Équiterre sème la grogne dans les campagnes

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Équiterre sème la grogne dans les campagnes

Messagede Kapitaine_Kolon le Ven Nov 16, 2007 8:22 pm

Équiterre sème la grogne dans les campagnes
Fabien Deglise
Le Devoir - Édition du jeudi 15 novembre 2007

Mots clés : agriculteurs soutenus par la communauté, Équiterre, UPA, Agriculture, Québec (province)

Le rapprochement de l'organisme avec l'UPA agace au plus haut point les petits producteurs

La colère gronde dans les campagnes. Abasourdis par les récentes «dérives idéologiques» d'Équiterre, plusieurs petits producteurs agricoles remettent désormais en question leur participation au réseau d'agriculteurs soutenus par la communauté (ASC) -- les fameux paniers de fruits et légumes bio livrés directement aux consommateurs -- qu'orchestre l'organisme depuis plusieurs années. Et l'Union paysanne (UP), groupe de défense des fermiers, souhaite bien en profiter en mettant en place son propre réseau d'échange entre producteurs et consommateurs.

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«Nous ne voulions pas en arriver là, a indiqué hier Benoît Girouard, porte-parole de l'UP. Mais devant le fort mécontentement [exprimé dans les derniers jours] par plusieurs fermiers devant les récentes prises de position d'Équiterre, nous allons nous pencher sérieusement, lors de notre prochain congrès, sur la création d'un autre réseau.»

Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est l'annonce du changement de carrière faite hier par le coordonnateur des projets d'agriculture biologique chez Équiterre. Après sept années passées au sein du groupe de pression, Frédéric Paré devient en effet coordonnateur du projet de souveraineté alimentaire à... l'Union des producteurs agricoles (UPA), le puissant syndicat des agriculteurs du Québec, dont le monopole et le modèle agricole industriel qu'il défend sont remis en question de longue date par un grand nombre de petits fermiers membres du réseau d'ASC.

Fait à noter: ce changement de chaise s'inscrit dans une logique de rapprochement amorcée depuis trois ans par les deux groupes. En effet, Équiterre s'est affichée régulièrement dans les derniers mois aux côtés de l'UPA dans des campagnes sur l'achat local, mais aussi pour se porter à la défense du modèle de gestion de l'offre, un principe intensiviste de contrôle de la production agricole dans le domaine du lait et de la volaille, entre autres, qui vise à maintenir des prix élevés. Cette gestion de l'offre est défendue par l'UPA et Équiterre au nom de la souveraineté alimentaire du Québec. Et la chose ne fait pas l'affaire de tous.

Inquiétude et frustrations

«C'est très inquiétant, lance Jean Roussel, de la ferme Cadet-Roussel, un des pionniers dans le domaine de l'agriculture soutenue par la communauté au Québec. L'UPA a une vision de l'agriculture industrielle qui est à l'opposé de la nôtre. Je ne vois pas pourquoi Équiterre emprunte cette voie. Nous allons attendre de voir ce qui va arriver mais, si nous pouvons nous passer d'eux l'an prochain, nous le ferons.»

André Lemire, producteur de boeufs à Sainte-Monique, acquiesce et songe lui aussi à retirer ses billes du réseau d'Équiterre, qu'il accuse tout simplement d'avoir mis de côté ses beaux principes de défense des petits producteurs en pactisant avec l'ennemi. «C'est de la naïveté, lance-t-il. En faisant ça, Équiterre croit être en mesure de changer l'UPA de l'intérieur. Mais c'est un leurre. Depuis toujours, ce syndicat défend les intérêts économiques des gros producteurs. Et ce n'est pas en se donnant une image verte que ça va changer.»

«Les représentants de l'agriculture industrielle sont au sommet de l'organigramme [de l'UPA], ajoute Benoît Girouard. Ce sont eux qui donnent le ton dans le développement de l'agriculture au Québec depuis des années.» Et le cadre qu'ils arrivent à imposer serait d'ailleurs, selon lui, un frein majeur pour plusieurs petits producteurs.

«L'UPA est à la petite entreprise agricole ce que Monsanto [la multinationale spécialiste des organismes génétiquement modifiés] est à l'agriculture biologique, dit Frédérick Sauriol, de la ferme De Bullion à Saint-André-d'Argenteuil. Elle est responsable de la disparition des petites fermes en mettant en avant un modèle unique de développement.»

«Nous sommes dans le domaine de l'image, ajoute Benoît Girouard. En s'approchant d'Équiterre, l'UPA cherche à investir le champ de la gauche pour couper l'herbe sous le pied de ses détracteurs. Il doit sûrement y avoir un plan de communication là-dessous.»

Un mariage profitable

Laurent Pellerin, président du plus grand syndicat agricole, élude la question. «L'image, c'est une chose, a-t-il indiqué au Devoir. Mais dans le fond, ce mariage [entre Équiterre et son organisation] est bon pour les consommateurs comme pour les agriculteurs.» Selon lui, l'UPA n'est pas très éloignée des préoccupations d'Équiterre en matière agricole. «Si ç'avait été le cas, il n'y aurait pas eu de rapprochement dans les dernières années», ajoute-t-il.

Il n'a pas été possible de parler hier à Frédéric Paré. Par voie de communiqué toutefois, l'ex-équiterrien a annoncé vouloir développer au sein de sa nouvelle maison un «concept rassembleur de souveraineté alimentaire» qui «valorise l'équité et la justice sociale en mettant l'accent sur les dimensions nourricières et environnementales de l'agriculture, a-t-il indiqué. Ces valeurs que je partage entièrement sont en phase avec l'esprit des projets mis de l'avant par Équiterre et c'est pourquoi j'ai accepté avec beaucoup d'enthousiasme le défi que m'a proposé l'UPA».

Ce changement de carrière ne devrait toutefois pas avoir d'impacts significatifs sur le réseau d'ASC, a assuré hier Isabelle Joncas, responsable de ce service de paniers bio chez Équiterre. «Ça ne change pas notre travail, dit-elle. Ce réseau ne s'est jamais aussi bien porté.»

Équiterre dit d'ailleurs ne pas avoir été en contact avec des membres frustrés par les accointances du groupe de pression avec l'UPA. «Nous avons des partenariats [avec l'UPA] dans des sujets précis, ajoute-t-elle. Mais nous n'appuyons pas les porcheries industrielles et nous faisons toujours la promotion de la solidarité entre les citoyens et les fermes.»
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Messagede chicoutimi noir le Mar Déc 18, 2007 9:40 pm

Ce n'est pas la première fois qu'Équiterre fait ses coups de mollesse devant tout le mouvement écologiste. Dans le dossier des ports méthaniers, Équiterre avait signé avec la FTQ, si je me souviens bien, en rompant avec les positions d'opposition pures et nettes de tout le mouvement pour plaire à on ne sait qui... Équiterre sont, si ce n'est pas déjà le cas, en processus pour recevoir des subventions du gouvernement. Décidément, j'en suis rendu à me dire qu'on devra bientôt les traîter comme les ordures de la FEUQ ou des partis politiques...
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Messagede Evergreen Terra le Dim Jan 06, 2008 6:05 am

L'union paysanne... un groupe dont la majorité des membres ne sont même pas agriculteurs... L'UPA, elle, est uniquement composée d'agriculteurs. Ça fait toute la différence.


Équiterre c'est un groupuscule très marginal mais qui gueule fort; comme n'importe quel groupe de gauche finalement...
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