qui tirent sur les policiers sont des criminels. Ils seront poursuivis comme tels.» Le Premier ministre a également annoncé la mise en place d’un «dispositif renforcé ce soir», et veut «tout faire» pour éviter une contagion des violences à d’autres villes de la région parisienne, comme cela s’était produit lors des émeutes de 2005.

11h50. Selon la police, ce sont quatre-vingt deux policiers qui ont été blessés, dont quatre grièvement au plomb de chasse.

11h30. Fadela Amara sort du silence pour annoncer que les familles des deux adolescents décédés dimanche seront reçues demain à 9 heures à l’Elysée par Nicolas Sarkozy.

11h15. Le Premier ministre arrive sur place. Il est reçu à la mairie de Villiers-le-Bel. Et dénonce comme des «criminels» ceux qui tirent sur les policiers, soulignant que «rien ne justifie la violence».

11 heures: Selon Synergie, un syndicat d’officiers de police, ce sont soixante-dix-sept policiers qui ont été blessés la nuit dernière. Cinq d’entre eux sont dans un état grave.

10h30. La ministre de la Justice Rachida Dati donne des consignes de fermeté aux procureurs, leur demandant de procéder aux déferrements des personnes placées en garde à vue «dès lors que les faits sont caractérisés et leur sont imputables»

10 heures. L’ensemble des syndicats de policiers est reçu place Beauvau par la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie.

9 heures. Michèle Alliot-Marie demande sur RTL l’aide de la «population» des communes où ont eu lieu les violences pour «isoler ceux qui sont des délinquants», en déplorant qu’il y ait plusieurs blessés sérieux chez les policiers. «Il faut que des mesures soient prises pour empêcher ceux qui tirent sur les policiers de le faire. Dans les mesures, il y aura notamment une présence policière forte sur le terrain.»
La ministre a reçu «un certain nombre de recommandations» de Nicolas Sarkozy, qui l’a appelée depuis Shanghai ce matin.

8h40. Arnaud Montebourg estime sur Canal + que «soixante policiers blessés en une nuit, dont cinq dans un état grave, attaqués semble-t-il avec des armes, cela veut dire finalement qu’aucune leçon n’a été tirée de 2005». Le député PS de Saône-et-Loire met en cause «une restriction, un désengagement des services publics, de l’Etat» dans les banlieues. Il a plaidé pour un rétablissement de la «police de proximité» pour restaurer «la confiance», faisant valoir, à titre d’exemple, qu’«il n’y a pas de commissariat à Villiers-le-Bel».

6 heures, bilan de la nuit. Après une deuxième nuit à Villiers-le-Bel et dans les communes environnantes, une soixantaine de policiers ont été blessés, dont cinq grièvement. L’un a été touché à l’épaule par un plomb de chasse, ses jours ne sont pas en danger. Selon le syndicat de police Synergie, 77 policiers ont été blessés, certains fonctionnaires ayant refusé de se faire hospitaliser. Pour le secrétaire national du syndicat, Patrice Ribeiro, «c’est une situation qui est bien pire que celle qu’on a pu connaître en 2005, avec un stade qui a été dépassé hier soir avec l’apparition des armes». Ces affrontements font suite à la mort de deux adolescents dimanche à Villiers-le-Bel dans un choc entre une mini-moto et une voiture de police.

S’agissant des dégâts matériels, la bibliothèque Louis-Jouvet de Villiers a été complètement détruite par un incendie. Une soixantaine de véhicules ont été incendiés, dont une voiture de police. Plusieurs dizaines de commerces et de restaurants, ainsi qu’une agence du Trésor public ont en outre été dégradés. Des affrontements sporadiques se sont déroulés pendant plusieurs heures entre de petits groupes qui lançaient des pierres et divers projectiles sur les forces de l’ordre.

Des feux de voitures ou de poubelles ont également été signalés à Cergy, Ermont, Goussainville, Fosses et Argenteuil. A Sarcelles, des affrontements entre policiers et une cinquantaine de jeunes se sont déroulés près d’un concessionnaire automobile, où les policiers disent avoir été attirés dans un guet-apens. Le calme est revenu à Villiers vers 1h30.
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Paix à toutes les victimes!

