Faire appel à l’individu solitaire primitif comme analyse est une erreur épistémologique...
Félicitations ; tu as critiqué avec succès une position que j’ai pas défendue. Je n’ai pas fait appel à un individu érémitique et atomique, mais au fait indiscutable qu’il n’y a pas antériorité des structures sociales sur l’Homme. Il n’y a d’ailleurs pas même de distinction entre les structures sociales et l’Homme, ou plutôt son action. Et comme, des deux, il n’y a que l’Homme qui agit, c’est de lui qu’il faut s’occuper, par l’action politique et par le Droit.
Encore une fois, l’appelle à une valeur comme le Droit est en soi se référer à une abstraction et relève de l’idéologie.
Je ne vois pas où tu veux en venir. Tu pourrais éluder la référence au Droit, et ma phrase garderait tout son sens. Je voulais en venir au fait que l’action politique doit viser
Cela dit, sans tomber dans l’imaginaire platonicien –fort poétique au demeurant–, je crois effectivement que le Droit a un caractère objectif, et qu’il ne tient qu’à nous de le découvrir, par la raison (non-contradiction, réciprocité) et par l’expérimentation (jurisprudence), par exemple en observant les règles émergeant spontanément et s’imposant comme les plus efficaces à l’échelle de l’Histoire humaine.
Mais l’exercice non-contraint de cette rationalité individuelle est impossible si on ignore les structures sociales comme étant restrictive à l’exercice d’une telle « liberté ».
C’est faux, puisque la
structure sociale de la propriété n’est pas dissociable de la liberté, puisque cette dernière est précisément définie par cette première. Est libre celui qui n’est pas contraint dans la jouissance de sa propriété, et seulement elle. Si la notion de propriété est évacuée, il est impossible de définir clairement, et sans équivoque c’est qu’est la liberté, ou, formulé négativement, quelles sont les limites de l’action humaine non contrainte. Sans parler de la question épineuse de gestion des ressources rares.
Cela dit, le libéralisme offre une réponse en ce qui a trait aux règles minimales de vie en société. Au minimum, il y a le respect de la propriété, ce à quoi s’ajoute parfois un certain remaniement des institutions pour les libéraux classiques, etc. Dans ce contexte, il n’y a pas de raison valable pour considérer qu’une condition sociale particulière puisse mettre un individu à l’abris de ces exigences morales
élémentaires . Pas plus d’ailleurs qu’une condition sociale particulière ne doit soustraire un individu à la protection des règles.
Ainsi, ce n’est parce que qu’un pauvre est pauvre qu’il aura le droit d’aller spolier le plus riche (de sa propre initiative ou à travers des mécanismes étatiques). Question de réciprocité, ce n’est pas parce qu’un pauvre est pauvre, qu’un riche aura le droit d’aller le spolier.
Il n’est pas possible de bâtir pareil système, que ce soit libéral ou socialiste, sur l’appréciation –soi-disant si futée et
aware des réalités du monde, au contraire de ces rustres de libéraux- des conditionnements sociaux et tout le reste. Elle n’est d’aucune pertinence dans une réflexion normative ; parce qu’il est impossible, à moins d’être Dieu, d’en avoir une idée juste, et parce que, même si on le pouvait, on ne pourrait rien en déduire d'intéressant du point de vu de la philosophie politique.
En bref, vous me reprochez sans cesse d'évacuer bêtement la considération des conditions sociales, mais sans jamais me dire en quoi elle aurait quelque incidence sur la justesse de ma théorie normative, et en quoi elle conforterait la vôtre.
Le mari violent (d’un couple hétérosexuel) s’identifie fondamentalement à son sexe et appuie ses actes sur ce qui le différencie (selon l’idéologie dominante) de sa conjointe. Sa violence a pour but d’imposer un ordre qu’il considère normal, ce dernier reposant sur l’idéologie dont il a hérité...
Je ne sais pas d'où tu tires cette conclusion. La seule incidence du sexe, en l'occurence, c'est le pouvoir purement physique (force) que possède l'homme, généralement.
J'aimerais que tu répondes à ça :
Panurge a écrit:Je sais tout cela. Et c’est justement le fait qu’il soit impossible d’avoir une vision claire, exhaustive et générale des conditionnements sociaux, dans une analyse elle-même exempte de biais qui fait que la sociologie est bien loin d’être une science et beaucoup plus près de l’art romanesque ; une analyse tout à fait subjective, basée sur une vague intuition de l’auteur, et sans aucune véritable sanction empirique. Entre cela et admettre que la sociologie est une profession de charlatan, il n’y a qu’un pas que de minces scrupules m’empêchent de franchir.
Anarchie et réaction.