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Le jeudi 29 mai 2008
Oubliez la gratuité complète à la STS
La Tribune, SHERBROOKE
La "gratuité" du transport en commun est un mythe et coûterait en réalité une petite fortune aux contribuables sherbrookois.
Étude indépendante à l'appui, la présidente de la Société de transport de Sherbrooke (STS), Dany Lachance, a enterré pour de bon l'idée de la gratuité dès ce jeudi matin, lors d'une allocution devant la Chambre de commerce de Sherbrooke, qui avait organisé le colloque au cours duquel ce concept hors de l'ordinaire avait émergé, en 2005.
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Lancée au terme du colloque Direction Sherbrooke il y a trois ans, l'idée de la gratuité du transport en commun à Sherbrooke revient souvent sur la place publique. Les dirigeants de la STS l'ont toujours écartée, mais sans jamais pouvoir s'appuyer sur des données concrètes.
La STS a donc commandé une étude d'impact à Pascal Villaeys, un consultant ayant notamment occupé des postes importants au sein de la Régie autonome des transports parisiens.
Cette étude, réalisée l'hiver dernier et qui sera officiellement déposée lors du prochain conseil d'administration de la STS, s'appuie sur plusieurs expériences de gratuité vécues en Europe. Elle conclut que la STS, par son réseau performant et sa fréquentation "très élevée", aurait beaucoup plus à perdre qu'à gagner en abolissant l'ensemble de ses tarifs.
Hausse de taxe de 27,5 %
Si le transport en commun devenait gratuit à Sherbrooke, la STS devrait trouver au moins 20,7 M $ supplémentaires par année uniquement pour répondre à la nouvelle demande à la grandeur du territoire et pour compenser le manque à gagner, estimé à 7,6 M $ en 2006 (données utilisées pour l'étude).
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Le troisième scénario suppose que la STS conserve exactement le même budget malgré l'instauration de la gratuité. Le surcoût pour une propriété de 200 000 $ atteindrait ainsi 273 $. Toutefois, sans l'achat de nouveaux autobus pour répondre à l'augmentation de la demande, le service deviendrait rapidement bondé et se dégraderait rapidement, si bien que bon nombre d'usagers, nouveaux et de longue date, finiraient par bouder le transport en commun, avance Dany Lachance en se basant sur l'étude d'impact.
À ce sujet, la présidente de la STS rappelle d'ailleurs qu'une étude de satisfaction réalisée l'automne dernier confirme que les usagers ne sont pas disposés à accepter une diminution de services en contrepartie de la gratuité.
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Des impacts positifs
Le consultant, recommandé par l'Association du transport urbain du Québec, estime par ailleurs que la mise en place de la gratuité avec des mesures pour adapter et améliorer l'offre de transport pourrait faire augmenter l'achalandage de la STS de 140 pour cent après un an.
Cette hausse, "à prendre avec prudence", s'appuie sur une hypothèse de transfert modal (troquer l'auto pour l'autobus) de 10 pour cent. La fluidité de la circulation pourrait attirer de nouveaux conducteurs, prévient cependant M. Villaeys.
La gratuité créerait également entre 74 et 81 emplois directs à la STS, mais n'attirerait pas de nouvelles entreprises compte tenu de la hausse éventuelle des taxes pour financer la mesure, affirme-t-il.
et un autre article...
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Aucun modèle à copier dans les six cas de gratuité en Europe
David Bombardier
La Tribune, SHERBROOKE
Six villes européennes proposent présentement un service de transport en commun gratuit sur l'ensemble de leur territoire. Toutes, sans exception, comptent moins de 72 000 habitants et disposaient d'un réseau peu attractif et très peu fréquenté avant d'opter pour la gratuité.
C'est tout le contraire de la Société de transport de Sherbrooke (STS), qui enregistre "une hausse constante de sa fréquentation", soit 16,5 pour cent au cours des quatre dernières années, indique la présidente de la STS, Dany Lachance.
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"Elles n'avaient pas grand-chose à perdre, résume la directrice générale de la STS, Huguette Dallaire. On ne peut pas les comparer à nous."
En marge d'un colloque, les dirigeants de la STS ont notamment visité l'une des six villes européennes offrant la gratuité, soit Colomiers, une municipalité française de 32 000 habitants "Ils n'ont que sept autobus et les plus récents ont 15 ans", affirme Mme Dallaire. En comparaison, la STS compte 79 autobus urbains.
