Université pop. nantes , atelier sur le Népal

Discussions portant sur l'ASSÉ et le mouvement étudiant en général.

Université pop. nantes , atelier sur le Népal

Messagede gui le Mer Avr 29, 2009 1:05 pm

Un atelier d'une personne du Comité de solidarité franco-népalais qui se déroulait à l'Université Populaire de Nantes en février dernier.

Pour la solidarité internationaliste avec la révolution népalaise!
http://nouveaunepal.over-blog.com/article-28297924.html

UNIVERSITE POPULAIRE DE NANTES
Compte-rendu du témoignage sur la Révolution au Népal - Mercredi 11 février


Qu'est-ce qu'une Université populaire?

L'Université Populaire de Nantes devrait avoir pour ambition d'ouvrir la fac aux couches les plus exploitées de la société et d'expérimenter de nouvelles pratiques égalitaire d’éducation, afin d'élargir et de renforcer la lutte et démontrer notre capacité à changer la société. La place de l’Université Populaire dans notre lutte doit viser dés aujourd’hui à remettre en cause les « vieux engrenages »... C'est à dire que dans la pratique nous devons contester les rapports sociaux de domination, la séparation entre travail manuel et travail intellectuel, la culture de l’expert (le cloisonnement des disciplines). Nous devons contester le culte de la compétition (du bachotage idiot pour obtenir des notes) et la consommation passive d'un savoir élaboré pour les besoins de domination de la bourgeoisie, qui exclue la plus grande partie du peuple.

L'intervenant

Mercredi, nous avons donc reçu un représentant du Comité de Solidarité Franco-Népalais (http://nouveaunepal.over-blog.com/) qui est venu témoigner du processus révolutionnaire en cours là-bas. Il est parti six mois dans le cadre de son travail, une première fois en 2005. A l'origine plutôt communiste libertaire, c'est sur place qu'il a découvert l'importance de cette révolution sociale concernant 26 millions de népalais. Il y est retourné en septembre 2006 encore six mois, puis en avril 2008 en tant qu'observateur international, lors des élections législatives qui élisaient la nouvelle Constituante.

Le camarade du Comité Népal a pu nous faire partager son expérience concrète auprès des paysans, des ouvriers, des soldats de l'Armée Populaire de Libération, des jeunes, des femmes, organisés ou non dans le Parti Communiste du Népal (maoïste). Plus qu'un réel débat, un échange entre l'intervenant et une quinzaine de personnes a permis de répondre aux interrogations. En effet, le niveau d'information sur la Révolution népalaise est quasi-nul en France, même chez les plus militants. Le style de travail était vraiment fraternel et le camarade du Comité a répondu humblement aux questions.

L'auditoire

L'auditoire était presque composé exclusivement d'étudiants, à quelque exception près. C'est le point négatif à noter, mais qui était néanmoins prévisible.

Nous devons continué nos efforts pour ouvrir la fac vers l'extérieur, et prolétariser l'assistance. La commission Université Populaire doit se réunir à nouveau et trouver des sujets intéressants et des horaires qui permettent à ceux qui travaillent de pouvoir venir et qu'elle se donne les moyens pour populariser le programme de l'UP par un affichage et un tractage dans les lieux appropriés, particulièrement dans les boîtes, les écoles, le CHU... qui sont touchés par des luttes.

Mais globalement, le débat a été un succès. Après enquête, les camarades présents ont manifesté un intérêt réel et ils ont eu le sentiment d'avoir appris des informations importantes sur le Népal et sur leur propre lutte.

Introduction

Une exposition dans le hall de l'Université populaire présentait sommairement la « Révolution inconnue ». Le camarade a simplement entamé le débat par une brève introduction sur la situation économique et politique du Népal puis a fait une rapide présentation chronologique du processus révolutionnaire conduit par le PCN (m):

1996 Début de la Guerre Populaire

Il a d'abord raconté les 10 ans de Guerre Populaire déclenchée dans les campagnes, qui a permis la création de zones débarrassées de l'Etat royal, dans lesquelles un Gouvernement Populaire a remplacé les anciennes institutions. Il a raconté le travail d'éducation qui a été entrepris lors de la GP dans ces bases rouges pour armer le peuple idéologiquement et lui montrer qu'il est capable de capturer lui-même les terres des propriétaires terriens, d'attaquer lui-même les postes de police pour s'armer de fusils, de brûler les reconnaissances de dette qui étranglent le peuple et de commencer la réforme agraire. Cinq ans plus tard, le PCN-m déclarait contrôler 80% du territoire (l’énorme majorité des campagnes à l’exception des villes et des axes routiers).

