http://www.ledevoir.com/2008/05/02/187918.html
L'UdeM menace d'abolir ses activités culturelles
Clairandrée Cauchy
Édition du vendredi 02 mai 2008
L'Université de Montréal menace d'abolir le Service des activités culturelles si les associations étudiantes ne donnent pas leur aval à une hausse des frais afférents plus importante que celle autorisée par le gouvernement du Québec.
Une pléiade d'activités parascolaires risquent ainsi de disparaître dès septembre prochain, telles la troupe de danse, la chorale, la comédie musicale ou encore les activités de théâtre. Le service de l'Action humanitaire et communautaire, qui organise entre autres la distribution de milliers de paniers de Noël, est aussi dans la mire de l'administration. Ces deux unités, dont les budgets relèvent de la direction des Services aux étudiants (SAE), coûtent respectivement 435 000 $ et 300 000 $. Or les Services aux étudiants accusent un manque à gagner d'environ 750 000 $, sur un budget total de neuf millions, pour couvrir les «coûts de système» et réinvestir un peu dans l'aide psychologique aux étudiants, selon la direction de l'université.
Pour pallier ce problème et financer de nouveaux services, l'UdeM comptait hausser les frais de 180 $ par année (hausse à laquelle on ajoute une nouvelle cotisation automatique non obligatoire), ce qui générerait des revenus d'environ sept millions. Mais voilà, la nouvelle politique du gouvernement sur les frais institutionnels annoncée en février dernier est venue contrecarrer les plans de la direction en limitant les hausses à 50 $ par année, à moins qu'une entente ne soit conclue avec les représentants des étudiants.
L'administration a fait savoir au cours des derniers jours que les activités culturelles et celles de l'Action humanitaire et communautaire (AHC) ne pourront être maintenues à moins de procéder à des hausses plus importantes que celles autorisées.
«C'est le scénario du pire. Toutes les petites coupes qu'on pouvait faire au jour le jour, on les a faites au cours des dernières années. Maintenant, nous avons besoin d'une hausse des frais afférents pour couvrir les coûts de système et faire un peu de développement là où on doit absolument en faire. Mais la première option, c'est la négociation avec les étudiants», explique la porte-parole de l'Université de Montréal, Sophie Langlois.
Elle précise que les autres activités des SAE, telles que la distribution de l'aide financière, l'aide aux étudiants handicapés, le soutien pédagogique, l'accueil des étudiants internationaux et le soutien pédagogique, ne peuvent faire l'objet de compressions.
À la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), on se dit très conscient de l'importance des services menacés de fermeture. Sans commenter plus avant la situation, la FAECUM précise toutefois que les négociations se poursuivent avec la direction.
«Négociez!»
Le «plan de contingence» de l'Université de Montréal est tombé comme une tonne de brique cette semaine sur les artistes étudiants qui gravitent autour du Service des activités culturelles. Ces derniers ont entrepris de faire pression sur l'association étudiante et la direction, les sommant d'arriver à une solution négociée. «C'est incroyable qu'on pense mettre la hache dans des services aussi rassembleurs pour moins d'un million», s'exclame le porte-parole de la coalition spontanée d'utilisateurs des services, Olivier Sylvestre, qui fait partie de la troupe de théâtre.
Les usagers soulignent que les deux services menacés contribuent à développer le sentiment d'appartenance à l'université et à mieux intégrer les étudiants étrangers et ceux issus des différentes régions du Québec.
La direction de l'Université de Montréal estime qu'une hausse supplémentaire de 30 $ par année (1 $ par crédit) permettrait de maintenir les deux services. Cette augmentation s'ajouterait à celle de 50 $ déjà prévue, ce qui correspond à 1,75 million. La majeure partie de cette somme, voire la totalité, servira à renflouer le fonds de gestion, explique Mme Langlois pour justifier la nécessité de hausses supplémentaires dédiées aux SAE.
Au cabinet de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, on préfère ne pas commenter les discussions en cours à l'Université de Montréal. «La politique sur les frais institutionnels vise à assurer une plus grande transparence. On veut que, lorsqu'il y a une hausse de frais, les étudiants sachent exactement pour quoi ils vont payer. On veut que les universités discutent avec les associations étudiantes. Si elles ne s'entendent pas, les barèmes [de hausses maximales] s'appliquent», indique l'attaché de presse de la ministre, Jean-Pascal Bernier.
L'Université de Montréal est aux prises avec un déficit accumulé de 115 millions et un déficit de fonctionnement de 7,8 millions pour la prochaine année. Si l'établissement n'arrive pas à atteindre ses cibles budgétaires, Québec retiendra de nouveau une partie de sa subvention, en vertu des mesures de redressement convenues récemment. Au cours de l'année financière qui s'achève, l'UdeM a dû débourser environ un million en frais d'intérêt parce que Québec a retenu pendant plusieurs mois la subvention conditionnelle. «On ne le fait pas de gaieté de coeur. C'est triste d'en être rendu à évaluer ces options. Mais dans notre situation financière, on ne peut pas faire de déficit supplémentaire», conclut Mme Langlois.