APPEL DU MER-PCR À TOUS LES MILITANTS ET TOUTES LES MILITANTES RÉVOLUTIONNAIRES EN MILIEU ÉTUDIANT
8 octobre 2008 : 40e anniversaire du début
des occupations étudiantes au Québec
Organisons une occupation politique avec assemblée, débats,
kiosques et activités culturelles au Cégep Lionel-Groulx!
Il y a près de 40 ans, le 8 octobre 1968, commençait au
Cégep Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, une occupation
qui marquait le coup d’envoi du premier grand mouvement
de grève étudiante que le Québec ait connu. Comme
aujourd’hui, on voulait démocratiser l’accès à l’éducation,
instaurer la gratuité scolaire, octroyer des bourses, augmenter
les places dans les universités. Mais le portrait ne s’arrêtait
pas là; surtout, ce n’est pas d’abord là que l’énergie militante
prenait sa source, son inspiration.
La jeunesse du Québec était alors partie prenante d’un
mouvement de lutte qui dépassait très largement les frontières
de la province et qui visait bien plus que des réformes en
éducation. L’effervescence militante de ces années, qui alimentait
l’imaginaire politique et galvanisait l’espoir, c’est
la résistance vietnamienne à l’impérialisme américain, la
grève générale et les barricades du Mai 68 français, les
guérillas d’Amérique latine, la résistance des fedayins
palestiniens, l’organisation des masses afro-américaines
des ghettos par les Black Panthers, la Révolution culturelle
en Chine, d’innombrables luttes de libération nationale et
éruptions de la lutte des classes. Rappelons qu’au Québec,
c’était également l’activisme révolutionnaire du FLQ et la
diffusion rapide des idées marxistes et socialistes.
C’est de cet esprit-là, de ces luttes révolutionnaires
souvent exemplaires qu’était imprégnée la conscience des
étudiants et étudiantes en grève en octobre 1968. Même si
ça n’apparaissait pas avec autant de clarté pour tout le
monde, ce qui était à l’ordre du jour, à l’époque, c’était un
bouleversement radical de la société et du monde – une
révolution, oserons-nous dire. Le mouvement étudiant a à
juste titre fait de la grève de l’automne 1968 un de ses actes
fondateurs. Malheureusement, sa conscience historique a
trop souvent réduit ce mouvement à sa portion congrue,
aux revendications de réforme démocratique du système
d’éducation. C’est à cela que le MER-PCR entend remédier
en appelant à l’organisation d’une assemblée révolutionnaire
étudiante doublée d’une occupation, le 8 octobre 2008.
Nous proposons de commémorer le mouvement d’occupation
de l’époque en mettant de l’avant ses dimensions les
plus subversives, en un mot ce qu’il recelait de meilleur!
Mais il ne sert à rien de commémorer une lutte si c’est
pour organiser un grand happening nostalgique ou un colloque
d’histoire. S’il faut se souvenir de l’occupation et de
la grève de 1968, c’est pour mieux assumer nos tâches politiques
actuelles. En cet été-automne 2008, ça veut dire
relever de plusieurs crans le niveau politique du mouvement
étudiant. En effet, le militantisme en milieu étudiant semble
s’être enlisé dans l’horizon borné des revendications
économiques sur les conditions de vie étudiantes. La gratuité
scolaire est même érigée en « projet de société ». Aussi
juste que soit cette revendication, il faut admettre que c’est
un peu mince comme projet d’émancipation.
Rare est l’agitation-propagande qui met explicitement en
cause la source des inégalités sociales et des guerres
impérialistes, soit le régime capitaliste. On se contente plus
volontiers d’une pudique et opportuniste critique du néolibéralisme
et de la mondialisation. Plus rare encore est
l’agitation qui, au-delà de vagues allusions à un « autre monde
possible », met franchement de l’avant la nécessité de travailler
à construire un ordre social vraiment émancipateur,
socialiste. Les conditions idéologiques actuelles du mouvement
étudiant sont telles que ses militants et militantes
n’osent pas concevoir d’autres positions que celle d’une
simple résistance aux offensives tous azimuts de la bourgeoisie;
une résistance sans perspective, aveuglée par la
défense d’acquis déjà bien mal en point. Mais que voulonsnous?
Ressusciter l’État-providence moribond pour tempérer
la domination bourgeoise ou créer un monde nouveau,
libéré de l’exploitation et du pillage?
Trop de militants et militantes soi-disant radicaux et
radicales se cachent derrière une stratégie étapiste selon
laquelle, à force de radicalisation graduelle, les luttes réformistes
« réalistes » et « concrètes » déboucheront spontanément
sur des perspectives politiques révolutionnaires.
Mais comment la révolution déboucherait-elle spontanément
de la réforme, si ceux et celles qui sont déjà censéEs être
révolutionnaires s’interdisent de dire franchement ce qu’ils
et elles désirent, sous prétexte de ne pas effaroucher les
masses qui ne seraient pas mûres pour un discours aussi
radical? Pour que de larges masses s’emparent des idées
révolutionnaires, il faudra d’abord que celles-ci circulent
largement, qu’on les diffuse de façon systématique, malgré
l’adversité. En fait, tous ces tabous, toutes ces inhibitions
qui rétrécissent les horizons politiques du mouvement étudiant
ne sont autre chose que les symptômes de l’hégémonie
idéologique de la bourgeoisie.
Octobre 2008 : un nouveau départ
Voilà l’objectif de l’assemblée révolutionnaire étudiante
: poser un véritable défi à l’idéologie bourgeoise
dominante. Pour nous, du MER-PCR, ça voudra dire
affirmer la nécessité d’un autre militantisme étudiant,
affranchi des seuls horizons idéologiques et des contraintes
organisationnelles des associations étudiantes. Nous ne
proposons pas de déserter ou de liquider ces dernières,
mais en tant que militants et militantes d’extrême-gauche,
nous ne pouvons nous mettre à la remorque de leurs possibilités
et de leurs limites. La révolution doit sortir du cadre
informel et affinitaire des « discussions de salon ». Elle
doit être formellement portée sur le terrain de la mobilisation
et de l’organisation.
Nous invitons tous les militants, militantes, groupes
intéresséEs par cet appel à se manifester, à collaborer à l’organisation
de cet événement et à se préparer à y exposer
leurs points de vue, leurs propositions. Notre volonté est de
faire converger au Cégep Lionel-Groulx, le 8 octobre
prochain, des centaines de militants et militantes souhaitant
débattre de la révolution, de l’anticapitalisme, de l’antiimpérialisme,
etc., et de jeter les bases d’un nouveau travail
politique dans le mouvement étudiant.
Le MOUVEMENT ÉTUDIANT RÉVOLUTIONNAIRE
(Le 1er juillet 2008)
Le MER est une initiative du Parti communiste révolutionnaire
en milieu étudiant. Pour nous joindre, pour réagir à cette initiative
et/ou collaborer à l’organisation de cet événement, contactez nous
par courriel : mer@pcr-rcp.ca.