Il faut connaître le contexte local avant de monter dans les rideaux.
Je ne suis plus membre de l'AÉHUM depuis le printemps dernier, mais j'ai longuement discuté avec les personnes concernées.
Tout d'abord, l'AÉHUM est encore en faveur d'un réinvestissement de 1,3 milliards de dollars en éducation post-secondaire, dont 600 millions doivent aller directement dans la réduction des frais de scolarité et dans l'augmentation des aides financières (ce qui est l'équivalent, en argent, de la gratuité scolaire). L'AÉHUM souhaite aussi que les prêts soient abolis à long terme et qu'en attendant, une fiducie soit créée pour que l'argent des intérêts sur les prêts n'aille pas aux banques. Le gouvernement irait chercher l'argent en augmentant les impôts de 950 millions de dollars et en augmentant la taxe sur le capital de 350 millions.
Le PV est disponible
ici. La proposition sur la hausse des frais de scolarité ne visait qu'à joindre une coalition bidon formée par certaines associations étudiantes et l'administration de la Faculté des Arts et Sciences. Le doyen, un vieux réactionnaire, avait promis de se joindre à nous si nous adoptions une position faisant la promotion de la hausse des frais en échange de subsides de la part du gouvernement. (Ce vieux débile, ainsi qu'un des vices-doyens, considèrent ouvertement l'éducation comme une marchandise.) La proposition a été passée en AG par les représentant-e-s pour deux raisons:
1 - par devoir
2 - parce qu'ils/elles savaient que la coalition échouerait de toute façon, et qu'on reviendrait à la position initiale par la suite.
La position en question n'est pas dans la plateforme de revendications.
Je vais citer un passage de la proposition, qui était davantage un appel qu'une position:
"Il est inutile de poursuivre ces luttes idéologiques et il faut s’allier, étudiants et étudiantes, corps professoral, administration, dans un front commun pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement de nos institutions postsecondaires. "
Mais l'appel n'a pas été retenu par les autorités, puisque depuis le début de l'automne, il ne s'est rien passé. De plus, le préambule de la proposition n'a pas été noté dans le PV: il disait que la proposition ne concernait strictement que la coalition en question, que c'était une recherche de compromis visant à unir et non à altérer la plateforme de revendications de l'AÉHUM. C'était assez mal ficelé, et ça a amené beaucoup de confusion, mais étant donné que la coalition a échoué, la position risque fort d'être invalidée en AG. L'AÉHUM, étant une petite association (à peu près 300 membres) peut se permettre des AG très actives, et l'adoption ou le rejet d'une proposition ne doit pas être interprété de la même manière que si c'était le cégep du Vieux-Montréal. L'AÉHUM a aussi comme particularité d'avoir une base plus à gauche que l'exécutif (qui compte 15-17 membres, soit plus de 50% du quorum), ce qui l'avait fait entrer en grève, contre toute attente, au printemps dernier. Aussi, il ne faut pas s'étonner de soubresauts contraires au courant habituel.
Les proposeurs-euses sont d'ailleurs d'ardent-e-s fanatiques de la gratuité scolaire. L'AÉHUM n'a pas viré capot, et ne remet pas en question son affiliation à l'ASSÉ, à qui elle ne veut pas causer de soucis. Et ce serait d'ailleurs très dommage que les bases de l'organisation soient minées et sabotées par cet évènement LOCAL. Au cours du congrès, j'imagine que l'externe expliquera sommairement la situation réelle et nuancée et que l'affaire sera classée rapidement.