MESSAGE AUX ÉTUDIANTES ET ÉTUDIANTS DE L'UQAM
Les étudiantes et étudiants de l'UQAM se posent beaucoup de questions sur la situation financière de l'Université, sur le plan de redressement, sur les conséquences de tout cela pour leurs études personnelles, sur l'avenir même de l'établissement.
Ces questions sont légitimes. Je veux fournir des informations en réponse à ces questions.
Ø Quelle est, au juste, la situation financière actuelle de l'UQAM?
Disons, d'abord, que l'ensemble des universités québécoises avaient, au 31 mai 2007, un déficit cumulé de 400 millions de dollars et que ce déficit atteindra plus de 480 millions de dollars au 31 mai 2008.
Pour sa part, l'UQAM avait, au 31 mai 2007, un déficit cumulé de 43,7 millions de dollars; à la fin du présent exercice, soit le 31 mai 2008, ce déficit devrait être de 71,6 millions de dollars, sur un budget de fonctionnement de plus de 320 millions de dollars.
Le déficit de l'UQAM résulte de l'addition de deux choses :
1. L'UQAM, dans son fonctionnement ordinaire, a plus de dépenses que de revenus : en 2006-2007, elle a dépensé pour ses opérations courantes 8,1 M$ de plus que ses revenus; en 2007-2008, ce montant sera de l'ordre de 12 M$. Autrement dit, l'UQAM s'endette pour payer l'épicerie.
2. Deux projets immobiliers, l'Îlot Voyageur et le Complexe des sciences, occasionnent des frais financiers de l'ordre de plus ou moins 20 M$ par année. Il faut payer des intérêts sur des obligations, des emprunts, l'utilisation de la marge de crédit, comme un ménage qui a acheté une maison doit payer à même ses revenus de travail, son hypothèque (capital et intérêts).
Ø Quelle est la situation financière prévisible de l'UQAM?
Si rien n'est fait, l'UQAM s'enfoncera dans un endettement de plus en plus important et dangereux. En effet, si rien n'est fait :
o L'écart observé actuellement entre les revenus et les dépenses de l'UQAM se reproduira en 2008-2009, 2009-2010, 2010-2011, etc., comme dans le cas d'un ménage qui dépense année après année plus que ses revenus.
o Les frais financiers liés aux deux projets immobiliers devront être payés année après année (pour éviter que l'UQAM ne fasse l'objet de poursuites devant les tribunaux, de saisies, etc.)
Ø Que fait l'UQAM pour éviter la dégradation continue et dangereuse de sa situation financière?
Face à cette situation financière et au risque d'un endettement croissant, l'UQAM fait deux choses :
1. L'UQAM s'emploie à régler la question de l'endettement immobilier. Ainsi :
* Elle presse inlassablement le gouvernement du Québec de donner suite à l'engagement qu'il a pris, le 31 août 2007, de débarrasser l'UQAM du projet de l'Îlot Voyageur et de lui rembourser les dépenses qu'elle a faites à ce jour.
* Elle demande au gouvernement de rembourser les coûts de construction du Complexe des sciences en justifiant cette demande par le rapport du Vérificateur général du Québec du 2 novembre 2007 confirmant que l'UQAM ne peut absorber cette dette immobilière.
Sur ces deux dossiers, l'UQAM maintient constamment sa pression sur le gouvernement. Nous devons être optimistes.
2. L'UQAM s'emploie à identifier les moyens d'un retour à l'équilibre budgétaire de ses revenus et de ses dépenses de fonctionnement. Elle fait exactement comme un ménage qui décide que l'endettement systématique doit être évité à tout prix et qui entreprend d'identifier des façons soit d'augmenter ses revenus, soit de réduire ses dépenses ─ et les deux de préférences.
C'est cela, le fameux «plan de redressement».
Ø Qu'est-ce que ce «plan de redressement»?
Depuis le printemps de 2007, l'UQAM est engagée dans un effort méthodique pour retrouver le chemin de l'équilibre budgétaire. Cela s'appelle la mise au point d'un plan de redressement.
