PL, je n'ai pas participé à la greve de 2005, ni au forum de 2004.
Tsunami Dan a écrit:lesquels?
Mouvement lycéen du printemps 2005.
Forces en présence : les deux syndicats lycéens nationaux, la FIDL (liée au parti socialiste) et l'UNL (plus "apolitique", c'est a dire plus a droite), les étudiant-es revolutionnaires et l'unef, et les groupements lycéens independants plus ou moins radicaux. Les deux syndicats sont rivaux, les groupements independants s'en mefient et s'en ecartent autant que possible, preferant se rapprocher des etudiant-es, qui eux-elles se foutent un peu de ce qui se passe en dehors de leurs facs (a part les buros de l'unef, qui recrutent et tentent aussi de diriger les lycéen-nes, avec un succes plutot illusoire : ils-elles tiennent le megaphone, mais pas grand chose d'autre).
Tres peu de liens entre les groupes independants, qui generalement regroupent des representant-es autoproclamé-es des lycées de la ville. Les AG sont organisées avec les quelques etudiant-es interessé-es et les syndicats professionnels, via les contacts des syndics lycéens.
Ce qui fait qu'a la fin, lorsque nous autres indépendants voulions continuer jusqu'a empecher le bac, les syndicats nous ont laché et on ne savait plus quoi faire.
Pas de strategie nationale nationallement acceptée. Les syndicats utilisaient ce mouvement inesperé pour reimplanter quelques cellules dans les villes de province ou pour recruter. Les indépendants (je trouve pas de meilleur terme) tentaient tous de faire plier le ministere avec une certaine coordination et unité sur les methodes : manifestations (parfois sauvages, surtout quand les syndicalistes etaient absents), blocages (sans vote souvent, nous savions ce que nous voulions) et occupations des lycées; rien qui mérite d'etre appellé strategie, d'autant plus que certain-es des plus naif-ves acceptaient les mains tendues des syndicats. Parce que "sans organisation, on n'arrivera a rien". On a un peu rigolé quand le bureau national leur a coupé les vivres.
Désorganisation totale,
Désunion,
Absence de stratégie nationale.
Mouvement étudiant du printemps 2006.
Forces en présence : l'unef, bien sur, les lycéen-nes du mouvement précedent devenus etudiant-es et les autres radicaux et revolutionnaires qui etaient déja dans les universités en 2005. Les JCR et LO. Les lycéen-nes etaient là aussi. J'ai expliqué plus longuement cette periode dans mes posts vers
là.
Au départ, l'unef etait la seule structure réellement nationale qui par la suite a participé au mouvement, avec les partis trotskystes. Or, elle etait absolument opposée a la greve, et plus generalement a toute mobilisation. Un de leurs pretextes etait que la loi etait deja passée, début fevrier si ma memoire est bonne. Les trotskystes, eux, attendaient de voir la suite.
Les AG qui a ce moment rassemblaient rarement plus d'une centaine de personnes, etaient donc le lieu d'une vive opposition entre unef, trotskystes et autres idéologues, et independant-es. Les lycéen-es participaient peu aux ag étudiantes. Ils-elles etaient beaucoup plus pratiques que nous, et sans leur participation (relativement) massive aux manifestations de fevrier, nous n'aurions pas pu attirer les etudiant-es dans nos AG : apres quelques succes au départ (de l'ampleur de ceux que nous avons connu ici avant le premier congres de l'asse à l'automne) la mobilisation a en effet connu un gros creux.
La strategie de tous correspondait a celle de 2005, a ceci pres que les jcr recrutent peu.
Encore une fois, pas d'organisation ou du moins, pas d'organisation disponible pour ceux et celles qui auraient voulu s'en servir pour construire le mouvement. Pas de strategie de leur part non plus. Pas d'union.
Mouvement de mai 2007.
Forces en présence : au départ, un mélange plutot heteroclite de "gens de gauche", qui se trouvaient dans la rue unis par deux convictions, celle que nicolas sarkozy ne devait pas etre président, et celle qu'ils n'avaient rien a faire dans la rue. Tous ceux la ont vite retrouvé le confort de leurs appartements. A coté de ca, il y avait un autre mélange heteroclite, qui ne se definissait pas uniformément "de gauche", qui savait qu'il ne devait plus y avoir de président, que la démocratie libérale devait etre abattue si il y en avait une possibilité, et qu'en attendant, tous ses interdits devaient etre brisés.
On parlait depuis mars 2006 de ce qu'on allait faire pour l'election présidentielle. La proposition la plus populaire etait la révolution. On a essayé. Sans s'organiser.
De leur coté, les pacifistes (nous etions les casseurs, par opposition) n'en parlaient pas, ils-elles cherchaient juste a savoir a quel point il fallait avoir peur de sarkozy, et ils-elles n'avaient rien prévu en cas de defaite de leur candidate. Mais un vieux reflexe, peut etre une arriere pensée, les a fait descendre dans la rue. Et une fois la, etouffant dans les gazs lacrymogene (uls et elles passent leur temps assis), et n'osant pas s'opposer a la police, ils-elles se sont opposés a nous. Pas tres pacifiquement, quelques fois.
Toujours pas d'organisation, aucune strategie (il faut remarquer que la plupart des theoriciens de la revolution n'etaient pas dans la rue), et pas d'union.
Une greve nationale ne peut pas se faire sans organisation nationale et sans strategie nationale. Mais la greve telle que je l'ai faite jusqu'a maintenant ne se pretend pas nationale. Ce serait une erreur. Une redondance, plus exactement.
Elle se fait dans chaque université. Sans seuil de declenchement, sans congres nationaux, sans "escalade des moyens de pression". Sans organisation (au départ, je le précise encore une fois), ni strategie, ni union. Bref, elle se fait, contrairement a la greve de l'ASSE.
Je n'ai pas parlé des enjeux, des echecs et des succes de ces mouvements. Leur simple existence et leur retentissement montre que se bouger sans l'organisation et tout le reste n'a rien d'un suicide politique (chacun des mouvements a rendu possible le suivant), et que "ça peut lever".