Québec solidaire: la gauche en marche?

Mouvement ouvrier, droits des immigrants, immigrantes et réfugié-e-s, environnement, etc.

Québec solidaire: la gauche en marche?

Messagede Carbo le Ven Nov 16, 2007 5:40 pm

Bonjour,

j'ai colligé certaines données aujourd'hui sur QS. Selon Radio-Canada, le parti de gauche opère avec 9000$ par mois. Ils manquent donc d'argent et ils visent à augmenter le nombre de membres, situé à 5500 présentement, de 1200 cette année.

Ils voudraient aussi aller chercher 5% de l'électorat aux prochaines élections et décider qui est leur adversaire principal entre le Parti vert du Québec, l'ADQ...

Qu'est-ce que vous en pensez?
Dernière édition par Carbo le Dim Nov 25, 2007 6:24 pm, édité 2 fois.
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Re: Québec solidaire: la gauche en marche?

Messagede Tsunami Dan le Ven Nov 16, 2007 6:16 pm

Carbo a écrit:et décider qui est leur adversaire principal entre le Parti vert du Québec, l'ADQ...

Qu'est-ce que vous en pensez?


J'en pense que tant qu'il se posera des questions du genre, je ne serais pas membre. J'ai déja ma carte du parti néorhino anyway.
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Messagede Tovarichtch le Ven Nov 16, 2007 7:44 pm

J'aimerais que Québec Solidaire démystifie les propos à son égard. Parce que 5% d'appuie qu'il désire rechercher, c'est très peu...

Autrement, je reste neutre envers ce parti.
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Messagede démon_néolibéral le Sam Nov 17, 2007 5:54 pm

Québec solidaire devrait commencer par se rebrancher sur les réalité économiques du monde un petit peu, ça les aiderais surement à avoir un petit peu de crédibilité.
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Messagede Carbo le Sam Nov 17, 2007 6:14 pm

Écoute, ils ont chiffré leurs promesses à la dernière élection, alors je n'en demande pas plus. Je ne crois pas qu'ils opèrent dans le paradigme de cette réalité économique mais ça tu le sais!
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Messagede démon_néolibéral le Dim Nov 18, 2007 2:00 am

Je ne leur demande pas des miracles mais juste de regarder les conséquences désastreuses que certaines de leurs propositions peuvent avoir si elles sont réellement adoptées.
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Messagede Landvättir le Dim Nov 18, 2007 12:31 pm

regarder les conséquences désastreuses que certaines de leurs propositions peuvent avoir si elles sont réellement adoptées.


Je comprends pas. Pourquoi ne pas répéter l'exercice avec tous les partis politiques? Les politiques de Charest n'ont pas eu des conséquences désastreuses?
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Messagede démon_néolibéral le Dim Nov 18, 2007 12:57 pm

Je ne suis pas plus d'accord avec les politiques de Charest, ni les idées de Dumont et pas plus avec les conneries du PQ.
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Messagede Carbo le Dim Nov 18, 2007 1:13 pm

Au niveau de Québec solidaire!

Selon Radio-Canada, le parti de gauche opère avec environ 9000$ par mois. Ils manquent donc d'argent et ils visent à augmenter le nombre de membres de 1200 cette année.

Ils voudraient aussi aller chercher 5% de l'électorat aux prochaines élections, faire élire 2 députés dans Gouin et Mercier, en plus de venir à bout de leur dette de 240 000$ accumulée suite aux dernières élections...
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Re: Québec solidaire: la gauche en marche?

Messagede Francis Ménard le Dim Nov 18, 2007 3:32 pm

Tsunami Dan a écrit:J'ai déja ma carte du parti néorhino anyway.


Néorhino est au niveau fédéral, QS au niveau provincial...
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Messagede Tsunami Dan le Dim Nov 18, 2007 8:21 pm

Je sais sauf que je commencerais pas à donner de mon argent à tous les partis que je trouve un tant soit peu sympa. Je suis pas un mécène.

En plus, si Qs regardait les résultats électoraux d'un peu plus prêt, il pourrait s'apercevoir que les votes du PV viennent en partie non-négligeable d'anglo fédéralistes déçus du PLQ ou encore plus progressiste. Tant que QS s'affiche comme indépendantiste, c'est une population qu'il ne sert à rien d'aller tenter de séduire.
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Messagede gui le Mar Nov 20, 2007 3:38 pm

je suis plutôt sympathisant du PCR, donc pas électoraliste, mais actif toutefois politiquement avec des campagnes sur le boycott actif des élections bourgeoises!

Voici un texte sur Québec solidaire et la gauche réformiste en général écrit en 2003 sur option citoyenne et françoise david:

http://www.pcr-rcp.ca/fr/arsenal/3b

L’éternelle renaissance du mouvement réformiste
Critique de l’Option citoyenne de Françoise David

Début mai, Françoise David nous présentait dans Bien commun recherché - Une option citoyenne sa vision de la société actuelle, et les solutions qu’elle propose afin d’améliorer les choses. Son objectif est de former un nouveau parti politique regroupant les forces de gauche au Québec. Ça sent le réchauffé, mais quand on se paie le luxe de ne rien analyser en profondeur, on peut se permettre d’oublier les tentatives antérieures et ainsi de croire qu’on va changer le monde avec de « bonnes idées » et des petites réformes.

Françoise David est issue du milieu communautaire (et auparavant, de la gauche marxiste-léniniste). C'est elle qui, en tant que présidente de la Fédération des femmes du Québec, avait initié la marche « Du pain et des roses » en 1995. Elle a aussi travaillé pour l'organisme Au bas de l'échelle, qui défend les non-syndiquéEs. Puis, en fondant « D'abord solidaires » il y a un peu plus d'un an, elle souhaitait regrouper des militantEs afin de contrer, par l'éducation, la montée des idées de droite au Québec. Elle est maintenant cofondatrice du groupe « Option citoyenne » et c'est à ce titre qu'elle nous présente ce livre dont le but est d'expliquer les bases idéologiques et politiques sur lesquelles elle souhaite s'appuyer afin de créer un nouveau parti de gauche.

Encore un parti de gauche ? Pourquoi ?
Dans Bien commun recherché, Françoise David, d'entrée de jeu, présente les limites des mouvements sociaux : « Je crois fermement que notre projet de société doit être relayé à l'intérieur des murs de l'Assemblée nationale. Les mouvements sociaux ne peuvent suffire seuls à la tâche de proposer des orientations globales pour un Québec différent. »

Comme on peut vite le constater, elle ne remet nullement en question l'électoralisme : « J'observe que de plus en plus de personnes se désintéressent de la vie politique. Ce qu'elles en voient les décourage : oubli des programmes politiques, mépris des recommandations issues des consultations publiques, politique-spectacle, langue de bois, magouilles, fraudes, coups en bas de la ceinture, opportunisme, etc. Mais la politique peut être bien autre chose ! » Nous verrons un peu plus loin ce qu'elle entend par autre chose !

