La réalité, c'est que la très grande majorité des étudiants vont gagner plus que la moyenne de salaire normale. On peut donc dire qu'en finissant nos cours, on est riche.
Tu te trompes, bonhomme. Si c'était aussi simple, je ne serais pas en faveur de la gratuité scolaire.
J'ai travaillé, cet été, dans un Éco-Quartier. Les Éco-quartiers sont des organismes communautaires qui oeuvrent dans l'environnement. Ils offrent entre autres des services essentiels de la ville, tels que la gestion des bacs de recyclage et la création ou l'administration d'Éco-centres. Les Éco-quartiers sont financés par la Ville de Montréal.
Une de mes collègues avait un bacc en environnement. Son salaire? Juste en-dessous du seuil de pauvreté.
Une autre fille que je connais, qui a aussi une formation solide en environnement: elle a été moins chanceuse. Non seulement elle gagne seulement 12$ de l'heure (pour 32h payées), mais en plus, ses parents ne l'ont pas tellement aidée à payer ses études, ce qui fait qu'elle est endettée jusqu'au cou et qu'elle ne sait pas quoi faire. Mais abandonner les gens du quartier? Jamais.
Mon ancienne patronne a parti un projet semblable aux Éco-Quartiers dans ma ville d'origine. Elle est à la tête d'un organisme sans but lucratif et dont l'un des mandats est de faire de l'information environnementale pour le compte de la municipalité. Pour ne pas que l'organisme ferme suite aux coupures de Mulcair, il y a quelques années, elle a réduit son propre salaire à près de la moitié du seuil de pauvreté (en réduisant, sur sa paie, le nombre d'heures travaillées). Elle a un bacc en biologie.
Un autre de mes anciens patrons est conservateur d'un musée de région. Lui aussi gagne très peu, même s'il est proche de la retraire. Son CV est toutefois très impressionnant. Il a, entre autres, fait les Beaux-Arts.
Il y a des dizaines de milliers d'exemples comme ceux-là. Ce sont des gens instruits qui sont dévoués et qui sentent qu'ils/elles doivent faire quelque chose pour la communauté qui les entoure. On augmente les frais de scolarité pour eux aussi, pour qu'ils/elles
sentent la fierté d'avoir investi dans leur prospérité personnelle?
Le gouvernement et les éditorialistes du Québec disent grossièrement aux étudiant-e-s que ce n'est pas grave s'ils/elles paient maintenant, de toute façon, ils/elles feront un gros salaire en sortant. Quel beau message puant de pourriture. Avec ce genre de mentalité, les étudiant-e-s nouvellement diplômé-e-s ne feront que ça, chercher un salaire. Exit les organismes communautaires qui servent présentement de sous-traitants pour les jobs sales des muncipalités, et qu'ils font deux fois mieux que le privé! Exit les beaux projets d'innovation! Les jeunes voudront de l'argent, et de l'argent maintenant. Ça presse. De toute façon c'est bien beau avoir des idées, mais quand on est endetté-e, on est endetté-e. Encore, les nouveaux médecins, qui n'hésitent déjà pas à s'endetter au cours de leurs études, continueront à demander augmentation de salaire sur augmentation. Les deniers publics? Le bien commun? Rien à foutre, ils n'avaient qu'à investir dans leur propre santé.