Le jeudi 07 décembre 2006
MORTS DE 2 JEUNES EN 2005
Les policiers français accusés de «légèreté»
Agence France-Presse
Paris
La police française a fait preuve de «légèreté» et a bien «poursuivi» les deux jeunes d'origine africaine dont la mort accidentelle le 27 octobre 2005 en banlieue de Paris avait déclenché trois semaines de violences dans toute la France, selon un rapport officiel cité jeudi par un avocat.
Ce rapport a été réalisé par l'Inspection générale des services (IGS, la «police des polices») et remis au juge d'instruction chargé de l'enquête sur la mort par électrocution de Bouna Traoré et Zyed Benna.
Selon l'un des avocats des familles de victimes contacté par l'AFP, Me Jean-Pierre Mignard, le rapport de l'IGS souligne notamment qu'il y a bien eu une course-poursuite ayant conduit les jeunes à s'abriter dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois (banlieue parisienne).
Il note par ailleurs que certains policiers, tout en sachant que ces jeunes s'étaient introduits dans le transformateur, n'ont rien fait pour les protéger.
«L'urgence aurait voulu que fussent appelés les services d'EDF (Electricité de France)», estime notamment le rapport, cité par le quotidien Le Monde, tout en soulignant qu'une intervention de ces services n'aurait pas nécessairement prévenu la mort des deux jeunes.
Selon Jean-Pierre Mignard, l'IGS évoque ainsi des comportements d'une «légèreté et d'une distraction surprenantes» de certains policiers.
Mercredi, les avocats des familles ont déposé une nouvelle plainte, pour «mise en danger délibérée de la vie d'autrui», notamment sur la base de ce rapport.
Jusque là, la justice était uniquement saisie de faits de «non-assistance à personne en danger», une qualification pénale moins grave.
Durant les émeutes de 2005, qui avaient fait des centaines de blessés, plus de 10 000 véhicules et quelque 300 bâtiments, dont des écoles, avaient été incendiés.
Ces violences avaient mis en lumière les problèmes d'insertion des jeunes Français d'origine étrangère, victimes de discriminations et d'un taux de chômage élevé, atteignant dans certains quartiers jusqu'à 40%.