Françoise David tient d'abord à faire une distinction entre les trois partis « majeurs » de la province : « C'est ainsi qu'au Québec, à l'hiver 2003, des marches immenses contre la guerre en Irak réunissent des familles entières, toutes générations confondues. Quelques semaines plus tard, pourtant, le Québec élit un gouvernement résolument néolibéral. Désir de changement ? Usure du PQ ? Influence de l'ADQ ? »

Il faudrait bien que quelqu'un nous explique ce qu'est le PQ, si ce n'est pas un parti néolibéral ! Mais, pour F. David, il semble important de ne pas couper tous les ponts entre son futur parti et le PQ. Après tout, certains de ses amis (Monique Richard, Marc Laviolette et cie) devraient se retrouver au PQ bientôt (si ce n'est déjà fait). Et si, un jour, un scrutin proportionnel devait être mis sur pied, on voit très bien avec qui le nouveau parti de F. David aurait envie de coucher afin d'accéder un tant soit peu au pouvoir. [1]

Alors, pourquoi ne pas suivre la vague et intégrer les rangs du PQ ? « D'abord, je n'ai pas confiance en la direction de ce parti qui m'a déçue trop souvent, particulièrement lors de la réforme de la sécurité du revenu et de la Marche mondiale des femmes. [...] De plus, le PQ poursuit avant tout l'objectif de réaliser la souveraineté du Québec [...] mais pas forcément celui de construire un Québec de la solidarité sociale. » Ici, Françoise David constate ce qui est déjà une évidence pour quiconque a observé le travail du PQ lors de l'ensemble de ses mandats. Par contre, elle attribue à l'objectif de la souveraineté le fait que le PQ, dans les faits, soit un parti qui gouverne à droite. Reste à voir si elle osera aller jusqu'au bout de cette analyse...

Et pourquoi pas l'Union des forces progressistes (UFP) ? « Parce que j'avais des réserves sur une plate-forme électorale qui me semblait manquer de fil conducteur, d'une orientation claire. Parce que le langage, le discours, le fonctionnement de l'UFP me paraissent parfois rébarbatifs, si l'on veut convaincre et rallier la population à un projet social et politique. » Le moins que l'on puisse dire, c'est que la critique est plutôt vague. On peut toutefois présumer que F. David perçoit certaines tendances à l'intérieur de l'UFP comme étant trop radicales. Si c'est ce qu'elle pense des trotskistes ainsi que des gens du vieux Parti communiste canadien qui composent l'aile « radicale » de l'UFP, on imagine vite ce qu'elle peut penser des mouvements réellement révolutionnaires !

Pourtant, elle est bien placée pour observer l'effet des contradictions qui secouent la province : « Des milliers de mouvements sociaux [...] regroupent des centaines de milliers de personnes au Québec. Ils dénoncent des situations abusives et proposent des solutions. [...] Parallèlement, des milliers de citoyennes et de citoyens se mobilisent ponctuellement, dans leur communauté locale, contre l'élargissement d'un dépotoir, la fermeture d'un hôpital ou d'une usine, le passage d'une autoroute, ou bien pour le maintien de l'école de village, la construction de logements sociaux, la protection du patrimoine. »

Toutefois, devant ces signes encourageants de luttes contre un système économique qui n'est plus en mesure de produire autre chose que la misère des populations et la dévastation de la planète, sa conclusion tend à nous ramener vers le même vieux système électoral qui travaille à protéger le capitalisme à tout prix. « La tâche de représenter l'électorat et de servir le bien commun est noble ! On doit y voir un service public inestimable. Admettons aussi que les politiciennes et les politiciens ne sont pas tous des "pourris", comme le veut une certaine croyance populaire. Plusieurs députés font de leur mieux, mais notre système parlementaire les empêche souvent de jouer leur rôle à fond. » Nous voilà donc revenus à la case départ. Aucun parti ne parvient à faire du bon travail, alors allons-y et tout ira mieux ! Et vive le système électoral !

Françoise David pousse même la naïveté jusqu'à croire que les médias seraient intéressés à travailler en ce sens. « Plus largement, pourrions-nous imaginer de nouveaux forums de discussion entre le gouvernement et la population ? [...] Quel serait alors le rôle des médias et des nouvelles technologies ? » Il serait intéressant de savoir si elle en a déjà parlé aux grands progressistes (Péladeau, Desmarais et cie) qui possèdent la presque totalité des médias de la province.

C'est donc sur la base de ces réflexions que Françoise David et Option citoyenne partent en campagne : « Dès l'été, nous sillonnerons les régions du Québec et nous discuterons avec vous des orientations proposées ici. En novembre, tous ceux et celles qui auront adhéré au mouvement seront invités à une large rencontre, pour adopter des principes généraux et quelques propositions sur des thèmes centraux. Puis, Option citoyenne se tournera vers l'Union des forces progressistes et le Parti vert. Nous aurons des discussions sérieuses avec un objectif, notre première utopie réalisable : qu'au printemps 2005, il y ait au Québec un seul parti politique de gauche, féministe, écologiste et rassemblant tous ceux et celles qui veulent bâtir un Québec de la solidarité. »

Ce qui intéresse les médias bourgeois
Pour appuyer le lancement de son livre, Françoise David a accordé quelques entrevues aux grands médias. Trois questions semblaient revenir plus fréquemment chez nos amis bourgeois : le féminisme, le nationalisme et le revenu de citoyenneté. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la porte-parole d'Option citoyenne fera sûrement une très bonne politicienne puisqu'elle sait déjà répondre aux questions sans y répondre vraiment.

Commençons par la question du féminisme. En effet, F. David souhaite construire un parti féministe. Pourtant, dans son livre, elle ne fait aucune analyse des causes des conditions difficiles dans lesquelles vivent encore beaucoup de femmes présentement. Elle tente de contourner ces lacunes en disant qu'il faut continuer de débattre : « Pour nous, à Option citoyenne, il paraît important de lutter ensemble, hommes et femmes, contre les inégalités subies par les femmes, mais aussi de développer un espace de discussion pour aller plus loin que les vieux réflexes. Admettons que nos réflexions sont loin d'être terminées, en particulier sur l'existence de cultures masculine et féminine et sur les changements souhaités de part et d'autre. » C'est une habile façon de ne pas répondre à la question, mais ça manque de profondeur pour une organisation qui se dit féministe.

Passons maintenant au nationalisme. Malgré une tendance évidente à appuyer le projet de souveraineté, toutes les portes demeurent ouvertes afin de plaire au plus d'électeurs possible. F. David et Option citoyenne « ne suggèrent pas de réponses décisives. Vous en serez peut-être surpris. Mais c'est ainsi, avec ouverture d'esprit et transparence, qu'Option citoyenne veut aborder la question nationale, dans ses rangs et avec la population du Québec. » De plus, elle ajoute que « la question n'est pas réglée, la division demeure et la réponse appartiendra au peuple québécois », même si « le Québec forme une nation qui possède un droit inaliénable à l'autodétermination, sans ingérence de l'extérieur ».

