Nicaragua: l'avortement interdit même pour sauver la mère
AP | 26.10.06 | 20:15
MANAGUA, Nicaragua (AP) -- Le Parlement du Nicaragua a adopté jeudi une disposition interdisant tout avortement, y compris lorsque cela pourrait sauver la vie de la future mère. Si le président Enrique Bolanos ce texte, la loi mettra fin à la seule exception acceptée dans ce pays depuis un siècle.
Au sein de l'Assemblée nationale (Parlement monocaméral), 59 députés ont voté pour cette mesure, neuf se sont abstenus et 29 étaient absents. Mais les élus ont rejeté la proposition du président Bolanos, qui souhaitait voir la peine de prison encourue pour les mères avortant aussi bien que les personnes qui les y aideraient passer de six ans actuellement à dix à 30 ans. Le chef de l'Etat pourrait dans ces conditions refuser de signer la loi.
Le Mouvement autonome des femmes a l'intention de demander une injonction pour bloquer l'application du texte s'il est publié.
Hormis Cuba où les femmes peuvent avorter librement dans les 1é premières semaines de la grossesse, l'Amérique latine, très catholique -environ 85% des 5 millions d'habitants du Nicaragua sont catholiques, est l'une des régions du monde où avorter est le plus difficile.
Le Salvador et le Chili interdisent ainsi tout avortement, quelle qu'en soit la raison, mais la plupart des autres pays l'autorisent quand la vie de la mère est menacée. Les victimes de viol ou d'inceste n'y ont généralement pas accès, selon le Center for Reproductive Rights, une association de défense du droit à l'avortement basée à New York. En mai, la cour constitutionnelle de Colombie a cependant légalisé l'avortement en cas de grave malformation du foetus, de grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste, et lorsque la mère risque de mourir. AP