Camarade Ben a écrit:La gratuité scolaire, un véritable projet de société!
Par le collectif Le feu aux poudres
À écouter les éditorialistes des journaux néo-libéraux ou les reportages du torchon de Montréal, l'université est le lieu culte de la fornication et du siphonnage de barils de bière. Dans cette tornade de désinformation, le gouvernement patronal de Johnny Charest, influencé par ses copains du milieu financier, tente d'accroître la paupérisation de la société par ses politiques antisociales. C'est dans le domaine de l'éducation entre autres que se poursuit ce carnage du néolibéralisme où le gouvernement libéral a exigé une hausse de cinq cent dollars en cinq ans des frais de scolarité. Avec le coût de la vie qui ne cesse de monter, faut pas venir pleurnicher qu'au Québec on crée pas assez richesse! Depuis le début des années deux mille, l'ASSÉ (association pour une solidarité syndicale étudiante) propose un nouveau projet de société, celui de la gratuité scolaire. Face au rouleau compresseur néolibéral et capitaliste, l'ASSÉ représente le seul syndicat à apporter une résistance face aux attaques des disciples dogmatiques de Friedman1. Lors de son dernier congrès au printemps, ses membres ont voté pour une grève générale et illimitée si les libéraux augmentaient les frais de scolarité. Fidèles à leurs habitudes, les libéraux s'engagent à s'enrichir sur le dos de la classe ouvrière en bons petits fanatiques du libéralisme économique qu'ils sont. Parions que l'automne sera chaud!
Étudier, c'est travailler
Selon la charte de Grenoble de 19422, l'étudiantE doit être considéréE comme étant unE travailleurE. Dans l'opinion publique, un préjugé démontrant l'étudiantE (largement diffusé par les médias bourgeois) comme étant unE profiteurE du système circule au sein des classes populaires. Comme si tous les contribuables faisaient vivre les étudiantEs. Évidemment, ce préjugé s'avère erroné. Pour l'ASSÉ, elle possède une toute autre philosophie sur le sujet. L'étudiantE a pour rôle social d'étudier la société dans lequel il/elle vit. L'institution universitaire et collégiale a pour but de développer un esprit critique chez l'étudiantE. Ainsi, il peut remettre en question les dogmes et par le fait même, faire progresser l'ensemble de la société. C'est dans le domaine des études où le développement des technologies progressent et permet à l'amélioration des conditions de vie aux membres d'une société. Sans l'apport du domaine de l'éducation, la société actuelle n'aurait jamais pu évoluer. C'est à travers le travail des étudiantEs qu'on peut espérer créer une société progressive. De plus, il faut préciser que dans le contexte actuel, l'étudiant doit occuper un emploi rémunérateur afin de payer ses frais de scolarité. En combinant étude/travail, on s'aperçoit que la surcharge de travail est vraiment élevée. Cela engendre des conséquences sur le niveau de vie des étudiantEs, qui doivent vivre dans des conditions précaires. Faut quand même pas faire tout un scandale quand on apprend que les partys sont parfois bien arrosés, à quelque part, il faut bien décompresser! Au niveau politique, le mouvement étudiant fut dans bien des cas, l'un des premiers à remettre en question des politiques impopulaires des différents gouvernements (comme le mouvement étudiant étasunien et la guerre du Vietnam). L'étudiantE est avant tout unE travailleurE, il est donc absurde qu'il/elle paye pour un travail qu'il/elle effectue. Son service qu'il/elle rend à la société est justement l'étude de celle-ci pour ainsi mieux exposer ses faiblesses et modifier ce qui est inacceptable.
Quand l'éducation recrée les inégalités
Le système capitaliste reproduit les inégalités (il ne peut y avoir de riches sans pauvres) et c'est par son abolition qu'on pourra faire émerger une société où les inégalités ne seront pas perpétuellement reproduites. Dans le système économique actuel, l'éducation reproduit ces inégalités. En premier lieu, elle n'est tout simplement pas accessible pour tous et chacun. Puisqu'il faut débourser pour avoir accès au savoir, cela signifie pour plusieurs jeunes l'arrêt de leurs études. Selon Statistique Canada, 70% des étudiants qui abandonnent leurs études ont pour raison le manque de financement. De plus, les familles à faible revenu doivent consacrer une grosse part de leur salaire dans le financement des études : « En 1980, les familles à plus faible revenu consacraient 16,7 % de leur revenu après impôt aux frais de scolarité; en 2004, ce pourcentage saute à 45,7%3 ». En second lieu, ceux et celles qui peuvent avoir accès à ce savoir grâce à leur classe sociale seront avantagéEs par rapport aux gens provenant des milieux défavorisés. Donc, il y a inégalité dans les chances de réussir sur le marché du travail puisqu'avoir un diplôme ouvre davantage de portes vers des emplois mieux rémunérés. C'est en pleine contradiction avec les propos des André Pratte de ce monde qui scandent, à qui le veut bien, que tous sont égaux dans leurs chances de réussir dans ce système pourri! C'est par la démocratisation de l'éducation qu'on pourra véritablement parler d'égalité des chances de réussir puisque la gratuité scolaire permettra l'accessibilité à tous et toutes aux études post-secondaires.
