Guerre à la Guerre

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Guerre à la Guerre

Messagede Jevi006 le Mer Juin 20, 2007 5:12 pm

Opinion
Lettre à ma soeur militaire qui part en Afghanistan


Francis Dupuis-Déri, Professeur de science politique à l'UQAM et auteur de «L'éthique du vampire - Réflexions sur la guerre en Afghanistan et quelques horreurs similaires», paru dans la revue Argument


Édition du vendredi 15 juin 2007

Mots clés : armée canadienne, Forces armées, Afghanistan (Pays), Canada (Pays)

Le 22 juin, toi qui es capitaine dans l'armée canadienne, tu participeras dans la ville de Québec aux festivités du 22e régiment, basé à Valcartier, qui doit partir pour se mêler dès cet été à la guerre en Afghanistan. On vous aura dit que vous partez pour aider à consolider la paix (en faisant la guerre?) et protéger le peuple afghan (en occupant et en bombardant son territoire?) contre des combattants venus de l'étranger (et vous, d'où venez-vous?). Combien d'entre vous reviendront dans des cercueils ou avec des blessures et des handicaps physiques et psychologiques? Combien d'entre vous seront devenus des assassins?

En plus de politiciens voulant bien paraître dans les médias, des familles de plusieurs militaires assisteront aux festivités et à la parade du 22 juin pour exprimer leur «fierté» et leur appui à leur proche militaire. Je me rendrai moi aussi à Québec, mais pour manifester contre la présence de l'armée canadienne en Afghanistan. La coalition Guerre à la guerre (http://www.coalition-valcartier-2007.resist.ca) organise en effet une manifestation, et j'espère que nous serons nombreux à protester.

Une guerre injuste

Ma soeur, tu dois savoir que vous allez dans un pays profondément divisé par une guerre civile qui se poursuit depuis presque 30 ans. L'armée canadienne participe à cette guerre civile en prenant parti pour une faction, celle des dirigeants qui gouvernent aujourd'hui ce pays dont le nom officiel est «République islamique d'Afghanistan».

Bien sûr, l'ancien régime des talibans imposait son pouvoir de manière injuste et brutale, surtout pour les femmes. Mais selon le rapport 2007 d'Amnistie internationale, «des atteintes au droit international humanitaire et relatif aux droits humains ont été commises [en Afghanistan] en toute impunité par toutes les parties au conflit, que ce soit les forces de sécurité afghanes et internationales ou les talibans». L'armée canadienne commet de nombreux méfaits graves en Afghanistan, dont tuer des civils et remettre des prisonniers à des tortionnaires.

Les politiciens qui gouvernent aujourd'hui la République islamique d'Afghanistan et que l'armée canadienne protège contre leurs ennemis sont en grande majorité des chefs de milice qui ont perpétré des crimes de guerre: viols en masse de femmes, tortures et exécutions de combattants et de civils.

Selon une féministe afghane, le gouvernement est présentement contrôlé par des «misogynes, antidémocrates et réactionnaires» et par de «distingués trafiquants de drogue» (voir le site de l'Association révolutionnaire des femmes en Afghanistan: http://www.rawa.org). De plus, ces dirigeants sont profondément corrompus, détournant en toute impunité des millions de dollars destinés à l'aide humanitaire. Pourquoi l'armée canadienne devrait-elle se porter à la défense d'un tel régime?

Peut-être parce que le sang qui coule là-bas, le vôtre et celui de vos ennemis, a une grande valeur aux yeux des élites des États-Unis, ce voisin puissant et très influent du Canada. Peut-être aussi parce que des propriétaires et des actionnaires de compagnies de matériel militaire convertissent en millions de dollars chaque litre de sang qui coule, ce qui expliquerait tous ces contrats très rentables octroyés -- souvent sans appel d'offres -- par l'État canadien depuis le début de cette guerre pour de la quincaillerie meurtrière. Peut-être parce que des politiciens, dont le premier ministre du Canada, Stephen Harper, tirent un profit politique à visiter les militaires canadiens en Afghanistan, ce qui expliquerait qu'ils aiment s'y faire filmer et photographier par les médias.

Vous ne partez tout de même pas là-bas pour accroître la sécurité du Canada, les experts ayant convenu que les pays occidentaux engagés dans les guerres en Afghanistan et en Irak courent aujourd'hui plus de risques d'être la cible d'attentats, sans compter que les sommes englouties dans la guerre pourraient être investies plus adéquatement pour répondre aux vrais besoins de la population. Ni pour le bien des enfants afghans, que vous tuez parfois et dont vous devez bombarder le village et emprisonner ou tuer les parents pour leur construire des écoles. Ni pour les femmes afghanes, elles aussi victimes de la guerre et toujours opprimées par les politiciens que vous défendez.

En vertu de la loi actuellement en vigueur dans la République islamique d'Afghanistan, des femmes sont en prison simplement pour avoir parlé en public à un homme qui n'est pas leur époux ou un membre de leur famille, d'autres pour s'être sauvées du domicile de leur époux, ce qui est illégal pour une femme mariée. Et les femmes ayant eu une relation sexuelle hors mariage peuvent être lapidées, selon la loi (pour d'autres renseignements critiques sur la politique en Afghanistan, voir les sites du collectif Échec à la guerre [www.aqoci.qc.ca/ceg/] et Bloquez l'empire - Montréal [www.blocktheempire.blogspot.com]). C'est cet État que vous voulez défendre?

Refuser de participer à la guerre

Je viens de visionner le film Sir! No Sir!, un documentaire qui brosse le portrait des mouvements de milliers de militaires des États-Unis qui ont refusé de combattre au Vietnam dans les années 1960 et 1970. Dans une armée, rompre les rangs est un geste lourd de sens, qui implique un sentiment de trahison envers ses camarades... L'armée encourage cet esprit de corps, cette solidarité entre militaires, et méprise celles et ceux qui peuvent sembler manquer de courage.

Mais ne faut-il pas aussi du courage pour quitter une armée que des politiciens lancent dans une guerre injuste? Aujourd'hui encore, des militaires refusent de participer à la guerre en Afghanistan et en Irak ou en reviennent dégoûtés et quittent l'armée (ce qu'indique le site http://www.valcartier2007.ca).

