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[CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Ven Juil 18, 2008 8:49 pm
de Dredj
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... n=OPINIONS

Je déteste ces titres avec des points d'interrogations, ça montre souvent une grande preuve de non-originalité (Et quand j'entends que c'est une école de pensée, alors qu'ils retournent étudier !), mais il est fichtrement bien fait.

Le vendredi 18 juillet 2008

La fin du néolibéralisme?

Joseph E. Stiglitz
L'auteur est Prix Nobel d'économie 2001 et professeur à l'Université Columbia à New York.

Le monde n'est pas tendre envers le néolibéralisme, ce fourre-tout d'idées basées sur la notion illusoire que les marchés sont auto-correcteurs, qu'ils distribuent efficacement les ressources et servent l'intérêt général. C'est ce fondamentalisme de marché qui a soutenu le thatchérisme, les «reagonomics» et le «Consensus de Washington» favorables aux privatisations, à la libéralisation économique et à des banques centrales indépendantes préoccupées uniquement par l'inflation.

Depuis un quart de siècle, il y a une compétition entre les pays en développement et les perdants apparaissent clairement: non seulement les pays qui ont adopté une politique néolibérale ont perdu la course à la croissance, mais quand il y a eu croissance, elle a bénéficié de manière disproportionnée aux plus riches.

Même si les néolibéraux se refusent à l'admettre, leur idéologie a échoué aussi à l'égard d'un autre critère. Personne ne prétend que les marchés financiers ont distribué efficacement les richesses à la fin des années 90, avec 97% des investissements consacrés à la fibre optique qui prennent des années à porter fruit. Cette erreur a eu au moins un avantage inattendu: le coût des communications a baissé et l'Inde et la Chine se sont intégrés plus avant dans l'économie mondiale.

Mais aucune retombée positive n'a accompagné la mauvaise allocation à grande échelle des ressources dans l'immobilier. Les maisons neuves appartenant à des familles qui n'avaient pas les moyens de les payer sont tombées en ruines et des millions de personnes se sont retrouvées à la rue. Dans certains cas, le gouvernement a dû intervenir pour sauver ce qui pouvait l'être et quand il ne l'a pas fait, les dégâts se sont étendus. Même les citoyens modèles, ceux qui empruntaient avec prudence et entretenaient leur maison, constatent que les marchés ont fait chuter la valeur de leur propriété en deçà de l'imaginable.

Certes, l'investissement excessif dans l'immobilier a été porteur de bénéfices à court terme: quelques Américains sont devenus propriétaires de maisons bien plus grandes que cela n'aurait été possible autrement (peut-être pour seulement quelques mois). Mais à quel coût pour eux-mêmes et pour l'économie mondiale?

Avec leur maison, des millions de gens vont perdre les économies de toute une vie. Et les saisies dans l'immobilier ont entraîné un ralentissement mondial de l'activité. Il y a consensus quant aux prévisions: le ralentissement sera général et de longue durée.

De même, les marchés ne nous ont pas préparés à la hausse du prix du pétrole et de l'alimentation. Il est vrai que ces secteurs n'appartiennent pas en totalité à l'économie de marché, mais ce n'est pas là l'important: la rhétorique de marché est brandie de manière sélective: revendiquée quand elle sert des intérêts particuliers et rejetée quand ce n'est pas le cas. (...)

Les défenseurs du fondamentalisme de marché veulent faire porter la responsabilité de leur échec au gouvernement plutôt qu'à l'économie de marché. Un haut responsable chinois aurait déclaré que le problème tenait à ce que face à la crise de l'immobilier, le gouvernement américain n'a pas fait assez pour venir en aide aux Américains les moins fortunés. Je suis d'accord avec lui, mais cela ne change pas la réalité: les banques américaines ont mal géré les risques, et ceci à une échelle colossale, avec des conséquences à l'échelle de la planète, tandis que les dirigeants de ces institutions sont partis avec des milliards de dollars d'indemnité.

Il y a aujourd'hui découplage total entre les bénéfices sociaux et les intérêts privés. Dans un tel contexte, l'économie de marché ne peut fonctionner de manière satisfaisante.

Le fondamentalisme néolibéral est une doctrine politique au service d'intérêts privés, il ne repose pas sur une théorie économique. Il est maintenant évident qu'il ne repose pas plus sur une expérience historique. Cette leçon est le seul bénéfice à tirer de la menace qui pèse sur l'économie mondiale.

