Marx et l'économie du savoir

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Marx et l'économie du savoir

Messagede Kapitaine_Kolon le Dim Oct 07, 2007 10:23 pm

Le devoir de philo - L'économie du savoir décryptée par Marx

Maxime Ouellet, Doctorant en études politiques à l'Université d'Ottawa
Amélie Descheneau-Guay, Doctorante en sociologie à l'UQAM

Le Devoir, Édition du samedi 06 et du dimanche 07 octobre 2007

L'aliénation et l'exploitation existent toujours au sein de la «nouvelle économie»
La philosophie nous permet de mieux comprendre le monde actuel: tel est un des arguments les plus souvent invoqués par les professeurs de philosophie pour justifier l'enseignement de leur matière au collégial. Il y a près de deux ans maintenant, Le Devoir leur a lancé le défi, non seulement à eux, professeurs, mais aussi à d'autres auteurs, de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un grand philosophe.

Économie... du savoir, de l'information, des connaissances: tels sont les nouveaux slogans prisés par nos politiciens et des dirigeants universitaires pour qualifier le contexte dans lequel baigneraient les sociétés contemporaines.

Dans la bouche d'un ministre de l'Éducation comme Jean-Marc Fournier, le savoir devenait «un puissant levier de développement économique, social et culturel». Pour cette raison, évidemment, «le gouvernement du Québec a placé l'éducation au sommet de ses priorités». Les phrases du type: «Nous passons d'une société industrielle à une société du savoir»; «Nous sommes au début de la révolution du savoir et nous devons faire cette transition» (Robert Poupart, principal de l'université Bishop), sont si courantes qu'on ne les entend presque plus.

En répétant ce leitmotiv, les promoteurs se convainquent que le savoir est aujourd'hui un facteur de production plus important que le travail physique. Que penserait Karl Marx (1818-1883) de la thèse d'une telle prémisse, maintenant convenue? En se fondant sur un facteur immatériel (le savoir) plutôt que sur le travail physique, la nouvelle économie transforme-t-elle vraiment le mode de production capitaliste jusqu'à invalider les théories de Marx?

Qu'est-ce que le capitalisme?

Selon Marx, le capitalisme est une formation historique particulière dans laquelle s'imbrique un «rapport social de production» précis, c'est-à-dire que sont induits des rapports particuliers entre les êtres humains. Contrairement aux économistes classiques (Smith et Ricardo), Marx rejette l'idée selon laquelle l'économie est un phénomène naturel obéissant à certaines lois immuables.

Selon lui, il existe différents modes de production qui correspondent à des «structures» historiques particulières, découlant d'un rapport de classe spécifique. La caractéristique principale du mode de production capitaliste? Le rapport d'exploitation, bien sûr. Une classe détentrice des moyens de production s'approprie chez une autre classe le «surtravail», qualifié de plus-value. Au cours d'un cycle de valorisation (production, circulation, distribution), la plus-value est transformée en capital, qui pourra ensuite être réinvesti afin de maximiser les profits. Le processus d'accumulation est illimité.

L'idée de valorisation du capital est centrale dans la conceptualisation du capitalisme chez Marx. Dans sa perspective, la valeur est une entité immatérielle mais néanmoins objective. Une «abstraction réelle», immatérielle en ce qu'elle résulte d'une «relation sociale» et qu'elle n'est pas une «chose». Ainsi, bien que Marx ait déjà fait référence au savoir comme force productive lorsqu'il soutient que «le savoir social en général, le "knowledge", devient la force de production immédiate» (Grundriss), le travail n'est pas rendu abstrait par le degré croissant d'immatérialité de la production, ni par son caractère «technique», mais bien par son caractère social.

Fin de l'aliénation, vraiment?

Or, selon la thèse de l'«économie du savoir», le développement technologique (Internet, biotechnologies) a engendré une transformation radicale dans le mode de production. La relation d'exploitation entre les propriétaires des moyens de production et les travailleurs n'existerait plus!

Le travail industriel et le travail physique seraient remplacés par le travail dit «cognitif», effectué par des «manipulateurs de symboles». Ces derniers détiendraient désormais les moyens de production, grâce à leur savoir. Ils ne seraient plus dépossédés des fruits de leur travail. Marx serait caduc puisque les travailleurs peuvent emporter avec eux leur savoir là où ils le souhaitent. Leur travail ne serait donc plus «aliéné».

