Le voici donc sans plus attendre:
GRÈVE RECONDUITE
Franco Nuovo
Mercredi le 16 mars 2005
Journal de Monréal
Nouvelles: page 6
Un escalier, et encore un, et un de plus… C’était au 20e sous-sol. Peut-être pas le 20e, mais c’était au cœur de la terre, au gymnase, celui de je ne sais plus quelle fac de l’UQAM.
Il était plein d’étudiants, des centaines, plus de 600 au moins, tous membres de l’AFELLC (Association facultaire de lettres, langues et communication). Ils auraient pu être plus nombreux, c’est vrai, mais le gym était pratiquement plein. Tous assis par terre à écouter les interventions au micro, à discuter procédures et amendements, à appeler au point d’ordre, à brandir le petit carton jaune et à subir le ton autoritaire de Ilsa, la présidente de cette assemblée générale visant principalement à reconduire la grève.
[Suite:]
Je suis arrivée au moment où Éric Martin, le porte-parole de la l’AFELLC, parlait de la logique de marchandisation des services sociaux et qu’il réclamait l’appui de la population pour casser ce gouvernement. On le surnomme le Che, et ça ne doit pas lui déplaire, lui, le leader étudiant qui porte fièrement « l’uniforme » : casquette et veste d’armée kaki. Mais on est pas là pour parler mode.
Le mot idéologie a bien sûr dû être prononcé –ouf!- des dizaines de fois. Il a aussi été question de « violence ». Quelle violence ? Vous ne suivez vraiment pas. Le petit brouhaha de la semaine dernière qui a permis au ministre Fournier, au nom d’un stratégie ministérielle, de donner don cours de malhonnêteté 101, tout ça parce qu’une trentaine d’étudiants ont occupé un bureau, pondu quelques graffitis, empilé des chaises, le tout saupoudré d’un peu de brasse-camarade à l’arrivée de la police… C’est pas de la violence ça. Faut-il rappeler que c’est une grève étudiante, pas une balade au parc Lafontaine.
Je ne veux surtout pas jouer les anciens combattants, mais il y a eu des manifs qui ont déjà brassé pas mal plus. D’ailleurs, ça me fait penser, je n’avais pas remis les pieds dans une assemblée étudiante depuis la fin des années 1960 et le début de 1970. Ça m’a rappelé de bons souvenirs. Or, il me semble que ça rigolait pas mal plus à cette époque. Faut dire qu’à cette époque aussi, on était plus stone. Times they are a changin’ …
***
Après toutes ces considérations plutôt légères, sachez quand même que la grève a été votée pour une autre semaine, au moins, à une majorité fracassante contre une dizaine d’opposants et une seule petite abstention.
Pendant ce temps, le gouvernement est en train de plier sur le 103 millions et s’annonce prêt à négocier à rabais. Or, les étudiants ont raison, on ne négocie pas une erreur, on la corrige. On fait marche arrière. La place des soldes, c’est dans les grands magasins. Qu’on cesse de tergiverser. De l’argent, il doit bien y en avoir puisqu’on parle de baisser les impôts, qu’on compresse les ministères et les services sociaux et qu’on multiplie les idées pernicieuses pour saper le patrimoine social québécois. À l’heure qu’il est, on tricote pour le futur une société à deux pôles : les riches et les pauvres.
Sinon, que Québec change de discours. Si l’éducation est une priorité, que Jean Charest le démontre. Une coupure de 103 millions et une augmentation des frais de scolarité, ça ne veut pas dire qu’il y aurait moins d’étudiants aux études supérieures, mais plutôt que les plus modestes de la société y auront moins accès. Ce n’est pas le pays qu’on veut.
Comment le ministre Fournier et les siens ne comprennent-ils pas qu’il faut investir dans la société et le savoir si on veut assurer l’avenir de notre société vieillissante ? Pour la rajeunir, il faut faciliter la vie à cette jeunesse et créer pour elle un contexte favorable à son épanouissement, de manière à combler la carence démographique. Parce que des jeunes éduqués, plus épanouis créeront des familles.
En attendant, on fait exactement le contraire. On endette les jeunes. On les étrangle et on retarde leur véritable contribution à la société. On hypothèque leur avenir et, par le fait même, le nôtre.
Allez camarade Nuovo! Reviens avec nous mettre le feu au système, en chantant Bandiera Rossa, Molotov à la main, comme par le passé!
P.S: Y'a des gens de l'AFELLC ici? La présidente s'appelait vraiment Ilsa ou Franco la dépeint gentiement comme Ilsa aka "La Louve Nazie" pour exagérer sur son côté un peu autoritaire?