2001 La guerre civile s'intensifie

L’année 2001 est un tournant décisif du conflit. Le 1er juin, la famille royale est massacrée. Gyanendra, le dernier roi, arrive alors au pouvoir quelques jours plus tard. Les évènements du 11 septembre aboutiront à la désignation de tout sympathisant ou toute activité en lien avec le mouvement maoïste comme terroriste. Dans une suite logique, l’État d’Urgence est déclaré en Novembre et met fin aux libertés élémentaires (presse, réunion, déplacement,…). Le conflit prend alors une tournure violente et internationale. Six mois après le début de l’État d’Urgence, le nombre de morts passe de 1800 (Octobre 2001) à 4800 (Avril 2002). À cette même période, le gouvernement reçoit alors des armes et des formations militaires (représentant 22 millions de dollars) des États-Unis, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Royaume Uni, l’Inde, la Chine, la Belgique et la Russie suivront. À partir de ce moment, les maoïstes démontreront qu’ils sont une véritable force militaro-politique menant des actions jusque dans la vallée de Katmandou et prenant le dessus dans nombre de batailles.



2005 Vers la fin de la monarchie hindouiste

Le 1er février 2005, les partis membres du parlement se sont unis contre le roi, formant l’Alliance des Sept Partis (ASP). Réalisant que seule l’unité avec leurs anciens ennemis pourrait renverser la monarchie, l'ASP et le PCN-m signèrent l’accord historique de 12 points du 22 novembre 2005. Cette alliance devait aboutir au Mouvement Populaire en avril 2006 face auquel le PCN adapte sa stratégie en concentrant ses efforts sur la capitale et dans la classe ouvrière. Le Mouvement Populaire se développe dans de grandes grèves insurrectionnelles qui finissent par chasser le roi Gyanendra du pouvoir et à réinstaurer le parlement suspendu.



2008 Victoire écrasante aux élections

Une constitution, ainsi qu’un parlement et un gouvernement intérimaire incluant le PCN(m) ont été mis en place et des élections pour une Assemblée Constituante se sont déroulé en avril 2008 qui a donné une large majorité aux maoïstes. Après maintes manœuvres, finalement un accord a pu être conclu, qui a abouti à la formation d'un gouvernement de coalition chapeauté par le premier ministre maoïste Prachanda. Mais ce premier pas n’a pas réglé tous les problèmes, il n’a fait que les poser. La coalition gouvernementale entre le PCN(m), l’UML (Union marxiste-léniniste), qu'on peut qualifier de réformiste et un parti indépendantiste (le parti madhési), pose le problème des contradictions inhérentes à toute alliance. Cette alliance ne s’est pas soudée dans la lutte commune, mais elle est née d’un compromis pour la naissance d’un Népal démocratique, qui pour le PCN n'est que le premier pas vers la république populaire alors que pour les autres partis, il s'agit strictement d'une modernisation de l’économie du pays.



Futur rouge?

Le PCN(m) est donc aujourd'hui à la croisée des chemins. Il doit faire face à une situation délicate car il doit continuer à transformer la société (semi-coloniale, semi-féodale) sous peine de perdre le crédit que le peuple lui accorde pour diriger la première révolution du XXIe siècle. Mais il doit affronter de nombreuses résistances intérieures de la part des féodaux, représentés jusque dans le gouvernement et des menaces extérieures (la Chine et surtout l'Inde qui capture des terres cultivables, qui finance et arme des groupes sécessionnistes et affirme qu'elle fera échouer les maoïstes s'ils entreprennent de profondes transformations sociales. ).

