de bl le Sam Oct 08, 2005 3:26 pm
Mouvement étudiant et PQ: un bon ménage?
Marie-Andrée Chouinard
Édition du samedi 8 et du dimanche 9 octobre 2005
Mots clés : Québec (province), parti québécois, mouvement étudiant
La course à la chefferie du Parti québécois réveille les passions étudiantes: si certains anciens militants de mouvement étudiant ont appuyé un candidat ou un autre, voilà qu'un groupe se détache et dénonce la récupération du mouvement à des «fins partisanes».
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Dossier(s)
Politique québécoise
Dans une «lettre à ceux qui prétendent utiliser la force d'une cause à des fins partisanes», expédiée cette semaine au Devoir, 11 anciens dirigeants ou militants du mouvement étudiant dénoncent les «opérations de marketing politique qui récupèrent la force d'une cause et d'un mouvement à des fins purement partisanes».
L'ex-secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), Pierre-Alain Benoît, de même que l'ex-présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Julie Bouchard, deux figures du mouvement de grève étudiante du printemps dernier, ont notamment signé cette lettre.
Ils s'attaquent spécifiquement aux anciens présidents de fédérations étudiantes qui ont appuyé le 22 septembre dernier la candidature d'André Boisclair comme chef du Parti québécois. Ils visent aussi ces sept autres qui, quelques jours plus tard, ont plutôt promis de soutenir le candidat Richard Legendre. La «goutte qui a fait déborder le vase», c'est le fait que l'ex-président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Pier-André Bouchard-Saint-Amant, laisse courir le bruit qu'il avait choisi d'adhérer au PQ.
«C'est normal que tous ces jeunes s'impliquent en politique, mais qu'ils le fassent donc sans récupération médiatique, sans opération marketing pour promouvoir l'affaire», explique M. Benoît, qui en a non pas contre l'implication des anciens, qu'il juge naturelle, mais plutôt contre le «spectacle» qu'on veut en faire. «Dans les campus, ce que les étudiants retiennent, c'est que la FEUQ, c'est l'aile jeunesse du PQ !»
Les principaux intéressés ne sont pas d'accord. «Le mouvement étudiant n'appartient pas au PQ, mais les anciens du mouvement étudiant n'appartiennent certainement à personne !», réplique M. Bouchard-Saint-Amant, qui a signé cette semaine son adhésion au PQ et promet de soutenir un candidat dès que le débat sur l'éducation lui aura permis de faire son choix. «La crédibilité de la FEUQ se base sur sa capacité à livrer les résultats, pas sur l'allégeance politique de ses membres !», ajoute le jeune homme, qui exigeait l'indépendance politique de ses officiers, y compris la sienne, pendant son séjour à la FEUQ.
Une autre ancienne tête dirigeante de la FEUQ, Nicolas Brisson, a donné son appui à l'ancien président de la Fédération des associations étudiantes collégiales du Québec (FAECQ) qu'est André Boisclair. «Pendant qu'on est à la FEUQ, on a un devoir de réserve, c'est sûr», explique Nicolas Brisson, attaché de comté pour la députée péquiste Elsie Lefebvre (qui, pour la petite histoire, donne plutôt son appui au candidat Richard Legendre !). «Mais de là à dire qu'après on usurpe en utilisant notre passé militant, je trouve ça un peu fort ! C'est plutôt normal et sain de voir qu'on s'implique. Si on ne le fait pas, qui le fera ?»
Un autre ancien de la FEUQ, François Rebello, qui a tâté de la politique notamment en tentant sa chance comme député du Bloc québécois dans la circonscription d'Outremont au printemps 2004, croit toutefois qu'une certaine période de purgatoire s'impose, quand on le peut, juste après avoir quitté le mouvement étudiant. «Je les comprends de se questionner sur leur propre participation, ils viennent juste de sortir du mouvement», a-t-il expliqué hier. «Mais après un certain temps, ton engagement et ton expérience te destinent naturellement à des activités de leader», ajoute celui qui croit, comme Nicolas Brisson, que la sympathie naturelle entre la FEUQ, la FECQ et le PQ est tout simplement liée à un élan social-démocrate commun.
«Qu'on se le tienne désormais pour dit : il n'y a qu'un titre qui soit propice à l'action politique partisane, et c'est celui de citoyen», écrivaient les 11 signataires dans leur lettre. «On ne pourra quand même pas nous empêcher de nous définir autrement que par ce qu'on a été et ce qu'on est : des anciens leaders du mouvement étudiant», lance M. Brisson.