Françoise David aurait sûrement avantage à faire un peu de lecture afin d'approfondir la question. Ainsi, elle pourrait apprendre (ou se rappeler) que Lénine s'est déjà penché sur la question : « Le droit des nations à disposer d'elles-mêmes signifie exclusivement leur droit à l'indépendance politique, à la libre séparation politique d'avec la nation qui les opprime. [...] Ainsi, cette revendication n'a pas du tout le même sens que celle de la séparation, du morcellement, de la formation de petits États. Elle n'est que l'expression conséquente de la lutte contre toute oppression nationale. Plus le régime démocratique d'un État est proche de l'entière liberté de séparation, plus seront rares et faibles, en pratique, les tendances à la séparation, car les avantages des grands États, au point de vue aussi bien du progrès économique que des intérêts de la masse, sont indubitables, et ils augmentent sans cesse avec le développement du capitalisme. » [2]

Cette analyse est d'ailleurs très bien appuyée par l'expérience nationaliste au Québec. « Il nous semble évident que des années soixante aux années quatre-vingt-dix et à aujourd'hui, la centralité de la question nationale dans les débats politiques de la classe ouvrière n'a profité qu'au PQ, à l'État du Québec et à la bourgeoisie québécoise qui a marqué une progression stupéfiante pendant cette période. » [3] Il est vrai, cependant, que de laisser la question en suspens peut être plus confortable pour F. David et son futur parti.

Enfin, qu'en est-il du revenu de citoyenneté ? « Cette formule a le mérite de poser crûment la question du droit à un revenu décent pour toutes et tous. [...] Mais... il y a plusieurs problèmes. [...] Quoiqu'il en soit, nous poursuivrons nos débats sur la question. » Quelle surprise ! Donc, plein de débats en perspective, mais aucune réponse directe !

La question devient alors incontournable : pourquoi l'analyse de F. David sur ces questions est-elle si faible ? La réponse se trouve dans les solutions proposées face à d'autres problèmes.

Une approche purement idéaliste
Pour F. David, les idées et les valeurs sont la base du changement. Que propose-t-elle afin de lutter contre la pauvreté ? « Option citoyenne [...] propose une société centrée sur la recherche du bien commun avec la conviction qu'il n'y a d'avenir pour le Québec et le monde que dans la réaffirmation de valeurs fondamentales, soit : l'égalité des droits et des chances ; une juste répartition de la richesse entre les individus et entre les peuples ; le respect des libertés individuelles et collectives reconnues dans les chartes, déclarations et conventions universelles ; le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; la négociation plutôt que l'affrontement pour régler les différends [...] ; la lutte contre le sexisme, contre le racisme et contre toutes les formes de discrimination ; un développement axé d'abord sur la satisfaction des besoins essentiels pour toute l'humanité et qui tienne compte de la fragilité écologique de la planète. [...] Le changement commence "entre les deux oreilles", par une nouvelle façon de voir le monde. Par le développement d'un esprit critique et constructif. » Cette approche philosophique, c'est de l'idéalisme pur. Ayons de bonnes idées et nous pourrons changer le monde !

Dans la pratique, les grands changements qu'a connus l'humanité au cours de son histoire ont toujours eu comme point de départ une base matérielle. Ainsi, ce n'est pas parce que les esclaves sont soudain devenus conscients du fait que le système esclavagiste de l'empire romain était injuste, que ce dernier est tombé. Et cette conscientisation n'a pas mené la société tranquillement et pacifiquement vers un esclavagisme à visage plus humain ! Les faits sont tout autres : quand le système de production basé sur l'esclavage a atteint ses limites en ne parvenant plus à augmenter la productivité, la misère s'est aggravée. C'est alors que des révoltes organisées d'esclaves ont réussi à détruire ces vieux rapports de production (maîtres-esclaves), pour faire place à de nouveaux.

Cette analyse vaut également pour la Révolution française, si chère à nos bourgeois. Ceux-ci n'ont pas tenté de rendre le féodalisme plus acceptable, il l'ont détruit afin de le remplacer par de nouveaux rapports de production. Les idées ont un rôle à jouer dans ces changements, mais elles n'en sont ni le point de départ ni la cause ! Les idées et les valeurs, seules, ne peuvent pas transformer une société. Il faut s'attaquer aux conditions matérielles de production et aux rapports d'exploitation qui en sont la base pour espérer mettre fin à la misère.

F. David semble ignorer cela. En fait, elle applique son approche idéaliste à plusieurs autres problèmes. Ainsi, pour lutter contre la pauvreté et la misère culturelle : « Nous plaiderons pour la culture, plus et mieux. Il faudrait entre autres revaloriser les arts à l'école. »

Pour lutter contre le chômage et la précarité : « Pourquoi ne pas partager davantage le travail, favoriser l'embauche plutôt que le temps supplémentaire, introduire des horaires permettant une vie familiale plus satisfaisante ? N'y a-t-il pas lieu d'imaginer une vision renouvelée du travail ? » Pour elle, il suffit de penser à des améliorations et tout se transformera comme par magie. Elle ne comprend pas que si ces belles valeurs ne sont pas respectées présentement, c'est parce que les valeurs qui se vivent concrètement se construisent à partir du système économique et des rapports de production. Tant et aussi longtemps que les rapports de production seront capitalistes, on aura beau parler de belles valeurs, rien ne changera.

En environnement, la même approche idéaliste se répète : « Parce que notre façon d'exploiter la terre affame des populations et assoiffe la terre elle-même, nous n'avons d'autre choix que de repenser nos modes de production et de consommation. L'auteur Serge Mongeau, précurseur de la "simplicité volontaire", propose une "économie de la décroissance". Ce concept audacieux nous oblige à revenir à nos valeurs. [...] Or, rares sont les partis qui proposent une vision globale, à long terme, d'un développement durable. »

F. David, encore une fois, devrait approfondir ses recherches. Ainsi le programme du PQ stipule que : « Une économie d'avant-garde, c'est aussi une économie qui favorise le développement durable. Le développement durable assigne des paramètres à la croissance économique pour le bénéfice des générations futures. » Celui du Parti libéral est tout aussi clair : « Dans le respect des valeurs libérales, nous visons à 1. protéger la santé des citoyens et des écosystèmes ; 2. garantir la santé économique ; 3. assurer le développement durable. »

Même l'ennemi juré des « progressistes », l'ADQ, dans sa plate-forme de 2003 dit que : « La pérennité de notre patrimoine naturel et la qualité de notre environnement sont des conditions essentielles de la prospérité à long terme du Québec. » Voila une autre preuve du fait que de « belles valeurs » ne servent à rien si elles ne sont pas appuyées par une analyse matérialiste solide.

Enfin, penchons-nous sur la solution que F. David a trouvée afin de régler les contradictions qui se vivent avec les nations autochtones : « Il n'existe qu'une manière de résoudre ce genre de contradiction, c'est de parler en toute bonne foi et en ne préjugeant pas de la mauvaise foi de l'autre. » Wow ! Quelle idée lumineuse ! Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Et peut-être même que cette approche est universelle. Grâce à la pensée-David (ou doit-on dire le davidisme ?) il sera maintenant possible de régler des conflits aussi graves que celui entre Israël et la Palestine ! Il suffit d'être de bonne foi. Non mais, si ce n'est pas du délire mental, on aimerait bien savoir ce que c'est !

