Ils osent les bougres. Même Orwell n'y aurait pas cru dans ses rêves les plus jouissifs...
Claire R. , "plutôt écolo", a voté Taubira en 2002, "oui" au référendum de 2005, et choisira Ségolène Royal "en se pinçant le nez". L'encadrement militaire pour mineurs, le drapeau tricolore à la maison, la "une" de Challenges, le 28 mars, ("Les profits sont nécessaires !") "tout ça" la gêne. "Du coup, je n'écoute pas beaucoup la campagne". Avec des amis, elle a eu l'idée de lancer une pétition : "On vote pour toi, mais tais-toi." Elle a renoncé : on aurait pu y lire une adresse machiste. "Mais que l'on soit clair : ce n'est pas parce que c'est une femme que ça me réconforte de voter par défaut."
Le candidat d'extrême droite [Le Pen], qui a réussi un coup médiatique en se rendant cette semaine dans une banlieue réputée difficile du nord-ouest de Paris, a choisi une jeune fille d'origine nord-africaine pour illustrer une des premières affiches de sa campagne 2007.
« Plutôt de gauche », Habiba Boualem, une juriste âgée de 35 ans, dit que le Parti socialiste ne lui « convient plus ». Ne voyant « aucune différence » entre le Front national de Jean-Marie Le Pen et l'UMP de Nicolas Sarkozy, elle choisit « l'original plutôt que la photocopie ».
Sarkozy accusé par ses rivaux de flirter avec l'extrême droite
Audrey Kauffmann
Agence France-Presse
Paris
Le candidat de droite à la présidentielle en France Nicolas Sarkozy, fermement installé en tête des sondages pour le premier tour dans neuf jours, était vendredi sous le feu des critiques de ses rivaux qui l'accusent de tenter de se rapprocher de l'extrême droite.
Le parti de droite UMP de Sarkozy «commence à négocier en douce avec le FN» (Front national) de Jean-Marie Le Pen, a affirmé la socialiste Ségolène Royal, de plus en plus virulente contre son rival dans ses meetings. Elle a aussi appelé la gauche à s'opposer à une «droite dure».
Le centriste François Bayrou a lui dénoncé les «dérapages contrôlés et multipliés» de Sarkozy pour «se rapprocher» du FN, parlant d'«outrances» et d'«intentions mystérieuses».
Les récents propos de Sarkozy sur l'Allemagne font ainsi «frémir», a dit Bayrou, reprochant à son rival de «ramener au peuple allemand le drame, le crime hitlérien».
Lors d'un meeting le 30 mars, Nicolas Sarkozy avait déclaré que la France n'avait pas «à rougir de son histoire», qu'elle n'avait pas «commis de génocide», ni «inventé la solution finale». Il était revenu sur le sujet dans une interview à un magazine.
L'ex-ministre Azouz Begag, rallié à Bayrou, a accusé Sarkozy de «draguer à fond la caisse l'électorat d'extrême droite».
Sarkozy est «le fils de Le Pen», a renchéri le candidat altermondialiste José Bové, tandis que chez les Verts on fustigeait «le tandem Sarkozy-Le Pen», deux hommes qui usent des «mêmes mots» et des «mêmes images».
À l'origine de ces attaques figurent des propos qui ont déclenché des spéculations sur un réchauffement des relations entre les deux camps après le départ du président Jacques Chirac, qui s'est toujours opposé à tout accord électoral avec le FN.
Le Pen a tendu plusieurs perches: «si Sarkozy dit qu'il est d'accord pour un rapprochement, pourquoi pas?», a-t-il lancé jeudi, évoquant «des points possibles d'accord et de convergence». Il a aussi déclaré ne pas «s'interdire» de contacter Sarkozy entre les deux tours du scrutin.
Nicolas Sarkozy s'interrogeait lui jeudi dans le quotidien Libération (gauche): «Au nom de quoi récupérer les électeurs du FN, c'est mal?». Et d'enfoncer le clou plus tard: «je n'aime pas la façon dont on culpabilise des électeurs du Front national» qui sont «en souffrance».
Dans une interview vendredi au Figaro, son bras droit Brice Hortefeux, a suggéré qu'une partie des députés soit élue à la proportionnelle, ce qui ouvrirait la porte de l'Assemblée nationale à l'extrême droite.
L'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives, revendication phare du FN, figure aux programmes de Royal et Bayrou mais pas de Sarkozy.
Sarkozy et son entourage ont voulu contrer les critiques, sans parvenir à dissiper les doutes. Le quotidien populaire Le Parisien s'interrogeait ainsi sur la finalité de ces «liaisons dangereuses».
Les porte-parole de Sarkozy ont assuré que la suggestion de Brice Hortefeux était «personnelle» et n'engageait «en aucune façon» le candidat de l'UMP.
Sarkozy, qui a placé ces derniers jours au coeur de son discours les thèmes chers à l'extrême droite de l'identité nationale et de l'immigration, a pointé la «très grande différence» entre lui et Le Pen et «exclu» toute participation gouvernementale de ministres FN.
Une autre «alliance» suscitait l'émoi vendredi, celle proposée par l'ex-premier ministre socialiste Michel Rocard entre Ségolène Royal et François Bayrou, qui bataillent dans les sondages derrière M. Sarkozy pour une place au second tour. Une suggestion qui a immédiatement déclenché un tir de barrage de l'appareil socialiste.
«Ca bouge!», s'est en revanche félicité Bayrou, selon qui «il faudra bien qu'on soit capable de dépasser les frontières du passé».
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