Perry O'Brien, technicien médical de l'armée américaine en Afghanistan, a été choqué de voir défiler à la clinique de Kandahar «enfants mutilés, civils traumatisés, soldats morts». Il est devenu objecteur de conscience quand il a appris que cette guerre tuait plusieurs milliers de civils par année. Katherine Jashinski, membre de la Garde nationale au Texas, a refusé d'être envoyée au Moyen-Orient et a dit: «Mon obligation morale envers moi-même et envers le monde était plus importante que n'importe quel contrat que j'aurais pu signer.»

Ivan Brobeck, un Marine des États-Unis, a quitté l'armée après une mission en Irak. Il a expliqué: «En Irak, je me suis trouvé à faire partie du problème plutôt que de la solution. J'étais le problème d'une ville ordinaire, dans la vie de gens ordinaires [...]. Tous ces insurgés, comme on les appelle, ce ne sont pas des insurgés. Ce sont des gens qui n'ont plus rien. Il y avait cet homme qui était en colère parce que nous avions tué sa famille. [...] Il voulait une revanche, j'imagine. Cet homme n'est pas un insurgé, il est tout simplement désespéré.»

Et toi et tes frères et soeurs d'armes, ne seriez-vous pas des insurgés -- des résistants -- si l'armée afghane occupait une partie du Canada, bombardait ses maisons et emprisonnait et tuait ses habitants?

Ma soeur, après avoir visionné le film Sir! No Sir!, encore ému par tous ces témoignages d'objecteurs de conscience et par ces images d'archives où on les voit s'organiser et manifester contre la guerre, je me suis mis à rêver que tu quittais l'armée toi aussi et que nous marchions ensemble à Québec le 22 juin, contre la guerre. Parce que cette guerre canadienne est injuste; parce que je t'aime.




Opinion


Réponse à mon frère qui s'oppose à mon déploiement en Afghanistan

Catherine Déri, Officier logistique au sein des Forces canadiennes

Édition du mercredi 20 juin 2007

Mots clés : Forces canadiennes, soldats, Francis Dupuis-Déri, Forces armées, Afghanistan (Pays), Canada (Pays)

Ce texte constitue une réplique à la «Lettre à ma soeur militaire qui part en Afghanistan», publiée dans Le Devoir du 15 juin dernier sous la plume de Francis Dupuis-Déri,frère du capitaine Catherine Déri.

Vendredi passé, tu as publié une lettre m'étant adressée et exposant tes arguments contre l'implication militaire canadienne en Afghanistan. Certains croiront que ta missive m'atteint personnellement ou que tu te sers de ta soeur pour «sensationnaliser» ton message. Moi, je comprends que c'est plutôt la décision politique que tu remets en question sans viser les soldats directement -- quoique tu souhaiterais qu'ils prennent davantage position sur le sujet. Il t'est déjà arrivé de contester ouvertement des décisions. Par contre, celle-ci a un impact direct sur ta vie personnelle puisque moi, ta soeur, je ferai partie des 2500 militaires canadiens qui se déploieront cet été dans ce pays qui a vécu des décennies d'instabilité.

Les valeurs canadiennes

Je respecte la passion que tu démontres pour tes convictions et je t'encourage à faire plein usage du principe de liberté d'expression pour les communiquer. Cet acte démocratique est une des valeurs chéries par la population canadienne. C'est une liberté fondamentale qu'on souhaite à tous les habitants des pays où les membres des Forces canadiennes sont déployés. Nos soldats ont toujours participé à l'effort global de stabilisation et sont reconnus à travers le monde comme des militaires d'une grande compétence. Je suis fière de faire partie de cette équipe, et c'est un honneur pour moi que d'être sélectionnée pour des missions outre-mer.

Tu te demandes pourquoi je m'en vais en Afghanistan. J'y vais parce que j'y ai été invitée par les Afghans! Le Canada fournit des troupes, comme le font aussi 36 autres pays, dans le cadre d'une mission autorisée par les Nations unies. Toutes nos opérations ont lieu avec le consentement du gouvernement afghan. Ce gouvernement, maintenant constitué d'hommes et de femmes, comporte selon moi une majorité d'individus dont les intentions sont nobles. Les personnes d'influence qui émergent des pays en guerre n'ont certes pas toujours un passé reluisant, mais nous unissons nos efforts avec les leaders en place qui désirent la même chose que nous: permettre au peuple afghan d'aspirer à un avenir meilleur.

Tu veux savoir si je suis obligée d'y aller ou si je suis volontaire. Le port de l'uniforme est un engagement à la fois professionnel et personnel, manifesté par un profond désir de participer à toute la gamme d'opérations, au pays comme à l'étranger. Ceux qui ne sont pas volontaires ont toujours l'option de choisir une autre profession que celle de militaire. Les exemples de soldats refusant de s'impliquer que tu fournis dans ton article sont tous des cas de l'armée américaine. Je ne connais aucun militaire canadien assumant des fonctions à temps plein ayant décidé de quitter l'organisation pour devenir objecteur de conscience.

Que faire pour aider l'Afghanistan?

Te souviens-tu quand nous étions tout petits? Tu jouais à conquérir le monde avec tes soldats en plastique pendant que je dessinais mes rêves sur la porte du frigo. Trente ans plus tard, je porte un uniforme militaire et tu illustres tes espoirs dans les médias. Ma profession me permet de contribuer activement à la réalisation de mes rêves et des tiens en m'impliquant pour aider les peuples en détresse. L'Afghanistan a vécu très peu de périodes d'accalmie mais regorge d'hommes, de femmes et d'enfants qui partagent les mêmes espoirs que nous. En tant que professeur de science politique, dis-moi donc comment on peut venir en aide aux pays disloqués de l'intérieur? Combien de politiciens ont songé au sort de l'Afghanistan et à sa valeur stratégique sans pour autant que l'avenir des Afghans ne s'améliore? Voilà ma chance, comme pour mes 7500 confrères qui m'ont précédée, de faire quelque chose de concret pour aider ces gens à fonder des bases solides en matière de sécurité, de gouverne et de développement.

Contrairement à ce que tu laisses entendre, les progrès sont palpables en Afghanistan. Parfois, on peut douter de la transformation, préférant plutôt se concentrer sur les incidents sanglants qui attirent les médias. Toutefois, sur le terrain, des réalisations se matérialisent chaque jour. Dans ce pays complètement détruit par la guerre, on mesure les progrès un pas à la fois. Notre mission sera de longue haleine, et il nous arrive de connaître des revers, mais les exemples suivants sont très encourageants.

