Article paru dans le journal Le Drapeau rouge :
RÉPRESSION POLITIQUE À SAINT-JÉRÔME
« Le 29 septembre, on reprend notre manif… »
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Sans aucun motif valable et faisant fi des droits à la liberté d’expression et de manifestation, la police de Saint-Jérôme, accompagnée par la Sûreté du Québec, est intervenue massivement samedi le 11 août dernier pour disperser une manifestation organisée par la section des Laurentides du Parti communiste révolutionnaire, arrêtant sans raison neuf militantEs. Contre cette attaque politiquement ciblée, le PCR-Laurentides vient de lancer l’appel à reprendre la manifestation : il n’est pas question de laisser la police décider quels points de vue politiques ont droit de cité – que ce soit à Saint-Jérôme ou n’importe où ailleurs – et empêcher les militantEs de les faire valoir. La manifestation interrompue par la police reprendra donc samedi le 29 septembre prochain à compter de 13h au Carré Curé-Labelle, au coin de la rue Parent et de la 117. Nous lançons l’appel à nos lecteurs et lectrices, et à l’ensemble des militantEs qui s’opposent à la répression politique et soutiennent le droit de s’organiser, à venir appuyer le PCR-Laurentides ainsi que les militantes et militants qui ont été arrêtéEs et font maintenant face à des accusations criminelles aussi choquantes qu’insensées!
Le Drapeau rouge
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Voici un rappel de ce qui s’est passé le 11 août, d’après les comptes rendus publiés par Le Drapeau rouge-express et la presse régionale :
Annoncée depuis déjà quelques semaines, la manifestation convoquée par le PCR-Laurentides visait à promouvoir le socialisme et inciter les prolétaires de Saint-Jérôme à s’organiser pour la révolution. Dès 13h00, la cinquantaine de manifestantes et manifestants se sont rassembléEs comme prévu au Carré Curé-Labelle. Des membres du corps policier de Saint-Jérôme sont alors venus les avertir qu’ils « respecteraient leur droit de manifester [sic] à condition qu’ils restent dans le parc ou sur les trottoirs » : aussi bien dire que leur idée était déjà faite et qu’il n’était pas question, pour eux, de tolérer qu’une manifestation se déroule dans les rues de Saint-Jérôme.
Après l’intervention d’une camarade du PCR qui a souligné que cette manifestation communiste était une première pour Saint- Jérôme et dénoncé les conditions de vie et de travail difficiles des prolétaires de la région, le cortège a pris la rue de manière vivante. La plupart des manifestantEs arboraient le drapeau rouge et scandaient avec enthousiasme des slogans contre l’exploitation, pour le communisme et la révolution. Les gens sur la rue s’approchaient du contingent pour en connaître plus sur les objectifs de la manifestation : plusieurs ont d’ailleurs pris avec intérêt les tracts et journaux distribués par les diffuseurs.
Les manifestantes et manifestants ont fait un premier arrêt au skate park, où un autre camarade a brièvement pris la parole pour dresser le portrait de la condition des jeunes de la région, aux prises avec un taux de chômage élevé, des salaires de misère et aussi beaucoup de répression : là comme ailleurs, la police cible et harcèle les jeunes considéréEs comme « marginaux ».
La manifestation s’est alors remise en route. C’est au moment du deuxième arrêt, devant la fonderie Mueller, qu’une horde de flics (11 auto-patrouilles) est apparue en catastrophe, dans un certain désordre : des flics de Saint- Jérôme, bien sûr, accompagnés par d’autres venus des municipalités voisines de Sainte- Sophie, Saint-Hyppolite, Mirabel et Rivièredu- Nord, ainsi qu’une agente des services de renseignement de la SQ. Les policiers sont sortis de leurs véhicules en courant pour se ruer sur les manifestantes et manifestants, en particulier ceux et celles qui tenaient les bannières et porte-voix. Sans avertissement, ils ont commencé à procéder à des arrestations, en criant que tout le monde recevrait un constat pour « entrave » (alors que ce sont pourtant eux qui venaient entraver le déroulement d’une manifestation parfaitement légale).
À un manifestant qui lui demandait simplement, à deux mètres de distance, quel était le motif de cette intervention soudaine, une policière a répondu en l’aspergeant de poivre de cayenne. Une de ses collègues, qui répondait aux ordres mais semblait totalement confuse, a répondu à un autre manifestant qui lui demandait s’il s’était passé quoique ce soit qui justifie ces arrestations : « Il ne s’est rien passé mais vous n’avez pas demandé de permis, alors je pense bien qu’il s’agit d’une entrave »!
Alors que les flics procédaient aux premières arrestations, la majorité des manifestantEs ont trouvé le moyen de s’enfuir à travers les rues et les parcs environnants. En fin de compte, neuf personnes ont été amenées au poste et assignées à comparaître pour une accusation criminelle « d’entrave à un agent de la paix ».
