Le premier ministre portugais, José Socrates, a confirmé dimanche que l'avortement sera légalisé, malgré l'échec apparent du référendum sur la question en raison du faible taux de participation.
Les Portugais ont en effet voté en faveur de la légalisation de l'avortement. Selon les différents sondages à la sortie des urnes, les électeurs sont d'accord avec l'avortement jusqu'à 10 semaines de grossesse dans une proportion allant de 57 % à 62 %.
Mais, toujours selon ces mêmes sondages, le taux de participation ne serait pas suffisant pour que le référendum soit valide. Il se situerait entre 34 % et 40 %, soit bien en dessous des 50 % requis.
En conférence de presse après la publication des sondages à la sortie des urnes, le premier ministre Socrates a cependant indiqué qu'il allait demander au Parlement de passer une loi pour décriminaliser l'avortement. « Notre devoir sera de respecter la volonté des Portugais », a-t-il fait valoir. Le premier ministre respecte donc ce qu'il avait dit en campagne, soit qu'il pourrait aller de l'avant avec la légalisation de l'avortement même si le seuil de participation n'était pas atteint.
Le taux de participation était pratiquement l'unique incertitude de ce référendum. Les derniers sondages donnaient en effet le « oui » gagnant dans une proportion allant de 52 % à 58 %.
Les Portugais répètent ainsi le scénario de 1998. À l'époque, un référendum sur la même question avait débouché sur une très courte victoire du « non ». Mais étant donné que seulement 32 % des électeurs s'étaient déplacés aux urnes, le résultat avait été invalidé.
Une des lois les plus restrictives d'Europe
Pays à forte tradition catholique, le Portugal a l'une des lois sur l'avortement les plus restrictives de l'Union européenne, aux côtés de la Pologne, de l'Irlande et de Malte.
Il autorise l'avortement jusqu'à la 12e semaine de grossesse uniquement si la mère a été violée, que sa santé est menacée ou que le foetus présente une malformation. Les peines prévues en cas de non-respect peuvent aller jusqu'à trois ans de prison.
Jusqu'à présent, la plupart des femmes qui souhaitaient interrompre leur grossesse se rendaient en Espagne, où l'avortement est autorisé depuis une dizaine d'années.
Durant la campagne, le camp du « oui » a insisté sur les 23 000 avortements clandestins pratiqués chaque année dans le pays. Le premier ministre Socrates les a qualifiés de « blessure la plus honteuse du Portugal ».
De son côté, le camp du « non » a affirmé qu'une victoire du « oui » entraînerait un accroissement du nombre des avortements, une augmentation des dépenses de santé et créerait un précédent susceptible de remettre en cause d'autres lois. L'Église catholique a également fait valoir que la légalisation de l'avortement mettrait en péril les valeurs traditionnelles.
Selon des statistiques de l'Association pour la planification familiale du Portugal, quelque 18 000 avortements ont été pratiqués illégalement dans le pays en 2005. De plus, 10 000 femmes ont dû se rendre dans les urgences des hôpitaux à la suite de complications.
On parle toujours de mourir pour sa patrie, mais a-t-on déjà vu dans l’histoire une patrie mourir pour ses natifs ?
J. Sternberg