Une incompréhension totale du rôle de l'État
En plus d'utiliser une approche philosophique idéaliste, F. David nous démontre à plusieurs occasions que sa vision du rôle de l'économie et de celui de l'État est complètement erronée. Ainsi, elle croit que l'État bourgeois peut faire un meilleur travail : « L'État québécois doit donc réinvestir massivement dans le logement social et maintenir des règles strictes dans le domaine du logement locatif. Nous devons aussi obliger Ottawa à s'impliquer beaucoup plus dans le financement du logement social. » Elle veut aussi forcer les entreprises à faire leur juste part : « Les entreprises [...] soutenues par l'État, avec l'argent de nos taxes et de nos impôts, devraient [...] respecter des conditions strictes. Non polluantes, transparentes fiscalement, elles devraient accepter la syndicalisation et contribuer au développement de leur milieu en siégeant à des organismes locaux de concertation. » (Imposer aux entreprises la concertation ? Tout un programme !) Et de rajouter : « Il faudra imaginer d'autres manières de financer les universités. Pourquoi ne pas exiger une contribution spéciale des entreprises, grandes bénéficiaires de la formation des diplômés universitaires ? » Cette approche simpliste vient de son ignorance du rôle de l'État : « L'État a le devoir d'assurer le respect des droits humains fondamentaux - y compris les droits économiques, sociaux et culturels - de toute la population, de renforcer la démocratie, de redistribuer la richesse collective et de garantir des services publics de qualité (santé, éducation, accès à l'eau potable, culture, etc.). Si nous concevons ainsi le rôle de l'État, nous devons accepter volontiers de payer des impôts. Mais nous exigerons aussi l'accès à de bons services et une plus grande redistribution de la richesse. »

Mais où a-t-elle déjà vu un tel État dans la réalité ? Voici une analyse plus rigoureuse du rôle de l'État, afin que Françoise David puisse améliorer ses conceptions politiques : « La plupart des gens sont tellement habitués à l'existence de l'État qu'ils le voient comme quelque chose de naturel, d'indispensable, qui aurait toujours existé. Mais, en fait, il n'est apparu qu'avec la division de la société en classes. Aucune société opposant des classes antagoniques ne peut subsister dans une lutte continuelle et ouverte entre elles. Aucune vie sociale, aucune production n'y seraient possibles. Des "compromis" s'établissent temporairement, en fonction du rapport des forces en présence à un moment donné. [...] Bien entendu, ces compromis qui s'établissent ne sont pas librement consentis par la classe qui est dominée. Seule la contrainte plus ou moins brutale selon les circonstances, peut faire accepter ce "statu quo" à la classe opprimée. L'instrument de l'équilibre plus ou moins précaire entre les classes, pendant les périodes de "répit" relatif - et donc, l'instrument de cette contrainte qui oblige la classe dominée à supporter l'exploitation -, c'est l'État ! [...] C'est ainsi que l'État antique était l'État des propriétaires d'esclaves ; que l'État féodal fut l'organe de la noblesse pour mater les serfs ; et que l'État actuel est l'instrument de l'exploitation du travail salarié par le capital. » [4]

Et pour parvenir à atteindre cet objectif, l'État dispose de l'argent des impôts et des taxes afin de maintenir les différents outils nécessaires : armée, police, système de justice, prisons...

L'État tire son existence du système économique qu'il défend et protège. Il n'est pas une entité neutre se plaçant entre les classes afin de gérer les conflits. Il ne peut donc se plier aux souhaits de Françoise David qui va jusqu'à lui demander de sortir de la logique marchande afin de penser davantage au bien commun. Un tel type d'État n'existe pas. Même sous le socialisme, l'État n'aura pas cet objectif, la dictature du prolétariat devant servir à éliminer les classes. Lorsque l'exploitation sera éliminée de la surface de la planète, les États disparaîtront d'eux-mêmes puisqu'ils n'auront plus aucune utilité.

F. David est donc dans l'erreur quand elle parle des conséquences du traité de libre-échange : « Nous nous sommes engagés progressivement dans un processus politique et économique qui affaiblit la souveraineté des États et place les intérêts commerciaux des entreprises avant ceux des populations. » Dans les faits, c'est lorsque les intérêts des capitalistes sont bien protégés que l'État peut être considéré comme un État fort.

Les lois servent la bourgeoisie
C'est un véritable cri du cœur que lance Françoise David quand elle écrit que : « L'État a le pouvoir de légiférer et d'agir pour redistribuer équitablement la richesse et les services. Qu'il l'utilise ce pouvoir ! »

L'objectif de chaque capitaliste, c'est d'augmenter sans arrêt ses profits. S'il ne le fait pas, la concurrence va l'obliger à faire faillite. On ne peut, dans ces conditions, demander aux entreprises d'être plus responsables et de travailler à une meilleure redistribution de la richesse. Les capitalistes, à l'intérieur de ce système, sont condamnés à augmenter sans cesse le niveau d'exploitation du prolétariat.

C'est pourquoi F. David se leurre quand elle croit que de nouvelles législations peuvent régler les problèmes : « Rechercher le bien commun, c'est s'appuyer sur les conventions, chartes et déclarations internationales qui consacrent des droits humains fondamentaux, individuels et collectifs. »

Quand l'État met en vigueur de nouvelles lois, il demeure au service de la classe exploiteuse. Dans ces conditions, les lois sont plus souvent qu'autrement dirigées vers la classe exploitée. Quant aux lois à saveur plus progressiste, elles ne demeurent souvent que vœux pieux. On n'a qu'à penser aux fameuses lois anti-pauvreté censées régler ce problème. En novembre 1989, tous les partis politiques de la Chambre des communes avaient voté unanimement pour travailler à éliminer la pauvreté infantile avant l'an 2 000. Quelle farce ! Huit ans plus tard, le taux de pauvreté infantile avait augmenté de 46 %, ceci malgré l'extrême niveau de pauvreté qu'il faut atteindre pour avoir l'honneur de faire partie de ces statistiques !

Combattons de toutes nos forces le flanc gauche de la bourgeoisie !
Certains seront peut-être tentés de croire qu'en nous attaquant ainsi aux partis et organisations dits progressistes, nous divisons les forces de gauche. C'est pourquoi il faut bien comprendre le rôle qu'ils jouent en réalité sur l'échiquier politique.

Il est vrai que les Lula, Bové, Dubuc et David de ce monde peuvent parfois être très convaincants quand ils parlent des problèmes qui secouent l'humanité. Il faut toutefois comprendre l'impact qu'ils peuvent avoir sur la société pour mieux juger leur travail.

Dans les faits, ces beaux parleurs font partie du flanc gauche de la bourgeoisie. Ils refusent de faire une analyse de classes et préfèrent parler de société civile. L'exploitation de la majorité de la population mondiale au profit d'une minorité ne disparaîtra pas pour autant !

Ce flanc gauche ne souhaite pas l'abolition du capitalisme parce qu'il compte bien trouver son profit à l'intérieur même de ce système.

Cette analyse est caractéristique de la petite-bourgeoise. Tout ce beau monde souhaite gravir les échelons du système, mais en continuant de penser aux plus pauvres.

Pourtant, cette position entre deux chaises du flanc gauche de la bourgeoisie a des conséquences désastreuses :

* elle ramène les masses vers les élections et le parlementarisme (confiance en l'État) ;
* elle ramène les travailleuses et travailleurs vers le syndicalisme bourgeois ;
* elle prône l'importance du pacifisme et de la paix sociale à tout prix, alors que la classe bourgeoise augmente les attaques violentes de toutes sortes contre les classes exploitées ;
* elle gaspille l'énergie de plusieurs militantEs qui s'engouffreront à nouveau dans cette énième tentative de regroupement des forces de gauche du Québec sans comprendre pourquoi rien ne progresse malgré leurs efforts ;
* elle redonne à une partie des masses l'illusion que cette « nouvelle voie » est porteuse d'espoir.