Messagede Carbo le Mer Nov 28, 2007 1:10 am

Comme mots-clés, j'ajouterais également "guérilla urbaine" et "portes de char". Pour préciser ma pensée, je dirais avoir entendu aux nouvelles que les gens impliqués dans les événements en France utilisent parfois des portes d'autos (arrachées!) comme boucliers devant les flics... C'est intéressant comme tactique.

Ce soir, ça semble avoir été un peu plus calme, il semblerait...
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Messagede BlacKGuarD le Mer Nov 28, 2007 1:23 am

Paraît que certains médias se sont donnés comme mot d'ordre de tenter de diminuer le côté explosif de la situation pour que leur ami à la Présidence ait l'air d'être "aux commandes", à son retour au pays.

Je dis ça... hein... :roll:

(L'autre Maynard qui cause de "bataillons militaires" et de "racisme anti-français". :lol: )
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Messagede eponyme le Mer Nov 28, 2007 1:29 am

Quand va-t-on cesser de victimiser les policiers ?

Quand ils s'engagent dans la gendarmerie -- comme les soldats dans l'armée -- ils sont conscients du risque qu'ils courent et sont payés comme tel. Il sont aussi armés et équipés en fonction de ce risque. Je n'ai donc aucune pitié pour ces flics blessés.

Ce sont les bras du système, une des expressions les plus palpables du monopole étatique de la violence et plus souvent qu'autrement, ce sont eux qui distribuent les blessures !

:!: :!: :!:
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Messagede Benny K. N. le Mer Nov 28, 2007 4:31 am

Ca a effectivement été plus calme, c'est pas du au silence des medias dominants. Ceux ci aiment bien vendre aux bourgeois l'image d'une armée de barbares aux portes de leurs jolis quartiers.
Ce qu'ils n'aiment pas dire, c'est que la cité a été envahie par la volaille, 800 hier soir contre 160 lundi. Pas étonnant que les emeutiers soient allés se coucher plus tot.
Remarquez que "50 à 100" individus arrivent à resister aux 160 CRS bien entrainés qui ont été envoyés (et à en "blesser" la moitié), et qu'il leur faut une superiorité numérique écrasante pour garder la situation sous controle. C'est encourageant, si jamais la revolte s'etend.

MDF>
Les HLM des cités n'abritent pas forcément majoritairement cette population originaire d'afrique. La pauvreté la touche plus regulierement du fait du racisme, mais elle ne s'y limite pas. On trouve toutes les origines dans ces quartiers. Et vu que tout le monde grandit ensemble, les origines n'ont pas vraiment de sens quand tu y habites. Tout le monde connait la meme misere, le meme ennui, le meme degout à la fois pour l'exclusion qui restera le lot de la majorité que pour l'avenir sterile des rares qui arrivent à s'en sortir "honnetement" et que les politiciens de tous bords essayent de faire passer pour une preuve d'égalité (des chances). Le racisme est quelque chose d'exterieur, c'est la police, c'est le centre-ville, c'est les vieux cons qui s'enferment dans leurs tours. Mais à l'exterieur, quelle que soit ta couleur de peau, quand t'es jeune et que tu viens de la banlieue (et ça se remarque à la façon de parler, de s'habiller, de se coiffer, etc), t'es une racaille, un wesh, t'es indesirable. Le racisme est secondaire, vu que de toutes façons tu te fais jeter.

C'est pour ca que dans les emeutes, la couleur de la cagoule est plus significative que celle de la peau en dessous. Et la nuit, toutes les cagoules sont noires.
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Messagede BlacKGuarD le Mer Nov 28, 2007 4:43 am

Et la nuit, toutes les cagoules sont noires.

J'aime, beaucoup.

Merci pour ces quelques paragraphes. ;)
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Messagede Carbo le Mer Nov 28, 2007 4:59 am

http://www.20minutes.fr/article/197382/ ... n-plus.php

L'article est un peu sensationaliste, je vous avertis...