Copyright: Project Syndicate, 2008.

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mer Juil 23, 2008 10:42 am
de Tovarichtch
Bien fait ? Je trouve qu'il a été vulgairement écrit. Pour les paresseux et paresseuses intellectuel-le-s (qui refusent de lire longtemps et lourdement), c'est un article de première ! Autrement, c'est vraiment vide...

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mer Juil 23, 2008 3:46 pm
de Panurge
Le fondamentalisme néolibéral est une doctrine politique au service d'intérêts privés,


Y a-t-il des des intérêts qui ne soient pas privés?

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mar Juil 29, 2008 8:46 am
de la decroissance
OH OUI Panurge,

Mais n,est-ce pas la la premisse imbecile du capitalisme? Cette fameuse fable de l,abeille: la somme des interets individuels non vertueux fonderont un bien commun vertueux.

Je suis bien d,accord, deterrons vivement cette belle peau de milton friedman.
Je ne suis qu,un robot avec une calculatrice interne qui maximise mes interets prives (l,amour, la solidarite, la compassion, etc).

Ah mais comment sait-on que une chose plutot qu,une autre est dans mon interet prive??? Ah oui c,est vrai on est des etres IN-DI-VI DU-ELS et EGOISTES, les institutions, la societe, etc, tout ca n,est qu<un resultat des interets prive, le contraire est impossible.

Car evidemment toi Panurge tes interets prives tu les a decouverts tout seul non?

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mar Juil 29, 2008 2:25 pm
de Panurge
T'es sûr que ça va?

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mer Juil 30, 2008 10:58 am
de Mir
Y a-t-il des des intérêts qui ne soient pas privés?


Ce que tu veux dire, c'est bien qu'au fond, la proposition de stiglitz n'a aucun sens, puisque toutes les doctrines politiques sont au service d'intérêts privés. Et on peut aussi bien les assimiler à des valeurs ''humanitaires''(disons), à des prétentions d'application politique d'analyses ''scientifiques''(ou pseudo-scientifiques hihi), qu'à des intérêts purement ''matériels'' ?

Je fais l'hypothèse que pour toi, cette différenciation a un sens(que pour toi, les valeurs et le travail d'analyse ne réfletent pas nécessairement des intérêts purement matériels, i.e. qu'ils peuvent être considérés en eux-mêmes).

Dans ce cas, changeons seulement la formulation de la proposition, par quoi on établira ce que stiglitz exprimait réellement (si on prend la proposition dans son contexte):

Le néolibéralisme est une doctrine politique au service d'intérêts privés purement matériels

Et le réfutatif sera à refaire.

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Ven Aoû 08, 2008 12:49 pm
de Panurge
Ce que tu veux dire, c'est bien qu'au fond, la proposition de stiglitz n'a aucun sens, puisque toutes les doctrines politiques sont au service d'intérêts privés


Je vais encore plus loin: tout intérêt, par définition, est privé. Les revendications syndicales, par exemple, ne sont jamais qu'une large somme d'intérêts indviduels.

Le néolibéralisme est une doctrine politique au service d'intérêts privés purement matériels


D'accord. Quant au socialisme, il sert des intérêts plus élevés, genre la communion des âmes dans le grand Tout cosmique. J'ai bon?

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Ven Aoû 08, 2008 1:04 pm
de Blais
desoler, fallait vraiment je cite une grande barbe...

Even the most wretched individual of our present society could not exist and develop without the cumulative social efforts of countless generations.
Mikhail Bakunin

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Ven Aoû 08, 2008 1:26 pm
de Panurge
Ah oui, la sinistre rengaine de notre dette envers les cadavres, comme quoi la moindre parcelle de notre individualité ne serait rien de plus qu'une reformulation intégrale de morts, végétaux et minéraux divers. Et nous de devenir, une fois mort, une marguerite et une girafe. C'est mignon, tiens. Il va sans dire qu'entre ça et les séances de spiritisme, il y a un pas que les socialistes et révolutionnaires du 19e n'ont pas hésité à franchir.
Un peu comme le matérialisme progressiste, au fond: ça commence par l'émerveillement devant un atome, et ça finit par des prières à Mère Nature.

:idea:

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Ven Aoû 08, 2008 8:43 pm
de Mir
Je vais encore plus loin: tout intérêt, par définition, est privé. Les revendications syndicales, par exemple, ne sont jamais qu'une large somme d'intérêts indviduels.


