Allons-y que j't'élimine la taxe sur le capital, allons-y que j'te fais des baisses d'impôts destinées aux plus riches. Sur ce point, notamment, mention spéciale "Propagande Ratée" à LCN, qui montrait hier soir un tableau comparatif au niveau des baisses d'impôts qui allait dans ce sens:
Si vous gagnez: Votre baisse sera de:
75 000 640$
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150 000 1859$
Et le chef d'antenne de préciser que la baisse d'impôts serait donc de 640$ pour ceuses qui gagnent 75 000$ et pour ceuses qui gagnent 150 000, elle serait du double et un peu plus.
D'ailleurs, y'a pas que cela de réjouissant, voyons.
Allons-y pour la joie:
La baisse combinée de 950 millions $, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008, se traduira par une hausse de 25 pour cent des seuils de revenu de la table d'imposition
Ce qui donne:
Ainsi, le taux d'imposition de 16 pour cent s'appliquera désormais aux contribuables gagnant jusqu'à 37 500 $, alors qu'il ne vise actuellement que ceux ayant un revenu annuel maximal de 29 875 $.
Un petit bonbon pour la petite classe moyenne. Mais surtout:
Le taux de 20 pour cent s'appliquera maintenant aux contribuables gagnant jusqu'à 75 000 $ (59 765 $ actuellement), tandis que le taux de 24 pour cent visera ceux dont le revenu de travail dépasse ce seuil.
There you go.
Et la ministre de se fendre d'une jolie explication sur la question:
En dépit de ces chiffres, Mme Jérôme-Forget a assuré que son budget ne favorisait pas indûment les riches. «Il est temps d'aider tous les Québécois, tous ceux qui travaillent», a-t-elle affirmé en conférence de presse.
Elle veut dire les plus riches et les patrons, je suppose. Parce que bon:
Pour une famille monoparentale ayant un enfant et un revenu de travail de 15 000 $, l'économie d'impôts sera de tout juste 27 $ en 2008.
J'imagine que travailler pour moins de 15 000$ par année - genre au salaire minimum ou tout près - et s'occuper de son enfant, ce n'est pas travailler pour Mme. Monique.
D'ailleurs, petit dernier point fort amusant:
Les fonctionnaires ont refusé de dévoiler la proportion des 950 millions $ qui irait aux contribuables bien nantis.
Ça c'est bien plaisant, quand même.
La comparaison:
«Lorsque nous avons formé le gouvernement en 2003, les Québécois étaient les plus taxés en Amérique du Nord», a déclaré la ministre jeudi dans le discours sur le budget. «Or, avec l'adoption de ce budget, il n'y aura que quatre provinces au Canada où les impôts seront plus bas qu'au Québec.»
Woo hoo! Qu'a-t-on fait depuis? On a baissé les taxes aux entreprises et aux plus riches, donnant quelques bonbons à la classe moyenne en surplus. Ma-gni-fi-que.
Et même la Cyberépaisse nous le confirme (!):
Cette fois, les 3,8 millions de contribuables du Québec auront droit à une grande bouffée d’air. Ce sont les plus à l’aise qui toucheront les baisses les plus importantes.
Avant de quand même préciser que:
Les baisses d’impôt font probablement déjà saliver tous les contribuables.
Oui, j'ai bien hâte d'avoir 27$ de plus par année dans mes poches.
Et le tout expliqué de manière plus simple:
Au lieu de réduire le pourcentage d’impôt, les libéraux ont plutôt choisi de rehausser de 25% les trois paliers d’imposition. Concrètement, cela signifie que le taux d’imposition le plus faible (16%) s’appliquera jusqu’à 37 500 $, au lieu de 29 875 $ avant le budget. Le taux d’imposition intermédiaire (20%), s’appliquera jusqu’à 75 000 $ de revenu, au lieu de 59 765 $ avant le budget. Et ce n’est que sur les revenus excédents 75 000 $ que les contribuables seront imposés au taux le plus élevé (24%).