Dix aéroports régionaux et nationaux ont été remis en service; 83 % de la population a maintenant accès à des services de santé; plus de cinq millions d'enfants (dont un tiers de filles) fréquentent à nouveau l'école; plus de 1000 écoles ont été construites et emploient 45 000 professeurs qualifiés; des femmes siègent aux comités de développement communautaire de 17 000 villages; 52 % des routes ont été asphaltées et 82 % du réseau routier est ouvert au trafic; un million de mines antipersonnel ou antichar ont été détruites; des milliers d'arbres ont été plantés à Kandahar afin de redonner vie à cette ville; l'armée et la police afghanes ont des effectifs de plus de 80 000 personnes.

Je me demande quel serait l'impact du retrait de nos troupes sur le progrès déjà entamé. Je veux faire partie de ces réalisations et j'espère que mon espoir sera contagieux. Les réalisations canadiennes se retrouvent au site suivant: http://geo.international.gc.ca/cip-pic/ ... nu-fr.aspx.

Et les talibans dans tout ça? Les soldats canadiens se trouvent dans la région la plus troublée de l'Afghanistan. La difficulté d'instaurer la sécurité dans la province de Kandahar est un défi de taille. Nos soldats ont donc été impliqués dans des opérations de combat contre ce groupe extrémiste qui menace grandement les efforts de stabilisation. Sache que nos opérations respectent les conventions internationales et les lois du droit des conflits armés. Nous ne sommes pas en Afghanistan pour tuer des talibans mais bien pour sécuriser la région afin de permettre la reconstruction des infrastructures et des institutions et de redonner à la population la possibilité de rêver.

Les sujets tabous

Tu as peur pour moi et tu t'inquiéteras quand je serai loin d'ici. Qu'est-ce qu'une petite soeur peut bien dire à son grand frère pour le rassurer? Moi aussi, j'ai peur, et mes confrères aussi, mais ça ne nous empêche pas d'agir. Cette crainte est saine, c'est ce qui me gardera alerte pour prendre la bonne décision au bon moment. Nous nous entraînons depuis six mois pour cette mission. Les volets physiques, psychologiques et techniques ont été abordés dans notre préparation. Je me déploierai avec des camarades d'expérience sur qui je peux compter. Mais malgré tout cet entraînement et le meilleur équipement de protection, il est évident que certains risques ne peuvent être évités. C'est le triste sort qui a été réservé aux 57 militaires qui ont perdu la vie en Afghanistan depuis 2002.

On dit que le fait d'aborder la mort entre nous est un sujet tabou; moi, je crois que c'est une réalité avec laquelle tout soldat doit composer. Il n'y a rien au monde qui puisse justifier la perte d'une soeur pour un frère ou d'un enfant pour un parent. Mais si le pire devait m'arriver, comprends que je me serai assoupie en faisant ce que j'aime. Pour reprendre les paroles de la mère du caporal Shane Keating: «Un homme qui est prêt à sacrifier sa vie pour une cause est un homme extraordinaire.» Au cours de la prochaine année, il y aura 2500 militaires qui voudront faire 2500 actes de bonté pendant leur séjour en Afghanistan. Nous voulons tous faire la différence à notre façon pour «aider les Afghans à s'aider eux-mêmes».

Le soutien de la population

Les implications internationales de nos soldats canadiens sont des contributions qui méritent la reconnaissance de la population. Nous ne pouvons pas passer à travers cette épreuve professionnelle sans le soutien de nos familles et de nos amis. Quoi que tu penses des intérêts sous-jacents à cette mission et de l'ampleur de l'injustice de la situation, j'ai besoin de ton soutien moral. C'est cet appui qui permet au soldat de marcher un kilomètre de plus quand il est épuisé, de garder son sang-froid devant un frère d'armes qui s'écroule ou de faire preuve d'humanité dans des circonstances dangereuses. Lors de moments difficiles, et j'ai la certitude qu'il y en aura, j'aurai aussi besoin de ton appui, mon frère.

Je te saluerai à Québec le 22 juin prochain alors que je défilerai devant toi avec mes confrères militaires et que tu manifesteras contre cet événement en regardant passer la parade. Même si nous sommes dans des camps opposés, je sais que le lien qui nous unit est plus fort que ces divergences d'opinion. Je le sais parce que tu as eu le courage de publier une lettre dans les journaux pour m'exprimer tes pensées; je le sais parce que, dans le fond, nous rêvons tous les deux à la paix mondiale; mais surtout, je le sais simplement parce que moi aussi, je t'aime.
Geneviève Gariépy, étudiante à l'UQAM.

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Messagede Rose le Sam Juin 23, 2007 9:21 am

J'aime beaucoup la réponse de sa soeur.
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Messagede Antoine le Sam Juin 23, 2007 11:05 am

connerie de militaire.


Je n'en peu plus de lire des putins d'article résolument pro-soldat dans les journaux depuis quelques jours. C'est fascinant par contre de voir combien de personnes sont ignorantes des réalités géopolitiques derrière l'intervention de l'OTAN en Afghanistan. Le peuple est ignore et se laisser berner par des discours simplistes. C'est une honte en soi et décourageant à lire.
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Messagede Superdude le Sam Juin 23, 2007 8:54 pm

Antoine a écrit:connerie de militaire.


Je n'en peu plus de lire des putins d'article résolument pro-soldat dans les journaux depuis quelques jours. C'est fascinant par contre de voir combien de personnes sont ignorantes des réalités géopolitiques derrière l'intervention de l'OTAN en Afghanistan. Le peuple est ignore et se laisser berner par des discours simplistes. C'est une honte en soi et décourageant à lire.
tu as de quoi contre les soldats???
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Messagede Rose le Dim Juin 24, 2007 12:24 am

Tu sais, c'est pas parce qu'on appui nos soldat qu'on est nécessairement ignorante des réalités géopolitiques. Et si t'en peu plus de lire des articles...ben lit les pas ! Pas besoin de te rendre malheureux avec ca...
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Messagede Tsunami Dan le Dim Juin 24, 2007 1:20 pm

Je reviens de Québec dans le cadre de la St-Jean et si vous trouvez que la propagande entourant le départ des soldats Québécois est franchement étoufante, vous ne devriez pas lire le journal de Québec et sa couverture du défilé parce que votre tête va exploser.

