Sur l'autogestion et idées apparentées
Posté: Mar Sep 25, 2007 6:58 pm
Propos intéressants de Louis Cornellier dans le Devoir de samedi dernier (dans une critique de livre) :
Louis Cornellier, dans l'édition du journal Le Devoir du samedi 22 et dimanche 23 septembre 2007 a écrit:[...]La deuxième critique principale formulée par les auteurs au sujet de leur propre parcours concerne leur incapacité à proposer des solutions de rechange valables au système qu'ils dénoncent unanimement. «De même, écrit Shalom, si le modèle de société mis de l'avant par la gauche semble aux gens entièrement irréaliste, ils continueront de préférer le statu quo. Bref: seule une vision du socialisme véritablement inspirante et crédible peut donner du sens à la critique socialiste du capitalisme.»
Le coeur du problème
Nous touchons, ici, au coeur du problème de cet ouvrage et de la gauche radicale dans son ensemble. Si cette deuxième critique est juste -- et je pense qu'elle l'est -- la gauche radicale n'est pas sortie du bois parce qu'elle ne parvient toujours pas à formuler cette solution de rechange inspirante et crédible. Même proposés avec modestie et précaution, le municipalisme libertaire, un modèle du néoanarchiste Murray Bookchin défendu ici par Roussopoulos, et l'économie participaliste, une forme d'autogestion mise au goût du jour par Michael Albert, restent des théories de militants pour militants.
Comme l'explique Jean-François Lessard dans son essai L'État de la nation (Liber, 2007), elles reposent sur un idéal de mobilisation politique totale qui néglige un des acquis de la modernité: «Les partisans d'une démocratie plus directe ont toujours dénoncé la distance entre les citoyens plutôt spectateurs, d'un côté, et la possibilité de débattre et de décider, de l'autre. Au-delà des conceptions doctrinaires, nous pouvons constater que la chose politique n'est qu'un des intérêts de l'homme moderne. L'individu n'est pas exclusivement un animal politique, il est également un être privé.» En faisant l'impasse sur cet aspect, la gauche radicale se condamne à tourner en rond en déplorant l'ignorance politique des masses[...]