de MoiJ'aimeMao le Mar Déc 13, 2005 4:06 am
Bien oui. On impose à un peuple autochtone de construire un osti de terrain de golf (UN CRISS DE TERRAIN DE GOLF, TUER DES AUTOCHTONES POUR UN TERRAIN DE GOLF!!!!!!), pi la les autochtones bien sur ils et elles seront pas contentEs (pourquoi on construit pas des terrains de golf sur NOS cimetières?). Feke dans leurs traditions il y a un groupe sensé PROTÉGER (comme dans purement défensif) leur village nommé les Warriors, qui aux yeux de l'opinion publique passe pour une gang de terroristes. Aucune action violente au début, seulement des blocus pacifiques, sauf que là ça fait pas trop l'affaire de la bourgeoisie (genre cette même bourgeoisie à qui va profiter ce terrain de golf) feke on envoie l'escouade tactique de la SQ, sauf que y'en a un qui meurt. On crie au meurtre pi on fait des manifestations contre la violence des autochtones. On envoie l'armée et boum. Tout ça pour un osti de terrain de golf...
C'est sûr que ma version était brève, mais Antoine, je te suggère de lire ceci:
ÉDITION SPÉCIALE • 15e anniversaire du
soulèvement de Kanehsatake
CÉLÉBRONS LA RÉSISTANCE DE LA NATION MOHAWK!
Le 11 juillet 1990, il y a déjà 15 ans, la
bourgeoisie impérialiste canadienne a été
confrontée à une dure secousse: après plus de 400
ans d'oppression et de violence, après tant de
traités mensongers, de promesses non tenues; mais
aussi après 400 ans de lutte, de courage et de
résistance, les Mohawks de Kanehsatake, appuyéEs
par leurs frères et sœurs des autres communautés
mohawks, ont entrepris un combat qui fait
désormais partie de la grande histoire des luttes
des peuples opprimés au Canada.
L'histoire officielle n'ayant retenu que la
présence de soi-disant "dangereux criminels
masqués" et le tête-à-tête hautement médiatisé
entre un Warrior et le soldat Cloutier de l'armée
canadienne, on a tendance à oublier que ces
événements mémorables se sont produits, d'abord
et avant tout, parce qu'un promoteur véreux,
appuyé par les élites bourgeoises locales,
souhaitait s'emparer du cimetière traditionnel de
la nation mohawk à Kanehsatake pour le détruire
et en faire un... terrain de golf! Un projet on
ne peut plus symbolique du parasitisme atteint
par le capitalisme à l'époque de l'impérialisme,
et tellement significatif du mépris affiché par
la bourgeoisie canadienne à l'endroit des nations
autochtones.
En replaçant la question des droits des nations
autochtones au cœur du débat politique, la
courageuse lutte menée par les Mohawks il y a 15
ans a contribué à démasquer l'hypocrisie de la
bourgeoisie canadienne, qui prétendait avoir
assuré la pérennité des droits démocratiques de
tous et de toutes en rapatriant la Constitution
et en y enchâssant la Charte des droits en 1982.
À l'évidence, la classe dominante avait oublié
l'existence des peuples contre lesquels le pays
fut édifié depuis l'époque de la colonisation.
Pendant près de trois mois, après avoir repoussé
l'assaut mené par la Sûreté du Québec le 11
juillet, les Mohawks ont su résister
victorieusement à l'encerclement de l'armée
canadienne. Celle-ci était intervenue, faut-il le
rappeler, à la demande du gouvernement québécois
de l'époque, formé par le Parti libéral, qui
s'était vu lui-même pressé par l'opposition
péquiste (le chef du PQ et grand nationaliste
devant l'éternel, Jacques Parizeau, avait
multiplié les déclarations incendiaires dénonçant
la "mollesse" du gouvernement Bourassa et
appelant l'armée canadienne à intervenir pour
mettre fin au soulèvement d'une nation opprimée!).
Ainsi, la "crise d'Oka", comme l'ont appelée les
médias bourgeois, aura eu le mérite de faire
ressortir la vraie nature de l'État québécois et
parallèlement, du nationalisme bourgeois véhiculé
par le PQ et le Parti libéral de Robert Bourassa.