C'est vrai qu'elle est cute la lettre de sa soeur. Mais comme disait un blogueur bien connu, s'il y avait eu des trucs que l'armée n'aimait pas dans la lettre, elle n'aurait pas été "autorisé".

Il y a des jours ou je ne suis pas totalement fixé sur la campagne militaire en Afghanistan, mais une chose est sure: je vomis a chaque fois que j'entend une source gouvernementale X amalgamer les mots Défense, Valeurs et Canadiennes. C'est une tactique vieille comme le monde que de partir en guerre sous le couvert de la "défense de XYZ". C'est noble, sexy et coquet.
Are we enemies of the state?
Or idealist bourgeoisie?

-NOFX

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Messagede L.-P. le Dim Juin 24, 2007 2:09 pm

Ben oui... voyons donc! Le gentil Canada part en Afghanistan pour rétablir l'ordre politique là-bas. C'est très altruiste de la part du Canada et je dis qu'on devrait les laisser dépenser des milliards de dollars à même les poches des contribuables canadiens et canadiennes pour ça.

Quel argument boboche qu'est l'altruisme! Je veux dire... Jusqu'à maintenant, qu'est-ce que le Canada a fait pour le Darfour? Qu'est-ce qu'il a fait lors du génocide au Rwanda? À part les intérêts de quelques corporations canadiennes (sûrement TRÈS existants au Darfour et au Rwanda), qu'est-ce qu'il y a d'autre qui pourrait justifier cette guerre-là?

On m'a dit que la mission était sanctionnée par l'ONU. À moins que je me trompe, est-ce qu'on fait pas allusion à l'espèce de conseil à l'ONU composé de 5 pays (dont les États-Unis)?

La lettre de la soeur du dude... Je trouve qu'elle jouait légèrement sur le patriotisme et sur les sentiments. Quoi de mieux pour légitimiser cette guerre?

Les valeurs canadiennes

Je respecte la passion que tu démontres pour tes convictions et je t'encourage à faire plein usage du principe de liberté d'expression pour les communiquer. Cet acte démocratique est une des valeurs chéries par la population canadienne. C'est une liberté fondamentale qu'on souhaite à tous les habitants des pays où les membres des Forces canadiennes sont déployés. Nos soldats ont toujours participé à l'effort global de stabilisation et sont reconnus à travers le monde comme des militaires d'une grande compétence. Je suis fière de faire partie de cette équipe, et c'est un honneur pour moi que d'être sélectionnée pour des missions outre-mer.

Les implications internationales de nos soldats canadiens sont des contributions qui méritent la reconnaissance de la population. Nous ne pouvons pas passer à travers cette épreuve professionnelle sans le soutien de nos familles et de nos amis.


Ô Canada... terre de nos aïeux
Ton front est ceint de fleurons glorieux(?)

Je te saluerai à Québec le 22 juin prochain alors que je défilerai devant toi avec mes confrères militaires et que tu manifesteras contre cet événement en regardant passer la parade. Même si nous sommes dans des camps opposés, je sais que le lien qui nous unit est plus fort que ces divergences d'opinion. Je le sais parce que tu as eu le courage de publier une lettre dans les journaux pour m'exprimer tes pensées; je le sais parce que, dans le fond, nous rêvons tous les deux à la paix mondiale; mais surtout, je le sais simplement parce que moi aussi, je t'aime.


Que c'est donc cute!




Il y avait ça aussi qui m'avait choqué:
Sache que nos opérations respectent les conventions internationales et les lois du droit des conflits armés.


on m'a tellement souvent balancé un argument semblable. Tuer quelqu'unE, ça reste tuer quelqu'unE, même s'il y a des espèces de lois autour. D'ailleurs... le concept même de «crime de guerre» m'échappe. C'est, pour moi, un pléonasme.

D'ailleurs, un illustre réac à FX m'avait déjà dit quelque chose qui ressemblait à ça: «la guerre... c'est pu pareil comme dans le temps avec les haches rouillées. Aujourd'hui, on a des outils plus développés qui visent mieux».
Quoi dire d'autre que: ARK!! Tuer, même avec des bébelles sophistiquées, ça reste tuer!

J'avoue que la lettre du gars joue aussi un peu sur les sentiments, mais reste qu'elle joue moins sur le patriotisme crasse.
Hell-Pea de FX

J'écris ici en mon nom personnel.
Bien que j'écrive sur le forum de l'ASSÉ, les opinions que je véhicule ne sont pas celles de l'ASSÉ et encore moins celles de mon Association étudiante, mais bien les miennes.
L.-P.
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Messagede Le gros Réal le Dim Juin 24, 2007 3:24 pm

Euh... moi mon idée n'est pas faite sur cette intervention, mais de dire que c'est pas bien parce qu'il y a d'autres problèmes ailleurs et qu'on n'est pas intervenus, ça ne me semble pas très fort comme argument. C'est quand même évident que l'armée canadienne n'a pas les moyens humains, matériels et financiers pour être présente partout où il y a des conflits dans le monde.

Une chronique intéressante de Gil Courtemanche sur le sujet, qu'on peut difficilement soupçonner d'être le laquais de Georges W. Bush :

http://www.ledevoir.com/2007/06/23/148387.htm

Gil Courtemanche, Le Devoir a écrit:Pour Zakia Zaki

Gil Courtemanche
Édition du samedi 23 et du dimanche 24 juin 2007

Mots clés : intervention, Zakia Zaki, Parti politique, Forces armées, Canada (Pays), Afghanistan (Pays)

Lors de la rentrée parlementaire à Ottawa, la troublante question de la présence canadienne en Afghanistan constituera, avec l'environnement, le principal cheval de bataille des trois partis d'opposition. Et au rythme où on compte les victimes canadiennes, on peut deviner que le débat deviendra de plus en plus émotif, en particulier au Québec, puisque ce sont des soldats de Valcartier qui seront en poste à ce moment. Avant de prendre position, il faut se poser honnêtement et froidement certaines questions.

