Lun 20 Fév 2006
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CARREFOUR INTERNATIONAL DE LA PRESSE UNIVERSITAIRE FRANCOPHONE
Grève à l’université de Conakry : 15 étudiants arrêtés et mis en garde
Par Touré Fodé Saliou | Mardi 17 Février 2004
CONAKRY, Guinée (Gamal Info, Université de Conakry) - La semaine dernière, un mouvement de grève avait ébranlé le campus de l’université de Conakry. La cause était une amélioration des conditions de vie et d’études. Les autorités universitaires qui sont farouchement hostiles aux mouvements de grève ont lancé une opération "chasse à l'étudiant". Résultat: 15 étudiants arrêtés et mis en garde à vue à la sûreté de kaloum.
Les 15 étudiants arrêtés sont accusés par le recteur de l'université M. Ousmane Sylla d'être en connivence avec les partis de l'opposition. Selon les informations reçues hier des parents de certains étudiants détenus, ils n'ont subit aucune torture depuis mercredi, 11 février date de leurs arrestations mais par contre, ils subissent d'intenses interrogatoires des commissaires. A rappeler que ces étudiants auraient été interpellés dans le bureau du recteur avant d'être conduit manu militari pour une destination inconnue.
De source bien informée, ils se sont rendus chez le recteur pour négocier la libération d'un de leurs camarades Ibrahima Kalil Touré de la 3è année Droit qui aurait tenté de brûler un pneu dans la rue mais aussi de trouver un consensus avec le recteur sur les points de revendication. La question qui se pose : Les autorités compétentes de l'enseignement supérieur prendront-elles en considération la plate-forme de revendication des grévistes ? . Non.
En réalité, depuis 1999, date à laquelle la bourse d'étude a été revue à la hausse, les revendications n'ont porté fruit parce que tout simplement l'Etat s'est désengagé de la situation des étudiants. La preuve en est que les cantines universitaires ont été fermées, la prise en charge réduite et les frais d'hébergement revus à la hausse.
L'université construite dans les années 60 pour 1500 étudiants reçoit aujourd'hui près de 13.000. Un vrai casse-tête chinois quand on sait que sur le plan d'infrastructure il n'y a pas eu d'évolution. Des salles de classe sont aujourd'hui transformées en bureaux, la cantine universitaire émiettée en salles de classe ainsi que les salles de lecture qui n'attirent plus de lecteurs faute de renouvellement des rayonnages des bibliothèques. Cette situation à laquelle s'ajoute la cherté galopante de la vie à Conakry rend l'équation des conditions de vie et d'études de l'étudiant plus complexe. Et les grincements de dents se font sentir chez les parents d'étudiants qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Voilà la raison qui a poussé ces jeunes pousses à débrayer l'autre semaine.
Les grèves d'étudiants sont devenues inévitables dans les universités guinéennes. Le gouvernement ne satisfait presque aucune réclamation ni ne fait de promesses. A la moindre grogne des étudiants, un doigt accusateur est pointé sur les partis de l'opposition. Les bastonnades et incarcérations choisissent immédiatement leurs cibles et les étudiants qui sont souvent accusés par les autorités universitaires d'être manipulés par les partis de l'opposition sont arrêtés puis licenciés voire dans certains cas radiés.
A quand donc la fin des anciennes méthodes dans les universités de Guinée ?
Touré Fodé Saliou
Journal "Gamal Info"
(gamalinfo@yahoo.fr)
Université de Conakry/Guinée.