Mais selon nous, le concept d'aliénation développé par le jeune Marx permet de déceler au sein même des économies du savoir une relation sociale de production typiquement capitaliste. Rappelons que Marx présente trois dimensions du travail aliéné.

- Premièrement, le produit d'un travailleur devient une chose qui s'objectifie. Elle devient une réalité extérieure qui s'impose à lui, bien qu'il l'ait lui-même produite.

- Deuxièmement, le concept d'aliénation renvoie à la perte d'autonomie du travailleur dans l'activité productive elle-même. Les conditions de travail (ce qu'il doit produire et comment il doit le produire) lui sont imposées par un agent extérieur. Le travail n'est plus ici une activité permettant à l'ouvrier de se réaliser en tant qu'individu autonome mais se transforme en une activité étrangère à lui, un «travail forcé» (Manuscrit de 1844).

- Troisièmement, le travail aliéné maintient l'homme étranger à ce qui lui est possible, à ce qu'il «peut devenir». Les conditions du mode de production capitaliste sont marquées par une division sociale du travail et par la production de marchandises. Dans ce contexte, le travailleur se voit dans l'incapacité de mettre en oeuvre ses propres capacités et qualités, bref d'agir comme un individu véritablement libre et autonome.

Selon plusieurs de ses laudateurs dans l'«économie du savoir», ce type de relation sociale (l'aliénation du travail) serait carrément disparu! Mais interrogeons-nous: dans ce nouveau contexte, le travailleur du savoir s'avère-t-il vraiment propriétaire des moyens de production? Aucunement, selon nous, principalement en raison de l'extension des droits de propriété au travail intellectuel.

La marchandisation du savoir

Analysons cette extension des droits de propriété avec deux concepts marxiens: la marchandisation (transformation de la valeur d'usage en valeur d'échange) et l'accumulation primitive du capital.

Lorsqu'il analyse la marchandise, Marx distingue deux types de valeurs: la valeur d'usage et la valeur d'échange. La première est liée à l'utilité d'une chose. C'est la valeur qui lui est accordée par un individu au moment de sa consommation. La valeur d'échange accorde quant à elle un aspect quantitatif à une chose, ce qui permet de l'échanger dans le marché (Le Capital, livre premier, chapitre 1).

Dans les sociétés contemporaines, les capitalistes cherchent à transformer le savoir en marchandise, laquelle possède alors une valeur d'échange. Afin que le savoir possède une valeur échangeable sur le marché, il est nécessaire de créer un processus de «raréfaction». En clair, il s'agit de transformer le savoir en une marchandise fictive, transformation permise notamment par les droits de propriété intellectuelle. Au fondement historique du capitalisme, c'est la terre, le travail et l'argent qui représentaient ce type de marchandises fictives.

Il ne s'agit pas de biens tangibles au même titre que d'autres marchandises sur le marché. Sous le régime des droits de propriété intellectuelle, il en va de même du savoir. Par exemple, pensons aux négociations dans le cadre de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle (APDIC) qui touche au commerce, sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Bien que les méthodes d'extraction de la valeur aient changé, la logique intrinsèque du capitalisme, soit la valorisation expansive du capital, reste fondamentalement la même dans l'«économie du savoir». Tout comme les rapports de propriété matérielle au temps de Marx, les rapports de propriété intellectuelles rendent les produits aliénables et, par conséquent, échangeables sur les marchés. En clair, les droits de propriété intellectuelle marchandisent le savoir produit par les travailleurs, et ce, au profit du capital.

Une nouvelle forme d'«accumulation primitive»?

De plus, les formes de violence sur lesquelles se constitue cette privatisation doivent être examinées. Marx reprochait aux économistes libéraux de négliger la violence avec laquelle se réalisait le processus d'appropriation privée, qu'il nomme «accumulation primitive». Pour Marx, l'accumulation primitive est l'acte fondateur qui a produit historiquement le système capitaliste. Il repose sur une forme de violence parce qu'il vient «arracher» aux producteurs la propriété des moyens de production (Le Capital, livre premier, chapitre XXVI).

La théorie de l'«économie du savoir» occulte aussi cet acte de violence constitutif, toujours présent dans les sociétés contemporaines. Les sociétés contemporaines ne sont donc pas si différentes des sociétés industrielles qu'il n'y paraît. Le processus de marchandisation et d'exploitation propre au capitalisme se poursuit.