La lutte de lignes sur la stratégie à adopter pour les années à venir (République populaire tout de suite ou période de consolidation de la République de Nouvelle Démocratie au préalable) est l'objet d'intenses débats à l'intérieur du parti et dans l'ensemble de la société. Le congrès du PCN(m) devra trancher en juin 2009 sur la voie que la Révolution doit se frayer pour se réaliser réellement.

Une seule certitude a témoigné le camarade du Comité Népal, c'est que les transformations déjà réalisées ont libéré un énorme enthousiasme parmi les masses et qu'il sera difficile de faire accepter le moindre retour en arrière. Il a ajouté par exemple qu'il concevait mal que les femmes sur lesquelles le PCN(m) a énormément misé du fait de leur triple oppression (patriarcat, système de castes/classes, impérialisme) se laissent frustrer par des compromis trop importants.


Voici le compte-rendu du questions-réponses que nous avons eu :



Avec quel armement et quel financement le PCN(m) a-t-il initié la Guerre Populaire?

L'APL n'a bénéficié d'aucun soutien d'une puissance étrangère. Elle a acheté peu d'arme. L'essentiel de l'armement a été pris lors d'attaque de postes de police ou de casernes de l'Armée Royale Népalaise. Le financement provient d'attaques de banque et de la production issue des différentes organisations liées au PCN(m).



Quelles sont les relations que les maoïstes népalais entretiennent avec le Parti Communiste Chinois? Comment le PCN(m) analyse-t-il la Chine communiste?

Pour le PCN(m) grosso modo, la Chine a perdu son caractère socialiste lorsque Mao Tse Toung a passé l'arme à gauche. La restauration du capitalisme est bien sûr bien plus complexe: c'est la développement d'une nouvelle bourgeoisie dans le PCC et dans l'Etat qui a réussi à reprendre le pouvoir au prolétariat chinois. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne a précisèment été un intense moment de lutte idéologique et armée qui a opposé le prolétariat à une nouvelle bourgeoisie qui a corrompu ou accédé elle-même au quartier général de la classe ouvrière. Le PCN(m) pense comme Mao que la lutte de classe se poursuit sous le socialisme et que le pouvoir ouvrier n'est jamais acquis dans la période de transition au communisme tant que des inégalités subsistent entre travailleurs manuels et intellectuels, entre hommes et femmes, entre professeurs et élèves, entre membres du Parti et non-membres, entre (social-)impérialismes et pays dominés etc.

Pour le PCN(m), la Chine d'aujourd'hui est devenue un pays capitaliste et une puissance économique régionale importante qu'il est impossible d'ignorer. Le Népal ne peut pas survivre en se coupant de l'extérieur. Mais le Népal se méfie de ses deux voisins expansionistes qui cherchent à le faire tomber dans leur zone d'influence. La politique du gouvernement vis à vis de l'Inde et la Chine est celle de l'Equidistance, afin de profiter de sa position intermédiaire pour développer sa propre économie et afin de garder sa souveraineté en maintenant une concurrence entre les grandes puissances émergentes.


La Guerre Populaire des maoïstes s'apparente-t-elle à la technique de guerilla guevariste du foquisme (création de foyer de guerilla)?

Non pas vraiment. La Guerre Populaire Prolongée expérimentée lors de la Longue Marche et théorisée par Mao, consiste en la création de bases rouges. Ces zones éloignées du pouvoir central sont investies par l'Armée Populaire de Libération pour faire de l'agitation auprès des paysans. Un travail d'éducation populaire auprès des masses paysannes est organisé sous forme de chansons, de théâtres, de marionnettes... pour montrer au peuple qu'il peut prendre leur destin en main et commencer à transformer les rapports sociaux. L'APL est au service du peuple: elle brûle les dettes dans les banques, elle attaque des postes de police, donne des armes aux sans-terres pour qu'ils capturent des terres prises aux grands propriétaires féodaux, elle travaille la terre avec les paysans.