Selon la « logique » policière, puisqu’ils et elles avaient été avertiEs de ne pas prendre la rue, les manifestantes et manifestants se seraient misES en contravention en manifestant quand même. Il semble que le fait de ne pas suivre un ordre par ailleurs contraire au droit constitutionnel constituerait une « entrave » au travail de la police! De toute évidence, une accusation aussi mal fondée ne tiendra pas la route devant le tribunal.
Une répression politique ciblée
Dans un article publié dans l’édition du 24 août de l’hebdomadaire Accès de Saint-Sauveur, le sergent Robin Pouliot, du service de police de Saint-Jérôme, est venu confirmer le caractère purement politique de l’intervention policière. La journaliste qui l’a interrogé rapporte que « les bannières “On a raison de se révolter” ont eu l’heur de choquer les policiers ». Elle cite ensuite ses propos : « Quand on distribue des tracts haineux et qu’on contrevient à la loi, faut s’attendre à une réplique… » Le sergent Pouliot se garde bien de préciser à quelle « loi » les manifestantEs auraient contrevenu : à la « loi de la police de Saint-Jérôme » peut-être? À la sienne propre?
Cette déclaration, jumelée à la présence d’une agente des services de renseignement de la SQ (qui a par la suite expliqué qu’elle était là pour « surveiller le parti »), montre bien qu’on a eu affaire à une répression politique ciblée et délibérée : la police avoue en effet avoir agi dans le but d’empêcher l’expression du point de vue communiste, qu’elle assimile à des propos « haineux ».
Lors de l’audience pour la forme tenue le 16 août, la procureure de la Couronne affectée au dossier a tenté de faire ajouter des conditions de remise en liberté aux neuf accuséEs – qu’elle a par ailleurs qualifiéEs de « dangereux criminels » – incluant une interdiction de séjour à Saint-Jérôme et surtout, l’interdiction d’aller manifester à Montebello à l’occasion du sommet du Partenariat pour la sécurité et la prospérité, qui devait avoir lieu la semaine suivante. Cette requête a toutefois été écartée par le tribunal pour des raisons techniques étant donné l’absence des accuséEs, dont la présence n’était pas requise à cette étape des procédures. Tout cela ajoute au caractère politique de l’intervention du 11 août.
Une bataille politique qui concerne tout le monde
Le PCR est actif depuis déjà un bon bout de temps à Saint-Jérôme. Les militantEs de la région travaillent à mobiliser les ouvrières, les ouvriers et la jeunesse prolétarienne dans la lutte contre le capitalisme. Cela n’a rien pour plaire aux bourgeois locaux, et aux flics qui les défendent.
En 2005, pendant la grève étudiante, les communistes étaient présentEs quand la police s’était montrée particulièrement répressive contre les étudiantes et étudiants militantEs. Sur la ligne de piquetage au cégep, certains flics s’étaient comportés comme de véritables brutes, assénant des coups de poing à main nue aux visages de certainEs étudiantEs.
De manière générale, il est clair que l’intervention du 11 août – qu’elle ait été motivée par des objectifs de pure « vengeance » de la police locale ou par une volonté à plus haut niveau de crminaliser les communistes révolutionnaires (ou une combinaison des deux) – n’avait certainement rien d’innocent. Dans un cas comme dans l’autre, cette intervention ne devra pas rester impunie.
Il va sans dire que les accuséEs et leurs avocats se préparent à mener la bataille politique qui s’impose en vue du procès que l’État a choisi de leur imposer. La poursuite et les policiers qui ont monté le dossier d’accusation devront expliquer publiquement pourquoi ils souhaitent encore appliquer la célèbre « loi du cadenas » de Maurice Duplessis, qui interdisait « toute propagande communiste dans la province de Québec » et que la Cour suprême du Canada a abolie en… 1957!
Mais cette bataille ne concerne pas que les accuséEs, le PCR ou les seulEs participantes et participants à la manifestation du 11 août, et elle déborde largement le terrain judiciaire : elle intéressera aussi tous ceux et celles qui appuient le droit de manifester, de résister, de se révolter et d’exprimer des idées politiques dissidentes et/ou révolutionnaires.
Alors, tous et toutes à Saint-Jérôme le 29 septembre!
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Le PCQ et la NEFAC dénoncent l’intervention policière
Dans un communiqué, la section des Laurentides du Parti communiste du Québec, dont des membres étaient présents à la manifestation, a tenu à dénoncer cette « preuve flagrante de répression policière telle que l’on a vu dans les pires chapitres sous le règne de Maurice Duplessis » : « La police, de toute évidence, n’accepte pas d’être remise en question; elle n’accepte pas que son autorité soit remise en cause… Nous dénonçons les abus policiers qu’il y a eu ce 11 août. »
Les camarades de la Fédération des communistes libertaires du Nord-Est (la NEFAC) ont aussi fait connaître leur soutien : « À la NEFAC, nous avons nos différends avec les maoïstes (sic!) mais nous ne sommes pas sectaires au point de passer sous silence un cas patent de répression policière… Ayant subi plus souvent qu’à notre tour ce type de répression policière, les militants de la NEFAC expriment leur solidarité avec ceux et celles du PCR. »
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