La nouveauté résiderait plutôt dans l'émergence de nouvelles formes de cette accumulation primitive. Cette manière violente d'arracher les moyens de production s'observe fréquemment dans nos sociétés, notamment quand des multinationales occidentales pillent le savoir traditionnel de communautés afin de le marchandiser et d'en récolter des profits.

Le discours d'une économie fondée sur le savoir ferait sursauter Karl Marx pour une autre raison: l'économie y est conçue en tant qu'éléments parcellisés nationalement et non comme un tout à l'échelle mondiale. Or, de même que se perpétuent des rapports d'exploitation entre les pays riches et les pays pauvres, une division du travail persiste au sein même des premiers.

Si la proportion des travailleurs «cognitifs» croît rapidement dans les pays développés, il reste que la masse des emplois créés se retrouve dans des domaines exigeant peu de qualifications. Les ouvriers des chaînes de production de semi-conducteurs, de téléviseurs et de photocopieurs Xerox sont-ils tous des travailleurs du savoir? Il faut s'interroger sur la nature de ces emplois propres à la «nouvelle économie». Le secteur des services, qui comprend des emplois précaires, notamment pour les femmes, en fait-il partie? Et la caissière du IGA?

Au sein des pays pauvres, plusieurs travailleurs s'affairent à construire les «infrastructures» de production matérielles nécessaires à la circulation du savoir dans les pays riches, au premier chef l'équipement informatique. On assiste ainsi à ce que Marx nommerait un processus de prolétarisation croissant lorsqu'on observe l'actuel passage au salariat dans plusieurs pays du cheap labor.

Partout, donc, le capitalisme continue de reposer sur un rapport de production et d'exploitation fondé sur le travail. De fait, pour échanger de l'information et faire communiquer le savoir, des ordinateurs, des câbles, des satellites, de l'énergie, des infrastructures matérielles sont encore indispensables. Celles-ci s'avèrent moins visibles compte tenu des multiples processus de délocalisation des dernières décennies.

(Re)lire Marx

En actualisant la pensée de Marx, on peut mettre en évidence le phénomène de dépolitisation des rapports sociaux que sous-tend le discours sur l'économie du savoir. La fin du travail, la fin de l'exploitation, la fin des relations de domination, la fin de la division du travail: tous ces constats qui en constituent l'édifice théorique participent au déploiement d'une vision d'une société sans classes, où les contradictions sont présentées comme étant résolues.

Rappelons aux fétichistes de la nouveauté techno-économique -- à gauche comme à droite --, ceux-là mêmes qui entrevoient l'avènement d'un monde sans classes, les mots mêmes de Marx à propos de la tendance historique du capitalisme: «Tout élément de hiérarchie sociale et de stabilité d'une caste s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont enfin forcés d'envisager leur situation sociale» (Manifeste du Parti communiste, section I).
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Messagede Philb le Lun Oct 08, 2007 3:55 pm

C'est un bon texte, je suis étonné que certaines personnes ne soient pas venu le critiquer par contre.
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Messagede Kapitaine_Kolon le Lun Oct 08, 2007 8:34 pm

Ouais, même pas un petit "Beurk" condescendant de Panurge... Faudrait que je demande son truc à Jevi.
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Messagede Panurge le Lun Oct 08, 2007 8:59 pm

Tl; dr.
Non, mais plus sérieusement, ici comme ailleurs, les thèses de Marx sont nulles. Pas la peine d'en refaire une critique complète à chaque maigre tentative d'actualiser son propos.
Le seul bon point est que la propriété intellectuelle n'est pas juste, de fait.
Dernière édition par Panurge le Lun Oct 08, 2007 9:43 pm, édité 1 fois.
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Messagede Philb le Lun Oct 08, 2007 9:24 pm

Et en quoi trouves-tu que les thèses de Marx sont nulles?
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Messagede Panurge le Lun Oct 08, 2007 9:59 pm

Conception éronnée de la valeur; vision étriquée et simplette de l'Histoire, du reste invalidée par l'analyse factuelle; conception tout à fait relativiste de la vérité; analyse du monde à travers un modèle rigide et a priori (lutte des classes); prophéties sur la fin du capitalisme avérées fausses.
J'en passe et des meilleures.

Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'à l'exception de quelques fossiles aux conceptions surannées, le marxisme ait totalement déserté la pensée scientifique contemporaine, se faisant plutôt l'apanage de quelques pamphlétaires verbeux et ridicules.
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Messagede Philb le Lun Oct 08, 2007 10:36 pm

Je m'attendais à une réponse un peu plus élaborée qu'une simple énumération de concept avec lesquels tu n'es pas en encore.
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Messagede Kapitaine_Kolon le Lun Oct 08, 2007 10:44 pm

C'est affirmé avec tant d'aplomb et de style que ça doit être vrai...
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Messagede Panurge le Lun Oct 08, 2007 10:45 pm

Tu parles, Charles!
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Messagede PVJ le Mar Oct 09, 2007 2:09 am

Ne vous en faites pas trop avec Panurge, il n'a lu sur Marx que ce que les libéraux en disent, soit un fatras d'inepties pour la plupart du temps. À ce compte, vous pourriez n'avoir vu que quelques épisodes de Free to Choose, mettant en vedette l'inénarrable Milton Friedman, que vous pourriez d'emblée vous déclarer maître ès libertarisme. Tenez, pour la forme, YouTube est là pour nous instruire. Voyons voir ce que l'ami Milton a à nous révéler.

"That is why the operation of the free market is so essential, not only to promote productive efficiency, but even more, to force out harmony and peace among the peoples of the world."

Vivement la liberté afin que nous soyons forcéEs de coopérer ! (sic) Pour un amateur de logique, je me croyais en droit d'attendre mieux.


Cela dit, je crois que les auteurEs sont passés à côté d'une réflexion digne d'intérêt, soit la possession de l'instrument de travail par le travailleur. En fait, ils l'ont abordée, mais trop succintement. Il serait prématuré de conclure à l'aliénation du travailleur intellectuel, du moins une aliénation complète, sans avoir statué à ce sujet. Je reconnais ne pas avoir particulièrement lu à propos de ces distinctions, mais ce type de travailleur ne me semble pas s'inscrire dans le paradigme du prolétaire, du moins pas entièrement. En effet, ce dernier est dépouillé de tout, miséreux, pauper comme dirait l'autre. Ce serait pour cette raison qu'il vendrait son temps de travail, ne possédant ni moyens de production ni argent pour acheter lesdits moyens. S'il est possible d'enlever au forgeron son frappe-devant, il est plus délicat de déposséder l'ingénieur de ses connaissances et de ses capacités cognitives, du moins sans l'endommager irrémédiablement. Malgré l'existence du rapport d'exploitation, il me semble que l'aliénation est plus endurable lorsque les neurones sont mises à profit plutôt que les bras. Je comprends néanmoins que là n'était pas le propos principal des auteurEs.

Il y a une leçon à retenir, c'est que chercher à convaincre l'opinion publique du bien-fondé de l'enseignement universitaire par le biais d'une rhétorique hasardeuse sur l'économie du savoir c'est, encore une fois, inféoder l'éducation à l'économisme. J'ai l'impression que le mouvement étudiant (entendre ici principalement les fédés) a participé et participe aveuglément à colporter ces idées. On ne règle pourtant pas un problème avec ce qui l'a causé. Nous ne voudrions pas que l'éducation devienne l'instrument de prédilection du développemet du capital humain, n'est-ce pas ?
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Messagede Panurge le Mar Oct 09, 2007 2:56 am

Ne vous en faites pas trop avec Panurge, il n'a lu sur Marx que ce que les libéraux en disent, soit un fatras d'inepties pour la plupart du temps. À ce compte, vous pourriez n'avoir vu que quelques épisodes de Free to Choose, mettant en vedette l'inénarrable Milton Friedman, que vous pourriez d'emblée vous déclarer maître ès libertarisme. Tenez, pour la forme, YouTube est là pour nous instruire. Voyons voir ce que l'ami Milton a à nous révéler.


Maître ès ne s'applique qu'aux substantifs pluriels, puisque ès est la forme elliptique de en, lui-même ellipse de en les. Tu auras au moins appris quelque chose.

