Le mardi 27 novembre 2007
«Que sera sera»
Nathalie Collard
La Presse
À New York, la semaine dernière, environ 70 femmes, dont l'ancienne présidente irlandaise, Mary Robinson, ont participé à un sommet sur le leadership au féminin. Faut-il se réjouir de la tenue d'une telle rencontre ou se désoler du si petit nombre de participantes? Si nous posons la question, c'est qu'il y a deux tendances qui s'affrontent à propos de la situation des femmes. Il y a celles qui voient le verre à moitié plein, et celles qui le voient à moitié vide.
Du côté des optimistes, on brandit les études qui montrent à quel point les facultés universitaires comme la médecine et le droit se sont féminisées au cours des dernières années; on parle du nombre sans cesse grandissant des femmes sur le marché du travail, de la diminution de la pauvreté chez les familles monoparentales canadiennes. Voilà pour le verre à moitié plein.
Du côté des pessimistes, on retrouve en tête de file la féministe Susan Faludi, auteure du best-seller Backlash, publié en 1991, une référence encore aujourd'hui. Dans son plus récent livre, The Terror Dream, l'essayiste défend une vision très sombre des conséquences du 11 septembre 2001 sur les rapports hommes-femmes aux États-Unis. Selon elle, les archétypes de la femme mère de famille et reine de la domesticité et de l'homme fort et protecteur sont revenus en force après l'attaque terroriste qui a ébranlé la société américaine.
La thèse de Faludi, discutable, ne tient pas la route sur un point important: dans les faits, les femmes sont plus nombreuses que jamais à travailler à l'extérieur du foyer. Par contre, l'auteure n'a pas tort de s'inquiéter à propos de la pérennité de certains stéréotypes. Quelques études récentes lui donnent raison.
À commencer par celle de la firme Catalyst qui démontre que les femmes sont encore victimes de préjugés tenaces sur le marché du travail. Un classique: lorsqu'elles élèvent la voix, on les trouve hystériques alors qu'un homme dans la même situation est perçu comme une figure d'autorité. Que sera sera.
Récemment, l'hebdomadaire Macleans publiait, chiffres à l'appui, un reportage sur le fait que les hommes semblent être les grands gagnants du phénomène des super-women. Ils disposent de plus de temps libre et profitent davantage des plaisirs de la vie que leurs compagnes qui sont davantage stressées, croulent sous la pression et s'imposent des objectifs de vie à peu près irréalisables. Bien sûr, la double tâche y est pour quelque chose. En plus de travailler, les femmes sont encore bien souvent en charge des responsabilités familiales. Mais il y a plus. Même dans les couples où le conjoint en fait tout autant que sa conjointe, les femmes sont souvent plus épuisées. Il serait grand temps que des chercheurs tentent de comprendre pourquoi.
Enfin, sur un ton plus léger, du moins en apparence, une troisième étude réalisée par un professeur de l'Université Columbia observe qu'en situation de séduction, les femmes qui détiennent un gros emploi intimident les hommes qui seraient davantage attirée par des femmes moins «menaçantes». En d'autres mots, l'avocate performante les gèle alors que l'agente de bord les séduit. Non, les femmes ne sont définitivement pas sorties du bois!
nathalie.collard@lapresse.ca