Elle a aussi dévoilé l'affaissement du mouvement
syndical et d'une bonne partie de la gauche
québécoise qui sont restés silencieux, à quelques
exceptions près, leur soumission à l'État et au
projet nationaliste de la bourgeoisie québécoise
les ayant empêché de se porter à la défense d'un
peuple opprimé.
À l'époque, le groupe Action socialiste -- une
organisation marxiste-léniniste qui devait plus
tard participer à la création du PCR(co) -- avait
fait campagne en solidarité avec la nation
mohawk, autour des mots d'ordre: Égalité absolue
des langues et des nations! Pour le droit à
l'autodétermination des peuples autochtones! et
Victoire pour les Mohawks!
Avec d'autres militantEs progressistes trop peu
nombreuses et nombreux mais qui avaient osé aller
à contre-courant et confronter le discours
réactionnaire de la bourgeoisie, des
commentateurs et des faiseurs d'opinion publique
hystériques comme Gilles Proulx, les membres
d'Action socialiste se sont jointEs aux activités
du Regroupement de solidarité avec les
autochtones. Ce regroupement, mis sur pied après
le 11 juillet, avait organisé des actions sur une
base quasi quotidienne, pendant toute la durée du
siège de Kanehsatake. Pour Action socialiste,
la "crise d'Oka" aura finalement constitué une
étape fondatrice dans l'affirmation du courant
communiste révolutionnaire et l'élaboration de la
ligne stratégique qui ont éventuellement permis
la création de notre organisation.
Afin de souligner ces événements historiques,
nous reproduisons ce texte, qui avait été publié
dans les pages du journal du groupe Action
socialiste, Socialisme Maintenant!, en septembre
1990, suivi d'une chronologie des événements de
l'été 1990 et d'un hommage posthume rendu à
l'endroit d'un des combattantEs mohawks ayant
participé au soulèvement, Ronald Cross.
- Arsenal-express
400 ANS D'OPPRESSION
Des blindés s'avancent, 2 000 soldats prennent
position: l'histoire d'oppression des nations
autochtones du Canada se poursuit.
La bourgeoisie canadienne ne reconnaît aucune
existence à la nation mohawk. Elle considère les
autochtones comme des citoyennes et des citoyens
ordinaires, sans plus. Les journaux bourgeois,
loin de reconnaître les nations amérindiennes,
présentent les autochtones comme des gens vivant
aux dépens de la société blanche, des gens qui
veulent tout avoir sans jamais rien faire...
Pourtant -- mais cela, on n'insiste pas là-
dessus -- les nations amérindiennes ont vécu sur
le continent, sans le "secours" des Blanches et
des Blancs, durant plusieurs milliers d'années.
Pendant des milliers d'années, elles et ils ont
vécu de ressources naturelles, développé des
outils et des techniques de chasse et de culture,
des institutions politiques et sociales
remarquables, etc.
Les autochtones de toutes les nations n'avaient
pas besoin des Blanches et des Blancs. L'aide
sociale, l'exemption des impôts, les subventions,
etc., elles et ils n'avaient pas demandé d'en
vivre, on les leur a imposées en les dépossédant
de presque tout.
Une histoire d'oppression
-------------------------
L'histoire des peuples amérindiens du Canada
depuis la colonisation française est une suite
sanglante de rapines, d'escroqueries et
d'oppression. Les colonisateurs ont pris les
meilleures terres, refoulant toujours plus loin
les nations autochtones. Les capitalistes ont
envahi les forêts, rasant sans retenue des
milliers de kilomètres carrés. Pour des barrages
hydroélectriques, pour des puits de pétrole, pour
des mines, ils n'ont cessé de chasser de leurs
territoires souvent millénaires des dizaines de
milliers de femmes et d'hommes. Depuis le tout
début de l'implantation blanche, les traités
signés avec les populations autochtones n'ont été
que fourberies. Les premiers traités, dont le
pouvoir blanc se gardait d'expliquer la réelle
teneur aux populations autochtones
concernées, "légalisaient" d'incroyables vols de
territoires. Le plus récent traité de la Baie
James, imposé de force aux autochtones, se situe
lui aussi dans la même lignée.