Une grande partie de l'opposition à la présence canadienne, en particulier au Québec, est motivée par l'antiaméricanisme et non pas par les composantes de la mission elle-même. On ne pourra jamais m'accuser d'être un fan de George W. Bush et un hagiographe de la politique étrangère américaine, mais il me paraît simpliste et puéril de vouloir retirer nos troupes sous prétexte que leur présence plaît à George W. Bush et qu'elle s'inscrit dans une politique d'intervention qui a été voulue par les Américains. Dans ce cas, la question qu'il faut poser est tout simplement celle-ci: devons-nous, par principe, nous opposer à tout ce que les États-Unis proposent ou entreprennent, voire à toute initiative qui contribue directement ou indirectement à des objectifs poursuivis par nos voisins? On pourrait se demander par exemple si l'intervention américaine en Haïti a été justifiée et quelle serait la situation aujourd'hui dans ce pays si Washington s'était croisé les bras. Ou encore: devrions-nous nous opposer à la reprise de l'aide à l'Autorité palestinienne parce que les Américains jugent aujourd'hui que c'est souhaitable? Et que font en Afghanistan tous ces pays qui, comme la France et le Canada, se sont opposés à la guerre en Irak? Quels intérêts y poursuivent-ils? Quelle est la justification politique ou morale de leur présence?

Le deuxième piège dans ce débat est celui des résultats. Une bonne partie de l'opposition tient non seulement au nombre de victimes canadiennes mais aussi au fait que la mission, après six ans, n'a pas rempli ses objectifs de stabilisation, de démocratisation et de développement. À n'en pas douter, le pays du président Karzaï est toujours un effroyable bordel. La corruption y règne encore, les seigneurs de la guerre terrorisent et exploitent encore, le système de justice est encore inadéquat et la burqa voile encore le visage de la majorité des Afghanes. Donc, comme les Américains l'ont fait en Somalie, faut-il plier bagage parce que les morts s'additionnent et que la paix n'est pas revenue? Ou faut-il réorienter la mission, modifier les manières de faire, renforcer l'aspect humanitaire et la politique de développement? Est-il suffisant de dire que nous nous sommes souvent trompés et donc qu'il est préférable d'abandonner? Ce qu'il faut se demander, ce n'est pas si nous avons réussi mais plutôt si l'objectif de renverser les talibans, de traquer Ben Laden et de construire un pays plus stable et plus démocratique constituait un objectif juste et souhaitable. Si c'était le cas au départ, pourquoi ne serait-ce toujours pas le cas aujourd'hui? Comment un retrait des forces de l'OTAN contribuerait-il à la poursuite de cet objectif? On peut poser le problème autrement et se demander quelle serait la situation aujourd'hui si le régime du mollah Omar était toujours en place. Les Afghans et les Afghanes seraient-ils plus heureux?

D'une manière plus générale, il faut aussi se demander si nous croyons à un des premiers objectifs de l'intervention, c'est-à-dire la lutte contre le terrorisme international. Il est facile de comprendre pourquoi les États-Unis, la Grande-Bretagne et beaucoup de pays européens adhèrent à ce combat dont ils ont été victimes. Les citoyens canadiens, en ce domaine comme en beaucoup d'autres, vivent en marge de cette préoccupation. Puisqu'il semble que notre pays soit à l'abri, du moins jusqu'à maintenant, doit-on considérer cette lutte comme le combat des autres et nous satisfaire de notre bonheur isolé? On peut résumer ce problème autrement en se demandant quelle place le Canada souhaite occuper dans des enjeux internationaux cruciaux qui semblent ne pas avoir de conséquences immédiates sur nos vies et notre prospérité.

Au bout du compte, les questions fondamentales qu'il faut se poser sont celles-ci: que se passerait-il si tous les pays présents en Afghanistan retiraient leur contingent militaire et limitaient leur contribution à une aide humanitaire? Les enseignants qui parviennent aujourd'hui à enseigner à des filles pourraient-ils encore le faire? Les femmes qui souhaitent faire seules leurs courses à Kaboul pourraient-elles aller acheter leurs légumes sans trop craindre de représailles? Le chômage serait-il plus élevé ou moins élevé? Les humanitaires sans protection militaire pourraient-ils s'adonner à leur travail de développement et d'aide? Y aurait-il plus de justice ou moins de justice, plus de pavot ou moins de pavot et, finalement, plus de liberté ou moins de liberté?

La lecture du texte publié dans Le Devoir d'hier, intitulé «Hommage à Zakia Zaki», vous aidera peut-être à répondre à cette question fondamentale et angoissante. Zakia Zaki était une journaliste brillante de 35 ans, une mère de famille heureuse et une femme exceptionnelle. Elle a été assassinée le 6 juin par des commandos islamistes. Finalement, la question est brutalement simple: si nous partons, y aura-t-il plus ou moins de Zakia Zaki?
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Messagede Philb le Dim Juin 24, 2007 4:50 pm

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis Officier dans la réserve des Forces Canadiennes, je suis donc plutôt au courant des procédures de sorties dans les médias des forces. Je peu donc vous assurez que comme a dit Tsunami Dan, cette lettre n'aurait jamais été "autorisé" si l'armée aurait trouvé quelque chose qu'elle n'aime pas dedans. J'irais même jusqu'à dire que cette Officier de logistique n'a jamais écrit cette lettre. En effet, il existe un metier dans les forces que l'on nomme les opérations psychologiques(Psyops) leur métier consiste en gros à faire de la desinformation et de la propagande pour le compte des forces. Il est donc je dirais plus plus plus plus que probable que cette lettre provienne directement des Psyops et que la fameuse Catherine Deri n'ai été mise au courant qu'après la parution, c'est une pratique courante du régiment des opérations psychologique.

Bref, c'est de la merde cette lettre, elle est faites pour que les gens s'identifie à la situation soeur-frère et qu'ils en soient touché.
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Messagede Adam P. le Dim Juin 24, 2007 9:07 pm

Si vous écoutez radio-canada à 95,1, il a eu environ une heure de débat sur la guerre en afghanistan et c'était vraiment bien. Francis a été invité à débattre avec des gens pro guerres. Les arguments étaient que nous devions libérés les femmes et libérés se peuples des talibans. Il y a eu des interventions qui expliquaient que les canadiens étaient là pour des raisons économiques. Les américaines veulent contruire un oléoduque qui traverserait du nord au sud de l'afghanistan. Ils sont là pour le pétrole et arrêter de croire que l'armée est là pour sauver les femmes. Le régime en place est aussi pire que les talibans. Annyway, nous sommes qui nous pour imposer notre régime supposément démocratique. Personnelement, je crois qu'on devrait les laisser tranquille et utiliser l'argent investit dans des choses plus importantes comme l'éducation et les services sociaux.
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Messagede fleurdelys le Mar Juin 26, 2007 11:56 am

Lettre à Catherine Déri et aux militaires québécois qui s'en vont occuper l'Afghanistan

Anabelle Berkani, Étudiante au baccalauréat en Science politique à l'UQAM

Chère Catherine, chers soldats de Valcartier, Comme toi, comme vous, j'ai un frère, j'ai une soeur, que j'aime.

