Une forme de torture, selon l'ONU
Les pistolets à décharge électrique Taser X26 « provoquent une douleur aigüe constituant une forme de torture », selon le Comité des Nations unies sur la torture.
« Dans certains cas, [l'usage de Taser] peut même causer la mort, ainsi que l'ont révélé des études fiables et certains cas où l'arme a été utilisée », écrit le comité dans un communiqué publié au terme de sa 39e session.
La remarque a été émise à l'intention du gouvernement portugais, qui vient d'acheter de telles armes pour ses policiers. « De l'avis du Comité, le Portugal devrait envisager de renoncer à l'usage des armes électriques Taser X26 », conclut-il.
Cette déclaration du comité onusien - qui comprend les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Espagne, le Maroc, le Sénégal, l'Équateur, le Chili, la Norvège et Chypre - survient alors que deux personnes ont récemment trouvé la mort au Canada après avoir reçu une décharge de Taser.
Il s'agit de Robert Dziekanski, mort le 14 novembre à l'aéroport de Vancouver et de Howard Hyde, mort jeudi au centre correctionnel de Burnside, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Au total, 19 personnes sont mortes au Canada depuis 2001, dans des incidents un pistolet à décharge électrique a été utilisé.
Une porte-parole d'Amnistie internationale demande pour sa part aux gouvernements d'imposer un moratoire sur l'utilisation des pistolets Taser. « On l'utilise trop vite. On l'utilise alors que d'autres moyens moins dangereux pourraient être utilisés. On ne connaît pas les circonstances dans lesquelles ils sont dangereux. Et aussi, on l'utilise avec d'autres moyens de contraintes qui multiplient le risque de décès », déplore une porte-parole, Anne Sainte-Marie.
Pas de moratoire au Québec
Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis
Le ministre québécois de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a pour sa part réitéré vendredi qu'il n'était pas question que le gouvernement Charest impose un moratoire sur l'utilisation de pistolets Taser.
Bien qu'il se dise préoccupé par les récents cas de morts tragiques, le ministre croit que le Taser est utile aux forces policières. Il invite d'ailleurs la population à se mettre dans la peau des policiers.
« Le policier qui décède par exemple parce qu'il était en possession d'un Taser Gun, et qu'il a été traumatisé et qu'il ne l'a pas utilisé, ses proches vont dire: "pourquoi il n'a pas utilisé le Taser gun". Il n'y a pas de situation gagnante dans ce milieu-là, surtout, évidemment, quand il y a une victime, que ce soit le policier ou une autre victime. »
En octobre dernier, le sous-ministre responsable des affaires policières, Robert Lafrenière, avait affirmé que des directives données aux policiers à l'hiver 2006 recommandaient d'éviter les utilisations multiples du pistolet et de s'abstenir de viser la tête, le cou ou les parties génitales d'un individu. Elles indiquaient aussi que les policiers devaient avoir une formation appropriée et utiliser un registre d'utilisation de l'arme.
Québec a aussi déjà dressé une liste des personnes à risque:
* les femmes enceintes
* les personnes âgées
* les jeunes enfants
* les personnes de stature frêle
* les personnes physiquement handicapées
* les personnes ayant des problèmes de santé mentale
* les personnes présentant des signes de délirium agité
Un sous-comité ministériel a été mandaté par Québec pour revoir la pratique policière encadrant l'utilisation de cette arme. Son rapport doit être déposé à la mi-décembre. Selon Robert Lafrenière, le Taser est actuellement utilisé par 9 corps de police au Québec.
Les plus récents événements ont poussé Ottawa à demander à la Commission des plaintes du public contre la GRC de réviser les incidents survenus au pays avant de décider des mesures à prendre. Le comité des Communes sur la sécurité publique doit aussi faire enquête.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Na ... u_qc.shtml