De toute manière j'ai fait une inexcusable faute en interprétant ton post, et j'en suis désolé. J'aurais simplifié énormément en faisant remarquer que la distinction que tu attaquais était celle qu'on fait habituellement entre intérêt publique et privé.

Même si ce qu'on désigne par intérêt publique n'était qu'une somme d'intérêts privés, pourquoi ne pourrions nous pas faire la distinction? Après tout, on fait la distinction entre la somme et ses parties, entre l'ensemble et ses éléments.

Une doctrine peut ainsi prétendre servir l'intérêt publique(un ensemble d'intérêts privés donné) de manière optimale, plutôt que des éléments isolés de l'ensemble(intérêts privés), ce qui, dans ce dernier cas, se ferait aux dépends du reste de l'ensemble(puisqu'une doctrine politique se doit d'être appliquée à un ensemble d'individus). Ladite doctrine prétendrait ainsi satisfaire mieux tous les intérêts privés, éléments de l'ensemble(intérêt publique), de telle sorte que pour chacun d'eux(chacun des intérêts particuliers) le choix de cette doctrine soit préférable au statu quo ou aux doctrines alternatives, pourvu qu'ils en fassent l'expérience.


D'accord. Quant au socialisme, il sert des intérêts plus élevés, genre la communion des âmes dans le grand Tout cosmique. J'ai bon?


Le socialisme, comme toute doctrine politique qui propose un système politique en particulier, prétend servir l'intérêt publique. Elle prétend aussi s'appuyer sur certaines analyses théoriques(qu'elles soient fausses en pratique ou non) pour répondre au problème qu'elle aborde...

Quoiqu'il en soit, en nous basant sur le cadre analytique(s'il en est un) que je viens de définir, nous pourrions, pour chaque doctrine politique, la critiquer en insistant sur les intérêts privés(comprendre: intérêts isolés de l'ensemble d'intérêts privés à laquelle elle s'applique politiquement) qu'elle sert de facto.

Nous pourrions donc interpréter les propos de stiglitz ainsi: le néolibéralisme, en tant que doctrine politique, sert des intérêts privés considérés isolément de l'ensemble d'intérêts privés auquel elle s'applique politiquement. Ses prétentions d'application de l'analyse économique à la vie politique dans l'intérêt publique seraient alors ébranlées...

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Sam Aoû 09, 2008 4:19 am
de Panurge
Nous pourrions donc interpréter les propos de stiglitz ainsi: le néolibéralisme, en tant que doctrine politique, sert des intérêts privés considérés isolément de l'ensemble d'intérêts privés auquel elle s'applique politiquement. Ses prétentions d'application de l'analyse économique à la vie politique dans l'intérêt publique seraient alors ébranlées...


Ah oui, c'est tout de suite plus barbant.

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Lun Aoû 11, 2008 3:29 pm
de St.George's Cross
Le néolibéralisme ne tiendra encore pas longtemps, ca devient trop risqué pour les gouvernements (crise économique parce qu'une banque a mal géré et c'est le Président qui se fait hair), trop impopulaires chez les classes populaires, trop mécaniques pour les intellectuels, trop polluants pour tout le monde. Mais de la a souhaiter la mort du complète du marché, faut pas déconner. Faut trouver de nouvelle solutions pour encadrer les marchés parce qu'il faut de la compétition, du dépassement de soi a l'échelle globale, mais il faut surtout s'entraider pour que la compétition soit juste et que l'objectif soit un peu plus commun, pour que les perdants puisse recommencer, pour que les gagnants puisse perdre.

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Lun Aoû 11, 2008 10:31 pm
de militant sans banière
LOL

Au contraire, `c'est plutot la preuve que ce système est là pour perdurer et que contrairement a d'autres idéologies, elle n'a pas besoin d'idole pour survivre.

Longue vie à ce système imparfait qui accroit la richesse mondiale !!!

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mar Aoû 12, 2008 10:51 am
de St.George's Cross
Aucun système n'est parfait. Personne ne souheterais vivre dedans de toute manière.

Re: [CyberPresse] La fin du néolibéralisme?

MessagePosté: Mar Aoû 12, 2008 11:07 am
de Landvättir
St.George's Cross a écrit:Aucun système n'est parfait. Personne ne souheterais vivre dedans de toute manière.


Excellente raison pour ne pas vouloir le changer.