L'envahissement du privé
En plus, l'envahissement du privé provoque de graves conséquences sur l'éducation en général. Tout d'abord, si une entreprise privée finance une institution scolaire, celle-ci perdra son indépendance et devra se soumettre aux volontés de ladite entreprise pour ainsi assurer sa survie dans ce système capitaliste. Par conséquence, le programme d'étude se verra influencer par l'idéologie dominante des différents actionnaires des grosses entreprises. Le contenu des cours connaîtra d'importants bouleversements et pire encore, certaines matières seront exclues du programme si elles ne concordent pas avec la philosophie des actionnaires. Cette tactique utilisée par les entreprises chapeautées par les conseils d'administration des différentes universités a pour but de façonner l'éducation à l'image de l'entreprise. Ainsi, l'entreprise en question crée sa propre main d'--uvre abrutie en lui apprenant le strict nécessaire, toujours dans une optique qui est d'augmenter la marge de profit grâce au travail de leurs futurEs travailleurEs. Étant donné que les programmes ne sont pas généralisés à l'échelle du Québec, mais plutôt spécifiques à la volonté de ladite entreprise, l'édutiantE (future travailleurE) sera maintenu dans une forme de dépendance envers son embaucheur puisque son diplôme ne sera pas nécessairement reconnu par les autres entreprises. En laissant les entreprises financer les universités et tolérer le manque de financement de l'État dans ce domaine, celles-ci pourront ainsi s'accaparer du contrôle de l'éducation et exiger que l'université se plie à ses exigences. Dans cette optique, l'université perd totalement son indépendance, ce qui va à l'encontre de son rôle social, c'est-à-dire critiquer la société pour ainsi la faire progresser. Actuellement, si on prend exemple sur l'Université du Québec à Montréal (UQAM), les entreprises privées ont bel et bien envahi les lieux. D'ailleurs, Québécor et Sunlife siègent au conseil d'administration. Il est clair que leurs positions privilégiées à ce conseil leur permettent de faire prendre des positions qui sont à leurs avantages. Sous cette dictature du capital, l'étudiantE doit se soumettre aux volontés mercantiles de Québécor et Sunlife. Ça ne devrait pas être les étudiants et étudiantes qui décident eux-mêmes ce qu'ils désirent recevoir comme éducation? Comme le proposerait une société soi-disante « démocratique ». De toute évidence, le système capitaliste est un système de contradiction. La gratuité scolaire et un financement massif dans ce domaine permettront de démocratiser les institutions scolaires.
Pour conclure, l'éducation est un droit et non un service qu'on doit payer. Cette philosophie d'utilisateur/payeur recrée les inégalités à l'intérieur de la société. La gratuité scolaire permettra la démocratisation de ce domaine, car ainsi, on s'assure que tous puissent y avoir accès. Selon l'IRIS4, la gratuité scolaire ne coûterait que 550 millions de dollars à l'État Québécois, ce qui équivaudrait à 1% des dépenses de l'État. Il y a donc un manque de volonté politique de la classe dirigeante et il s'agit d'une véritable lutte de classe car une privatisation complète du système d'éducation serait extrêmement favorable à l'élite financière. Par contre, en obtenant la gratuité scolaire, la classe ouvrière se rapprochera de son émancipation et pourra espérer vivre dans une société sans exploitation et sans abrutissement. Avec le syndicalisme de combat tant préconisé par l'ASSÉ et le mode de fonctionnement basé sur la démocratie directe, la gratuité scolaire n'est pas que des bonbons pour le mouvement étudiant, mais une revendication pour toute la société. En développant un large mouvement social et solidaire, tout domaine confondu, il nous sera possible en tant que classe d'acquérir notre indépendance vis-à-vis l'élite financière. Comme disait l'autre : « La gratuité scolaire, ça se donne pas, ça se prend! ».
Le Feu aux poudres
1 Père philosophe du néo-libéralisme.
2 Association pour une solidarité syndicale étudiante, Mémoire sur la gratuité scolaire, Janvier 2007, p53.
3 Ibid, p55.
4 Institut de recherche sur les indices socio-économiques, http://www.iris-recherche.qc.ca/docs/fr ... resume.pdf
Lien: http://blog.myspace.com/index.cfm?fusea ... 5F71408232