C'est pourquoi, malgré leurs beaux discours, ces réformistes continueront de travailler à la conservation du capitalisme et attaqueront ou ridiculiseront toute tentative de lutte véritable. En faisant l'économie d'une analyse solide, en évitant de faire le bilan des expériences réformistes passées, le flanc gauche de la bourgeoisie renaît sans cesse de ses cendres afin de nous présenter la même vielle recette basée sur la soumission à une économie sanguinaire et l'acceptation de l'exploitation humaine. C'est pourquoi F. David se tient bien à l'écart de tout ce qui pourrait ressembler à une approche révolutionnaire : « Dénoncer le capitalisme sauvage ne signifie pas abolir la liberté d'entreprendre, d'imaginer un nouveau produit, d'ouvrir un restaurant ou de posséder une ferme ! » Et nous revoilà lancés dans l'anti-communisme caricaturé à l'extrême.

Pendant ce temps, la très vaste majorité de l'humanité continue d'attendre des changements qui ne viennent pas. Le capitalisme, comme les autres systèmes d'exploitation avant lui, ne doit pas être amélioré, mais détruit ! Il est impératif de s'attaquer à la propagande du flanc gauche de la bourgeoisie. La révolution est réellement la seule solution !

Émile Parent


1) Pour en savoir davantage à ce sujet : « Le scrutin proportionnel : priorité ou illusion pour la classe ouvrière ? » dans Socialisme Maintenant! #8, printemps 2002.

2) Lénine, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes, 1916.

3) « La lutte contre le nationalisme est une nécessité absolue », Socialisme Maintenant! #3, automne 1997.

4) « La nature et le rôle de l'État » dans Premier cours d'éducation révolutionnaire : Emparons-nous du marxisme, du léninisme et du maoïsme, Le Drapeau rouge, mars 2000.

(paru dans la revue Arsenal n° 3)
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Messagede Antho.D.Daig le Dim Nov 25, 2007 6:16 pm

Québec Solidaire reste un parti Social-Démocratre - Évidemment réformiste - .

Des communistes et des socialistes tentent de lui faire adopter des positions + à gauche encore .

Je pense sincèrement qu'un parti de Gauche - qu'il soit de la gauche rééformiste molle ou pas - ferait un peu de bien au Québec.

Québec Solidaire a évidemment des tactiques bizzares, comme de se présenter comme le principal ennemie de l'ADQ.

Bref, je me demande ou ce parti s'en va
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Messagede BenoitL le Dim Nov 25, 2007 10:14 pm

gui a écrit:je suis plutôt sympathisant du PCR, donc pas électoraliste, mais actif toutefois politiquement avec des campagnes sur le boycott actif des élections bourgeoises!

Voici un texte sur Québec solidaire et la gauche réformiste en général écrit en 2003 sur option citoyenne et françoise david:

http://www.pcr-rcp.ca/fr/arsenal/3b

L’éternelle renaissance du mouvement réformiste
Critique de l’Option citoyenne de Françoise David

Début mai, Françoise David nous présentait dans Bien commun recherché - Une option citoyenne sa vision de la société actuelle, et les solutions qu’elle propose afin d’améliorer les choses. Son objectif est de former un nouveau parti politique regroupant les forces de gauche au Québec. Ça sent le réchauffé, mais quand on se paie le luxe de ne rien analyser en profondeur, on peut se permettre d’oublier les tentatives antérieures et ainsi de croire qu’on va changer le monde avec de « bonnes idées » et des petites réformes.

Françoise David est issue du milieu communautaire (et auparavant, de la gauche marxiste-léniniste). C'est elle qui, en tant que présidente de la Fédération des femmes du Québec, avait initié la marche « Du pain et des roses » en 1995. Elle a aussi travaillé pour l'organisme Au bas de l'échelle, qui défend les non-syndiquéEs. Puis, en fondant « D'abord solidaires » il y a un peu plus d'un an, elle souhaitait regrouper des militantEs afin de contrer, par l'éducation, la montée des idées de droite au Québec. Elle est maintenant cofondatrice du groupe « Option citoyenne » et c'est à ce titre qu'elle nous présente ce livre dont le but est d'expliquer les bases idéologiques et politiques sur lesquelles elle souhaite s'appuyer afin de créer un nouveau parti de gauche.

Encore un parti de gauche ? Pourquoi ?
Dans Bien commun recherché, Françoise David, d'entrée de jeu, présente les limites des mouvements sociaux : « Je crois fermement que notre projet de société doit être relayé à l'intérieur des murs de l'Assemblée nationale. Les mouvements sociaux ne peuvent suffire seuls à la tâche de proposer des orientations globales pour un Québec différent. »

Comme on peut vite le constater, elle ne remet nullement en question l'électoralisme : « J'observe que de plus en plus de personnes se désintéressent de la vie politique. Ce qu'elles en voient les décourage : oubli des programmes politiques, mépris des recommandations issues des consultations publiques, politique-spectacle, langue de bois, magouilles, fraudes, coups en bas de la ceinture, opportunisme, etc. Mais la politique peut être bien autre chose ! » Nous verrons un peu plus loin ce qu'elle entend par autre chose !

Françoise David tient d'abord à faire une distinction entre les trois partis « majeurs » de la province : « C'est ainsi qu'au Québec, à l'hiver 2003, des marches immenses contre la guerre en Irak réunissent des familles entières, toutes générations confondues. Quelques semaines plus tard, pourtant, le Québec élit un gouvernement résolument néolibéral. Désir de changement ? Usure du PQ ? Influence de l'ADQ ? »

Il faudrait bien que quelqu'un nous explique ce qu'est le PQ, si ce n'est pas un parti néolibéral ! Mais, pour F. David, il semble important de ne pas couper tous les ponts entre son futur parti et le PQ. Après tout, certains de ses amis (Monique Richard, Marc Laviolette et cie) devraient se retrouver au PQ bientôt (si ce n'est déjà fait). Et si, un jour, un scrutin proportionnel devait être mis sur pied, on voit très bien avec qui le nouveau parti de F. David aurait envie de coucher afin d'accéder un tant soit peu au pouvoir. [1]

Alors, pourquoi ne pas suivre la vague et intégrer les rangs du PQ ? « D'abord, je n'ai pas confiance en la direction de ce parti qui m'a déçue trop souvent, particulièrement lors de la réforme de la sécurité du revenu et de la Marche mondiale des femmes. [...] De plus, le PQ poursuit avant tout l'objectif de réaliser la souveraineté du Québec [...] mais pas forcément celui de construire un Québec de la solidarité sociale. » Ici, Françoise David constate ce qui est déjà une évidence pour quiconque a observé le travail du PQ lors de l'ensemble de ses mandats. Par contre, elle attribue à l'objectif de la souveraineté le fait que le PQ, dans les faits, soit un parti qui gouverne à droite. Reste à voir si elle osera aller jusqu'au bout de cette analyse...

Et pourquoi pas l'Union des forces progressistes (UFP) ? « Parce que j'avais des réserves sur une plate-forme électorale qui me semblait manquer de fil conducteur, d'une orientation claire. Parce que le langage, le discours, le fonctionnement de l'UFP me paraissent parfois rébarbatifs, si l'on veut convaincre et rallier la population à un projet social et politique. » Le moins que l'on puisse dire, c'est que la critique est plutôt vague. On peut toutefois présumer que F. David perçoit certaines tendances à l'intérieur de l'UFP comme étant trop radicales. Si c'est ce qu'elle pense des trotskistes ainsi que des gens du vieux Parti communiste canadien qui composent l'aile « radicale » de l'UFP, on imagine vite ce qu'elle peut penser des mouvements réellement révolutionnaires !

