Richard Hétu
La Presse
Le journaliste et auteur britannique Christopher Hitchens n’en est pas à une provocation près. Établi à Washington depuis des années, il a mené des campagnes tous azimuts contre Mère Teresa, Henry Kissinger et Bill Clinton, entre autres, avant de semer la consternation chez ses amis de gauche en endossant la guerre de George W. Bush en Irak. Dans le numéro de janvier de la revue Vanity Fair, il suscite de nouveau la controverse en signant un article intitulé Why Women Aren’t Funny (Pourquoi les femmes ne sont pas drôles).
Les femmes ne sont pas drôles, selon Hitchens, parce qu’elles n’ont pas besoin de l’être pour attirer les hommes. En revanche, les hommes doivent faire preuve d’humour pour parvenir à leurs fins sexuelles. Hitchens étaye sa thèse en évoquant une étude de l’université de Stanford et en citant deux femmes humoristes, Fran Lebowitz et Nora Ephron, qui confirment son intuition. «Les valeurs culturelles sont masculines, dit Lebowitz. Une femme dira d’un homme qu’il est drôle, alors qu'un homme dira d’une femme qu’elle est jolie.»
Hitchens ne dit pas qu’il n’y a pas de femmes drôles. «La plupart d’entre elles, cependant, sont grosses ou lesbiennes ou juives, ou une combinaison des trois», écrit-il. Comment un magazine prestigieux comme le Vanity Fair a-t-il pu publier un tel passage? C’est bien ce qu’a voulu savoir la critique des médias du blogue Huffington Post, qui accuse Hitchens de sexisme dans ce texte. Elle a confronté en public le rédacteur en chef du magazine, Graydon Carter, qui a déploré son manque d’humour. Carter est le même homme qui avait annoncé la fin de l’ironie après les attentats du 11 septembre 2001.
Je me demande sérieusement comment on peut être aussi con.