LE DRAPEAU ROUGE-EXPRESS
N° 175 - Le 6 avril 2008
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LA BATAILLE POUR LIBÉRER MUMIA ABU-JAMAL N'EST
PAS ENCORE TERMINÉE
Le jeudi 27 mars, plusieurs se sont réjouis
lorsque certaines dépêches ont laissé entendre
qu'une cour d'appel américaine venait «d'annuler
la sentence à mort» du militant révolutionnaire
Mumia Abu-Jamal, condamné en 1982 après avoir
été faussement accusé du meurtre d'un policier.
En réalité, ce que la Cour d'appel de l'État de
Pennsylvanie a fait, c'est simplement de
confirmer la décision rendue en 2001 par un juge
fédéral, qui avait commué la sentence de mort
prononcée contre Mumia en une sentence
d'emprisonnement à vie, tout en maintenant le
verdict de meurtre prononcé contre lui. La
bataille est donc loin d'être terminée pour
libérer cet ex-membre du Black Panther Party,
qui restera en prison pour le reste de ses jours
pour un crime qu'il n'a pas commis, à moins que
la mobilisation populaire soit assez forte pour
gagner sa libération. L'article qui suit, paru
dans l'édition de cette semaine de
l'hebdomadaire Revolution (revcom.us) du
RCP,USA, rappelle les grandes lignes du coup
monté contre Mumia Abu-Jamal.
- Le Drapeau rouge-express
Philadelphie, le 27 mars 2008 -- Un banc de
trois juges de la Cour d'appel fédérale du 3e
circuit vient tout juste de rendre sa décision
dans l'affaire du prisonnier politique Mumia
Abu-Jamal. Dans une décision partagée, le
tribunal a décidé de maintenir le verdict de
culpabilité originalement prononcé contre Mumia,
tout en confirmant la décision prise par un
tribunal inférieur il y a quelques années de
commuer la sentence de mort qui lui avait été
infligée, en raison d'erreurs commises dans les
directives que le juge du procès avait
transmises au jury.
Cette décision a pour conséquence que le coup
monté réalisé il y a près de 27 ans contre ce
militant et journaliste révolutionnaire
continuera de produire ses effets. Condamné par
un système judiciaire notoirement raciste au
terme d'un procès qui s'est avéré une parodie de
justice, Mumia Abu-Jamal est isolé dans le
couloir de la mort depuis... 1982.
La décision que la Cour d'appel vient de rendre
constitue un développement préoccupant et
dangereux pour Mumia. Non seulement son pourvoi
a-t-il été rejeté, mais l'État de Pennsylvanie
pourrait désormais, techniquement, le traduire
de nouveau devant le tribunal et reprendre la
phase de détermination de la peine afin de
«réparer les erreurs» commises par le juge de
première instance. Si les autorités décidaient
de se prévaloir de cette opportunité, rien
n'empêcherait qu'une nouvelle sentence de mort
soit prononcée à l'encontre de Mumia.
Le 9 décembre 1981, juste avant l'aube, Mumia
Abu-Jamal, qui gagnait alors sa vie comme
chauffeur de taxi, s'est retrouvé dans le
centre-ville de Philadelphie. Par pur hasard, il
a vu un policier s'en prendre à son propre
frère, William Cook, et le battre à coups de
lampe de poche. Mumia s'est immédiatement porté
à son secours. Il y eut alors une brève
confrontation. Lorsqu'il a retrouvé ses esprits,
Mumia était couché sur le trottoir et baignait
dans son sang. Le policier gisait un peu plus
loin, après avoir été atteint par quelques
balles. Même si plusieurs personnes étaient
présentes sur la scène du crime, les policiers
dépêchés en renfort ont tout de suite ciblé
Mumia, dont la figure leur était connue en
raison de ses activités politiques. Mumia fut
accusé de meurtre.
Lors de son procès (qui a eu lieu en 1982), on
l'a empêché d'assurer sa propre défense; Mumia
fut en outre exclu du tribunal pendant plus de
la moitié de l'audience. La poursuite a fait
valoir que Mumia avait «avoué» avoir tué le
policier, mais bizarrement, ce n'est que
plusieurs mois après l'incident que la police
s'est souvenu de ce «léger détail»... Des
témoins ont été amenés à livrer de faux
témoignages. Des éléments de preuve fondamentaux
qui auraient pu disculper l'accusé ont été
soustraits à l'attention du jury. Une employée
de la Cour a même rapporté avoir entendu le juge
affirmer, en faisant référence à la poursuite:
«I'm going to help them fry the n****r». Mumia
fut finalement trouvé coupable et condamné à
mort.
Au milieu des années 1990, alors que l'ordre
d'exécution venait d'être signé et n'attendait
plus qu'à être appliqué, le cas de Mumia a fini
par attirer l'attention de l'opinion publique.
