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Pas pire: J'aurais aussi rajouté que Diverscité et les Outgames, c'est une affaires de cash... et Vive les panthères roses: (http://www.lespantheresroses.org/)

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Foglia: Le congrès des entrepreneurs en déneigement

Pierre Foglia

La Presse


C'est drôle comme vous êtes tordus. Je ne dis pas que vous avez des préjugés. Je dis tordus. Twistés. Moi aussi, remarquez. Mais d'une autre façon. Vous avez commencé par me demander si c'était des athlètes. Après que je vous en aie donné plusieurs fois la preuve, chrono en main, vous vous êtes amusés d'une gestuelle différente, de quelques embrassades intempestives, de stepettes inhabituelles, d'un rien de lubricité sur les cours de volley. Vous n'avez pas arrêté de chercher la folle dans ces jeux gais. Faute de folle, vous avez fini par débusquer la moumoune, il y en avait plein dans les concours, javelot, disque, poids, où ce fut effectivement un peu effroyable.

J'ai suivi le concours du saut à la perche avec un ami cycliste qui n'avait encore rien vu d'autre. Le choc! Au bout d'un moment il me sort cette énormité:

Ils ne devraient pas sauter à la perche.


Pourquoi?

Parce qu'ils sont ridicules.

Es-tu en train de me dire qu'ils ont un chromosome de trop ou de moins qui les empêche de sauter à la perche? Tu ne vois pas qu'ils n'ont aucune d'expérience de la perche, d'où leur ridicule. Ce qui est ridicule, c'est de ne pas avoir annulé ce concours qui devrait commencer chez les hommes à 3,50. Personne à 3,50? On annule, c'est tout. Même chose au poids, au disque et au javelot. Il faudra penser la prochaine fois, s'il y en a une, à imposer des minima comme pour n'importe quel autre championnat.

Je vous disais que vous étiez tordus. Se demander si ce sont des athlètes est une question tordue. Pourquoi n'en serait-ce point? On devrait avoir, ce matin vers 11h, un vainqueur de marathon en moins de trois heures, peut-être même en moins de 2h50. Courir un marathon en moins de trois heures n'a rien à voir avec «le bras long du chromosome X» mais tout bêtement avec le cardio et avec la volonté de courir une centaine de kilomètres par semaine à l'entraînement.

Je vous disais que vous étiez tordus et que je ne l'étais pas moins. Mais autrement. Vous questionniez l'athlète dans le gai, moi je n'ai pas arrêté d'observer le gai dans l'athlète.

Et y m'énarve le gai dans l'athlète!

Vous n'avez pas arrêté de le trouver pittoresque, moi je l'ai trouvé désespérément sportif, ce con. Désespérément loin de ses baskets. Je lui préfère même son cliché. Le gai dessinateur de mode, le gai coiffeur, le gai falbalas, le gai ceci-cela, créateur, innovateur, flyé. Ces Outgames ont mis en scène le gai moyen, le gai pot-au-feu, le gai à sa maman.

À la fin de presque toutes mes entrevues avec ces sportifs, je faisais semblant d'avoir oublié une question. Excusez-moi:

Vous préférez Zidane ou Thuram? C'était Zidane à tous les coups.

Si c'était un Britannique: Sebastian Coe ou David Beckham? Beckham, bien sûr.

À un prof de cinéma de Seattle: Vous préférez Spielberg ou Karel Reisz? Je sais, vous ne savez pas qui est Reisz, lui non plus, c'est ce que je veux dire, sont pas moins straights que vous.

Aux plus folles, je demandais Liza Minnelli ou Anna Karina? Anna qui? Aux Canadiens: Halifax ou Vancouver? Vancouver, sans surprise.

Plus straight que ça tu vends des tondeuses à gazon. Le soir en rentrant, de peur de devenir complètement homophobe, pour me réconcilier un peu avec la gaititude, je lisais quelques pages de Jean-Paul Daoust... ne sommes-nous pas les cosmonautes d'une planète incomprise, non non, Jean-Paul, tu te trompes, vous êtes de Valleyfield.

Au métro Crémazie, on avait 50 mètres à marcher, une rue dont j'oublie le nom à traverser, là, sur le trottoir d'en face, une navette nous attendait pour nous déposer à Claude-Robillard. Bien pratique. À la traverse de cette rue dont j'oublie le nom, l'organisation avait posté un préposé à la sécurité qui écartait les bras pour empêcher les gens de traverser à la lumière rouge.

Rouge pas rouge, y'avait pas de trafic, je passe sous le bras du type et je traverse. Il se met à m'engueuler. Un jeune zélé, résolument gai. Je suis rendu de l'autre bord, il continue de gueuler. Fait que je reviens - toujours sur la rouge - et je lui explique ma différence: regardez jeune homme, j'ai 65 ans et de ma foutue vie, je ne me suis jamais occupé des feux rouges, est-ce si grave?

Tout cela sur un ton conciliant. Pas baveux. Pas agressif. Lui par contre, hors de lui. Il me fait la morale, oui c'est nos jeux, on attend que les autres nous respectent, on pourrait commencer par respecter les règles nous-mêmes.

Es-tu en train de me dire que comme tapette on n'a pas le droit de passer sur la rouge?

J'ai pas dit ça!

Non, mais tu l'as écrit dans le front, petit con. La scène s'est prolongée dans la navette avec des Australiens de Sydney qui s'en allaient à l'athlétisme, dont un avec une médaille autour du cou, gagnée je crois au 200 mètres. Il m'ont fait la morale aussi. Je supporte pas. C'est pire que la canicule.

Ça fait une semaine que je vous dis tout le bien que je pense de ces Outgames, ça c'est quand j'ai mon chrono à la main, ça c'est le sport, ça c'est les athlètes. Pour le reste? Holà! Alerte rouge au conformisme gravitationnel.

Mais la danse sociale? Mais les cuirs? Mais les "bears contest"? Conformisme? You bet. Full conformisme. Vous n'êtes pas tannés de cet érotisme de caserne de pompier? Moi si. L'âge d'or du stupre, allez pépé encore un petit coup de fouet, c'est bon pour les rhumatismes. Et je ne reviendrai pas sur la cérémonie d'ouverture, j'ai ce quatre millions en travers de la gorge, quant à la cérémonie de clôture ce soir, j'ai entendu Jo Bocan annoncer à la radio qu'on allait célébrer la différence, pu ca-pa-ble la différence, différence mon cul, plus straight que ces Outgames? Attendez que je me souvienne... une fois j'étais à Saskatoon, et à mon hôtel, le Saskatoon Inn, il y avait le congrès des entrepreneurs en déneigement du Canada...