Selon le principe maoïste, « la politique guide le fusil », la politique est prioritaire et la violence est secondaire. Les maoïstes commencent donc par construire une école dans chaque base rouge. Sur le plan militaire, l'APL emploie la tactique de guerrilla de harcèlement de l'Etat central, en frappant et en se déplaçant rapidement pendant la phase de guerre défensive, pour vider petit à petit l'autorité de l'Etat et le remplacer par un Gouvernement Populaire qui accroît son hégémonie. Chaque action militaire est justifiée politiquement.

Quelle démocratie, quel fonctionnement interne au Parti?

C'est le centralisme démocratique. Démocratique, car dans chaque ville ou canton, une cellule du parti se réunit et débat de la ligne stratégique sur les questions politico-militaires. Ils envoient des délégués dans les districts, qui élisent leurs délégués pour participer au Congrés du Parti. C'est au Congrès que la ligne politique est tranchée. Le Comité Central élu est chargé de mettre en oeuvre la tactique. « Centraliste » car les décisions unitaires adoptées par la majorité sont appliquées par l'ensemble du Parti.

Mais le parti n'est pas monolithique, « la lutte entre les deux lignes » est une réalité objective que le Parti reconnaît et stimule. La pratique unitaire permet de faire des bilans de l'activité passée et le Parti est à même de critiquer les orientations et de proposer une correction de la ligne. La minorité a donc des droits dans le Parti et participe jusqu'aux plus hautes instance à la mise en oeuvre de la ligne majoritaire.

Quelle représentation politique démocratique?

La lutte qu'a mené le PCN(maoïste) pour le droit à la représentation de chaque groupe minoritaire (ethnique, culturel, religieux, de genre, de classe, de castes, etc.) a abouti à une Assemblée Constituante la plus représentative jamais élue au Népal. Ainsi, 40% des élu(e)s sont des femmes et 20% des Dalits (ou 'intouchables', caste inférieure considérée comme des sous-hommes par les hindouistes). En France, 'notre' parlement est bien moins représentatif que celui du Népal...

Quelle est la ligne politique du PCN(m) dans un gouvernement de coalition?

La ligne est en débat actuellement dans le parti pour savoir s'il faut consolider la République démocratique fédérale (bourgeoise) pour avancer à la prochaine étape, ou s'il faut tout de suite passer à la République populaire (prolétarienne). Le congré de juin du PCN(m) tranchera ce point. Le problème est qu'aujourd'hui les avancées sociales sont assez limitées ou progressent très lentement du fait de la nature mixte du gouvernement. Gaurav qui représente l'aile gauche du PCN(m) a déclaré récemment que les maoïstes devraient renverser le gouvernement si aucune avancée significative ne se réalise pour le peuple. Prachanda, le président du Parti, a annoncé que la période de transition prendrait un jour fin et qu'il fallait se préparer à passer à l'étape supérieure.

Quel soutien bénéficie les maoïstes au niveau international, ont-ils un appui des Etats latino-américains de gauche? Les maoïstes népalais ont-ils des contacts avec les maoïstes-naxalites indiens?

Aucun Etat au monde ne soutient le PCN(m). Ils reçoivent un soutien de la part de certains maoïstes

dans le monde (les naxalites d'Inde, le regroupement des Organisations maoïstes du Sud-est asiatique...). Leur révolution reste très isolée. Les maos népalais qui considèrent leur révolution comme faisant partie de la Révolution mondiale, veulent la faire connaître, diffuser l'enthousiasme révolutionnaire afin de briser son isolement.

Qui dirige l'Armée Populaire de Libération? Peut-on craindre un putch militaire? Une dérive militariste et autoritaire de l'Etat?

L'APL dépend directement de la ligne politique du PCN(m). Aujourd'hui, les accords de paix a contraint les soldats et l'armement de l'APL à rester cantonnés dans des casernes sous la surveillance de l'ONU, comme pour l'Armée Nationale du Népal. La lutte des maoïstes a provisoirement abandonné le terrain militaire pour le travail légal, plus pacifique: le PCN(m) s'appuie sur les mesures progressistes du gouvernement (ex: réforme agraire) et sur l'agitation du peuple dans la rue. Le parti a récemment réaffirmé la primauté du mouvement de la rue sur l'action gouvernementale pour transformer la société. Malgré tout, l'APL reste mobilisable à tout moment, lorsque la situation l'exigera.

