La loi de la solidarité sociale est la première loi humaine ; la liberté est la seconde loi. Les deux lois s’interpénètrent, et, étant inséparables, elles constituent l’essence de l’humanité. - Bakounine
Il est grand temps de défaire les stéréotypes si bien entretenus par les médias sur le terme et concept anarchie. Le mot fait tellement peur qu’à sa simple prononciation, la plupart des gens se ferment à toute discussion sur le sujet. Les arguments sont toujours les mêmes : « il faut un chef ! Sans ça, ce serait le chaos… » ou encore « les anarchistes veulent tout détruire, ils sont violents et sans scrupules… ».
Le cliché du chaos est d’une absurdité déconcertante. Chaos (Petit Larousse) : « Confusion générale des éléments de la matière, avant la création du monde. » Cette définition me semble un peu confuse… Confusion (Petit Larousse) : « État de ce qui est très désordonné, indistinct; désordre, agitation. » L’univers est chaotique, tout le monde sait ça, mais il doit bien y avoir un peu d’ordre là-dedans puisque nous sommes là : petits êtres bipèdes marchant sur une planète tournant sur elle-même à une vitesse vertigineuse et autour du soleil à une allure aussi incroyable. Le chaos et l’ordre sont indissociables, mais revenons plutôt au concept de l’anarchie. Il s’agit d’une absence d’autorité. Un système anarchiste s’organise grâce à la démocratie directe comme on peut le voir dans une assemblée générale étudiante. La propriété individuelle est abolie. On parle alors de propriété collective. Les maisons et blocs appartements se transforment en organisations collectives et communautaires. Les entreprises et usines sont pris en charge par les travailleurs et travailleuses pour un partage équitable des gains et revenus. Toute cette organisation s’appelle de l’autogestion. Toujours le même principe d’assemblée générale. Le pouvoir administratif part du bas vers le haut. L’humanité peut ainsi s’organiser à partir du bien-être de chaque être humain au lieu de privilégier quelques dirigeants planétaires.
Lors de la campagne de recrutement de l’armée canadienne, un des slogans utilisés par le gouvernement était « Combattez le chaos… », mais quelle coïncidence ! L’argument est absurde pour deux raisons. La première est que même avec les meilleures volontés de monde, aucun animal sur cette terre ne pourrait combattre une chose aussi pénétrante et mystérieuse que le chaos. La deuxième est que l’État associe le chaos à la guerre, alors que la guerre naît toujours de l’État ou d’une autorité quelconque. D’un certain point de vue, l’État, c’est la guerre. Même principe hiérarchique et même désir de dominer l’autre.
« Mais l’anarchisme est utopique ! Un rêve irréalisable…» Bien sûr que non. Il faut s’armer d’optimisme et des prises de conscience devront se faire. Le défaitisme est un échappatoire et une preuve de lâcheté. Mais la conscience collective ne vient pas toute seule, il faut l’instruire. Malheureusement, les gens ayant le plus besoin d’être instruits, c’est-à-dire les travailleurs et travailleuses, n’ont souvent pas les moyens de poursuivre leurs études et d’accéder à l’information nécessaire. Il va falloir se retrousser les manches et se serrer les coudes, car « En supposant que la solidarité internationale soit parfaitement établie dans un seul corps de métier, et qu’elle ne le soit pas dans les autres, il en résulterait nécessairement ceci, que dans cette industrie le salaire des ouvriers serait plus élevé et les heures de travail seraient moindres que dans toutes les autres industries. […] il est clair que, dans l’industrie dont les ouvrier seront internationalement solidaires, les capitalistes et les patrons gagneront moins que dans toutes les autres ; par suite de quoi, peu à peu, les capitalistes transporteront leurs capitaux et les patrons leurs crédits et leur activité exploitante dans les industries moins ou pas du tout organisées. Mais cela aura pour conséquence nécessaire de diminuer dans l’industrie internationalement organisée la demande des travailleurs, et cela empirera naturellement la situation de ces travailleurs, qui seront forcés, pour ne point mourir de faim, de travailler d’avantage et de se contenter d’un moindre salaire. D’où il résulte que les conditions de travail ne peuvent ni empirer ne s’améliorer dans aucune industrie sans que les travailleurs de toutes les autres industries ne s’en ressentent bientôt, et que tous les corps de métier dans tous les pays du monde ne soient réellement et indissolublement solidaires. » - Bakounine.
Mais si tout le monde est instruit, qui voudra travailler ? La réponse est simple : tout le monde doit travailler et tout le monde doit être instruit. Le travail manuel et le travail de l’intelligence sont d’une importance égale. Ces deux activités doivent être également développées dans l’être humain vivant et complet. On ne parlera plus d’ouvrier ni de savant, mais bien d’êtres humains.
Vive l’amour de la liberté !