Pourtant, elle est bien placée pour observer l'effet des contradictions qui secouent la province : « Des milliers de mouvements sociaux [...] regroupent des centaines de milliers de personnes au Québec. Ils dénoncent des situations abusives et proposent des solutions. [...] Parallèlement, des milliers de citoyennes et de citoyens se mobilisent ponctuellement, dans leur communauté locale, contre l'élargissement d'un dépotoir, la fermeture d'un hôpital ou d'une usine, le passage d'une autoroute, ou bien pour le maintien de l'école de village, la construction de logements sociaux, la protection du patrimoine. »

Toutefois, devant ces signes encourageants de luttes contre un système économique qui n'est plus en mesure de produire autre chose que la misère des populations et la dévastation de la planète, sa conclusion tend à nous ramener vers le même vieux système électoral qui travaille à protéger le capitalisme à tout prix. « La tâche de représenter l'électorat et de servir le bien commun est noble ! On doit y voir un service public inestimable. Admettons aussi que les politiciennes et les politiciens ne sont pas tous des "pourris", comme le veut une certaine croyance populaire. Plusieurs députés font de leur mieux, mais notre système parlementaire les empêche souvent de jouer leur rôle à fond. » Nous voilà donc revenus à la case départ. Aucun parti ne parvient à faire du bon travail, alors allons-y et tout ira mieux ! Et vive le système électoral !

Françoise David pousse même la naïveté jusqu'à croire que les médias seraient intéressés à travailler en ce sens. « Plus largement, pourrions-nous imaginer de nouveaux forums de discussion entre le gouvernement et la population ? [...] Quel serait alors le rôle des médias et des nouvelles technologies ? » Il serait intéressant de savoir si elle en a déjà parlé aux grands progressistes (Péladeau, Desmarais et cie) qui possèdent la presque totalité des médias de la province.

C'est donc sur la base de ces réflexions que Françoise David et Option citoyenne partent en campagne : « Dès l'été, nous sillonnerons les régions du Québec et nous discuterons avec vous des orientations proposées ici. En novembre, tous ceux et celles qui auront adhéré au mouvement seront invités à une large rencontre, pour adopter des principes généraux et quelques propositions sur des thèmes centraux. Puis, Option citoyenne se tournera vers l'Union des forces progressistes et le Parti vert. Nous aurons des discussions sérieuses avec un objectif, notre première utopie réalisable : qu'au printemps 2005, il y ait au Québec un seul parti politique de gauche, féministe, écologiste et rassemblant tous ceux et celles qui veulent bâtir un Québec de la solidarité. »

Ce qui intéresse les médias bourgeois
Pour appuyer le lancement de son livre, Françoise David a accordé quelques entrevues aux grands médias. Trois questions semblaient revenir plus fréquemment chez nos amis bourgeois : le féminisme, le nationalisme et le revenu de citoyenneté. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la porte-parole d'Option citoyenne fera sûrement une très bonne politicienne puisqu'elle sait déjà répondre aux questions sans y répondre vraiment.

Commençons par la question du féminisme. En effet, F. David souhaite construire un parti féministe. Pourtant, dans son livre, elle ne fait aucune analyse des causes des conditions difficiles dans lesquelles vivent encore beaucoup de femmes présentement. Elle tente de contourner ces lacunes en disant qu'il faut continuer de débattre : « Pour nous, à Option citoyenne, il paraît important de lutter ensemble, hommes et femmes, contre les inégalités subies par les femmes, mais aussi de développer un espace de discussion pour aller plus loin que les vieux réflexes. Admettons que nos réflexions sont loin d'être terminées, en particulier sur l'existence de cultures masculine et féminine et sur les changements souhaités de part et d'autre. » C'est une habile façon de ne pas répondre à la question, mais ça manque de profondeur pour une organisation qui se dit féministe.

Passons maintenant au nationalisme. Malgré une tendance évidente à appuyer le projet de souveraineté, toutes les portes demeurent ouvertes afin de plaire au plus d'électeurs possible. F. David et Option citoyenne « ne suggèrent pas de réponses décisives. Vous en serez peut-être surpris. Mais c'est ainsi, avec ouverture d'esprit et transparence, qu'Option citoyenne veut aborder la question nationale, dans ses rangs et avec la population du Québec. » De plus, elle ajoute que « la question n'est pas réglée, la division demeure et la réponse appartiendra au peuple québécois », même si « le Québec forme une nation qui possède un droit inaliénable à l'autodétermination, sans ingérence de l'extérieur ».

Françoise David aurait sûrement avantage à faire un peu de lecture afin d'approfondir la question. Ainsi, elle pourrait apprendre (ou se rappeler) que Lénine s'est déjà penché sur la question : « Le droit des nations à disposer d'elles-mêmes signifie exclusivement leur droit à l'indépendance politique, à la libre séparation politique d'avec la nation qui les opprime. [...] Ainsi, cette revendication n'a pas du tout le même sens que celle de la séparation, du morcellement, de la formation de petits États. Elle n'est que l'expression conséquente de la lutte contre toute oppression nationale. Plus le régime démocratique d'un État est proche de l'entière liberté de séparation, plus seront rares et faibles, en pratique, les tendances à la séparation, car les avantages des grands États, au point de vue aussi bien du progrès économique que des intérêts de la masse, sont indubitables, et ils augmentent sans cesse avec le développement du capitalisme. » [2]

Cette analyse est d'ailleurs très bien appuyée par l'expérience nationaliste au Québec. « Il nous semble évident que des années soixante aux années quatre-vingt-dix et à aujourd'hui, la centralité de la question nationale dans les débats politiques de la classe ouvrière n'a profité qu'au PQ, à l'État du Québec et à la bourgeoisie québécoise qui a marqué une progression stupéfiante pendant cette période. » [3] Il est vrai, cependant, que de laisser la question en suspens peut être plus confortable pour F. David et son futur parti.

Enfin, qu'en est-il du revenu de citoyenneté ? « Cette formule a le mérite de poser crûment la question du droit à un revenu décent pour toutes et tous. [...] Mais... il y a plusieurs problèmes. [...] Quoiqu'il en soit, nous poursuivrons nos débats sur la question. » Quelle surprise ! Donc, plein de débats en perspective, mais aucune réponse directe !

La question devient alors incontournable : pourquoi l'analyse de F. David sur ces questions est-elle si faible ? La réponse se trouve dans les solutions proposées face à d'autres problèmes.

Une approche purement idéaliste
Pour F. David, les idées et les valeurs sont la base du changement. Que propose-t-elle afin de lutter contre la pauvreté ? « Option citoyenne [...] propose une société centrée sur la recherche du bien commun avec la conviction qu'il n'y a d'avenir pour le Québec et le monde que dans la réaffirmation de valeurs fondamentales, soit : l'égalité des droits et des chances ; une juste répartition de la richesse entre les individus et entre les peuples ; le respect des libertés individuelles et collectives reconnues dans les chartes, déclarations et conventions universelles ; le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; la négociation plutôt que l'affrontement pour régler les différends [...] ; la lutte contre le sexisme, contre le racisme et contre toutes les formes de discrimination ; un développement axé d'abord sur la satisfaction des besoins essentiels pour toute l'humanité et qui tienne compte de la fragilité écologique de la planète. [...] Le changement commence "entre les deux oreilles", par une nouvelle façon de voir le monde. Par le développement d'un esprit critique et constructif. » Cette approche philosophique, c'est de l'idéalisme pur. Ayons de bonnes idées et nous pourrons changer le monde !