Rappelons d'abord que, depuis 2000-2001, les règles de financement des universités du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) exigent de toutes les universités l'équilibre budgétaire. Le MELS retient une partie des subventions en cas de déséquilibre et impose à toute université en déficit l'obligation d'établir un plan de retour à l'équilibre. La préparation du plan de redressement dans laquelle l'UQAM est engagée n'est pas une punition affligeant uniquement notre Université, mais une contrainte imposée à toutes par le MELS. Dans l'établissement du plan de redressement, l'UQAM est aussi tenue ─ par les termes mêmes de l'entente intervenue entre le MELS et l'Université du Québec (UQ) et approuvée à l'unanimité par notre Conseil d'administration, le 27 septembre 2007 ─ «d'atteindre l'équilibre budgétaire, sans compromettre la mission de l'UQAM».
Dans ce contexte, nous avons une responsabilité commune de démontrer notre capacité à utiliser de la manière la plus judicieuse et la plus efficace possible les fonds publics qui nous sont attribués pour la réalisation de notre mission. Cela veut dire, notamment, qu'il nous faut accepter de revoir certaines de nos pratiques et certains de nos modes de fonctionnement, qu'il importe, pour la santé même de notre Université, d'exercer une vigilance constante sur la qualité de nos programmes et leur adéquation à l'évolution des savoirs et des pratiques, qu'il est essentiel de stimuler une recherche et une création de pointe, évaluées selon des standards reconnus.
Si, par exemple, je suis tout à fait convaincu de l'importance de préserver l'identité des disciplines fondamentales ou des domaines d'études, de recherche et de création bien établis et dynamiques, je crois par ailleurs qu'il ne faut pas hésiter à remettre en cause des activités périmées, des programmes non fréquentés, une organisation du travail au sein des unités qui gagnerait peut-être à être mise à jour. C'est à ce genre de réalité qu'il faut s'attaquer et c'est à un tel exercice que j'ai convié la communauté. Il serait insensé de prétendre maintenir toutes les activités existantes.
La préparation du plan de redressement de l'Université n'est pas qu'un exercice comptable, même si l'examen serré de notre fonctionnement doit se traduire en ces termes. La préparation du plan de redressement, c'est aussi un moyen pour assurer la qualité de la formation, de la recherche et de la création au sein de notre établissement. Ce plan doit aussi nous offrir la marge de manœuvre nécessaire pour nous permettre de bonifier notre programmation, d'innover et continuer de nous développer de façon stratégique. Il faut donc y voir l'occasion de se questionner et de mieux utiliser les moyens qui sont mis à notre disposition. La finalité du plan de redressement, c'est que l'UQAM puisse pleinement réaliser la mission qui lui a été confiée depuis sa création, telle qu'elle a évolué depuis et telle qu'elle veut continuer à se déployer.
Ø Pourquoi faire un plan de redressement plutôt que de se battre pour un réinvestissement massif en éducation?
Beaucoup de membres de notre communauté se refusent à tout exercice assimilable à un plan de redressement en affirmant que nos problèmes résultent du sous-financement de l'UQAM.
Le 29 janvier 2008, afin d'honorer un engagement pris dans le plan d'action accompagnant ma candidature au Rectorat, j'ai annoncé la création d'un Comité d'experts indépendants dont les membres sont particulièrement compétents, je crois, pour éclairer notre situation et faire valoir de façon crédible les besoins associés à l'exercice de notre mission. Ils verront à identifier comment l'UQAM peut mieux tirer avantage des règles de financement et, surtout, quelles modifications elle doit exiger pour que son financement respecte mieux sa mission et sa place dans le réseau universitaire québécois. Ce travail bénévole sera fait au cours des prochaines semaines. En attendant, nous devons composer avec les règles de financement des universités actuellement appliquées par le MELS, approuvées, en juin 2005 et novembre 2006, par le précédent recteur de l'UQAM, alors président de la CREPUQ, malgré qu'elles fussent défavorables pour notre Université.
