http://www.ledevoir.com/2007/10/17/160811.html
Opinion - Lettres: Valable, l'école privée?
Jacques Courchesne, Professeur retraité du Cégep de Sainte-Foy, Saint-Raymond, le 14 octobre 2007
Édition du mercredi 17 octobre 2007
Mots clés : École privée, Éducation, Québec (province)
Beaucoup de gens aiment comparer l'école privée à l'école publique. Un grand nombre de gens sont persuadés que l'école privée offre une meilleure éducation, une plus grande discipline à ses élèves. L'intérêt de la classe aisée est de maintenir un secteur privé fort en éducation. L'école privée pour bien des gens, c'est un droit acquis et indiscutable qui ne devrait souffrir aucune restriction.
La classe aisée achète de l'éducation comme des BMW; les gens de cette classe en veulent pour leur argent. Il est fort probable qu'ils considèrent l'école publique comme étant cheap et comme un endroit plein de gens qui vendent de la drogue. On leur fait également croire, par de belles brochures glacées et par des réclames publicitaires à la télévision, que l'école privée est le nec-plus-ultra en éducation au Québec; les professeurs y seraient bien meilleurs qu'au public, mais cela reste à prouver. D'ailleurs, l'école privée sélectionne ses élèves, contrairement à l'école publique qui, elle, ne peut pas se payer ce luxe.
Il faut se rendre compte que, comme la grande majorité des élèves du secteur privé proviennent d'un milieu où les parents sont plus instruits que la moyenne des gens, les élèves du privé partent déjà avec une longueur d'avance sur le populo du secteur public lorsqu'ils commencent leurs études. [...]
Mais je crois que les parents devraient plutôt juger selon les résultats lors des admissions au secteur collégial public. Là, nous ne parlons plus en fonction du pseudo-classement de la revue L'Actualité. Nous examinons plutôt les résultats des élèves venant du privé par rapport à ceux venant du public. À ce moment-là, nous constatons qu'il n'y a aucun avantage pour un élève de venir de l'école privée par rapport à celui qui vient de l'école publique.
En tant que professeur ayant enseigné pendant 33 ans au niveau collégial, je n'ai jamais vu de différence significative chez mes élèves favorisant ceux issus du secteur privé. En réalité, il y avait peut-être une différence: les élèves venant du privé exigeaient de fortes notes pour des travaux très ordinaires; selon eux, ils avaient droit à d'excellentes notes. Je n'ai jamais entendu de telles doléances d'un élève venant du secteur public.
Si je devais décider d'envoyer mon enfant à l'école privée ou à l'école publique, j'hésiterais longtemps avant de payer une forte somme d'argent pour une différence qui n'en vaut vraiment pas le coût. En fait, je crois que nous devrions avoir deux secteurs bien distincts: un secteur public subventionné à 100 % par l'État et un secteur privé subventionné à 100 % par les parents. On verrait bien alors si les parents seraient vraiment en si grand nombre à préférer l'école privée à l'école publique.