Seulement, il est impossible pour moi d'imaginer que l'un ou l'autre puisse un jour partir servir de chair à canon, parce que comme eux -- merci papa, merci maman -- on m'a appris que rien de bon ne peut jamais sortir de la gueule d'un fusil.

Mon père est Algérien. Né en 1932, il a connu l'occupation française. Forcé de faire son service militaire en France, il a combattu pour son colonisateur en Indochine, jusque-là tout va, puis en Algérie, contre ses frères, imaginez... C'est à ce moment, je crois, qu'il a compris l'horreur de toute entreprise militaire. Il a déserté. Jamais il n'a pu me raconter ces années passer à se battre et à tuer sans pleurer.

Des petits soldats qui font la sale «business», comme il dit de ceux qui soi-disant représentent le peuple. À moi, à ma soeur et à mon frère, au lieu de nous apprendre l'amour d'Allah, d'un pays ou de l'argent, il nous a appris l'amour de la paix.

Depuis toujours, on justifie la guerre. Au nom de la colonisation, de la décolonisation, de territoires, de frontières, de la démocratie, du libéralisme, du communisme, du capitalisme, du néolibéralisme, de la religion, alouette! Depuis toujours les dirigeants de partout ont fait preuve d'une ingéniosité cruelle pour envoyer des humains tuer d'autres humains.

Le peuple afghan en sait quelque chose. Il y a quelque chose de schizophrénique en effet dans l'attitude actuelle des États-Unis. Ils ont convaincu l'ONU et 37 pays «amis» d'aller combattre un ennemi, les talibans, ennemi qu'ils ont pourtant financé et soutenu pendant des années... Oubliez-vous, chers soldats, qu'entre 1979 et 1989, les talibans ont propagé leur idéologie islamiste avec le soutien moral et financier des États-Unis?

Ainsi, pendant ces années, des millions d'Afghans ont étudié dans les écoles coraniques, les fameuses madrasas, «financed in the USA», qui en plus d'enseigner le Coran, fournissaient un entraînement militaire et enseignaient la fabrication de bombe. Ces madrasas, vous les détruisez aujourd'hui à coup de bombes «made in USA».

Vous qui allez combattre ces talibans aujourd'hui, ne trouvez-vous pas ce revirement de situation quelque peu bizarre? Cet état de guerre perpétuel, qui fait que l'on passe presque naturellement d'ennemi en ennemi, et ce, depuis presque toujours, ne vous semble-il pas discutable? Cet engrenage millénaire de la violence, vous le perpétuez en partant pour l'Afghanistan.

Les talibans sont l'ennemi des États-Unis, ils ne sont pas l'ennemi du peuple afghan. Ne vois-tu pas Catherine, et vous soldats, comment le cycle se perpétue? Les États-Unis sont aujourd'hui l'ennemi du peuple afghan. Aux yeux de la majorité des Afghans, vous êtes l'occupant. Là-bas, vous ne serez pas les sauveurs, vous serez l'ennemi. On ne veut pas de vous là-bas et, pour cette raison, il est presque impossible que vous y accomplissiez quoi que ce soit de durable et de solide.

Pour te convaincre, toi Catherine, vous soldats québécois, et convaincre ceux qui financent ta mission, ainsi que moi et tous les Canadiens, on nous dit que vous allez reconstruire. On vous envoie détruire, combattre et peut-être mourir, mais on vous dit que vous aller apporter la démocratie et la paix. On dépense des sommes indécentes pour vous armer et vous protéger, toi et tes compatriotes, tandis que là-bas, on crève de faim.

Tu dis avoir été invitée par les Afghans. Il suffit, comme le suggère ton frère, d'aller faire une visite sur le site Internet de RAWA (http://www.rawa.org) pour voir de quels Afghans il s'agit. Si tu veux croire que les intentions de ces Afghans qui constituent le nouveau «gouvernement» sont nobles, il va te falloir fermer les yeux et te boucher les oreilles très fort lors de ton séjour là-bas. Il faudra que tu détournes le regard lorsque tu passeras devant les palaces fraîchement construits et occupés par cette «majorité d'individus dont les intentions sont nobles» tandis que juste à côté des enfants par centaines mendient ou «récupèrent» les «objets de valeur» dans les dépotoirs.

Entre 2001 et 2005, les États-Unis ont donné 5 milliards de dollars d'aide au gouvernement afghan. La présence militaire américaine en Afghanistan coûte 1 milliard par mois. Au Canada, le budget militaire annuel est de 12,4 milliards, celui de l'aide internationale au développement de 3,1 milliards. Si l'effort allié de reconstruction et de développement était sincère, ces chiffres seraient inversés. Point à la ligne. Tout autre argument justifiant ces chiffres honteux devrait être considéré comme douteux en partant.

La démocratie ne s'impose pas. Les droits de l'homme, les droits des femmes, doivent naître d'eux-mêmes. La démocratie, c'est quelque chose qui émane naturellement d'une société quand elle est prête. La démocratie c'est aussi peut-être quelque chose de purement occidental. Les peuples moyen-orientaux, si on peut finir par les laisser tranquilles, feront eux aussi un jour leur révolution tranquille, mais ce sera selon leurs termes, en respect de leurs cultures respectives. La femme ira à l'école quand la société toute entière aura décidé qu'elle pourra aller à l'école. Pas parce qu'une patrouille occidentale armée jusqu'aux dents l'y accompagnera tous les matins.

Je [suis allée moi aussi] manifester pour la paix à Québec. Je vous [ai regardés] passer, vous soldats, et je [me suis amusée] à calculer combien vaut l'équipement militaire que vous [avez exhibé] fièrement dans les rue de Québec. J'[ai essayé] de calculer combien d'enfants afghans on peut nourrir pour le prix d'un seul de vos beaux fusils. Et j'[ai eu] la larme à l'oeil en pensant que j'ai payé malgré moi une partie de ce fusil maudit...