Le spectre de 2005, les armes en plus

* Nicolas Sarkozy rend visite au commissaire blessé

«Nous approchons de la catastrophe», selon le syndicat Unsa-Police, plutôt réputé à gauche. Les violences extrêmes des dernières nuits, à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) ainsi que dans des communes environnantes, nourrissent la peur d'un redémarrage des émeutes en banlieue, bien plus fort cette fois qu'en novembre 2005.

Beaucoup de blessés

Illustration la plus frappante de ce nouvel embrasement: quatre-vingt-deux policiers ont été blessés, dont quatre par balles, rien que pour la deuxième nuit d'émeutes lundi. En 2005, pendant les trois semaines d'émeutes, quelque deux cents blessés avaient été dénombrés, toutes populations confondues et pour la France entière.

Policiers en ligne de mire

Les quatre policiers touchés ont été blessés par des tirs de plombs de chasse 6 mm. «Depuis des mois, la police dans les cités est systématiquement harcelée, mais c'est la première fois qu'on tire délibérément sur des forces de l'ordre. Pendant les émeutes de 2005, un car de CRS avait été touché par un tir de 9 mm à La Courneuve, mais c'était plus le véhicule qui était visé», explique un représentant des Renseigne­ments généraux en région parisienne. Patrick (le prénom a été changé à sa demande), policier depuis plusieurs années en Seine-Saint-Denis, constate «tous les jours» cette montée de la «haine du flic». «Il y a une envie de se faire un policier. Jusqu'à présent, on y a échappé parce que les armes à feu ne sont heureusement pas si répandues que ça en banlieue, parce qu'on a eu de la chance et parce qu'aussi les jeunes hésitent. C'est plus facile de tuer devant sa console de jeux que dans la réalité», estime-t-il. Mais le risque existe. «Il n'est pas exclu qu'un policier soit tué un de ces jours», lâche en off un responsable haut placé dans la police.

Groupes organisés

Les émeutiers de Villiers-le-Bel semblent agir de manière plus cadrée qu'en 2005. Certains même, selon Le Monde, avaient une tenue de CRS avec casque et bouclier. Des leaders semblaient aussi diriger les actions, dont certaines étaient filmées par des téléphones portables. « Ce ne sont pas des groupes organisés militairement, avec plan d'attaque au tableau noir. Mais, sur le terrain, des chefs naturels se dégagent et entraînent ensuite les autres », explique un policier. Certains y voient aussi le reflet des bandes orga­nisées dans le trafic de drogues. «Le business est très hiérarchisé, avec les plus jeunes qui chouffent [font le guet], les plus violents qui protègent et les leaders qui restent en retrait. Le cas échéant, ces groupes peuvent basculer dans les violences urbaines», analyse ce représentant des RG.

Violences même le jour

Jusqu'à présent, les violences se déroulent surtout à partir de la tombée de la nuit. Mais les policiers témoignent d'actes agressifs toute la journée. «Même tôt le matin, il n'est plus rare de se prendre une pierre ou un sac-poubelle sur la voiture», explique Patrick. Sans parler des insultes «quotidiennes». «Par mimétisme avec les grands, on croise maintenant des enfants de 6 ans qui nous font des bras d'honneur», confie ce policier.

Dialogue social rompu

Difficile de parler avec la plupart de ces jeunes. «On a cassé le lien social et on galère pour le renouer, explique un policier. Aujourd'hui, il est impossible pour la police de discuter avec les habitants dans certaines cités. Pour les uns, nous ne sommes pas assez sévères avec les voyous, pour les autres, nous sommes des nazis. Va dialoguer...».