Pour ce qui est du dégel:
La hausse des droits de scolarité de 50$ par trimestre à partir de septembre est confirmée par le budget Jérôme-Forget. Les revenus tirés de ce dégel - estimés à 20 millions en 2007-2008 - n'y figurent toutefois pas, puisqu'ils sont touchés directement par les universités.
Le régime d'aide financière aux études voit son budget croître de 35,6 millions, pour atteindre 402,6 millions. Seuls deux millions sont ajoutés pour compenser le dégel des droits de scolarité, mais le Conseil du Trésor assure que cette somme sera suffisante pour l'instant.
UnE quelconquE fiscaliste/économiste pourrait-il/elle se pencher sur la question? Deux millions pour compenser une hausse, ça m'apparaît comme vraiment peu. D'ailleurs, j'aime beaucoup le fait que l'on estime les revenus du dégel à aussi peu que 20 millions. À quoi ça sert, rendu là?
Et les réactions:
Fédé des Cégeps a écrit:«Vraiment, là, ça ne marche pas», a réagi Gaëtan Boucher, président de la Fédération des cégeps. Malgré un sous-financement de 305 millions, «il n'y a rien pour le développement des collèges», a-t-il dénoncé. «Nous avions dit à M. Charest que nous ne pouvions pas attendre un an de plus. Les universités vont avoir des revenus additionnels avec le dégel des droits de scolarité, mais nous n'en avons pas.»
FEUQ a écrit:«Nous sommes extrêmement déçus et extrêmement choqués, a dit Jean-Patrick Brady, président de la Fédération étudiante universitaire (FEUQ). Jean Charest n'a pas été capable d'aller chercher de l'argent dans les transferts fédéraux cette année, alors qui sont les seuls à payer? Les étudiants.» Choisir de baisser les impôts plutôt que d'investir dans les universités est «inacceptable», a-t-il ajouté. «Si le gouvernement voulait nous aider à mobiliser les étudiants, il a très bien fait.»
Hum. La FEUQ, mobber?
FECQ a écrit:Geneviève Bond-Roussel, présidente de la Fédération étudiante collégiale (FECQ), était quant à elle outrée par la faible hausse des prêts et bourses. «On nous demande d'accepter la hausse des droits de scolarité en nous disant que c'est normal de suivre le coût de la vie. Sauf que l'aide financière, elle, n'est pas indexée.»
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Dans un autre registre, en douce, la ministre privatise cinq petits services gouvernementaux:
La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a annoncé dans son budget que cinq services gouvernementaux seront privatisés dans les prochains mois afin que le gouvernement soit davantage «centré sur les missions essentielles de l’État».
Le Centre de gestion des équipements roulants, le Centre de signalisation, le Réseau national intégré de radiocommunication (RENIR), Fournitures et ameublement du Québec et le service de Reprographie gouvernementale passeront ainsi au secteur privé.
Les cinq services représentent un budget total de 96 millions. À terme, l’économie pour le gouvernement sera d’environ 10 %, soit autour de 10 millions. L’ensemble des services représente 457 employés, qui pourront être reclassés dans d’autres services gouvernementaux ou accepter un transfert au privé.
Ou juste perdre leur job. C'est aussi dans les "pourront", after all. Cinq services gouvernementaux privatisés par budget, en cinq ans, ça donne une bonne moyenne.
Et les grands médias sont à peu près tous muets sur l'abolition de la taxe sur le capital, proposée par le Conseil du Patronat du Québec dans une lettre adressée à Monique Jérôme-Forget et à son prédecesseur Michel Audet et reprise mot pour mot et virgule pour virgule dans son budget. Pourtant, l'État québécois devra ainsi se priver de plusieurs centaines de millions de revenus et même prendre sur lui-même pour une partie de cette abolition.
En somme, on risque d'aller en élections, suivant ce minable budget décidé unilatéralement (enfin, patrons et PLQ). Vos avis là-dessus?