Aujourd'hui, les autochtones se retrouvent sur
les terres les moins riches, pousséEs sans cesse
plus loin, au fil des découvertes de richesses
naturelles à exploiter. ÉvincéEs de leurs
territoires et ainsi de leurs moyens de subvenir
à leurs besoins, les Amérindiennes et les
Amérindiens ont vu leur dépendance au capitalisme
s'accroître au fil des ans. Depuis la traite des
fourrures, la situation n'a cessé de se
détériorer. À travers le Canada, les autochtones
comptent maintenant parmi les plus pauvres.
L'alcoolisme, le chômage, les suicides sont dus à
la misère croissante, à l'intransigeance
gouvernementale et à la poursuite acharnée d'une
oppression beaucoup trop vieille déjà, et non à
une quelconque tare qu'auraient les autochtones,
comme tentent de nous le faire croire les médias
bourgeois, nourris de la graine fasciste.
Violence blanche contre les Mohawks
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Les Mohawks font partie d'une confédération de
six nations iroquoises, avec les Seneca, les
Oneida, les Cayuga, les Onondaga et les
Tuscarora. Tout au long de l'histoire, les
nations iroquoises ont dû faire face à plusieurs
reprises aux attaques des pouvoirs blancs.
En 1609, Champlain part en guerre contre les
Iroquoises et les Iroquois qui pour résister se
barricadent... En 1665, Louis XIV envoie en
Nouvelle-France le régiment Carignan-Sallières,
pour mener la guerre aux autochtones. Des
villages iroquois seront brûlés, des récoltes
détruites, des femmes, des enfants et des
vieillards seront attaquéEs... En 1687,
Denonville, gouverneur de la Nouvelle-France,
projette d'exterminer les Iroquois, trop enclins
à son goût à défendre leurs droits. Plusieurs
seront assassinés, ce qui entraînera
d'importantes représailles de la part des nations
iroquoises, unies face à l'ennemi.
La seigneurie des Sulpiciens, contrairement à la
seigneurie des Jésuites à Kahnawake qui fut
transformée en réserve, fut dès le début le
théâtre d'attaques contre les Mohawks. Au milieu
du XIXe siècle, les Mohawks demandent aux
Sulpiciens de participer à l'exploitation des
ressources économiques de la seigneurie: ceux-ci
refusent catégoriquement.
À la fin du XIXe siècle, les Sulpiciens qui font
la sourde oreille aux revendications des Mohawks,
se lancent dans une vente massive de terrains à
des colons blancs catholiques, et attaquent les
institutions des autochtones. Celles et ceux qui
s'étaient opposéEs aux projets de l'oppresseur se
firent emprisonner. D'autres durent s'exiler,
refouléEs sur d'autres terres.
À partir de la moitié du XIXe siècle, les Mohawks
entreprennent une longue bataille pour la
reconnaissance de leurs droits. Jusqu'à la veille
de la Première Guerre mondiale, elles et ils
multiplieront les démarches politiques, les
pétitions, les recours aux tribunaux, etc. Mais
toujours, à chaque fois, les portes se sont
fermées avec fracas dès qu'elles et ils
réclamaient ne serait-ce que l'ombre d'un droit.
Lors de la construction du golf d'Oka (les neuf
premiers trous) en 1959, les Mohawks se sont
opposéEs. Plusieurs démarches ont été
entreprises, en vain. Les gouvernements et les
médias de l'époque ont rejeté en bloc les
demandes des Mohawks, les ridiculisant et les
dénigrant. Un minable terrain de golf était à
leurs yeux plus important que les droits
ancestraux d'une nation amérindienne.
