Youri a écrit:C'est assez réducteur de minimiser l'amour à un rush d'hormones. Pardonnez ma naïveté mais je crois fermement que cela va plus loin que la simple explication biologique.
Et pourtant, comme tout se passe dans le cerveau, on pourrait argumenter que c'est purement biologique... Par contre, tu as raison : l'amour n'est pas qu'une question d'hormones. Ce que je voulais dire, c'est que le sentiment d'euphorie qu'on ressent aux premiers temps de la relation est dû à la sécrétion d'endorphines. La sécrétion arrête après quelques années et c'est véritablement à ce moment que la solidité de la relation prend toute la place, alors que les hormones pouvaient compenser jusqu'à un certain point. C'est une des raisons pour lesquelles plusieurs couples chient après, justement, 3 ou 4 années.
Youri a écrit:Désolé, mais je croirai jusqu'à ma mort à son existence. Cela même si je passe à côté. (Soit-dit-en-passant, pas obligé d'avoir des enfants.)
D'accord pour les enfants : je caricaturais. Par contre, le Grand Amour est un mythe, le genre qu'on invente pour justifier la monogamie fermée... Ce qui est drôle, c'est qu'on continue d'y croire alors que la dernière figure du couple mythique remonte à Shakespeare, avec Roméo et Juliette. Les figures d'amoureux-ses qui ont émergé par la suite sont des solitaires : Don Juan, Valmont, Cyrano de Bergerac, le jeune Werther... Alors qu'avant, on a eu Ulysse et Pénélope, Abélard et Héloïse, Tristan et Iseut...
Pour ma part, je ne crois pas au Grand Amour : chaque relation est unique et se doit d'être considérée comme telle. Comme je suis un être unique, il est impossible que je tombe un jour sur ma parfaite contrepartie, qu'elle soit féminine ou masculine. Je pense qu'à ma mort, j'aurai eu un nombre somme toute assez restreint de relations de couple, mais toutes très significatives et enrichissantes.
Youri a écrit:L'essence de cette phrase visait à différencier ''baiser'' de ''faire l'amour'' en terme de degré d'implication.
D'accord avec toi alors.
Youri a écrit:Faux.
De un parce que c'est en effet en quantité illimité mais qu'une personne peut avoir un quota de déceptions amoureuses avant de ne tout simplement plus pouvoir aimer. Il y a une capacité à tenir compte.
De deux parce qu'une relation amoureuse est plus qu'une relation sociale. Pas jusqu'à aller à la transcendence mais tout de même ça dépasse la somme du connu.
1 : Mon avis, c'est que le fait de croire au Grand Amour peut t'amener plus que ton lot de déceptions amoureuses. Si tu t'attends à rencontre l'Autre avec un "a" capital à chaque que tu tombes amoureux, tu risques nécessairement d'être déçu. Pour ma part, mes passions sont moins dévorantes, mais j'en suis du coup moins déçu. Quand j'ai commencé à fréquenter ma copine, je n'avais pas vraiment d'attentes, je me suis dit que j'allais prendre ça un jour à la fois. Fait 4 ans et demi déjà... Le fait de ne pas l'idéaliser comme mon Ultime Partenaire me permet de vivre avec ses défauts. Je ne m'attends pas à la "réformer" non plus : le jour où notre relation sera plus un désagrément qu'une partie de plaisir, ce sera la fin, c'est tout. Et je pense que nous avons de bonnes chances de rester bons amis après (du moins j'espère), une fois la période post-rupture passée.
2: C'est une relation sociale auquel vient se greffer le module "procréation". La relation est salement plus intense qu'une simple relation amicale, j'en conviens, mais en même temps, ce n'est jamais qu'une autre relation interpersonnelle. Le côté quasi-transcendant dont tu parles, je l'attribue pour ma part aux endorphines des débuts de relation. Je ne sais pas quelles sont tes expériences amoureuses, mais pour ma part je constate que ma relation de couple est différente après 4 ans et demi : plutôt que d'être amoureux par-dessus la tête, je ressens attachement plus profond, "plus calme" disons. Pour parler en termes mécaniques, je dirais que nous avons atteint notre vitesse de croisière et que notre relation est bien rodée.
Je dois dire aussi que mes parents se sont séparés quand j'étais encore enfant. Je crois que ça m'a vacciné contre le Grand Amour. Si ma mère est restée célibataire depuis, mon père a eu plusieurs nouvelles compagnes, dont la dernière remonte à il y a 10 ans. Ils sont encore ensembles et se sont même mariés. Autrement dit, mon père aura eu deux relations très significatives dans sa vie. Ce n'est pas le Grand Amour, mais c'est tout de même très satisfaisant. Avec l'accroissement de la longévité à travers toutes les strates de la société, je crois que l'on va assister de plus en plus à ce genre de phénomène. Nous traversons plusieurs âges au cours de la vie, et nos intérêts, nos goûts, nos implications professionnelles et/ou politiques peuvent changer d'un âge à l'autre. Pourquoi pas nos relations, amoureuses ou non ?