Un large mouvement s'est développé, non
seulement aux États-Unis mais à l'échelle
internationale, pour exiger sa libération. La
cause de Mumia est devenue une ligne de
démarcation et un cri de ralliement pour des
milliers de personnes, incluant des artistes et
intellectuelLEs renomméEs. Amnistie
internationale, le Parlement européen et
d'autres instances ont fait écho à l'exigence de
la tenue d'une nouveau procès.
En décembre 2001, après avoir entendu l'affaire
en appel, un juge de la Cour fédérale de
district a commué la sentence de mort en
sentence à perpétuité pour des raisons
techniques, tout en maintenant le verdict de
culpabilité prononcé contre Mumia. Jamais, dans
toutes ces procédures, n'a-t-on laissé à Mumia
la possibilité de prouver son innocence; de
fait, non seulement est-il demeuré en prison,
mais on l'a toujours gardé dans le fameux
«couloir de la mort».
Le principal motif d'appel soulevé par l'avocat
de Mumia concernait l'utilisation, par la
poursuite, de ses privilèges de récusation pour
écarter systématiquement les candidatEs noirEs
lors de la formation du jury. Cette pratique,
qui était notoirement courante à Philadelphie
(le bureau du District Attorney avait même
produit une vidéo pour enseigner cette façon de
faire aux nouveaux procureurs...), fut
éventuellement proscrite par la Cour suprême des
États-Unis.
Dans la décision qu'elle vient de rendre, la
Cour d'appel a précisément rejeté ce motif, sur
la base que l'appelant avait fait défaut de
soulever cet argument au moment du procès. La
Cour a également invoqué de façon subsidiaire
l'absence de données sur l'origine raciale du
«pool» des candidates et candidats qui ont été
appeléEs à constituer le jury, ce qui rendrait
impossible d'établir qu'il y a eu ségrégation.
Le premier argument est particulièrement
fallacieux quand on sait, d'une part, que Mumia
fut représenté à son procès par un avocat qu'il
n'avait aucunement choisi et qui s'est lui-même
avoué incompétent; et d'autre part, que l'accusé
a été exclu du tribunal durant la majeure partie
du procès. Dans le cadre de la récente procédure
d'appel, Mumia n'a pas été autorisé à soulever
cette question de compétence de l'avocat qu'on
lui avait appointé d'office. Il était ainsi
piégé d'avance: on ne lui permet pas de
contester l'exclusion raciste de membres de jury
parce que son avocat a négligé de le faire lors
du procès, tout en lui interdisant de soulever
l'incompétence de son avocat; cela, alors que le
fait même de cette négligence constitue une
preuve de son incompétence!
Dans une dissidence inspirée, le juge Thomas L.
Ambro affirme que «le fait d'exclure ne
serait-ce qu'un seul candidat juré pour un motif
racial constitue une violation du quatorzième
amendement de la Constitution des États-Unis
[«Equal Protection Clause»]». Selon lui, la
position adoptée par les juges majoritaires
revient à établir des règles particulières
applicables uniquement au cas de Mumia; en
effet, la Cour d'appel n'a jamais hésité, par le
passé, à annuler d'autorité de nombreuses
décisions analogues pour motif de ségrégation
raciale dans la formation du jury et ce, même si
ce motif n'avait pas été invoqué directement en
appel.
La décision de la Cour d'appel laisse deux
options à l'État de Pennsylvanie: soit de former
un nouveau jury qui reprendra la phase de
détermination de la peine du procès initial
(auquel cas Mumia pourrait à nouveau être
condamné à mort), soit de commuer définitivement
la sentence de mort qui lui a été imposée en
sentence d'emprisonnement à perpétuité. L'avocat
qui défend maintenant Mumia a déjà fait savoir
qu'il en appellera de la décision du tribunal,
dans le cadre d'une procédure spéciale au terme
de laquelle la totalité des juges de la Cour
d'appel fédérale du 3e circuit seront appelés à
se prononcer sur la validité de la décision
rendue par leurs trois collègues.
Depuis plus de 26 ans pendant lesquels on l'a
maintenu en situation d'isolement carcéral et
malgré les menaces d'exécution répétées qui ont
plané sur lui, Mumia Abu-Jamal est toujours
demeuré ferme dans ses convictions et sa
détermination à obtenir justice. Les livres
qu'il a publiés, les chroniques hebdomadaires
qu'il continue à rédiger, les commentaires qu'il
enregistre pour la radio continuent à inspirer
des milliers de gens partout à travers le monde.
Il est impératif que nous continuions à exiger
la libération de ce prisonnier politique
révolutionnaire.
Les masses sont les véritables héros.
Mao
Mao Lénine Marx ROCK!!!!!!!!!!!