B. Bonnefous
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Messagede Carbo le Jeu Nov 29, 2007 5:48 am

http://www.wsws.org/francais/News/2007/ ... -n29.shtml

France: Emeutes en banlieue parisienne après la mort de deux jeunes dans une collision avec une voiture de police
Par Alex Lantier
29 novembre 2007

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Des émeutes ont secoué la banlieue nord de Paris pendant deux nuits consécutives, après la mort de deux jeunes, Moushin et Larimi, à Villiers-le-Bel dimanche 25 novembre, vers cinq heures de l’après-midi. Les jeunes circulaient sur une moto qui a été heurtée par une voiture de police et selon des habitants, la police ne leur aurait pas porté secours.

Les détails de cette collision ne sont pas contestés. D’après le quotidien Le Monde, « la moto a été traînée sur plus de 20 mètres ». tandis que « l’avant de la voiture de police a été défoncé et le pare-choc arraché ; le pare-brise avant a été profondément enfoncé. »

Marie-Thérèse Givry, procureure de Pontoise, a dit que les policiers avaient quitté les lieux et n’avaient commencé leur enquête que dans la nuit du fait du « du danger que représentait leur présence à cet endroit ». Elle n’a pas apporté d’explications supplémentaires, mais il est clair que les policiers craignaient d’être pris à parti par des habitants furieux.

Le Monde cite Younès B., un habitant de Villiers-le-Bel : « Une deuxième équipe de policiers est venue récupérer leurs collègues. Mais ils ont laissé les deux gamins sans rien faire. »

Givry a ouvert une enquête pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger » auprès de la l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Radio RTL a interviewé une habitante qui a dit : « Une femme […] est descendue pour les aider, c’était une infirmière. Elle a donné les premiers secours. Quand les gosses du quartier sont arrivés, elle a dit "c’est fini, ils sont morts". Elle était toute seule, les flics étaient partis. »

Finalement, des pompiers sont arrivés sur les lieux pour secourir les victimes. Omar Sehhouli, frère de l’un des jeunes décédés, a dit à RTL : « J’ai parlé avec un pompier, je ne vous donnerai pas son nom, il m’a demandé de ne pas le citer. Il a dit, "franchement, entre nous, les policiers, c’est des lâches". »

Il y a de fortes suspicions que l’incident ait été un acte délibéré. D’après des reporters du quotidien Libération, « L'utilisation par les médias de l'expression "homicide involontaire" suscite en particulier la colère, beaucoup étant convaincus que la collision a été volontairement déclenchée par la patrouille de police. »

Libération a ajouter : « D'après des témoignages recueillis sur place, il y aurait eu une sorte de contentieux entre l'une des victimes et la police. Le père de Larami […] a affirmé aujourd'hui à des habitants qu'un policier aurait menacé son fils la semaine dernière. Ce dernier a ainsi rapporté un échange qu'il a eu avec un policier affirmant que son fils "aura à faire à eux". »

Les émeutes se sont propagées cette nuit-là pour se transformer en bataille rangée entre la police et les habitants du quartier. Les CRS postés autour de la caserne des pompiers ont tiré des flash-balls et des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui eux lançaient des pierres et des bouteilles de verre. Ces derniers sont ensuite allés vers la gare, brûlant sur leur passage les commissariats de Villiers-le-Bel et Arnouville-lès-Gonesse et détruisant leurs ordinateurs.

Le Monde commente: « Malgré les renforts venus de toute l’Ile de France, les forces de police, casquées, équipées de gilets pare-balles, de flash-balls et de grenades lacrymogènes, éprouvent les plus grandes difficultés à reprendre le contrôle. Elles tentent de bloquer les déplacements de groupes "très mobiles" selon un commissaire présent sur place, mais sans y parvenir […] De nombreux habitants insultent les policiers sur leur passage – ce à quoi les fonctionnaires n’hésitent pas à répondre sur le même ton. »

D’après les chiffres fournis par les services de Givry, 40 policiers ont été blessés, dont un commissaire qui souffre de graves blessures au crâne. Aucun chiffre n’a été communiqué par les grands médias sur le nombre de blessés parmi les manifestants ou sur la gravité de leurs blessures.

Le jour suivant des centaines de policiers sont venus en renfort dans la région.

