Oui, Mir, c'est juste. On pourrait même dire que notre rapport au monde, qu'il soit trivial ou scientifique, se fait intégralement par le truchement de différents modèles et de déterminations admises a priori. D'une part, parce qu'on ne peut rien bâtir sur l'idée que l'univers agit de manière parfaitement chaotique et d'autre part parce que notre entendement ne permet pas de comprendre parfaitement ce qui nous entoure.
Le fait que les modèles néoclassiques ne cadrent pas ou peu avec la réalité est un fait largement admis même (voire surtout) par ceux qui les utilisent. Leur intérêt réside ailleurs, i.e dans le calcul et dans les prévisions raisonnables auxquels ils donnent lieu.
Eh bien, tu ferais bien d'appliquer de si bons préceptes à la notion de classe sociale. Les classes sociales sont des fictions, oui, incontestablement, mais ils nous permettent d'appréhender la réalité sociale dans ses différents aspects économiques. Car, il n'y a pas à nier que de tels a priori , pour autant qu'ils soient rigoureusement établis, satisfassent(au moins) au critère de prédictivité de la théorie, dans la mesure où l'on reconnaît que certaines caractéristiques sociales varient en fonction du niveau de revenu. On peut par contre contester la portée de ce constat(elle peut être limitée, par exemple, elle ne prouve pas que des supposés ''êtres sociaux'' déterminent la conscience des individus), et son amplitude(le nombre et l'importance des caractéristiques sociales à considérer peut être infime, négligeable). Évidemment, les classifications théoriques seront toujours arbitraires(à quel niveau de revenu sommes nous bourgeois?); mais quand on reconnaît les imperfections inhérentes aux modèles et aux théories pour décrire la réalité, on cherche seulement à les améliorer, pas à les rendre conforme en tout point à la réalité. La réalité se suffit à elle-même.
Par ailleurs, je me bat les couilles des subtilités dont vous vous pâmez entre les différentes factions gauchistes. Toutes partagent au moins la superstition du Progrès et la foi en la Politique, ce qui suffit en ce qui me concerne, à les classer du côté des idôlatries.
D'où vient cette ardeur à nier jusqu'au bout, s'il le faut, que la ''supertition du progrès'' s'applique à des corps de théorie souvent totalement contradictoirs entre eux; qu'en somme la prétention au ''progrès'' n'implique pas en soi de théorie...?
La description que tu as énoncée de la gauche est suffisament vague pour s'appliquer autant aux néoconservateurs qu'aux communistes. Ce n'est pas très impressionant il faut le dire, pour quelqu'un qui stigmatise le concept de classe sociale comme étant un homme de paille...