L'ASSÉ n'est pas une organisation révolutionnaire, c'en est une réformiste. Dans le sens où son axe de lutte central est de revendiquer auprès du gouvernement la gratuité scolaire et un ''enseignement de qualité''.
L'ASSÉ n'a PAS LE CHOIX de jouer la game syndicale classique, à savoir constuire un champ théorique conséquent et d'envergure comme elle le fait depuis sa création, et au niveau pratique elle ne peut pas aller plus loin que la manifestation traditionnielle, la conférence de presse, passer des tracts, coller des affiches, s'impliquer dans les assos, faire de la mob, et en définitive faire la grève générale.
Dans la perspective où l'ASSÉ cherche à ce que le gouvernement, quel qu'il soit, l'entende et l'écoute, c'est évident que ce n'est pas stratégique d'organiser une manif en prévoyant des actions (relativement) directes. La réaction ministérielle n'a rien de surprenante.
L'ASSÉ a ses limites, il suffit de les fixer. Le problème majeur, c'est qu'en dehors d'un cadre comme la grève générale, on ne retrouve que les militantEs qui participent aux manifs. Le cas de Québec était équivoque. Au moins 70 % de la manif était composée de militantEs ou de gens qu'on n'avait sûrement pas vu pour la première fois. On savait toutes et tous comment la manif allait finir. On savait, en voyant le trajet que la manif prenait, que l'organisation avait été faite en conséquence. Comme si le but était justement de provoquer ce qui était, finalement, inévitable.
En tant qu'organisation syndicale, l'ASSÉ se retrouve dans l'impératif de se voir stimulée par ses (les) bases locales. Le problème actuel est donc que la mobilisation locale n'est sûrement pas au beau fixe. Pour que l'ASSÉ arrive à ses fins, il faut nécessairement que son membership grandisse, pas le choix. Mais aussi que ce membership fasse partie prenante de l'organisation.
Il faut que les groupes militants se greffe à l'ASSÉ et non l'inverse. Sans condamner ce qu'il s'est passé à Québec, on ne peut qu'être critique de la méthode employée dans un cadre stratégique.
Toujours est-il qu'on ne peut pas non plus arrêter des anars en pleine action, à moins...d'avoir un service d'ordre. L'ASSÉ serait alors ce qu'elle est déjà théoriquement : une organisation syndicale classique. Dans le fond, le débat rouge/noir n'est jamais terminé. Les noirs qui participent à l'ASSÉ, s'ils ne sont pas anarco-syndicalistes ou très proches de l'anarcho-syndicalisme, sont alors très bizarres. Les anars qui militent au sein de l'ASSÉ n'ont pas le choix d'ajuster leur critique globale en se focalisant sur ce qu'est l'ASSÉ en tant qu'organisation syndicale, et la réalité de cette organisation, sa fonction pratique actuellement. À ce moment là, c'est évident que l'action directe et l'activisme dans les manifs de 200 personnes n'est pas une bonne stratégie.
Voilà pourquoi en tant qu'anarchiste il faut être critique de l'ASSÉ. Cependant, ça voudrait pas dire qu'être critique impose l'inaction ou le refus de la participation. Si la mobilisation au niveau local pour la condition étudiante est si faible, si la lutte pour la gratuité scolaire est si marginale, qu'en est-il des perspectives anars ? En plus que bien des anars dans le milieu étudiant participent aux manifs de l'ASSÉ...donc dépendent forcément des mobilisations de l'ASSÉ.
Pour moi, avant de faire des manifs, deux solutions :
1) Renforcer la mob locale, qu'il y ait des comités de mobilisation qui se multiplient. Combattre les idées de droite qui viennent de partout. Rejeter la FEUQ. Que ce soit des comités d'AG ou d'asso n'a pas d'importance, pour autant que la mob se fasse.
2) Coordonner les luttes locales au niveau national. Ce qui veut dire que l'indépendance ne rime à rien, sinon à la récupération.
Pour que l'ASSÉ arrive à construire un mouvement d'ampleur et que sa présence ne soit pas éphémère, je vois pas comment on peut encore organiser des manifs de 300 personnes qui finissent devant le Parlement, même si c'était ben le fun l'adrénaline, la confrontation, etc.
Je suis pro-violence, mais pas à n'importe quel prix. La colère se partage...En bout de ligne, c'est ce vers quoi il faut aller.
ps : je suis contre les sévices d'ordre dans les manifs.