L’IGPN a fait un communiqué intérimaire lundi cherchant de façon provocatrice à blanchir la conduite des policiers. Il les a disculpés de toute accusation et confirmé la « version des policiers » selon laquelle l’incident était un « accident de la circulation » causé par les jeunes roulant « à très vive allure » tandis que la voiture de police circulait « normalement, sans dépassement de vitesse en agglomération et sans gyrophare. »

Sur le fait de savoir si les policiers ont tardé à porter secours aux victimes – ce que les témoins tout comme les autorités avaient jusque-là unanimement attesté –, le rapport affirme avec impudence que cet « aspect de l'enquête plus difficile » nécessite « plus d'investigations ». Le rapport ajoute que la police n’a pas commis de « faute grave. »

Les autorités se sont empressées de soutenir le rapport. Givry a annoncé : «Je ne laisserai pas dire que les services de police n'ont pas porté assistance aux jeunes. » De Chine où il est actuellement en visite d’Etat, le président Sarkozy a exigé que « chacun s'apaise et qu'on laisse la justice déterminer la responsabilité des uns et des autres ».

Les habitants de Villiers-le-Bel ont organisé une marche silencieuse lundi après-midi. Ceux qui étaient en tête de cortège portaient des photos de Moushin et Larimi avec l’inscription pleine d’amertume « Repose en paix. Décédé le 25 novembre 2007. Mort pour rien. »

Lundi soir, des émeutes ont encore éclaté dans six banlieues limitrophes, Villiers-le-Bel, Cergy, Goussainville, Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Ermont. Des sources policières font état de 36 voitures brûlées en plus de poubelles, d’une école maternelle et d’une bibliothèque. Trente policiers sont sur la liste des blessés, dont deux gravement blessés. Une fois de plus, il n’y a aucun chiffre indiquant le nombre de blessés qui ne sont pas de la police.

Les autorités craignent, si ces manifestations venaient à se poursuivre et à échapper au contrôle de la police, que ce ne soit la répétition des émeutes de novembre 2005 qui avaient été déclenchées par l’électrocution de deux jeunes cherchant à échapper à la police dans la banlieue parisienne de Clichy-sous-Bois. C’est pourquoi les autorités annoncent publiquement des préparatifs pour une confrontation de masse.

Un représentant de la police a dit au Monde, « Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de forces de police rassemblées. Même en 2005, cela ne s’était pas vu. La ville est entièrement quadrillée. »

L’utilisation d’expressions rappelant la lutte du colonialisme français contre la population en Algérie dans les années 1950 n’est pas un hasard. La politique consistant à constituer des corps de police à grande échelle capables de mobiliser un grand nombre de policiers pour procéder à des raids dans les quartiers défavorisés, politique défendue par Sarkozy à l’époque où il était ministre de l’Intérieur en 2003, a contribué à transformer la relation entre les habitants et la police en une guerre continuelle, latente qui éclate à chaque fois que la police tue quelqu’un, que ce soit par accident ou autrement.

Les soupçons des habitants du quartier, selon lesquels la mort a été donnée intentionnellement, sont entièrement justifiés. Ce qu’on peut considérer comme un acte de violence policière survient dans un contexte politique particulier, celui de l’annulation par la bureaucratie syndicale d’importantes grèves dans les transports contre les attaques sur les retraites, mises en place par le gouvernement de Sarkozy.

A chaque fois qu’une importante lutte de masse a été annulée ces dernières années, en 2003 contre l’attaque sur les retraites du premier ministre d’alors, Jean-Pierre Raffarin et en 2006 contre le CPE (Contrat première embauche) de Dominique de Villepin, le gouvernement a cherché à faire appel aux préjugés racistes ou religieux contre les musulmans et les immigrés qui constituent une grande proportion de la population des banlieues défavorisées. En 2003, Raffarin avait préparé un projet de loi qui interdisait le port du voile islamique dans les bâtiments publics. En 2006, le gouvernement Villepin avait fait voter une loi anti-immigrés draconienne peu de temps après la fin des manifestations contre le CPE.

