La manière de féminiser ses propos est, selon moi, sans importance l'importttant c'est de le faire.
Voilà!
En terminant, je vous demanderais de bien vouloir nous laisser déterminer la priorité de nos luttes féministes et d'éviter les remarques paternalistes à ce sujet. Merci.
Martine, je te remercie tellement pour ce commentaire, je n'aurais pu mieux faire. Je vais élaborer un peu, parce que c'est important. L'importance d'une langue, comme elle en a parlé, est totale parce que toutes l'utilisent à tous les jours. Ça rentre dans l'esprit des gens, elles s'y identifient. Elle y en a même qui blâment les raccourcis pour apprendre à écrire leur français (à elles) correctement. Tout en écrivant je rejoint avec un t.
Je rappelerai à toutes que les langues sont vivantes: elles ne sont pas immuables, je n'ai jamais lu dans un texte contemporain des phrases contenant des mots comme
Que bien en estes coustumiers, ou
Le vostre seigneur et le mien (vers de "Le chevalier au Lion" de Chrétien de Troyes)
Si je ne m'abuse, la langue française a connu bien des changements depuis les années 1150, 1200. Pourquoi ne pourrait-elle pas évoluer à nouveau? De nouveaux mots sont créés tout le temps dépendamment des régions pour répondre aux besoins de cette région. Ainsi, au Québec nous aurons l'expression banc de neige qui n'existe pas en France car ils ne connaissent pas la quantité de neige que nous avons ici. Et avec l'invention de nouvelles technologies, les mots Internet, courriel, pourriel sont apparus.
Impossible de changer une langue dites vous? Parlons plutôt de mauvaise foi, comme lorsque la direction ou le gouvernement ne répondent rien lorsque des étudiantes ou des groupes quelconques leur posent des questions précises.
Pour en finir avec l'importance de cette lutte: je considère que c'est l'une des plus importantes car je peux y travailler tous les jours, et je pense que si on la gagne, des gens vont peut-être être plus sensibles aux autres luttes. Tous les jours je parle avec des dizaines de personnes qui ne féminisent pas et tous les jours j'en parle ou je met de l'emphase sur l'expression féminine quand je parle. Pour que l'oreillle de celles qui ne sont pas habituées s'y fasse. Ce n'est pas une petite lutte inutile de lesbiennes enragées, c'est au contraire l'une des luttes les plus concrètes dans ma vie: c'est difficile que de faire de quoi pour l'avortement ou contre le viol dans ma vie de tous les jours.
Oui j'ai souvent des discussions avec beaucoup de personnes, j'essaie de donner des trucs (dont j'ignore s'ils peuvent enlever seulement 50% de risque d'agression) à des femmes autour de moi et de sensibiliser tous les hommes à cette cause. Mais je n'ai pas le temps d'aller m'engueuler avec des prêtres et des médecins. J'ai beau aller manifester contre les congrès pro-vie, je ne crois pas que la réalité de cette branche réactionnaire soit changée pour autant.
Au contraire, la langue française et l'abolition de son sexisme par la féminisation et l'utilisation de termes neutres, je peux y changer quelque chose, tous les jours, en discutant. Et oui, si dans leur vie toutes avaient entendu les termes masculins et féminins, si toutes ne se faisaient pas dire au primaire, sans explication, que le masculin l'emporte sur le féminin même s'il y a un homme dans un groupe de mille femmes, si c'était naturel que d'entendre les deux, si le masculin n'était pas présumé plus noble par notre langue, toutes auraient peut-être tendance à respecter un peu plus les femmes. C'est inconscient, mais c'est tout à fait relié.
C'est coutumier, et je pense que les luttes quotidiennes sont presque plus importantes que les luttes "extraordinaire" tel le droit à l'avortement. Dans le sens qu'elles sont interreliées, et qu'il faut y accorder autant de temps, sinon plus puisque c'est quelque chose qu'on peut changer FACILEMENT avec un peu de bonne foi, et qui donnerait par la suite un coup de main aux autres. C'est un geste si simple, dépendant de toutes, contrairement à l'avortement et au viol qui sont des affaires controlées par certaines. (dégueulasse que de n'utiliser qu'un genre quand on sait que la proportion hommes/femmes est très importante ici)
Les participantes à ce forum qui ne sont pas d'accord, j'attends vos arguments! Donnez-moi une bonne raison pour ne pas féminiser si ce n'est du je-m'en-foutisme ou de la mauvaise foi ou de la paresse. Et je parle du processus de féminisation en tant que tel, non du E ou du -e- ou du (e) ou du allongé.
C'est tellement triste que de lire sans cesse, de la part de personnes qui ne féminisent même pas de façon allongée, ouain moi jpense comme les autres, c'est mieux la forme allongée les E c'est inesthétique.
Voilà!
P.S. Tel que suggéré par Philippe, j'ai systématiquement féminisé ce texte, un exercice intéressant que je n'avais jamais fait auparavant.
Recommandations: (hihi)
Si des hommes se sont sentis mal en lisant ce message, eh bien qu'ils ne viennent plus jamais remettre en question la féminisation, peu importe sa façon. Et qu'ils fassent des efforts pour féminiser s'ils sont conséquents un minimum.
Si des femmes ont trouvé ça laid, qu'elles comprennent aussi l'importance de cette lutte et qu'elles fassent les mêmes efforts.
Si des hommes ou des femmes n'ont rien remarqué de bizarre dans le texte ou l'ont accepté tel quel, c'est tant mieux pour elles. Je dirai à ces personnes: usez de votre compréhension d'autrui! Et si vous êtes sympa, faîtes des efforts parce qu'elle y en a que ça touche vraiment et qui ne se sentent pas du tout interpellées lorsqu'utilisée seulement la forme masculine. C'est la seule recommandation que je puis vous faire.