Dans la pratique, les grands changements qu'a connus l'humanité au cours de son histoire ont toujours eu comme point de départ une base matérielle. Ainsi, ce n'est pas parce que les esclaves sont soudain devenus conscients du fait que le système esclavagiste de l'empire romain était injuste, que ce dernier est tombé. Et cette conscientisation n'a pas mené la société tranquillement et pacifiquement vers un esclavagisme à visage plus humain ! Les faits sont tout autres : quand le système de production basé sur l'esclavage a atteint ses limites en ne parvenant plus à augmenter la productivité, la misère s'est aggravée. C'est alors que des révoltes organisées d'esclaves ont réussi à détruire ces vieux rapports de production (maîtres-esclaves), pour faire place à de nouveaux.

Cette analyse vaut également pour la Révolution française, si chère à nos bourgeois. Ceux-ci n'ont pas tenté de rendre le féodalisme plus acceptable, il l'ont détruit afin de le remplacer par de nouveaux rapports de production. Les idées ont un rôle à jouer dans ces changements, mais elles n'en sont ni le point de départ ni la cause ! Les idées et les valeurs, seules, ne peuvent pas transformer une société. Il faut s'attaquer aux conditions matérielles de production et aux rapports d'exploitation qui en sont la base pour espérer mettre fin à la misère.

F. David semble ignorer cela. En fait, elle applique son approche idéaliste à plusieurs autres problèmes. Ainsi, pour lutter contre la pauvreté et la misère culturelle : « Nous plaiderons pour la culture, plus et mieux. Il faudrait entre autres revaloriser les arts à l'école. »

Pour lutter contre le chômage et la précarité : « Pourquoi ne pas partager davantage le travail, favoriser l'embauche plutôt que le temps supplémentaire, introduire des horaires permettant une vie familiale plus satisfaisante ? N'y a-t-il pas lieu d'imaginer une vision renouvelée du travail ? » Pour elle, il suffit de penser à des améliorations et tout se transformera comme par magie. Elle ne comprend pas que si ces belles valeurs ne sont pas respectées présentement, c'est parce que les valeurs qui se vivent concrètement se construisent à partir du système économique et des rapports de production. Tant et aussi longtemps que les rapports de production seront capitalistes, on aura beau parler de belles valeurs, rien ne changera.

En environnement, la même approche idéaliste se répète : « Parce que notre façon d'exploiter la terre affame des populations et assoiffe la terre elle-même, nous n'avons d'autre choix que de repenser nos modes de production et de consommation. L'auteur Serge Mongeau, précurseur de la "simplicité volontaire", propose une "économie de la décroissance". Ce concept audacieux nous oblige à revenir à nos valeurs. [...] Or, rares sont les partis qui proposent une vision globale, à long terme, d'un développement durable. »

F. David, encore une fois, devrait approfondir ses recherches. Ainsi le programme du PQ stipule que : « Une économie d'avant-garde, c'est aussi une économie qui favorise le développement durable. Le développement durable assigne des paramètres à la croissance économique pour le bénéfice des générations futures. » Celui du Parti libéral est tout aussi clair : « Dans le respect des valeurs libérales, nous visons à 1. protéger la santé des citoyens et des écosystèmes ; 2. garantir la santé économique ; 3. assurer le développement durable. »

Même l'ennemi juré des « progressistes », l'ADQ, dans sa plate-forme de 2003 dit que : « La pérennité de notre patrimoine naturel et la qualité de notre environnement sont des conditions essentielles de la prospérité à long terme du Québec. » Voila une autre preuve du fait que de « belles valeurs » ne servent à rien si elles ne sont pas appuyées par une analyse matérialiste solide.

Enfin, penchons-nous sur la solution que F. David a trouvée afin de régler les contradictions qui se vivent avec les nations autochtones : « Il n'existe qu'une manière de résoudre ce genre de contradiction, c'est de parler en toute bonne foi et en ne préjugeant pas de la mauvaise foi de l'autre. » Wow ! Quelle idée lumineuse ! Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Et peut-être même que cette approche est universelle. Grâce à la pensée-David (ou doit-on dire le davidisme ?) il sera maintenant possible de régler des conflits aussi graves que celui entre Israël et la Palestine ! Il suffit d'être de bonne foi. Non mais, si ce n'est pas du délire mental, on aimerait bien savoir ce que c'est !

Une incompréhension totale du rôle de l'État
En plus d'utiliser une approche philosophique idéaliste, F. David nous démontre à plusieurs occasions que sa vision du rôle de l'économie et de celui de l'État est complètement erronée. Ainsi, elle croit que l'État bourgeois peut faire un meilleur travail : « L'État québécois doit donc réinvestir massivement dans le logement social et maintenir des règles strictes dans le domaine du logement locatif. Nous devons aussi obliger Ottawa à s'impliquer beaucoup plus dans le financement du logement social. » Elle veut aussi forcer les entreprises à faire leur juste part : « Les entreprises [...] soutenues par l'État, avec l'argent de nos taxes et de nos impôts, devraient [...] respecter des conditions strictes. Non polluantes, transparentes fiscalement, elles devraient accepter la syndicalisation et contribuer au développement de leur milieu en siégeant à des organismes locaux de concertation. » (Imposer aux entreprises la concertation ? Tout un programme !) Et de rajouter : « Il faudra imaginer d'autres manières de financer les universités. Pourquoi ne pas exiger une contribution spéciale des entreprises, grandes bénéficiaires de la formation des diplômés universitaires ? » Cette approche simpliste vient de son ignorance du rôle de l'État : « L'État a le devoir d'assurer le respect des droits humains fondamentaux - y compris les droits économiques, sociaux et culturels - de toute la population, de renforcer la démocratie, de redistribuer la richesse collective et de garantir des services publics de qualité (santé, éducation, accès à l'eau potable, culture, etc.). Si nous concevons ainsi le rôle de l'État, nous devons accepter volontiers de payer des impôts. Mais nous exigerons aussi l'accès à de bons services et une plus grande redistribution de la richesse. »

Mais où a-t-elle déjà vu un tel État dans la réalité ? Voici une analyse plus rigoureuse du rôle de l'État, afin que Françoise David puisse améliorer ses conceptions politiques : « La plupart des gens sont tellement habitués à l'existence de l'État qu'ils le voient comme quelque chose de naturel, d'indispensable, qui aurait toujours existé. Mais, en fait, il n'est apparu qu'avec la division de la société en classes. Aucune société opposant des classes antagoniques ne peut subsister dans une lutte continuelle et ouverte entre elles. Aucune vie sociale, aucune production n'y seraient possibles. Des "compromis" s'établissent temporairement, en fonction du rapport des forces en présence à un moment donné. [...] Bien entendu, ces compromis qui s'établissent ne sont pas librement consentis par la classe qui est dominée. Seule la contrainte plus ou moins brutale selon les circonstances, peut faire accepter ce "statu quo" à la classe opprimée. L'instrument de l'équilibre plus ou moins précaire entre les classes, pendant les périodes de "répit" relatif - et donc, l'instrument de cette contrainte qui oblige la classe dominée à supporter l'exploitation -, c'est l'État ! [...] C'est ainsi que l'État antique était l'État des propriétaires d'esclaves ; que l'État féodal fut l'organe de la noblesse pour mater les serfs ; et que l'État actuel est l'instrument de l'exploitation du travail salarié par le capital. » [4]

Et pour parvenir à atteindre cet objectif, l'État dispose de l'argent des impôts et des taxes afin de maintenir les différents outils nécessaires : armée, police, système de justice, prisons...