Il est bien sûr difficile de déterminer si cet incident entraînant la mort s’est produit à un moment où les autorités encouragent la police à adopter une ligne de conduite plus dure à l’encontre des jeunes des banlieues. Toutefois, il y a des signes indéniables de préparatifs d’une nouvelle campagne faisant appel à des préjugés anti-immigrés.

Plusieurs médias, dont Libération et le Nouvel Observateur, ont récemment publié des articles paraphrasant ce qui semble être des fulminations anti-musulmanes vulgaires de Sarkozy lors de négociations diplomatiques avec d’autres chefs d’Etat européens.

Jean Quatremer, journaliste à Libération écrivait le 19 novembre que Nicolas Sarkozy s’était lancé dans un « monologue confus d’une vingtaine de minutes […] contre le trop grand nombre de musulmans présents en Europe ». Il a mentionné que Sarkozy avait, à maintes reprises, parlé du « choc des civilisations » entre l’Islam et l’Europe.

Le Nouvel Observateur, dans un article daté du 26 novembre, a aussi affiché une vidéo de Sarkozy critiquant les pratiques islamiques, tels l’égorgement de moutons durant le festival de l’Aïd. Sarkozy avait fait ce commentaire : « on n’égorge pas le mouton dans la baignoire. »

Dans le contexte politique actuel, on ne peut absolument pas faire confiance aux enquêtes menées par la police. L’appel « au calme » lancé par Sarkozy devant la tentative de blanchir la police a des relents de cynisme des plus écoeurants. Il faut qu’une enquête indépendante soit menée afin de déterminer la responsabilité des policiers au regard de la loi et la responsabilité politique des politiciens en vue.
Dernière édition par Carbo le Jeu Nov 29, 2007 1:56 pm, édité 2 fois.
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Messagede BlacKGuarD le Jeu Nov 29, 2007 6:21 am

La source du dernier article, je vous prie? J'ai plusieurs camarades intéresséEs.

Merci.
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Messagede droitiste_de_service le Jeu Nov 29, 2007 10:42 am

Avez-vous déjà habité en banlieue parisienne?
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Messagede Benny K. N. le Jeu Nov 29, 2007 3:54 pm

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Messagede Michael Di Fiore le Jeu Nov 29, 2007 6:44 pm

Tout cela est absolument écoeurant ! Entre collabos, policiers, médias (bien que ce reportage est pas si mal) et les administrateurs, il n'y a pas de répit. Mais la cerise sur le gâteau, c'est que le directeur de l'IEP porte plainte contre les étudiants pour coups et blessures...

Je me demande sérieusement s'il va y avoir une véritable radicalisation du mouvement. Sans cela, les étudiants n'iront pas très loin au rythme où l'on voit les événements se dérouler. Il faudrait absolument mettre plus de pression sur l'État et profiter des événements présents dans les banlieus de Paris. Ça manque de cocktails comme en Île-de-France...
Dernière édition par Michael Di Fiore le Jeu Nov 29, 2007 6:52 pm, édité 1 fois.
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Messagede eponyme le Jeu Nov 29, 2007 6:49 pm

C'est ce genre de truc qui nous attend en hiver. On a les « fêtes » pour s'y préparer !
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Messagede Moïse le Jeu Nov 29, 2007 7:43 pm

Le directeur de l'Institut frappe un étudiant avec un bâton et c'est lui qui porte plainte pour coups et blessures ???
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Messagede Benny K. N. le Ven Nov 30, 2007 1:09 am

Tiens, on nous apprend qu'a nantes, un lycéen va perdre un oeil. Apres une tentative d'occupation du rectorat de la ville, alors que les manifestants essayaient d'evacuer calmement la place, un flik lui a tiré un coup de flashball au visage.

Ce qui est, bien sur, interdit. En fait, tous les tirs tendus au flashball sont interdits. C'est pour ca que le flashball n'est pas une arme dangereuse. Il suffit d'avoir confiance. Les policiers sont des gens responsables. Ils sont la pour nous proteger.

Image
bilan de la repression...
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