La nature de l'APL est radicalement différente d'une armée conventionnelle. Comme il est expliqué plus haut, les méthodes de l'APL privilégient la persuasion plutôt que la contrainte, l'éducation plutôt que la violence. Les soldats participent aux travaux pour améliorer les conditions de vie du peuple. Les privilèges sont réduits au minimum entre soldats et officiers (même solde, même nourriture). La hiérarchie est considérablement simplifiée. L'armée royale a subi de nombreuse désertion de soldats mal-traités par leur officier. La forte participation des femmes à l'APL a été une des priorités du PCN(m) et constitue une garantie relative contre une déviation militariste.


Comment le PCN(m) se comporte vis à vis de l'opposition?

Le PCN(m) a rompu avec les conceptions monolithiques des pays socialistes. Pendant la période de transition (Nouvelle démocratie) ils reconnaissent le rôle du multipartisme comme l'expression des différentes couches sociales, alliées du Prolétariat à un moment donné de la lutte de classe. Par exemple, la chute de la monarchie n'a été possible que grâce à une alliance avec la petite bourgeoisie et les paysans moyens, sous la direction prolétarienne du PCN(m). Le PCN(m) s'est rendu compte tout au long de sa pratique que la persuasion était plus efficace que l'autoritarisme. Un exemple, les femmes plutôt hostiles à l'alcoolisme de leur mari, se sont opposées malgré tout, lorsque des militants du PCN(m) ont brisé les jarres qui avaient servi à en fabriquer. Les maoïstes ont compris qu'on arrivait à rien par la contrainte.

Par contre, la lutte se poursuit contre les ennemis du prolétariat. Le but est de faire disparaître les couches exploiteuses petit à petit, en premier lieu par un travail idéologique en démontrant les avantages que représentent une société communiste pour tous. Le nombre de publication a d'ailleurs fortement augmenté depuis peu. En dernier recours la violence est appliquée à ceux qui utilisent la violence réactionnaire contre le peuple: ceux qui s'opposent à la récupération de la terre des grands propriétaires par exemple. Il faut savoir que les maoïstes ont payé plus que tous les autres partis au Népal un nombre important de martyrs.

Les maoïstes ont ils opté pour un développement économique basé prioritairement sur le développement des forces productives ou sur une répartition des richesses?

La priorité est donnée à la répartition dans l'agriculture et au développement d'une industrie légère locale au service du peuple. Dans l'agriculture, le partage des terres, s'accompagne d'une coopération simple au premier niveau. La mise en commun des terres est le deuxième niveau. Et enfin des communes populaires ont vu le jour où est mis en pratique le principe « à chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Des coopératives de distribution sont en voie de développement dans les régions les plus reculées pour permettre aux plus pauvres de se nourrir dignement. La structure fédérale est censée faciliter la pénétration de l'économie dans les campagnes pour réduire les inégalités avec les villes.

Au niveau de l'industrie, c'est un capitalisme controlé par l'Etat qui est mis en place pour développer un capitalisme national, afin de sortir du sous-développement. Le bloc socialiste n'existant plus, le Népal est malheureusement obligé de faire appel à des investisseurs étrangers pour développer le pays. Le gouvernement met son veto si les entreprises étrangères proposent des contrats pas assez avantageux pour le peuple. C'est très difficile d'obtenir de bons services pas chers, mais la crise actuelle oblige les capitalistes à accepter des conditions relativement « bonnes » selon les règles capitalistes, s'ils souhaitent accéder au marché. Le but est d'enrayer la fuite des emmigrants qui partent se faire exploiter dans les pays du Golfe, en améliorant les conditions de vie au Népal par la construction d'école dans chaque village et d' hôpitaux de proximité. Au mois de janvier, le PCN(m) a mené sur le front syndical une grande grève chez les ouvriers du corridor industriel Morang-Sunsari pour faire appliquer le salaire minimum.

Quelle politique vis à vis du tourisme?

Liberté de circulation avec un visa renouvelable chaque mois(30€).

Faut-il appartenir au parti pour avoir le droit de décider?