En 1975, les trois communautés mohawks
(Kanehsatake, Kahnawake, Akwesasne) ont présenté
au gouvernement une revendication territoriale
globale. Comme réponse, elles ont essuyé un refus
net. En 1978, les Mohawks de Kanehsatake
présentent une revendication spécifique pour la
région d'Oka. Autre refus net du gouvernement. Et
à l'été 1990, en pleine "crise amérindienne", le
gouvernement et les médias bourgeois se sont
égosillés à répéter que les Mohawks ne voulaient
pas négocier, qu'elles et ils n'étaient pas de
bonne foi! […]
Quand il s'agit de reconnaître certains droits
aux autochtones, quand il s'agit de concéder des
territoires, les gouvernements sont
particulièrement sourds. Les seules fois où on a
vu les gouvernements amorcer un semblant de
négociations furent quand on voulait voler aux
peuples amérindiens des portions de leur
territoire. Mais même dans ces cas, les
négociations n'étaient qu'un moyen de justifier
une situation de fait. La convention de la Baie-
James en est un exemple, et il y en a d'autres:
des terres qui faisaient l'objet de discussions
entre les gouvernements et les autochtones furent
cédées à des compagnies forestières, alors que
ces discussions étaient en cours; à Goose Bay,
les jets supersoniques des armées impérialistes
de l'OTAN s'exercent au-dessus des territoires
Innu, sans que les populations n'aient été
préalablement consultées, etc.
La lutte des Mohawks
--------------------
Les revendications des Mohawks, que les
gouvernements s'affairent encore une fois à
dénigrer en les qualifiant d'irréalistes, de
bizarres, etc., ne changent pas, comme ils
veulent nous le laisser entendre, à chaque jour.
Les revendications des Mohawks sont les mêmes
depuis qu'elles et ils ont à subir l'oppression
du pouvoir blanc.
Bien sûr, à travers des siècles de relations avec
les Blancs, la nation mohawk s'est transformée et
à la longue a adopté certains des éléments des
dominantes et des dominants. Mais le fait de
posséder des automobiles, des téléviseurs,
d'occuper des emplois dans la population blanche,
etc., ne change rien au fait que la nation mohawk
existe encore bel et bien. Le pouvoir blanc a
bien tenté d'éliminer les autochtones, de
Denonville à nos jours, en les massacrant, en les
chassant de leurs territoires, ou en pratiquant
la stérilisation forcée des femmes, mais il y a
eu et il y a encore une forte résistance.
Les Mohawks luttent pour leur survie. Elles et
ils revendiquent un territoire, un droit aux
ressources qui s'y trouvent et la reconnaissance
de leur statut de nation, dénié par les
gouvernements. Mais parce que ces revendications
entrent en contradiction avec le libre
développement de l'exploitation capitaliste, qui
veut s'assurer un accès à toutes les ressources
naturelles, les gouvernements font la sourde
oreille et maintiennent l'oppression des
autochtones. Dans la propagande de dénigrement,
ils tentent d'attiser la peur dans la population
blanche en déclarant que les Mohawks veulent
reconquérir presque tout le sud du Québec et le
nord de l'État de New York. Comme mauvaise foi,
on ne fait pas mieux.
Depuis le temps où les revendications des Mohawks
sont connues, depuis les temps où elles et ils
les défendent, les gouvernements savent très bien
ce qui dans les faits est revendiqué. Les
prétentions attribuées aux Mohawks sont fausses:
en fait, les Mohawks ne parlent pas en terme de
domination d'une nation sur une autre (seuls
termes qu'acceptent les gouvernements) mais d'une
forme d'égalité des nations. Le type de relations
avec les nations québécoise et canadienne
envisagé par les nations iroquoises, selon la
Grande Loi de la paix, est éloquent à ce
sujet: "En termes de gouvernement, l'Accord à
deux tracés de la ceinture wanpum prévoit que les
deux nations traiteront entre elles d'égale à
égale, et qu'elles auront chacune leur
juridiction distincte." (tiré d'un document des
Mohawks radicaux, présenté dans La Presse du 27
août 1990)
Maintenant, après des siècles d'oppression, alors
que les Mohawks recourent aux armes, les
gouvernements et les médias bourgeois viennent
pleurnicher sur la violence dont seraient
coupables les "méchants" Warriors. Quelle
hypocrisie! Quel coupable mensonge!