Source: http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148501.html
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Messagede fleurdelys le Mer Juin 27, 2007 9:59 am

L’armée canadienne en Afghanistan: mission guerrière ou humanitaire?

Francis Dupuis-Déri, Professeur de science politique à l’UQAM. Auteur de l’article «L’éthique du vampire: réflexions sur la guerre en Afghanistan et quelques horreurs similaires… », publié dans la revue Argument

Édition du mercredi 27 juin 2007

Les mots, en politique, sont des armes de combat: ils servent à fouetter le moral des partisans ou à miner la crédibilité des adversaires et à tuer la pensée critique. Le socialiste non orthodoxe George Orwell est bien connu pour avoir dévoilé la mécanique de la propagande politicienne dans ses romans et ses essais. «La guerre, c’est la paix!» est un slogan qu’il a proposé dans son célèbre roman 1984 pour évoquer le travail de manipulation des mots dans le régime totalitaire dirigé par Big Brother.
Dans le langage de Big Brother, un chat est un chien. Orwell s’inspirait bien sûr des véritables discours de justification des guerres de son époque, soit la première moitié du XXe siècle. Chaque camp prétendait tuer des gens et bombarder des villes au nom de la paix et de la justice. Qui, en effet, déclarerait publiquement mener une guerre sale, injuste et sanguinaire? Les choses, finalement, ont bien peu changé.

Étrange face-à-face
dans les rues de Québec

Le 22 juin 2007, l’armée canadienne organisait — sans doute à la demande du ministère de la «Défense» (bel euphémisme) — des festivités au Centre des congrès de Québec et une parade militaire dans les rues de la ville pour souligner le départ des troupes vers l’Afghanistan. «Vous êtes le bras agissant du pacifisme des Québécois», a déclaré le premier ministre du Québec, Jean Charest, à l’intention des soldats qui partiront bientôt faire la guerre en Afghanistan. Les propagandistes de Big Brother auraient certainement apprécié.

Au même moment, une manifestation antiguerre se déroulait dans les rues de Québec pour dénoncer cette sinistre mise en scène militariste et l’engagement du Canada dans cette guerre injuste. Dans son texte paru dans l’édition du jour, un éditorialiste d’un quotidien montréalais avait dénoncé à l’avance «l’assaut des pacifistes guerriers» contre la parade militaire. Le lendemain, un chroniqueur du Journal de Québec enfonçait le clou en déclarant qu’«il n’y pas plus agressif que des pacifistes». Un chat est un chien. Le fait que les activistes antiguerre, dont les médias craignaient mais espéraient la «violence», n’aient fait que défiler en scandant des slogans n’y a rien changé… Orwell est mort, mais Big Brother nous parle encore, et toujours avec la même belle logique illogique.

Pour la Coalition pour la paix et la coalition Guerre à la guerre, qui coordonnaient la manifestation à Québec, la guerre en Afghanistan est menée pour servir les intérêts des élites, que ce soit les politiciens et les industriels de l’armement en Occident ou des dirigeants afghans sanguinaires, misogynes et corrompus, au détriment des simples soldats qui servent de chair à canon. Cette attitude critique des mouvements antiguerre est peut-être «conformiste, banale, connue et documentée», pour reprendre les durs mots de l’éditorialiste montréalais, voire «naïve et simpliste», selon un participant à une tribune téléphonique radiophonique, mais elle a l’immense avantage d’appeler un chat un chat: «La guerre, c’est la guerre.»

Manifester en terrain miné

L’idée retenue de manifester parallèlement à la parade militaire a été reçue par un tir de barrage. Les critiques affirmaient que les activistes pouvaient bien s’opposer à la guerre mais qu’il importait d’exprimer du respect pour le courage des soldats et de leurs familles. En bref, il était conseillé aux activistes de changer de stratégie et d’organiser une manifestation à un autre moment, qu’importe si cela en aurait réduit la force symbolique et l’attrait pour les médias qui aiment tant les face-à-face spectaculaires. Les activistes se heurtaient donc à la sympathie et au respect ressentis en général à l’égard de «nos» soldats.

Cette sympathie semble d’ailleurs consciemment encouragée par le service des relations publiques de l’armée. Chaque soldat canadien tué en Afghanistan est présenté aux médias comme une personne qui était sympathique et appréciée de ses compagnons d’armes et de ses proches. En bref, l’armée canadienne est une organisation exceptionnelle qui ne compte que de bonnes personnes… qui ont pourtant fait le choix d’être formées pour tuer des gens. Cette parade militaire elle-même participait d’une stratégie de relations publiques de l’armée, qui s’appropriait l’espace public pour se donner une image sympathique et familiale.

Que des soldats soient courageux et que certains soient de bons époux et de bons pères de famille n’a pourtant aucune signification politique particulière en ce qui a trait à la guerre qu’ils mènent. Après tout, les résistants afghans sont eux aussi courageux, et il doit bien y en avoir deux ou trois qui sont sympathiques et même attentionnés à l’égard de leurs proches, non? Bien sûr, d’un point de vue humaniste, toute perte de vie humaine est une tragédie. Mais le courage de la personne qui tue et qui meurt est respectable dans la mesure où elle est orientée vers le bien. Comme le disait un vétéran de l’armée des États-Unis après la guerre du Vietnam au sujet de ses actions de combat: «Je le faisais bien, mais je ne faisais pas le bien.»

Quant aux familles des soldats, elles ont eu leur fête avec les soldats du Royal 22e Régiment au Centre de congrès, que la manifestation n’a essayé ni d’empêcher ni de perturber. Elles ont pu entendre tout le bien que pensaient de leur parent militaire plusieurs personnalités politiques canadiennes et québécoises. Mais un activiste ayant une soeur dans l’armée, par exemple, pouvait aussi choisir de ne pas acclamer la parade dans les rues parce qu’il convenait de perturber symboliquement cette mise en scène militariste dans l’espace public. Le choix des coalitions antiguerre, même s’il rimait avec une attitude un peu plus confrontante que les précédentes manifestations contre la guerre, était tout à fait pertinent, et c’est certainement en raison de ce face-à-face que la manifestation a si bien su attirer l’attention.

