Il y a plusieurs semaines déjà, je me disais qu'il faudrait réhabiliter l'AG ou du moins la défendre sur ce forum. Nous étions alors enlisé-e-s dans des débats où le manque d’argumentation n’avait d’égal que la mauvaise foi de certaines personnes et les mensonges éhontés. Pour en consulter une partie de ce qui me préoccupait à ce moment, vous pouvez consulter les sujets suivants :
http://forums.asse-solidarite.qc.ca/viewtopic.php?t=66
où il y a notamment des attaques claires envers l’exécutif de l’ASSÉ, par Le Parrain notamment, mensonges que nous n’avons pu démentir parce que Francis verrouille parfois les sujets plus vite que son ombre…
http://forums.asse-solidarite.qc.ca/viewtopic.php?t=75
où un sujet s’arrête soudainement alors que je demande à mon vis-à-vis de soutenir par des faits les interprétations qu’il avance…
Plus récemment :
http://forums.asse-solidarite.qc.ca/viewtopic.php?t=169
où une personne s’évertue à soutenir que l’anarchisme ne vaut rien sans même daigner lire sur le sujet et en cherchant de tout bord tout côté des éléments pour masquer son absence de connaissances sur le sujet.
http://forums.asse-solidarite.qc.ca/viewtopic.php?t=161
où plusieurs personnes soutiennent que le référendum est plus démocratique que l’AG sans jamais apporter de preuve à l’appui ou d’arguments solides
Bref, au premier degré, l’Assemblée générale m’apparaît plus démocratique pour une simple raison : elle est un lieu de débat où l’absence d’arguments ou de connaissances est rapidement mise en lumière, comme le mensonge, les faux-fuyants et les procès d'intention d'Antoine ou toute autre personne. Lors d’un référendum, on a beau vouloir faire des débats, il y a presque systématiquement moins de gens qu’aux AGs, ce qui laisse peu de place à la démystification ou qui laisse, à tout le moins, peu de gens pour en témoigner.
Quant au matériel d’information, on ne peut le changer tous les jours afin de s’ajuster aux propos du camp adverse pour des raisons purement pratiques, tandis qu’une campagne d’information peut y être basé sur le mensonge et la diffamation (lire comme au Vieux-Montréal) sans que l'on soit en mesure de contester les résultats. Relisez la question référendaire de Ste-Foy, biaisée et fausse à l'os. Quels recours avons-nous? Nous n'avons pu aller nous défendre sur le terrain mais hé, que voulez-vous, c'est un référendum où tout le monde pouvait voter. Et il se trouve des gens pour dire qu'invalider un résultat de vote référendaire c'est mal (notez que cela a été dit sans arguments à l'appui mais bon)...
Il est toutefois vrai qu’il existe des démagos habiles qui savent faire tourner la foule à leur avantage lors d'une AG alors que ce sur quoi ils (généralement) ou elles se basent ne sont que des mensonges, voire même de la diffamation. C’est alors qu’il faut observer l’AG au deuxième degré. À l'ASSÉ, on prône l'assemblée générale tandis qu'à la FECQ, on favorise plutôt le référendum. Cela relève de deux conceptions différentes de la démocratie. À l'ASSÉ, il s'agit de démocratie directe et participative tandis qu'à la FECQ, il s'agit de démocratie représentative. Et cette différence est profonde. Notez à prime abord qu'à mon avis, la plupart des associations osciellent entre ces deux tendances.
Lorsque l'on parle de démocratie directe et participative, cela ne signifie pas que l'on est toujours contre tout référendum. Cela signifie plutôt que nous considérons l'AG comme instance suprême. Pourquoi? Parce que c'est un lieu de débat mais surtout de participation. C'est facile de prendre 30 secondes pour cocher dans une case une fois par six mois lors du référendum de mandats et espérer que l'exécutif élu agisse en conséquence(représentative) mais c'est autrement plus exigeant de se présenter quelques heures par mois en AG pour s'approprier les instances de son syndicat local et s'assurer soi-même que les mandats sont respectés.
Ça, c'est l'aspect participatif, et ça se cultive. À force de n'avoir recours qu'aux référendums pour décider des choses importantes, il ne faut pas se surprendre si peu de gens se présentent en AG et si les comités autres que le journal et la radio fonctionnent peu. Il faut y travailler par la mobilisation directe aussi intensivement et souvent que possible, aller chercher les gens, les y intéresser. À force de travail et d'efforts, cette culture se développe, les gens font les débats à fond, se renseignent et s'approprient la démocratie, prennent le contrôle de leurs vies. C'est une resposabilisation qui dépasse de beaucoup le "fions-nous à l'exec" de la dmocratie représentative. En plus, à force de se saisir des enjeux, les gens se sentent concernés davantage, ce qui accroît la combativité, tant dans le discours que dans les actes.
Ça c'est la démocratie directe et participative, ça prend du temps et de l'effort. Qui disait que le référendum demande plus d'effort? Je soutiendrais au contraire qu'une vie démocratique directe et participative pleine et entière demande vachement plus de temps. Et c'est par un tel processus que l'on se dote des outils nécessaires à faire rempart contre la démagogie et la désinformation.
De l'autre côté, la démocratie représentative implique que l'on délèque nos pouvoirs à une poignée de gens à laquelle on doit accorder toute notre confiance. C'est dans ce contexte que le référendum s'inscrit. Il est vrai que généralement plus de gens votent plus massivement dans ce type de vote, toutefois le temps est-il pris de faire le tour de la question dans un débat en profondeur? Comme en cas de vote de grève, ce qui semble intéresser le plus les gens c'est le moment du vote, pas les débats. Ainsi, le vote se fait généralement avec les idées préconçues des personnes, ce qui individualise par la même occasion la prise de décision collective au lieu de lui laisser son aspect collectif. Sans compter que les gens n'ont pas alors la chance de prendre position publiquement et de défendre leur point de vue devant l'ensemble des autres personnes votantes. Ce privilège n'est lassé qu'aux différents camps.
Mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus grave avec la démocratie représentative. À moyen et long terme, pendant que l'on se fie aux référendums et aux instances intermédiaires, les vraies décisions se prennent en sous-groupe sans que la base soit consultée. Cela crée une culture où l'on se fie à l'exécutif pour les prises de décision, et où les décisions collectives s'éclipsent. Il n'est pas surprenant alors de voir ces gens des exécutifs prendre des décisions par eux et elles-même au local et au national, sans consulter, comme investi-e-s d'un pouvoir presque sacré. À long terme, cela ne peut mener, comme dans la société at large par exemple, qu'à un cynisme rampant qui fait baisser le taux de participation à ces référendums et élections avec la conviction profonde dans la base que (très rarement féminisé d'ailleurs) "les potiticiens, c'est toutt des crosseurs de toute façon", et avec raison dans une bonne partie. Parce que les gens n'auront pas été impliqués dans les prises de décision, l'exécutif s'accroît toujours plus de pouvoir et le cynisme de la base s'accroît conséquement.
Ainsi, je préfèrerai toujours une AG au référendum parce que je crois que c'est ainsi que l'on peut stimuler une vie politique saine, pleine et entière, même si le seul quorum en vigueur est le quorum moral. Irrémédiablement, il y plus de gens en AG qui se saisissent des enjeux que le seul exécutif, plus de gens qui se responsabilisent et agissent conséquemment aux décisions prises en commun, plus de personnes prêtes à la lutte quand le temps est venu, le tout, tant aux niveaux qualitatif que quantitatif. Pour ma part, l'AG est et sera toujours l'instance suprême!