Plusieurs villes ont opté pour la gratuité afin d'augmenter la fréquentation d'un service coûteux ayant peu de recettes. Dans l'année qui a suivi la mesure, l'achalandage a augmenté de 15 à 150 pour cent selon les villes, relate le consultant. Durant les années subséquentes, une hausse de l'achalandage a été enregistrée pour les villes ayant développé leur réseau, mais ce développement a entraîné une augmentation des coûts d'exploitation de l'ordre de 30 à 60 pour cent.
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Deux villes européennes, Bologne (Italie) et Castellon de la Plana (Espagne), ont par ailleurs abandonné la gratuité en raison de problèmes de financement, de mauvais résultats ou de changement de couleur politique.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... /CPTRIBUNE
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... /CPTRIBUNE
... deux autres articles ont été publiés ce vendredi, mais celui-ci est le plus intéressant toutefois !
Il faudrait aussi calculer les bénéfices de la gratuité
David Bombardier
La Tribune, SHERBROOKE
Avant d'enterrer définitivement l'idée de la gratuité, comme le souhaitent les dirigeants de la Société de transport de Sherbrooke (STS) en brandissant leur nouvelle étude d'impact sur le sujet, il faudrait se pencher plus à fond sur tous les bénéfices que les Sherbrookois pourraient tirer d'une telle innovation.
Plusieurs partisans de la "gratuité" du transport en commun sherbrookois se sont portés à la défense de ce concept, jeudi, à la suite de la sortie publique de la présidente de la STS, Dany Lachance.
Selon le consultant Pascal Villaeys, le libre accès pour tous au transport en commun coûterait au moins 20 M $ de plus par année aux contribuables sherbrookois.
Après avoir étudié les cas des six villes européennes offrant présentement la gratuité de leur système de transport en commun, le consultant conclut que cette option ne semble pas réaliste pour Sherbrooke en raison des coûts qu'elle génère pour la collectivité et des inconvénients qu'elle présente.
"Comment peut-on dire que c'est un mythe et clore le débat alors qu'on n'a même pas commencé les consultations au sein du futur centre de mobilité durable?" demande Hélène Gravel, ex-candidate à la mairie de Sherbrooke qui prônait l'idée de la gratuité du transport en commun lors des élections de novembre 2005. Ce concept avait émergé quelques mois plus tôt lors du colloque Direction région Sherbrooke organisé par la Chambre de commerce de Sherbrooke, qui était alors dirigée par Mme Gravel.
"Avant de dire non à tout ça, a-t-on étudié les bénéfices comme les stationnements qu'on n'aurait plus besoin de construire? Il faut voir quel genre de ville on veut et ça dépend de nos priorités", estime Mme Gravel.
Lors des dernières élections provinciales, le candidat péquiste Claude Forgues avait promis d'instaurer la gratuité du transport en commun à Sherbrooke s'il était élu. "Il faut regarder l'impact sur le stationnement, sur l'environnement, sur l'essence, juge-t-il. Ce qui est clair, c'est qu'on doit donner un plus grand accès au transport en commun en trouvant le meilleur moyen pour généraliser son utilisation. Ce serait intéressant de continuer le débat."
Le conseiller municipal Robert Pouliot croit lui aussi que la gratuité est toujours possible "puisqu'il s'agit d'une décision politique".
"Si on comptabilisait les bienfaits de l'utilisation gratuite du transport en commun, on pourrait arriver à une conclusion qui pourrait être drôlement intéressante, croit-il. Les bénéfices directs et indirects sont possiblement égaux avec la facture que représenterait le transport en commun gratuit. Il ne faut pas abandonner seulement parce qu'un rapport arrive à cette conclusion."
" Des portes ouvertes "
Le vice-recteur à l'administration et au développement durable de l'Université de Sherbrooke, Alain Webster, a prêté une oreille fort attentive au discours sur le "mythe de la gratuité" livré par la présidente de la STS devant les membres de la Chambre de commerce de Sherbrooke, jeudi matin.
M. Webster coprésidait le comité ayant suggéré l'idée de la gratuité lors du colloque Direction région Sherbrooke.
"Ce que je retiens du discours est positif, indique M. Webster. La STS souhaite en faire plus avec ses partenaires et ça ouvre une série de portes intéressantes. (...) On sait tous que le transport en commun ne serait pas gratuit. C'est ce qu'on a toujours dit." M. Webster souhaite lire l'étude avant de se prononcer davantage sur le sujet.
Pour sa part, le Regroupement des usagers du transport adapté de Sherbrooke métropolitain (RUTASM) juge que la STS "ne peut décider comme seule instance du rêve de la gratuité des Sherbrookois".