La presse désinforme
--------------------
Les vrais responsables de la violence ne sont pas
les autochtones, ce sont les générations
successives de pouvoir blanc. La véritable
violence, c'est celle des Champlain, Maisonneuve,
Dollard, Denonville, qui ont massacré des
milliers d'Amérindiennes et d'Amérindiens. Ce
sont aussi les Sulpiciens, le maire Ouellette [le
maire d'Oka en 1990], Bourassa, Mulroney qui,
avec leur police et leur armée, imposent la loi
des capitalistes au Canada. La vraie violence, ce
sont tous ces vols, toute cette misère que
subissent encore aujourd'hui les autochtones de
tout le pays. La vraie violence, c'est aussi ce
silence sur l'oppression des autochtones.
Les Warriors ne sont pas sortis d'une boîte à
surprises. La nation mohawk a toujours eu ses
guerriers pour la défendre contre l'ennemi
envahisseur. Mais depuis plusieurs années, les
Mohawks avaient cru pouvoir un jour s'entendre
avec les gouvernements blancs. De démarches
juridiques en représentations politiques, de
pétitions en manifestations, toujours les portes
se sont brutalement fermées à leur nez. La seule
réponse offerte, c'est NON!
Pour beaucoup d'entre nous, les événements de
1990 ont été un réveil brutal à une réalité
encore plus brutale. Mais la lutte armée qui fut
déclarée, qui constitue certes un pas décisif
dans la lutte de libération des peuples
autochtones, n'est pas survenue parce que les
Mohawks "aiment la guerre", comme des
journalistes l'ont laissé entendre, mais bien par
nécessité. Depuis 400 ans s'accumulent les
éléments qui ont engendré la bataille de l'été
1990 et, cela ne fait aucun doute, les batailles
à venir. L'action des Warriors est la seule issue
possible laissée par l'intransigeance des
gouvernements bourgeois.
CHRONOLOGIE DE L'ÉTÉ 1990
[Telle que publiée en annexe du recueil
intitulé "Non coupable -- Le procès des Mohawks",
édité en 1992 par le Regroupement de solidarité
avec les autochtones]
11 mars. Les Mohawks de Kanehsatake débutent une
vigile pacifique dans la pinède afin de protester
contre l'agrandissement du terrain de golf par la
municipalité d'Oka.
1er mai. Première intervention de la Sûreté du
Québec contre la vigile. La SQ veut procéder à
des arrestations. Les Mohawks s'opposent en
faisant une chaîne humaine. Un Mohawk est blessé.
2 mai. Suite à cette intervention de la SQ, un
remblai de terre est placé sur un petit chemin
d'accès, le chemin du Mille, situé en-dehors de
la route 344. Des rencontres se tiennent à la
Maison longue entre des représentantEs des
Mohawks, de la municipalité d'Oka et des
gouvernements fédéral et provincial.
29 juin. La municipalité d'Oka obtient une
injonction contre la vigile, en Cour supérieure
du district de Saint-Jérôme.
9 juillet. Lettre du ministre des Affaires
indiennes, John Ciaccia, implorant le maire
d'Oka, Jean Ouellette, de ne pas faire appliquer
cette injonction et de suspendre, pour une
période indéfinie, son projet d'agrandissement du
terrain de golf.
11 juillet. Attaque de la SQ contre la communauté
mohawk de Kanehsatake. Un membre de son Unité
d'intervention (SWAT), le caporal Marcel Lemay,
est blessé mortellement. Des barricades sont
érigées par les Mohawks. Les Mohawks de Kahnawake
bloquent les autoroutes menant au pont Mercier,
en solidarité avec leurs frères et sœurs de
Kanehsatake.
12 juillet. La SQ érige ses propres barricades,
empêchant ainsi la libre circulation des
personnes, de la nourriture, des médicaments,
etc. Le ministre John Ciaccia se rend dans la
pinède pour entamer des négociations avec les
Mohawks.
6 août. Le Premier ministre du Québec, Robert
Bourassa, lance un ultimatum de 48 heures aux
Mohawks. Le Procureur général par intérim, Sam
Elkas, envoie une lettre au ministère de la
Défense nationale demandant l'intervention des
Forces armées canadiennes.