Les népalais participent à toutes les structures du Gouvernement populaire (village, canton, district, assemblée constituante). Ils ont le droit de décider indépendamment de leur appartenance politique.

Le multipartisme est la règle.

Les masses sont-elles enthousiastes?

L'adhésion au PCN(m) est très forte. Les népalais ouvriers, paysans veulent aller plus loin dans les transformations sociales et pensent que le PCN(m) est leur meilleur outil pour aller de l'avant. Les népalais membres ou non du parti, participent bénévolement à des travaux d'intérêt publique (pont, route...). Le camarade nous disait son étonnement d'apprendre que des villageois étaient prêts à faire deux jours de marche pour aller construire un « Hôpital modèle ».

Il a été frappé aussi de croiser le regard des femmes dans les zones rouges, fières, sûres d'elle devant un homme étranger, alors qu'à Katmandou la capitale, les femmes ont l'air abattue, effacée, fuyant du regard...

Quelle progrès pour les femmes?

De réelles progrès pour l'égalité Homme-femme ont eu lieu depuis le début de la Guerre Populaire. Cela a été possible grâce au combat des femmes dans le PCN(m), notamment la camarade Parvati, pour ouvrir les postes de direction de l'APL et du PCN(m) aux femmes. Des femmes qui commandent aux hommes dans un pays qui sort du féodalisme: ça c'est réellement révolutionnaire. La campagne nationale d'alphabétisation prévue sur deux ans, touchera bien entendu aussi les femmes. Avant le Gouvernement populaire, les femmes étaient écartées de l'instruction. Seule une minorité d'origine bourgeoise avait accès à la scolarité.


Un programme du planning familial est également amené à renforcer le rôle des femmes dans la société. Elles pourront décider du nombre d'enfants qu'elles désirent grâce à la contraception et mettre leurs enfants dans des crêches. Le but est de sortir de la sphère familial pour s'occupper de toutes les tâches (du pouvoir réel) jusque là réservées aux hommes. La libération de la femme est une condition essentielle du développement de la Révolution, c'est aussi la meilleure des garanties contre un retour en arrière à l'ordre ancien. En effet, quelle femme accepterait de revivre dans les conditions du féodalisme?

La figure de père de l'ex-Roi est-elle remplacée par un culte de la personnalité de Prachanda?

Le roi n'a pas été exécuté, peut-être sera-t-il jugé un jour pour les crimes commis. Il est autorisé à rester au Népal. Ses propriétés ont été nationalisées.

Le premier ministre Prachanda est l'objet d'un culte léger de la personnalité (on est très loin des pratiques pour une fois, bien connues des pays socialistes). C'est une erreur à corriger mais il faut aussi remettre ce culte dans le contexte du Népal: les masses très largement illettrées mettent dans le portrait d'un dirigeant, le programme politique qu'il représente, les idées qui les enthousiasment qu'elles ne peuvent lire...

La liberté d'expression est-elle respectée? Comment sont financés les médias au Népal?

Ils existent comme en France des médias appartenant à des groupes privées qui ont la liberté de dire de grosses conneries sans jamais être inquiétés. Tous ces médias privés appartiennent à la bourgeoisie qui ne cachent pas ses opinions anti-maoïstes et n'hésitent pas à mentir de façon éhontée. Il existe aussi des medias publiques qui affichent une relative « neutralité ».

Comment ça se fait que l'on sait rien en France sur ce qui s'est passé au Népal?

Tout d'abord, il n'y a pas lieu de s'étonner du black out médiatique de la part des médias détenus par la grande bourgeoisie, c'est plutôt logique. De plus, l'impérialisme français n'est pas inquiété directement pour ses intérêts particuliers.