L'État tire son existence du système économique qu'il défend et protège. Il n'est pas une entité neutre se plaçant entre les classes afin de gérer les conflits. Il ne peut donc se plier aux souhaits de Françoise David qui va jusqu'à lui demander de sortir de la logique marchande afin de penser davantage au bien commun. Un tel type d'État n'existe pas. Même sous le socialisme, l'État n'aura pas cet objectif, la dictature du prolétariat devant servir à éliminer les classes. Lorsque l'exploitation sera éliminée de la surface de la planète, les États disparaîtront d'eux-mêmes puisqu'ils n'auront plus aucune utilité.

F. David est donc dans l'erreur quand elle parle des conséquences du traité de libre-échange : « Nous nous sommes engagés progressivement dans un processus politique et économique qui affaiblit la souveraineté des États et place les intérêts commerciaux des entreprises avant ceux des populations. » Dans les faits, c'est lorsque les intérêts des capitalistes sont bien protégés que l'État peut être considéré comme un État fort.

Les lois servent la bourgeoisie
C'est un véritable cri du cœur que lance Françoise David quand elle écrit que : « L'État a le pouvoir de légiférer et d'agir pour redistribuer équitablement la richesse et les services. Qu'il l'utilise ce pouvoir ! »

L'objectif de chaque capitaliste, c'est d'augmenter sans arrêt ses profits. S'il ne le fait pas, la concurrence va l'obliger à faire faillite. On ne peut, dans ces conditions, demander aux entreprises d'être plus responsables et de travailler à une meilleure redistribution de la richesse. Les capitalistes, à l'intérieur de ce système, sont condamnés à augmenter sans cesse le niveau d'exploitation du prolétariat.

C'est pourquoi F. David se leurre quand elle croit que de nouvelles législations peuvent régler les problèmes : « Rechercher le bien commun, c'est s'appuyer sur les conventions, chartes et déclarations internationales qui consacrent des droits humains fondamentaux, individuels et collectifs. »

Quand l'État met en vigueur de nouvelles lois, il demeure au service de la classe exploiteuse. Dans ces conditions, les lois sont plus souvent qu'autrement dirigées vers la classe exploitée. Quant aux lois à saveur plus progressiste, elles ne demeurent souvent que vœux pieux. On n'a qu'à penser aux fameuses lois anti-pauvreté censées régler ce problème. En novembre 1989, tous les partis politiques de la Chambre des communes avaient voté unanimement pour travailler à éliminer la pauvreté infantile avant l'an 2 000. Quelle farce ! Huit ans plus tard, le taux de pauvreté infantile avait augmenté de 46 %, ceci malgré l'extrême niveau de pauvreté qu'il faut atteindre pour avoir l'honneur de faire partie de ces statistiques !

Combattons de toutes nos forces le flanc gauche de la bourgeoisie !
Certains seront peut-être tentés de croire qu'en nous attaquant ainsi aux partis et organisations dits progressistes, nous divisons les forces de gauche. C'est pourquoi il faut bien comprendre le rôle qu'ils jouent en réalité sur l'échiquier politique.

Il est vrai que les Lula, Bové, Dubuc et David de ce monde peuvent parfois être très convaincants quand ils parlent des problèmes qui secouent l'humanité. Il faut toutefois comprendre l'impact qu'ils peuvent avoir sur la société pour mieux juger leur travail.

Dans les faits, ces beaux parleurs font partie du flanc gauche de la bourgeoisie. Ils refusent de faire une analyse de classes et préfèrent parler de société civile. L'exploitation de la majorité de la population mondiale au profit d'une minorité ne disparaîtra pas pour autant !

Ce flanc gauche ne souhaite pas l'abolition du capitalisme parce qu'il compte bien trouver son profit à l'intérieur même de ce système.

Cette analyse est caractéristique de la petite-bourgeoise. Tout ce beau monde souhaite gravir les échelons du système, mais en continuant de penser aux plus pauvres.

Pourtant, cette position entre deux chaises du flanc gauche de la bourgeoisie a des conséquences désastreuses :

* elle ramène les masses vers les élections et le parlementarisme (confiance en l'État) ;
* elle ramène les travailleuses et travailleurs vers le syndicalisme bourgeois ;
* elle prône l'importance du pacifisme et de la paix sociale à tout prix, alors que la classe bourgeoise augmente les attaques violentes de toutes sortes contre les classes exploitées ;
* elle gaspille l'énergie de plusieurs militantEs qui s'engouffreront à nouveau dans cette énième tentative de regroupement des forces de gauche du Québec sans comprendre pourquoi rien ne progresse malgré leurs efforts ;
* elle redonne à une partie des masses l'illusion que cette « nouvelle voie » est porteuse d'espoir.

C'est pourquoi, malgré leurs beaux discours, ces réformistes continueront de travailler à la conservation du capitalisme et attaqueront ou ridiculiseront toute tentative de lutte véritable. En faisant l'économie d'une analyse solide, en évitant de faire le bilan des expériences réformistes passées, le flanc gauche de la bourgeoisie renaît sans cesse de ses cendres afin de nous présenter la même vielle recette basée sur la soumission à une économie sanguinaire et l'acceptation de l'exploitation humaine. C'est pourquoi F. David se tient bien à l'écart de tout ce qui pourrait ressembler à une approche révolutionnaire : « Dénoncer le capitalisme sauvage ne signifie pas abolir la liberté d'entreprendre, d'imaginer un nouveau produit, d'ouvrir un restaurant ou de posséder une ferme ! » Et nous revoilà lancés dans l'anti-communisme caricaturé à l'extrême.

Pendant ce temps, la très vaste majorité de l'humanité continue d'attendre des changements qui ne viennent pas. Le capitalisme, comme les autres systèmes d'exploitation avant lui, ne doit pas être amélioré, mais détruit ! Il est impératif de s'attaquer à la propagande du flanc gauche de la bourgeoisie. La révolution est réellement la seule solution !

Émile Parent


1) Pour en savoir davantage à ce sujet : « Le scrutin proportionnel : priorité ou illusion pour la classe ouvrière ? » dans Socialisme Maintenant! #8, printemps 2002.

2) Lénine, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes, 1916.

3) « La lutte contre le nationalisme est une nécessité absolue », Socialisme Maintenant! #3, automne 1997.

4) « La nature et le rôle de l'État » dans Premier cours d'éducation révolutionnaire : Emparons-nous du marxisme, du léninisme et du maoïsme, Le Drapeau rouge, mars 2000.

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Messagede militant sans banière le Lun Nov 26, 2007 2:39 pm

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