Pour ce qui est de ta saillie sur le manque de logique des libéraux -un comble!-, je rétorquerai simplement que c'est sans doute vrai dans la mesure où tu remanies les définitions à ta fantaisie, pour une rançon rien moins qu'heureuse.
Matière à réflexion : je suis libre, mais forcé de me soumettre à la gravité; je suis libre, mais bel et bien contraint au respect de l'intégrité physique d'autrui. Je suis donc libre, mais sous réserve de sujétion aux nécessités physiques et normatives.
Bref, liberté n'implique pas absence de règles, et c'est même les règles qui définissent la liberté - en dehors de celles-ci, il ne s'agit plus de son exercice, mais bien de l'empiètement sur celle d'un autre. Évidemment, il faut une capacité d'abstraction minimale pour y entendre quelque chose.

Tes réponses confinent au médiocre. En une ligne de trait-qui-se-voulait-caustique, tu as réussi par quelque exploit à être systématiquement à côté de la plaque.

Je t'aime bien quand même, cela dit.

Il y a une leçon à retenir, c'est que chercher à convaincre l'opinion publique du bien-fondé de l'enseignement universitaire par le biais d'une rhétorique hasardeuse sur l'économie du savoir c'est, encore une fois, inféoder l'éducation à l'économisme.


Horresco referens.


Panurge, Me ès jazzs.
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Messagede Tovarichtch le Mar Oct 09, 2007 11:32 am

Au sein des pays pauvres, plusieurs travailleurs s'affairent à construire les «infrastructures» de production matérielles nécessaires à la circulation du savoir dans les pays riches, au premier chef l'équipement informatique. On assiste ainsi à ce que Marx nommerait un processus de prolétarisation croissant lorsqu'on observe l'actuel passage au salariat dans plusieurs pays du cheap labor.

Crissement vrai.

Y'a plusieurs passages que j'ai mal saisi (mon vocabulaire n'est pas très poussé, ce qui nécessite quelques définitions marxistes), mais en général c'est bon. Ça semble un peu poussé comme explication (pas super claire), reste que le tout y est et on comprend mieux cette exportation du travail physique à l'étranger pendant que nous mettons une nouvelle forme de travail : celui du "savoir" comme une marchandise.
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Messagede Kapitaine_Kolon le Mar Oct 09, 2007 11:39 am

@PVJ :
Je crois que Millie dit "foster" (promouvoir, faire grandir) et non "force out". Mais ça n'arrange rien en matière de logique dans son monde imaginaire du Libre-Marché (béni soit Son Nom).

Il me semble qu'un autre sujet aurait pu être abordé dans cet article, à savoir la question des travailleurs autonomes. Il me semble que cette situation est intimement liée à l'économie du savoir et ne fait que renforcer l'aliénation du travailleur en l'opposant systématiquement à ses confères/consoeurs, qui deviennent alors "la compétition". J'aimerais bien avoir un avis intelligent sur la question, préférablement rédigé sans condescendance, insulte en latin ou par quelqu'un qui écoute des jazzs (whatever THAT is).
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Messagede PVJ le Jeu Oct 11, 2007 2:31 am

@Tovarichtch
On peut peut-être t'aider avec les passages ?

@Kapitaine_Kolon
L'interprétation serait probablement plus juste en effet. Je trouvais que force out était un peu tiré par les cheveux, mais c'était, dans le contexte, de la musique à mes oreilles même si, comme tu le notes bien, cela ne modifie guère l'essence du propos.

Sinon, je ne suis pas convaincu que le travailleur autonome soit davantage aliéné par ce statut. Je suis d'accord avec toi pour la systématisation du rapport de concurrence entre les individus, mais celui-ci n'est apparemment pas un critère, pour Marx du moins, de l'aliénation. On pourrait tout au plus l'inclure, un peu indirectement, dans cette puissance étrangère qui s'oppose au travailleur. Ce serait alors davantage le capital qui serait mis en cause que le rapport lui-même, en ce sens que ce dernier n'est que le mouvement du premier. En tout cas.

@Panurge
Très cher, il s'agissait d'une mise en abîme. Un barbarisme de barbarisme. Rigolo, non ? Tu me vois profondément déçu que ta légendaire sagacité n'eut été en mesure de percer à jour cette pourtant connue figure littéraire.

Tu préfères "une argumentation même lapidaire", dis-toi que je ne fais qu'exaucer tes obscurantistes voeux.
Matière à réflexion : Je ne savais pas que tu t'adonnais au relativisme. De toute manière, tu n'es pas à une contradiction près. Tu devrais songer à faire la distinction entre la quid facti et la quid juris. Retourne à tes classiques.

Μηδὲν ἄγαν
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