J'aime pas me considerer francais, mais j'ai effectivement appris comment faire la greve en france.
L'interruption des cours c'est a la fois pour parler et pour déranger. Les tracts ne suffisent pas, car leur lecture comme leur diffusion est une activité passive. Dans le nombre (insuffisant) d'etudiant-es qui les acceptent et les lisent, la plupart le font en allant en cours, se disent que oui, il faudrait que quelquechose se passe, puis ils vont s'asseoir. Et ils attendent que quelque chose se passe. Et rien.
L'intervention directe en amphi donne une utilité concrete aux tracts. Pour ceux qui ont lu les arguments qui y sont imprimés avant les interventions, ils savent déja de quoi on parle et pourront plus facilement le temps de reflechir. Et pour ceux qui ont ecouté les interventions, qui envisagent peut etre de participer, mais qui n'ont pas ecrit quelque part l'heure et le lieu de la prochaine action ou réunion qui a été annoncée, et qui donc ne participeront pas, les tracts sont la pour leur en donner les moyens.
En fait, on dérange pour pouvoir parler. La lecture des tracts se fait quand on a le temps, or le temps a l'université c'est plutot rare. Interrompre un cours permet de faire une pause, et de creer un temps pour la contestation, et pour la discussion. Les tracts ne marchent que dans un sens, et donc marchent mal, et les tables d'info ne touchent pas grand monde, et n'ont qu'une signification individuelle : on ne pense pas automatiquement à l'information recue comme ayant un sens pour tout le groupe. Dans un amphi, on peut en meme temps discuter, discuter avec tout l'amphi, et faire discuter entre eux les gens dans l'amphi. Comme on fait ca en nombre, les arguments qu'on peut sortir sont a la fois plus assurés et plus diversifiés.
Et puis c'est actif : tout le monde voit qu'il se passe quelque chose, qu'il y a quelque chose à rejoindre. Certains aujourd'hui ne savent pas comment nous rejoindre, il faut remedier à ca.
La technique, c'est de se rassembler, a au moins une vingtaine, avec quelques personnes charismatiques dans le tas. On se ballade dans les couloirs en chantant des slogans, on entre dans un premier amphi : ceux qui veulent vont devant le tableau ecarter (gentiment, on touche pas) le ou la prof et commencer a dire ce qu'ils ont a dire, sur la loi, sur le mouvement, sur la société, sur l'amour, tout ca, et repondre aux questions, les autres vont s'asseoir et discuter avec les etudiant-es. Plus on les entraine a parler, mieux c'est. Puis on les appelle à venir debrayer l'amphi suivant avec nous, et ceux et celles d'entre nous qui se sont dispersé-es dans la salle essayent de faire bouger les gens autour d'eux.
On sort, et on recommence. Et on parle avec ceux qui nous ont suivi, parce que c'est cool comme ca et que le mouvement est plus attirant si on connait du monde qui y participe déja.
Avec le groupe rassemblé à la fin, on peut enchainer sur une AG ou n'importe quoi. Le lendemain, l'apres-midi ou une heure apres, on recommence.
Une AG rassemblée de cette façon est tres differente de celle d'une asso. Plus de quorum, plus d'executif, plus de statuts. L'appartenance importe peu, les mandats et les affiliations non plus, la question centrale n'est pas de savoir comment l'asso pourra representer ses membres, mais comment nous agirons contre le degel (ou quoi que ce soit d'autre). Pas de pouvoir de contrainte : les actions sont décidées sur la base du nombre de volontaires dans la salle, et elles n'engagent qu'eux. L'AG est reconduite dans les jours qui viennent : une par jour serait pas mal, mais difficile sans occupation. Elle sert avant tout a se regrouper tous, a se retrouver : pour cela elle doit etre massive, donc ne pas se limiter aux militants d'une asso.
Pour les actions elles memes, a vrai dire j'ai peu d'idées originales pour le début d'un mouvement, autres que ce genre de debrayage, et bien sur tous les tractages/affichages. Le plus important est de faire participer de plus en plus de monde à ca. On peut aussi organiser des mini manifs sur les campus, des distributions de bouffe prix libre et vegan pour rassembler des gens, voire des occupations/autogestion dans les cafeterias... faut voir, a priori si vous pouvez, vaut mieux innover vous memes que recuperer des idées ailleurs, c'est plus mobilisateur.
sans une organisation qui se revendique du syndicalisme de combat, il n'y a pas de GGI possible
Huhu.
I can't see anything at all, all I see is me. That's clear enough, that's what's important: to see me !