Par contre, c'est vrai qu'il y a eu très peu de journaux militants qui ont parlé du Népal. Très peu ont salué la victoire du PCN(m) aux élections. Pourquoi? Ce n'est pas faute de leur avoir proposé des articles. Alternative Libertaire, Rouge... ont refusé. Ces organisations trotskystes ou anarchistes ont une idée préconçue du maoïsme et elles ne veulent simplement pas voir les avancées révolutionnaires au Népal parce qu'un parti maoïste est à l'avant-garde de cette révolution. La réalité concrète de la révolution népalaise choque leur conception du monde: ils ne peuvent tout simplement pas croire qu'il s'agit d'une révolution. C'est difficile de parler d'un phénomène qu'on est incapable d'expliquer. La facilité consiste à ignorer l'événement, qui concerne pourtant 26 millions de népalais. Le plus outrageant est cette absence d'informations d'une gauche qui se dit révolutionnaire. Les critiques, même peu constructives, ont au moins l'intérêt de soulever le problème et d'en faire connaître les tenants et aboutissants (même si l'info est biaisée).

Comment faites-vous pour assumer d'être maoïste quand il existe autant de préjugés à l'égard du maoïsme?

C'est vrai qu'il y a beaucoup de préjugés sur le maoïsme, mais nous assumons. Le travail de conviction est permanent pour combattre les idées fausses chez les gens. La lutte de classe n'a pas besoin d'un parti pour exister, mais par contre un parti regroupant tous les opprimés, dirigé par la classe ouvrière « seule classe révolutionnaire jusqu'au bout » est nécessaire pour vaincre définitivement la bourgeoisie. Où en serait la Révolution au Népal, dans un pays aussi « arriéré », s'il avait fallu attendre l'auto-organisation spontanée des masses? Flatter la spontanéité des masses est insuffisant, cela revient à accepter l'horizon indépassable du réformisme radical, de lutte pour la lutte.

La Commune, la Révolution d'Octobre, la Révolution Culturelle etc: ce sont autant de moments historiques qui ont apporté des réponses, de façon pratique puis théorique, à la classe ouvrière dans son combat pour l'émancipation. Et Mao a apporté lui aussi sa contribution au mouvement communiste international dans le domaine militaire, philosophique, politique...

Mais qu'est-ce que le maoïsme?

Voici ce qu'on entend par être maoïste:

1. La lutte des classes se poursuit sous le socialisme qui n'est qu'une transition extrêmement instable vers le communisme. Et dans ce cadre, c'est "reculer que d'être stationnaire".

2. Dans l'ex URSS, la classe ouvrière avait très tôt perdu le pouvoir (dans les années 30), et la société s'était transformée en Capitalisme d'Etat, ce qui justifiait une nouvelle révolution. Cela, les communistes chinois ont tenté de le comprendre et de l'empêcher avec la "Révolution Culturelle".

3. Les réformistes organisés (PS, PC, etc.) sont les représentants de la gestion capitaliste dans le mouvement ouvrier. Pour vaincre, il nous faudra les affronter et les battre, leur ralliement est impossible. Cela nous sépare irrémédiablement des courants trotskistes qui considèrent qu'ils "font partie du mouvement ouvrier", que ce sont des "amis qui se trompent".

4. Ce sont les masses qui font l'histoire, et personne ne la fera à leur place. D'où notre attention pour ses aspirations, ses contradictions, mais aussi ses erreurs et ses limites. C'est ce que nous appelons "la ligne de masse".

5. Pour autant, il n'y aura pas de révolutions sans parti d'avant-garde, parti communiste, pour indiquer la voie à suivre, car le bouleversement de fond en comble de la société ne peut pas apparaître tout seul, spontanément, à partir des règles économiques, idéologiques, politiques et sociales issues du capitalisme.
Cela nous distingue de tous les courants spontanéistes qui ne jurent que par le mouvement de masse…

6. Parmi les masses, la classe ouvrière est la "seule classe révolutionnaire jusqu'au bout".

7. "Sauf le pouvoir, tout est illusion" : à la différence des anarchistes ou des alternatifs, nous affirmons qu'il n'y aura jamais de société populaire sans prise du pouvoir d'Etat, pour diriger le difficile chemin de la transition au communisme.

Contacts pour rester informé ou s'organiser:

UNIVERSITE POPULAIRE DE NANTES : univpopulairenantes.cyberspider.info/
"Moins de phrases pompeuses, plus de travail simple au quotidien" Lénine
gui
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 152
Inscription: Mer Oct 04, 2006 10:42 am
Localisation: mtl-UQAM

Retourner vers Mouvement étudiant

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité