Wal-Mart se considère un agent de développement économique régional
PAR ROLLANDE PARENT
MONTREAL (PC) - Avant son arrivée chez Wal-Mart, il y a 18 mois, Sylvain Prud'homme, devenu depuis vice-président aux opérations de Wal-Mart Canada, considérait que cette multinationale bouleversait le commerce local et menait la vie dure à ses fournisseurs. Il se dit maintenant convaincu du contraire.
Lors d'une allocution prononcée mercredi devant quelque 200 membres de l'Association des MBA du Québec, il a présenté Wal-Mart comme un agent de développement économique régional.
Responsable de l'exploitation des 272 magasins au Canada, dont 50 au Québec, M. Prud'homme a notamment parlé des bureaux régionaux de Montréal et de Calgary, chargés d'identifier des fournisseurs régionaux de services marketing et de relations publiques ainsi que de produits de consommation.
"En 2005, Wal-Mart a acheté pour plus de 1,5 milliard $ de produits et services auprès de 1350 fournisseurs québécois. On veut aller plus loin", a-t-il avancé.
"Deux foires commerciales ont été tenues, l'une à Québec et l'autre à Montréal. Pour la première fois, les acheteurs de Wal-Mart sortaient de leur bureau de Mississauga, en Ontario, pour venir rencontrer des fournisseurs", a-t-il ajouté.
Résultat: une cinquantaine de fournisseurs se sont ajoutés à la liste, tandis que des discussions se poursuivent avec une centaine d'autres.
Le même exercice se fera cet automne. En octobre, les acheteurs de Wal-Mart iront en Beauce, en Estrie et à Drummondville, puis à Sainte-Agathe des Monts en janvier.
A l'issue de son allocution, le numéro deux de Wal-Mart Canada a précisé les ressorts de l'opération régionalisation.
"Les entreprises capables de se déplacer et de faire affaire à Toronto, à un moment donné on les a toutes rencontrées. On est rendu à un stade de développement où la recherche doit être un peu plus pointue", a-t-il fait valoir.
"Le besoin de régionalisation est criant au Canada parce qu'il y a des communautés qui sont quand même différentes d'une partie du Canada à l'autre. On peut parler du Québec qui est une réalité, de l'Ouest canadien, des Maritimes et de Terre-Neuve. De sorte qu'on essaie de plus en plus, lorsque le besoin est là, de régionaliser", a-t-il expliqué.
Pour l'heure, après Montréal et Calgary, aucun autre plan de régionalisation au Canada n'est envisagé.
Quant à la perception à l'effet que Wal-Mart puisse avoir un impact négatif sur le commerce local, M. Prud'homme soutient qu'il n'en est rien.
Celui qui travaillait auparavant chez Loblaw-Provigo a donné comme exemple, mercredi, le brouhaha suscité par l'annonce fait il y a quelques semaines de la construction d'un Wal-Mart à Magog.
"Inquiète de notre arrivée, la Chambre de commerce de la région a étudié la question et a fait une visite de reconnaissance à Lac-Mégantic, une région qui a récemment accueilli un Wal-Mart, en plus d'inviter Jacques Nantel, expert en commerce de détail. La conclusion sans équivoque a été: 'Wal-Mart a fait plus de peur que de mal à Lac-Mégantic'. L'arrivée du magasin a même été une occasion de donner un coup de pouce au centre-ville."
Interrogé à ce sujet, Jacques Nantel a indiqué que tout dépend ce qu'on mesure. A court terme, l'implantation d'un Wal-Mart est favorable au moment de la construction et pour ce qui est des rentrées fiscales. Sur les commerces environnants, il y a un effet négatif sur certains commerces et un effet positif sur d'autres. Cette période passée, "l'effet est neutre", considère l'universitaire, parce que le commerce de détail se déplace, "les gens viennent de plus loin".
Pour ce qui est de l'impact d'un Wal-Mart sur l'économie d'une région en particulier, M. Nantel estime que les importations massives de produits de Chine ont des effets pernicieux. "La consommation est locale mais la production est extérieure", a déclaré l'expert en marketing.