La manifestation contre la guerre

On retrouvait au sein de la manifestation des bannières et des banderoles de plusieurs organisations et groupes politiques, de Québec solidaire aux communistes et aux anarchistes en passant par Bloquez l’empire, de Montréal. Toujours dans l’esprit de conscientiser la population, des activistes distribuaient aux passants des tracts et des journaux et scandaient des slogans. Le tract des féministes radicales Les Sorcières, par exemple, s’inspirait de féministes afghanes (voir le site http://www.rawa.org) pour expliquer que la situation générale des femmes en Afghanistan s’est détériorée depuis le début de la guerre. Cette manifestation survenait le lendemain de la publication des résultats d’un sondage indiquant que 70 % des Québécois s’opposent à la guerre menée par le Canada en Afghanistan.

Dans les rues de Québec, le contingent de la coalition Guerre à la guerre est parvenu à déjouer les policiers et à rejoindre la parade militaire. S’est ensuivie une situation tout à fait surréaliste, les sympathisants de l’armée et ses critiques se retrouvant confondus sur les trottoirs, les fanions canadiens flottant au vent sous l’ombre des drapeaux rouges et noirs. Cette foule bigarrée encadrait 2000 soldats en tenue de combat qui marchaient silencieusement dans la rue d’un pas martial.

Qu’ont alors fait les pacifistes «agressifs» et «guerriers»? À portée de main des soldats, ils se sont contentés de lancer divers slogans: «Désertez! Refusez de servir de chair à canon!», «Ne devenez pas des criminels de guerre!», «Gardons les soldats ici, envoyons les politiciens là-bas!», «Non à la guerre!». Les organisateurs de la manifestation avaient d’ailleurs encouragé les activistes antiguerre à ne pas s’en prendre physiquement aux soldats et à leurs sympathisants. À la toute fin ont fusé des cris: «Assassins! Assassins!» Si ce n’était pas très gentil, il s’agissait tout de même d’un qualificatif en adéquation avec la réalité puisque plusieurs soldats paradant deviendront des assassins dans quelques semaines ou quelques mois en Afghanistan. Il faut savoir appeler un chat un chat.

Les sympathisants des soldats argumentaient sur un tout autre registre, du type: «C’est ces soldats-là qui protègent notre liberté ici!» Comme si les miliciens afghans avaient déjà vraiment menacé la liberté au Canada, comme si les élites occidentales n’avaient pas utilisé la «guerre au terrorisme» comme excuse pour limiter ici même les libertés individuelles. Ces sympathisants faisaient écho aux propos exprimés depuis des semaines lors d’émissions radiophoniques populistes de la région de Québec, qui avaient même appelé leurs auditeurs à défendre physiquement la parade contre les manifestants antiguerre.

Les sympathisants des soldats reprenaient également des insultes peu subtiles entendues sur les mêmes ondes radiophoniques: «Vous ne comprenez rien, rentrez chez vous!», «Hippies!», «B. S.!», «Trouvez-vous un travail!», «Lâches!» Des manifestantes se sont également fait traiter de «salopes». Certains sympathisants encourageaient les quelques policiers présents, d’ailleurs plutôt calmes, à «gazer» les manifestants. Enfin, des sympathisants ont agressé physiquement des activistes en les bousculant plus ou moins rudement ou en leur décochant des coups de poing.

Quelle pacification?

Entre les pacifistes, désignés par des leaders d’opinion comme des «guerriers» des «plus agressifs», et les citoyens venus encourager les soldats, il n’était pas difficile de distinguer le chat du chien… Ces brutes croyaient sans doute, comme l’éditorialiste montréalais, que la «mission» que mènent les soldats «est morale et conforme au rôle historique [de l’armée canadienne], à la fois de combat et de pacification». «Pacification»: voilà bien un mot dont l’utilisation conformiste et banale dans les discours de justification des guerres a été documentée par George Orwell au sujet des conflits de son époque.

Dans son texte «La politique et la langue anglaise», Orwell écrit: «Des villages sans défense subissent des bombardements aériens [… ], cela s’appelle la pacification.» La journée même où certains évoquaient la «pacification», la coalition militaire occidentale reconnaissait avoir tué plus de 20 civils dans le bombardement d’un village en Afghanistan… Il n’était pas très respectueux à l’égard des familles des victimes que l’armée canadienne n’annule ni sa fête familiale ni sa parade. Ces Afghans bombardés n’ont pas été pacifiés mais assassinés. Il faut savoir appeler un chat mort un chat mort.

Source: http://www.ledevoir.com/2007/06/27/148592.html
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Messagede Rose le Jeu Juin 28, 2007 9:15 am

On s'en sortira pas :lol:

Il y a tellement de faussetés des deux bord, tellement de préjugés et de "father (or brother or sister) knows best", qu'il deviens a peu pres impossible d'y voir clair.

Mais le plus étrange, c'est de voir les gens essayer de se convaincre, mais sans écouter ce que les autres ont a dire.

Enfin...Moi, je suis contre cette guerre, simplement parce qu'on a pas assez de ressources militaires ou financières pour changer quoi que se soit la bas. Mais si des soldats croient qu'ils ou qu'elles peuvent faire une différence dans ce conflit, et qu'ils ou qu'elles veulent essayer, alors chapeau. Il faut avoir le courage de ses convictions.

Et quant a cette histoire de lavage de cerveau ou de manipulation de l'information, elle se fait des deux bords. Alors...
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Messagede BouBou le Ven Juin 29, 2007 4:56 am

Bon, je vais etre honnetes, j'ai plus ou moins lus tout les interventions, les articles de journaux devenais asser lourds dans le peut de temps que j'ai pour ecrire. My 2 cents: Le canada va en Afghanistan parceque Bush la dit. Mais bordel, on peut meme pas faire voler nos propre avions militaires par dessus "NOTRE PROPRE PAYS" sans l'autorisation etats-uniennes! On est des petis chiens, voila tout. Si Bush voulais pas qu'on sois la, on y serait pas, mais ca lui rapporte.
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Messagede Philb le Ven Juin 29, 2007 11:13 pm

BouBou a écrit:Bon, je vais etre honnetes, j'ai plus ou moins lus tout les interventions, les articles de journaux devenais asser lourds dans le peut de temps que j'ai pour ecrire. My 2 cents: Le canada va en Afghanistan parceque Bush la dit. Mais bordel, on peut meme pas faire voler nos propre avions militaires par dessus "NOTRE PROPRE PAYS" sans l'autorisation etats-uniennes! On est des petis chiens, voila tout. Si Bush voulais pas qu'on sois la, on y serait pas, mais ca lui rapporte.


C'est faux! Quand même...
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