8 août. Le Premier ministre du Canada, Brian
Mulroney, nomme un médiateur, le juge en chef de
la Cour supérieure, Alan B. Gold. Mulroney répond
aussi favorablement à la demande d'intervention
des forces armées, reprise publiquement quelques
minutes plus tôt par Robert Bourassa.
12 août. Suite à la médiation d'Alan B. Gold, les
ministres des Affaires indiennes du Canada et du
Québec, Tom Siddon et John Ciaccia, se rendent
derrière les barricades mohawks de Kanehsatake
pour signer une entente fixant trois pré-
conditions à la négociation. Les deux ministres
reconnaissent alors publiquement que les Mohawks
constituent une nation.
14 août. L'armée s'installe à proximité des
territoires mohawks. Dans la région d'Oka-
Kanehsatake, le camp militaire est situé à Saint-
Benoît.
15 août. Tel qu'entendu le 12, des observateurs
et observatrices de la Fédération internationale
des droits de l'homme (FIDH) entament leur
mission d'observation aux barricades de
Kanehsatake et de Kahnawake.
17 août. Début des négociations entre une
délégation mohawk et les représentants des deux
gouvernements, Alex Peterson pour le Québec et
Bernard Roy pour Ottawa. Des observateurs et
observatrices de la FIDH assistent aux séances de
négociations.
20 août. L'armée arrive à Oka et à Châteauguay
pour remplacer la Sûreté du Québec aux
barricades. L'équipe de négociation mohawk se
retire temporairement des négociations pour
protester contre le fait que l'armée s'est
approchée plus près que prévu des barricades
mohawks.
23 août. L'armée avance dans le territoire
mohawk. Un autobus transportant les négociateurs
et négociatrices mohawks est arrêté par l'armée à
Kanehsatake. Les Mohawks protestent, mais
acceptent tout de même de poursuivre les
négociations.
27 août. Le gouvernement Bourassa annonce que les
négociations sont terminées et met fin à la
mission d'observation de la FIDH.
28 août. De nouvelles négociations s'amorcent,
cette fois avec des représentants de la
Confédération des Six Nations. L'armée se
rapproche de Kahnawake. Des voitures transportant
des femmes, des enfants et des aînés mohawks sont
lapidées par des manifestants, à leur sortie du
pont Mercier, à Ville La Salle. Présente sur les
lieux, la SQ ne fait rien pour les en empêcher.
Un aîné mohawk, Joe Armstrong, mourra quelques
jours plus tard d'un arrêt cardiaque.
29 août. Démantèlement des barricades bloquant
l'entrée du pont Mercier, à Kahnawake. Suite à la
réouverture du pont, les représentants des
gouvernements mettent fin aux négociations avec
la Confédération, alors que 13 points et demi,
sur 15, avaient fait l'objet d'un accord.
30 août. Robert Bourassa confirme que ces
négociations sont bel et bien terminées. Il
explique cet échec par le retrait des porte-
parole de la Confédération des Six Nations qui
auraient été en désaccord avec un négociateur
mohawk, Joe Deom. La Confédération niera cette
interprétation, quelques jours plus tard.
1er septembre. L'armée canadienne avance dans
Kanehsatake et occupe la pinède. Elle encercle
une cinquantaine de personnes, hommes, femmes et
enfants, qui continuent à résister. les
autochtones se replient au Centre de traitement
Onen'to:kon de Kanehsatake (CT).
3 septembre. À la recherche d'armes, l'armée et
la SQ font une perquisition à la Maison longue de
Kahnawake. Des femmes mohawks qui y résistent
sont bousculées.
8 septembre. Un Mohawk présent au CT, Randy
Horne, est battu durant son sommeil par quatre
militaires qui sont entrés à l'intérieur du
périmètre mohawk. En fin de journée, il est
transporté à l'hôpital.
10 septembre. Alors que l'armée s'était engagée à
ramener Randy Horne et son épouse, Stephanie
Horne, au CT, ils sont constitués prisonniers.