Il y a aussi des membres de notre communauté qui réclament un «réinvestissement massif de l'État en éducation». Toutes les universités québécoises réclament depuis plusieurs années un réinvestissement de l'ordre de 400 M $/année; l'UQAM et sa Direction souscrivent à cette position. En attendant, il nous faut éviter une dégradation financière accrue de notre Université. En outre, la prise en charge éventuelle des dettes immobilières de l'UQAM par le Gouvernement sera un «réinvestissement» très considérable.
Ø Pourquoi y a-t-il des comptables dans le plan de redressement?
Dans la préparation du plan de redressement, l'UQAM travaille avec une firme de comptables, PricewaterhouseCoopers. Rappelons qu'un premier plan de redressement soumis par l'UQAM a été rejeté à l'été 2007 par la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Le 27 septembre 2007, le Conseil d'administration de l'Université a accepté, à l'unanimité, une entente avec le MELS et l'Université du Québec prévoyant une reprise du travail sur le plan avec l'aide d'experts en la matière. Cette entente a procuré à l'UQAM une avance de 20 M$ sur des sommes retenues par le MELS conformément à ses règles de financement des universités en déficit. Surtout, cette entente assure l'UQAM que son plan de redressement et tout jugement porté par les firmes comptables sur ce plan seraient appréciés par un «Comité de sages» indépendants, devant veiller, entre autres, au respect de la mission académique de l'UQAM.
Entre temps, la firme comptable PricewaterhouseCoopers analyse, critique ou valide les mesures inscrites au plan de redressement.
Ø Le plan de redressement fermera-t-il des programmes d'études?
Entre autres éléments, le plan de redressement est l'occasion d'examiner les programmes d'études offerts par l'UQAM. Un certain nombre de programmes (la fameuse «liste orange») font l'objet, dans les facultés, d'un examen attentif conduisant soit à les confirmer, soit à les modifier, soit à cesser de les offrir.
Sur ce dernier point, je veux préciser quatre choses :
1. Dans une université, il y a différentes catégories de programmes. Il y a d'abord des programmes correspondant aux trois cycles, aux domaines fondamentaux du savoir et de la culture. Il y a aussi des programmes qui visent à répondre à des besoins ponctuels. Ces programmes de formation ou de qualification professionnelles sont le plus souvent destinés à des groupes précis et sont conçus pour une durée limitée. Cette deuxième catégorie n'a pas la même permanence que la première. Plusieurs de ces programmes se retrouvent sans effectifs ou n'ont pas encore été ouverts. On peut et on doit s'interroger sur leur maintien. Il serait indéfendable de dire qu'un cours, une option ou un programme ayant existé un jour doit exister toujours.
2. Les programmes couvrant les domaines fondamentaux du savoir doivent quant à eux être régulièrement mis à jour pour mieux composer avec l'évolution des savoirs et des besoins de formation. Les programmes qui ne sont pas régulièrement revus finissent par susciter moins d'intérêt. Moins d'étudiants s'y inscrivent et l'offre de cours est alors forcément réduite. Pour assurer la vitalité des programmes, il ne faut pas hésiter à revoir ceux-ci régulièrement pour les mettre à jour. C'est ce que fait l'UQAM comme toutes les autres universités d'ailleurs.
3. Les décisions de fermeture de programmes ou de suspension des admissions ne sont prises ni par les comptables, ni par le recteur. Le processus décisionnel part de l'avis de la Faculté et passe par la recommandation de la Commission des études, avant d'être confirmé par le Conseil d'administration. Dans toutes ces instances, il y a des professeurs, des étudiants, des chargés de cours, des employés.
4. Quand l'Université décide de suspendre les admissions dans un programme ou même d'abolir un programme, elle doit permettre aux personnes déjà inscrites de compléter leur programme. Si ces dernières satisfont aux exigences du programme, elles se voient décerner leur diplôme.
Ø L'UQAM sera-t-elle là en septembre 2008?
Certainement ! Et pour toutes les années à venir ! Et en meilleure santé financière !
J'espère que ces informations vous seront utiles. Si vous avez d'autres questions, je vous invite à me les transmettre à l'adresse suivante : service.communications@uqam.ca . J'essaierai d'y répondre. Merci de votre confiance en l'UQAM.
Claude Corbo
Recteur