18 septembre. L'armée intervient sur l'île Kateri-
Tekakwitha, à Kahnawake, pour saisir des armes.
Un violent affrontement s'ensuit avec des Mohawks.
26 septembre. Les Mohawks décident de sortir du
CT pour "rentrer à la maison". Les militaires et
les policiers de la SQ paniquent et une
bousculade s'ensuit. Les Mohawks sont arrêtés et
conduits soit à la base militaire de Farnham,
soit au quartier général de la Sûreté du Québec,
à Montréal. Certaines des personnes arrêtées sont
victimes de brutalité.
À LA MÉMOIRE DE RONALD CROSS
[Éloge publié par Le Drapeau Rouge, n° 21,
novembre 1999]
Le Mohawk Ronald Cross, dit "Lasagna", est mort à
Montréal le 1er novembre 1999. Il avait repris
depuis peu son métier de monteur de structure
(qui fut aussi le métier de nombreuses
générations d'ouvriers mohawks au Canada et aux
États-Unis) sur le pont Champlain, après avoir
purgé plusieurs années de prison suite à la lutte
de l'été 1990 à Oka.
Avec un groupe de Mohawks et de sympathisantEs,
Ronald Cross avait courageusement combattu
pendant le long siège de 78 jours auquel les
avait contraints la Sûreté du Québec et l'armée
canadienne à Oka au nord-ouest de Montréal.
Suite au raid armé de plus de 1 000 agents de la
SQ effectué le matin du 11 juillet 1990, raid qui
devait déloger les Mohawks de la pinède de
Kanehsatake, ceux-ci érigèrent des barricades et
maintinrent un siège héroïque pour défendre leurs
droits sur leur territoire ancestral alors
convoité par des promoteurs véreux.
L'intervention de milliers de soldats de l'armée
canadienne et la prise en tenaille progressive du
secteur força les Mohawks à se retrancher petit à
petit jusqu'à un résidu entourant le désormais
célèbre "Centre de désintoxication".
Lorsqu'ils en sortirent le 26 septembre, ils
étaient encore 52 femmes, hommes et enfants ainsi
qu'une dizaine de journalistes. Pendant toutes
ces semaines, la combativité et la résistance des
Mohawks suscitèrent le respect et l'appui de
dizaines de milliers de sympathisantEs à travers
le Canada ainsi qu'ailleurs dans le monde. Le
Canada fut alors plongé dans une des crises
politiques les plus importantes de son histoire.
La grande presse, hargneuse et raciste, les
milieux dirigeants et les groupes les plus
nationalistes s'en prirent pendant tout ce temps
aux "dangereux Warriors armés" et en particulier
à Ronald Cross dont ils firent la
personnification. Au moment de son arrestation le
26 septembre, Ronald Cross fut sauvagement battu
à coups de poings et d'armes par quatre policiers
de la SQ qui, pour accomplir impunément leur
mission fasciste, avaient revêtu des habits de
l'armée canadienne. D'ailleurs, quelques jours
avant de mourir, Cross devait l'emporter dans une
plainte en déontologie déposée contre ces quatre
SSQuistes déguisés!
La lutte des Mohawks à l'été 1990 a profondément
influencé l'esprit revendicatif des nations
autochtones à travers le Canada. Elles sont
entrées depuis lors dans un cycle de luttes qui
ne fait que commencer à ébranler la domination et
l'oppression exercée par l'État. Chez des
dizaines de milliers d'autochtones, l'esprit
combattant, "l'esprit warrior" est de plus en
plus vivant et resurgit devant chaque affront,
dans chaque lutte. Pensons à Ipperwash en
Ontario, Gustafsen Lake en Colombie-Britannique,
et tout récemment encore aux MicMacs de la côte
est.
Il faut continuer à entretenir l'esprit
combattant de l'été 1990. Il faut s'en servir
comme d'un brillant exemple susceptible de
renforcer notre combat contre l'oppression et
l'exploitation. C'est pourquoi notre respect
accompagnera toujours la mémoire de Ronald Cross.
J'ai connu un mec de droite une fois, il avait dix fois plus de classe.